Dernier Igloofest de la saison pour moi ce soir ! J’ai de la chance, il ne fait pas vraiment froid. Je retrouve des amis et direction le Vieux-Port de Montréal. C’est au tour d’Oden & Fatzo et de The Blaze de fouler la scène du festival le plus froid du monde. N’étant une aficionada d’aucun des deux groupes, j’entre dans l’Igloofest sans vraiment d’attente.

Je sais seulement que The Blaze est un duo français réputé autant pour sa musique que pour sa démarche artistique visuelle. Leur style mélange deep house, électro et techno avec des éléments de musique électronique plus atmosphérique, accompagné de voix envoûtantes et mélancoliques. Visuellement, leur esthétique est très travaillée et leurs mises en scène racontent des histoires émotionnelles et humaines profondes, souvent centrées sur des thèmes de fraternité et d’amour. Ce qui les rend unique, c’est leur approche cinématographique du genre musical, intégrant des visuels puissants et narratifs dans leurs clips et leurs performances live.

Ils entrent d’ailleurs sur scène tout doucement, avec des visuels naturels, rappelant l’esthétique de leur dernier album, Jungle. C’est très beau mais c’est lent. L’utilisation de lumière naturelle, de plans larges et fixes et d’une mise en scène soignée tente de créer une atmosphère immersive et touchante. Cependant, ça contraste avec le cadre froid et industriel de l’Igloofest. Mes amis pleurent mais je n’y arrive pas. Ils scandent leurs paroles comme des hymnes, j’imagine alors qu’ils ressentent des vraies émotions. Je suis triste de pas les saisir. Leur musique est mélodieuse et les sonorités à la fois introspective et exaltante, créent une expérience très mentale. Je ne décolle pas car je me dis que leurs chefs-d’œuvre n’ont pas leur place dans un endroit si artificiel.

Après Oden & Fatzo en première partie, qui ont fait bouger tout le monde sur de la funk hyper groovy, c’est triste à dire mais The Blaze tombait à contretemps.

L’entièreté du set de The Blaze est subtile et nuancée, mais il n’y a pas vraiment de grosse montée. Avec un style contemplatif et des éléments sonores souples, presque paresseux, le set a du mal à s’éloigner des 100 BPM. Je trouve beaucoup d’espaces vides et j’ai du mal à comprendre la construction, qu’ils ont l’air de trop réfléchir. Les morceaux restent apaisants mais trop mesurés, sereins mais trop tranquilles. Pour eux, l’atmosphère est plus importante que le tempo, mais malheureusement je ne rentre pas dans cette immersion universelle. Je n’ai jamais atteint le climax.

Des fois, je m’ennuie un peu. Je n’ai pas de jolies choses à regarder autour, aveuglée par les lasers et la machine à fumée. J’ai vraiment du mal à comprendre comment une musique si pure et contemplative puisse être jouée dans un lieu si dénué de charme.

The Blaze ça se ressent, ce sont des sonorités profondes qui viennent te lire de la poésie dans l’oreille. Ça s’accompagne d’un coucher de soleil à Djerba ou des nuages à Chamonix, d’un orchestre dans une salle d’opéra mais pas d’une foule habillée en combi de ski et bonnets fluos. The Blaze c’était la bonne personne au mauvais moment.

 

Journaliste: Léna Dalgier

Crédit photo: Thomas Courtois (Thorium Mag) + Igloofest