Category: Québec

Falla (photos) @ Édifice Wilder (Montréal)

“Falla” ou comment se transformer en dansant avec un gode-ceinture.

Tiré du communiqué de presse : L’absence du phallus, présentée comme une déficience, a souvent été instrumentalisée pour définir l’identité de genre féminin. La chorégraphe-interprète Julia B. Laperrière aborde cette problématique d’un point de vue féministe queer en utilisant un gode-ceinture comme outil de transformation. Comment se sent-on lorsqu’on a/porte un pénis? Comment cela affecte-t-il la façon de se mouvoir? De quels pouvoirs hérite la personne qui le porte? Une collaboration avec la guitariste Pia Achternkamp, Falla proposait du 22 au février à Montréal une invitation au jeu, une incursion dans l’entre-deux qui met de l’avant une vision alternative – peut-être en mutation – de la sexualité féminine, libérée et sans honte. Rock’n’roll.

Photographe: Thomas M

City and Colour @ Place Bell (Laval, Québec)

Le temps de City and Colour dans de petites et intimes salles est maintenant chose du passé! Je me rappellerai toujours un des premiers spectacles que j’ai vu de ce groupe au Théâtre Saint-Denis à Montréal. Je peux dire que je suis tombée folle amoureuse de ce cher Dallas Green avec sa guitare et son petit (énorme) côté émotif. Je me rappelle encore la fois où j’étais allée voir Alexisonfire (je crois que c’était au Métropolis, mais je ne suis pas certaine) et que j’avais entendu la voix de Dallas pour la première fois. J’ai tout de suite été obnubilée et j’ai ensuite appris qu’il avait un band emo-acoustic on the side. Je n’ai pas arrêté de le suivre et de l’écouter depuis, cela fait presque 20 ans déjà!

Mais la semaine dernière, c’est à la Place Bell de Laval que s’est tenu le dernier spectacle du groupe Canadien, accompagné par Ruby Waters et Nathaniel Rateliff & the Night Sweats. Nous sommes loin du Club Soda ou du Théâtre Saint-Denis! C’était la première fois que je voyais une foule aussi hétérogène que cette dernière. J’ai vu des gens de chaque tranche d’âge et de plusieurs styles différents. C’est là qu’on se rend compte que notre cher M Green touche beaucoup de cœurs.

La soirée a commencé avec l’auteure-compositrice-interprète Ruby Waters, que Dallas nomme comme étant sa « petite sœur ». S’en est suivi du groupe américain Nathaniel Rateliff & The Night Sweats. J’avouerais qu’il était difficile de savoir qui faisait la première partie du spectacle tellement la foule était déchaînée lors de leur performance. Je crois que plusieurs personnes étaient d’ailleurs présentes pour eux, car je voyais quelques personnes quitter avec leur manteau à la fin de leur performance. J’avais entendu une ou deux de leurs chansons à la radio sans nécessairement leur porter attention, mais je dois avouer que j’ai tapé du pied durant pratiquement toute l’heure de leur performance! Le groupe country-folk des États-Unis a su amener une ambiance enjouée et amicale à la Place Bell. Le band a joué quelques-uns de leurs succès tel que Hey Mama, Survivor et bien sûr, S.O.B. Nathaniel a donné une performance énergique et a su m’impressionner avec sa voix assez incroyable. Je crois que je me suis répété une dizaine de fois : « My qu’il a le contrôle de sa voix c’est malade !! »

Après quelques longues minutes d’attentes, City and Colour est enfin apparu sur scène. Un décor simple à l’image du groupe canadien avec un background changeant dépendamment de la chanson jouée les a accompagné tout au long de leur performance. La première phrase que Dallas a dite en entrant sur scène est : « Alright, let’s get emotional » et je suis certaine que plusieurs milliers de personnes ont été émotionnelles durant l’heure et demie de spectacle qui a suivi. Le groupe canadien a commencé la soirée avec plusieurs de leurs nouvelles chansons telles que Meant to Be, Runaway, Thirst et j’en passe. Dallas n’a pas énormément parlé à la foule lors de la soirée, mais à un certain point, il nommait qu’ils allaient jouer une chanson où il parlait d’être plus gentils les uns avec les autres et la foule n’a pratiquement pas réagit. Selon les dires de Dallas, cela se passe de la même manière dans chaque ville et il a redemandé à la foule de crier et elle a mieux répondu la deuxième fois. S’en est suivi la chanson We Found Each Other in the Dark. Un beau mélange de tous leurs albums fût entendu tout au long de la soirée, mais quelque chose manquait. Il manquait de chansons tirées de son premier album Sometimes. Lorsqu’il a nommé : « Alright, this next song is an old one, I’m not sure a lot of you were following me back than » j’ai tout de suite su que j’allais devenir encore plus émotionnelle. Les premières notes de Hello I’m in Delaware se sont faites entendre et les frissons sont instantanément apparus. La soirée s’est terminée en beauté, bon selon moi qui est une fan de longue date en tout cas, avec les chansons suivantes The Girl version acoustique, Comin’ Home, Lover Come Back et Sleeping Sickness. La emo de 2004 en moi était vraiment heureuse.

Une belle soirée douce et émotionnelle comme je les aime quoi!

Journaliste: Elizabeth Gauthier

Photographe: Paul Blondé

Une soirée brutale à l’Imperial Bell (Québec) Get The Shot + Northwalk + Los Viejos + Ibex

L’atmosphère chargée d’énergie brute régnait devant l’Impérial Bell, alors que les fans de hardcore metal attendaient avec impatience l’ouverture des portes. La soirée s’annonçait agressive, avec en tête d’affiche Get The Shot, qui avait promis sur les réseaux sociaux de mettre le feu à la scène de l’Impérial. Le groupe avait attisé l’excitation des fans avec des teasers prometteurs, les incitant à venir se défouler avec eux. Et les fidèles adeptes ont répondu présents. Dans la file d’attente lorsqu’on leur a demandé ce à quoi ils s’attendaient ce soir, la réponse était : « On est venu pour écouter du métal qui fesse ! » ou encore « On s’attend à brasser solide ! »

Invités pour les 10 ans du Festival Phoque OFF, le groupe, originaire de la ville de Québec, n’avait pas foulé les planches de sa ville natale depuis près de 15 ans. En 2023, Get The Shot a remporté un GAMIQ dans la catégorie METAL ALBUM/EP pour leur album « Merciless Destruction ».

Le duo Ibex a donné le coup d’envoi de la soirée, les circles pit étaient encore timides, mais les métalleux se sont échauffés avec cette mise en bouche.

La température est montée d’un cran avec l’entrée en scène de Los Viejos, affublés de leurs masques de vieux. Le contraste était curieux, mais étrangement efficace. Le parterre s’est enflammé, et il n’y avait plus de faux-semblants dans les bousculades.

C’est lorsque Northwalk a pris possession de la scène, invitant clairement la foule à se déchaîner comme jamais, que l’énergie est montée d’un autre niveau. Certains aventuriers n’ont pas hésité à monter carrément sur scène pour s’offrir un plongeon dans la foule.

La transition vers l’extrême brutalité a été fulgurante lorsque Get The Shot a pris le relais. Le groupe s’est littéralement emparé de la scène, se jetant dans la foule avec une ferveur sans pareille. Les cercles de mosh se formaient sans interruption, et rester à proximité de la scène devenait périlleux, à moins d’apprécier les sensations fortes. Get The Shot avait tenu sa promesse : la soirée était d’une violence et d’une brutalité inouïes !

Avec un final explosif, Jean-Philippe Lagacé, le charismatique chanteur du groupe de Metal Hardcore, a littéralement survolé la foule, porté par l’enthousiasme débordant des fans, tel un souverain acclamé par son peuple.

Auteure et photographe : Sandra Léo Esteves

THE BLAZE @ Igloofest (Montréal)

Dernier Igloofest de la saison pour moi ce soir ! J’ai de la chance, il ne fait pas vraiment froid. Je retrouve des amis et direction le Vieux-Port de Montréal. C’est au tour d’Oden & Fatzo et de The Blaze de fouler la scène du festival le plus froid du monde. N’étant une aficionada d’aucun des deux groupes, j’entre dans l’Igloofest sans vraiment d’attente.

Je sais seulement que The Blaze est un duo français réputé autant pour sa musique que pour sa démarche artistique visuelle. Leur style mélange deep house, électro et techno avec des éléments de musique électronique plus atmosphérique, accompagné de voix envoûtantes et mélancoliques. Visuellement, leur esthétique est très travaillée et leurs mises en scène racontent des histoires émotionnelles et humaines profondes, souvent centrées sur des thèmes de fraternité et d’amour. Ce qui les rend unique, c’est leur approche cinématographique du genre musical, intégrant des visuels puissants et narratifs dans leurs clips et leurs performances live.

Ils entrent d’ailleurs sur scène tout doucement, avec des visuels naturels, rappelant l’esthétique de leur dernier album, Jungle. C’est très beau mais c’est lent. L’utilisation de lumière naturelle, de plans larges et fixes et d’une mise en scène soignée tente de créer une atmosphère immersive et touchante. Cependant, ça contraste avec le cadre froid et industriel de l’Igloofest. Mes amis pleurent mais je n’y arrive pas. Ils scandent leurs paroles comme des hymnes, j’imagine alors qu’ils ressentent des vraies émotions. Je suis triste de pas les saisir. Leur musique est mélodieuse et les sonorités à la fois introspective et exaltante, créent une expérience très mentale. Je ne décolle pas car je me dis que leurs chefs-d’œuvre n’ont pas leur place dans un endroit si artificiel.

Après Oden & Fatzo en première partie, qui ont fait bouger tout le monde sur de la funk hyper groovy, c’est triste à dire mais The Blaze tombait à contretemps.

L’entièreté du set de The Blaze est subtile et nuancée, mais il n’y a pas vraiment de grosse montée. Avec un style contemplatif et des éléments sonores souples, presque paresseux, le set a du mal à s’éloigner des 100 BPM. Je trouve beaucoup d’espaces vides et j’ai du mal à comprendre la construction, qu’ils ont l’air de trop réfléchir. Les morceaux restent apaisants mais trop mesurés, sereins mais trop tranquilles. Pour eux, l’atmosphère est plus importante que le tempo, mais malheureusement je ne rentre pas dans cette immersion universelle. Je n’ai jamais atteint le climax.

Des fois, je m’ennuie un peu. Je n’ai pas de jolies choses à regarder autour, aveuglée par les lasers et la machine à fumée. J’ai vraiment du mal à comprendre comment une musique si pure et contemplative puisse être jouée dans un lieu si dénué de charme.

The Blaze ça se ressent, ce sont des sonorités profondes qui viennent te lire de la poésie dans l’oreille. Ça s’accompagne d’un coucher de soleil à Djerba ou des nuages à Chamonix, d’un orchestre dans une salle d’opéra mais pas d’une foule habillée en combi de ski et bonnets fluos. The Blaze c’était la bonne personne au mauvais moment.

 

Journaliste: Léna Dalgier

Crédit photo: Thomas Courtois (Thorium Mag) + Igloofest

WarEnd @ Newspeak (Montréal)

Cela fait un peu plus de 6 mois que j’ai quitté ma douce Toulouse pour vivre à l’autre bout du monde. Mais ce soir, je suis émue. Je m’en vais au Newspeak, voir le concert de WarEnd.

Avant de commencer, j’aimerais shoutout Mac The Fire qui a chauffé la salle en première partie. Avec un flow à la KAYTRANADA, une belle gestu et une esthétique assez techno boy, cet artiste prometteur m’a intriguée. Les prods étaient bonnes et ont fait bounce toute la salle malgré une acoustique qui laissait à désirer à causes des basses trop présentes.

C’est pas si grave, c’est ça aussi qui fait l’essence des bons concerts de rap. La salle est petite, il fait trop chaud et les balances ont pas été soignées mais le public est survolté. Tout le monde est là pour soutenir les artistes de la relève et bouger la tête sur des prods lourdes. La petite scène, l’ambiance intimiste et la chaleur de la salle me ramène au Connexion Live et je me sens, le temps d’un show, un peu à Toulouse.

WarEnd, originaire de Créteil est un rappeur presque toulousain. Gagnant du Buzz Booster en 2021, il représentait l’Occitanie. Ce concours, plateforme importante de détection et de promotion des talents émergents du rap français a servi de tremplin à l’artiste, lui donnant les ressources pour se faire un nom sur la scène nationale. Son style atypique et ses diverses influences se reflètent dans ses œuvres, qui paraissent très travaillées. Son univers, marqué par des thèmes sombres et la présence de son alter-ego, John, est tant éclectique qu’il est difficile de le comparer à d’autres du rap game. Cette singularité propre à WarEnd fait de lui un artiste clivant et je pense que c’est ce qui m’intéresse précisément chez lui. Cette aura qui divise.

Le 27 janvier 2024, un an pile après sa date au Connexion, scène toulousaine mythique qui lance les artistes émergents, je retrouve WarEnd sur scène à Montréal. Le voir devant moi, si loin de chez nous me donne un peu le tournis. Je réalise le chemin qu’il a parcouru et je ne peux pas m’empêcher d’avoir cette petite fierté au fond, il porte nos couleurs, il représente Toulouse. Cette petite fierté commence à devenir immense quand tout le public commence à backer ses sons. Les gens autour de moi connaissent toutes ses paroles, ils chantent même le slang du sud-ouest et le verlan qu’ils ne connaissent pas.

La scène est trop petite pour l’aura magnétique de l’artiste. Ses yeux sont chafouins mais son énergie est pure. Moi, je plonge corps et âme dans cette once lumineuse de ce clair-obscur. Moi, il me plait mais je sais qu’il divise. Peut-être parce qu’il ne rentre pas dans les codes ou peut-être parce qu’il vient du futur.

Après le concert, j’ai reçu des messages qui disaient que WarEnd était mauvais et qu’il fallait arrêter avec la mode des rappeurs bourrés de la Daurade. Ils n’ont absolument pas réussi à remettre en cause mon opinion du rappeur mais ils ont conforté la définition que je me fais d’un artiste. Et WarEnd en est un. Ce n’est pas un artiste car il est critiqué mais c’est un artiste car il ose. Il va là où personne n’est encore allé, il pousse son délire à l’extrême et il est à l’aise avec ça. Il s’affranchit de tous les codes établis et les gens ont du mal. C’est ce que je trouve beau dans la musique d’aujourd’hui, surtout des artistes de la relève, ils prennent des risques et brouillent les frontières des arts et des genres.

WarEnd est un artiste car il ose en être un tout simplement. C’est sa raison d’être et ça se voit. À 5000km de Toulouse, WarEnd a réussi et il vient de s’en rendre compte.

Ce soir, emportée par Warren à travers l’Atlantique sur un voilier, j’ai adoré partager avec lui une petite éternité. Plus rien n’était nwar, l’énergie était pure et c’est comme ça que je me suis noyée dans son clair-obscur.

Journaliste: Léna Dalgier

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