Category: Album

Sunken – Departure Album

Je signe ici ma septième critique musicale pour Thorium Magazine et ceux qui ont eu la chance de me lire dans mes textes précédents comprendront que je reçois pas mal de promos de Métal dans la veine du post-Black Metal aussi communément appelé par certains croyant faire plus puriste comme étant de l’Atmospheric Black Metal ou même de l’Ambiant Black Metal. La ligne est bien mince entre ce genre qui allie le post-rock au Black Metal et le Blackgaze qui allie un genre encore plus précis de post-rock, le shoegaze, avec notre tendre Black Metal. Certains groupes choisissent une voie en particulier tandis que d’autres naviguent entre ces genres avec plus ou moins de succès.

Tout droit sorti de Scandinavie, soit du Danemark, la formation Sunken mise sur des sonorités parfois plus abrasives de qualité Black Metal et de mélodies simples et d’échos dans les voix rappelant un post-rock appliqué d’un vernis parfois velouté sans réellement se départir d’un son hargneux à souhait. C’est cette balance du Black Metal contemporain qui fait des compositions telles que la pièce Sunken, s’étalant sur plus de treize minutes, semble évoluer et passer par plusieurs états d’esprit dans la maitrise et l’élégance.

Des cinq morceaux sur Departure, la pièce titre de l’album est un marathon galopant de Black Metal infusé de riffs et blast beats dignes de Wolves In The Throne Room avec en arrière fond des claviers donnant cet atmosphère malsain, mélancolique et un tant soit peu mélodique. L’extrait inclus dans le lecteur plus bas est un bel échantillon de l’album dans sa grandeur et son aspect introspection avec sa finale qui fade out les éléments du chaos et place en avant plan quelques notes de ces claviers pendant quelques secondes servant à faire un trou Normand à notre tympan pour accueillir une pièce finale de saturation musicale qui conclue cet album.

Tel que nous venons de le souligner, la production de cet album est superbe et il est assez ardu de trouver bien des aspects négatifs pour cette critique. Certains diront que les chansons sont trop longues. Cependant, leur caractère sinueux fait qu’elles sont captivantes et peu répétitives. Pour un premier album Sunken se démarque avec une réelle maitrise des compositions et des moods que permet le post-Black Metal. Leur grande force est de savoir doser de manière remarquable les éléments de chaos, de mélodies et d’ambiance qu’ils placent dans leur musique.

Note: 8 / 10
Format critiqué: 320 kbps mp3
Étiquette: Triton’s Orbit Records
Sites Web: Facebook | Bandcamp
Date de parution: 26 mai 2017

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Auteur : Michaël Parent

Varmia – Z mar twych Album

Dans la vie comme dans le métal il y a des rapprochements qui se font sans même réfléchir. Il y a de ces régions du globe qui semblent prédestinées à mettre au monde des groupes qui produisent des albums qualité sans même forcer. Pour moi, la Pologne est gage de Black Metal juste à la mention de trois noms; Behemoth, Mgła et Batushka. Ainsi, lorsque j’ai aperçu la promo de Varmia qui évoquait du Polish Black Metal avec des roulements de « R » légendaires de l’accent polonais j’ai immédiatement saisi l’occasion de renouer avec le PBM (Polish Black Metal, oui, je viens d’inventer cette abréviation!).

Pour ceux qui connaissent le duo Mgła, pour les autres qu’attendez-vous, vous êtes au faite de la maîtrise des riffs mélodiques de M (chanteur et guitariste de Mgła) et de son admiration pour Dissection. Varmia se place dans cette mouvance en alliant quelques chants plus clairs rappelant le Folk Metal efficace de Einherjer. Une influence des géants que sont Moonsorrow est palpable sur des pièces comme In Tenebris tant par sa durée que par son penchant pour l’épique. Ils excellent avec des morceaux comme Ptak où les blast beats fusent et les vocaux sont agressifs.

Pour ce qui est de la sobriété et de la modération Varmia n’est pas de l’école du less is more. Ceci étant pour notre plus grand plaisir car en ne se limitant pas le quatuor nous rappelle comment le Black Metal peut être un métal dangereux et instable comme à ses débuts. Pendant que certains de leurs collègues Américains et Français jouent aux émules du post-rock, Varmia font du Black Metal sans bons sentiments.

Malgré cette recette assez fidèle à un Black Metal fiévreux et mélodique, Z mar twych reste toutefois un album parsemé de bons moments mais aucun n’étant suffisamment convaincant pour amener cet album parmi l’élite que cette patrie a su cultiver au fil des ans. Il manque ce sentiment d’urgence et cette barbarie dans l’esprit de la musique de Varmia. Cette tendance à se rapprocher du Black Metal mélodique de la fin des années 1990 manque de souffle et avorte les belles promesses que Slava et Wściekłość annonçaient en ouverture d’album.

Note: 6 / 10
Format critiqué: 320 kbps mp3
Étiquette: Folkvangr Records / Via Nocturna
Sites Web: Facebook | Bandcamp
Date de parution: 28 février 2017 (numérique) / 26 mai 2017 (cassette)

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Auteur : Michaël Parent

Violet Cold – Anomie Album

Le Black Metal a très longtemps été perçu comme intemporel et isolé de toute évolution malgré le fait qu’il a toujours évolué selon les tendances et les groupes qui ont su porter son flambeau depuis ses débuts dans la décennie des années 1980. Aujourd’hui, on retrouve de nombreuses incarnations et l’une des plus déviantes de son origine est le Blackgaze qui mélange les riffs de guitares Black Metal de style trémolo et le shoegazing qui est un sous-genre du post-rock qui se définie par des riffs distordus et des murs de son produits par une saturation des guitares. Violet Cold est originaire de l’Azerbaïdjan et se qualifie de Black Metal atmosphérique. Bien que cela fasse pas mal plus grim que Blackgaze, il est pourtant bel et bien question de ce dernier genre que Violet Cold exécute avec brio sur son plus récent Anomie.

L’album se révèle assez puissant dès les premières notes et les longues chansons se succèdent. La pièce titre, Anomie est le mélange parfait de Black Metal et de shoegaze et de post-rock. Dernièrement, je me disais que le Blackgaze n’était qu’une phase et que ce son avait pas mal donné tout ce qu’il était possible d’achever. Quelle erreur de ma part! Violet Cold brouille les cartes avec son mélange d’agression, de mélancolie et de beauté. On a un tout assez planant qui se démarque de ses contemporains tant par les mélodies et les touches de guitares parfois poignantes ou introspectives. Les transitions sont fluides et peu brusquées malgré leur aspect hétéroclite de mélange des états d’esprit.

La construction des morceaux est admirable tant par leur évocation d’une ambiance bien particulière et d’une démonstration de l’intelligence de l’évolution des pièces avec des mélodies certaines mêlées à ces ambiances parfois plus mélancoliques et d’autres fois plus sombres. Certes c’est une galette qui interpelle son auditeur et ce dernier sera happé par les textures veloutés des ambiances et bercé par les mélodies post-rock qui prédominent le chaos que l’aspect Black Metal vient bouleverser. Le début de Lovegaze est remarquable et on peut voir que si le Blackgaze s’est rendu jusqu’en Azerbaïdjan, alors les frontières des genres ne sont que des barrières que l’on s’impose plutôt que de réels obstacles.

Mes bémols, puisqu’il y en a presque tout le temps, c’est la production qui assourdie les chants et la batterie au profit des puissantes guitares. J’ose croire que c’est simplement le mix du format numérique qui est compressé et que le format analogique offre une meilleure profondeur à l’oreille. Cependant, ce léger faux pas est assez commun et le manque de dynamisme sonore n’est pas une faute impardonnable malgré tout.

Si le Blackgaze s’avère un genre qui ne sera que de passage dans le décor du monde merveilleux du Métal, nous pourrons néanmoins compter Anomie parmi les œuvres les mieux réussies dans son genre. Le plus étonnant dans tout cela est le fait que Violet Cold est le fruit d’un seul homme, Emin Guliyev, qui a une discographie garnie de nombreux singles et de quatre albums depuis le début de 2015.

Note: 8 / 10
Format critiqué: 320 kbps mp3
Étiquette: Tridoid Records | Folkvangr Records
Sites Web: facebook.com/VioletColdOfficial/ | Bandcamp
Date de parution: 1 mars 2017(numérique) 21 juillet 2017 (Cassette, vinyle)

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Auteur: Michaël Parent

Merchant – Beneath Album

Avec la résurgence du Doom Metal des dernières années et la multiplication des genres et sous-genres dans le Métal en général il est très facile d’en perdre notre latin. En fait, le Doom Metal a son origine des vénérables pionniers du Métal Black Sabbath et de tous ceux qui ont su faire perdurer cette tradition. Le Doom Metal peut aussi s’apparenter au Stoner Rock ainsi qu’au Sludge et le groupe Australien Merchant est issu de ce mélange pesant de beats mid et slow tempo. Les bandes de Yob, de Neurosis, de Weedeater et même de Today Is The Day sont dans les contemporains de Merchant qui opèrent sur les mêmes notes. Suivant leur premier album Suzerain en 2016, Beneath est un EP qui place la musique de Merchant sur et non pas sous la carte.

Deux pièces de quinze minutes chacune forment Beneath, digne d’une marche monolithique, les mid-tempos rappellent Indian et Neurosis à la fois. Puisque la définition de Doom est très élargie on peut se placer dans la veine du Noise pour ce qui a trait à Merchant. Avec des vocals criards et de la distorsion à profusion, l’effet de ce poison est lent et douloureux et on semble prendre plaisir à battre lentement cette bête pour faire durer sa souffrance, et ce, jusqu’à une lente mort. Évidemment, tout ce positivisme va de pair avec une production digne de ce genre. C’est-à-dire, lourde au possible avec beaucoup d’appui sur les guitares.

Bien que superbement maîtrisée et exécutée, la musique de Merchant échoue à se démarquer de ses influences. Le potentiel est bel et bien présent et c’est assez triste de sentir que l’on travaille fort pour maintenir la cadence imposée par les fers de lance du genre même si Merchant reste prometteur sans avoir livré la marchandise.

Note: 6 / 10
Format critiqué: 320 kbps mp3
Étiquette: Black Bow Records
Sites Web: doommerchant.bandcamp.com/ | facebook.com/DOOMMERCHANT
Date de parution: 12 mai 2017

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Auteur: Michaël Parent

Battle Beast – Bringer Of Pain Album

Les membres du groupe finlandais Battle Beast n’ont pas eu de répit depuis leur dernier album, car ils se sont séparés d’Anton Kabanen, le compositeur principal et guitariste du groupe peu de temps après leur tournée européenne. Son remplaçant est Joona Björkroth, le frère du claviériste Janne. Avec ce changement, certains amateurs se demandaient si cela allait avoir un impact sur le style musical du nouvel album intitulé Bringer Of Pain.

On remarque dès les premières notes du titre Straight To The Heart que la mélodie de guitare et de clavier est encore une fois un élément important de leur style. Inspiré fortement des années 80s, ce titre restera gravé dans votre subconscient pendant longtemps. La voix de Noora est encore une fois très puissante et est un élément important de cette composition. Une autre pièce au rythme fort entrainant est King For A Day. Sa simple mélodie axée sur le rythme fera hocher la tête des amateurs pendant les concerts tellement elle est contagieuse. Le groupe s’approche cependant dangereusement du style musical préconisé par Nightwish avec les titres Beyond The Burning Skies et Lost In Wars. Comme dans le passé, l’album contient quelques morceaux très dynamiques aux inspirations disco. Centrées sur les claviers et la voix de Noora, les pièces Familiar Hell et Dancing With The Beast sont tout de même bien structurées et les amateurs n’éprouveront aucune gêne à les écouter à haut volume. Dans la catégorie des poids lourds, nous retrouvons les titres Bringer Of Pain, Bastard Son Of Odin et We Will Fight. Même si les mélodies de claviers sont toujours bien présentes, l’apport de mélodies de guitares plus agressives sera grandement apprécié par les amateurs. L’album prend fin avec la pièce Far From Heaven, une ballade qui met en évidence la puissante voix angélique de Noora. Prendre note que nous retrouvons trois titres supplémentaires sur l’édition limitée et nous pouvons aisément dire que le groupe réserve le meilleur pour cette édition. Gods Of War, The Eclipse et Rock Trash sont axés sur des mélodies de guitares, ce qui est un heureux retour sur le style musical des albums précédents du groupe.

La sortie de l’album Bringer Of Pain était attendue de pied ferme par de nombreux amateurs et la majorité de ces derniers ne seront pas déçus du résultat. Les mélodies sont toujours aussi entrainantes et dégagent beaucoup d’énergie même si les guitares ne sont pas aussi dominantes que dans le passé.

Note : 7.5/10 –  Un nouveau départ de qualité

httpv://www.youtube.com/watch?v=pBpv_pcUEIQ

Auteur: Albert Lamoureux

Karkaos – Children Of The Void Album

Cela fait des années que je connais le groupe Karkaos, même avant qu’il n’aie sorti son premier EP. Depuis ses débuts les changements de line-up se sont succédés jusqu’à tout récemment avec le départ de leur bassiste Eddy Levitsky. On sait aussi qu’un changement de frontwoman n’est jamais chose simple et le groupe a jeté son dévolu sur Viky Boyer, pour qui Karkaos est son premier projet sérieux. Avec tout ce nouveau personnel, ils nous reviennent avec un deuxième album intitulé Children Of The Void qui se veut comme un nouveau commencement pour le groupe.

La première chose que l’on remarque sur cet album est la production beaucoup plus imposante et travaillée sur on compare le tout avec leur album précédent Empire. Skymaster, la première chanson après l’intro Babel commence en force avec une mélodie qui me fait beaucoup penser à Skyrim. Les mélodies sont intéressantes, c’est accrocheur et c’est surtout ce que j’appelle une chanson complète! Skymaster est probablement ma chanson préférée de l’album. Mais après je dois avouer que ça se gâte un peu.

La chanson suivante Kolossos, qui est aussi leur premier single échoue quelque peu à m’accrocher pour plusieurs raisons qui s’appliquent malheureusement aussi à plusieurs chansons sur l’album. Premièrement, la production du vocal n’est pas constante. Le chant clair de Viky Boyer n’est pas assez fort et celui de leur guitariste et chanteur Vincent Harnois l’est beaucoup trop. Je dirais même que Vincent Harnois prend trop de place dans Kolossos et éclipse presque la chanteuse. J’ai aussi l’impression que le solo de Samael Pelletier est trop rapide pour la chanson. J’aurais aimé y entendre moins de shred et plus d’émotion.

La chanson Tyrants est probablement la chanson la plus agressive sur l’album et on peut dire que ça rentre au poste! Une bonne mélodie typiquement melodeath et le vocal est convainquant! Le chant plus grave qui se marie bien avec le partie plus tranquille de la chanson et qui explose en une vibe black metal, c’est très cool! Par contre, j’aime un peu moins les shouts de groupe qui manque un peu de pep. On veut des cris de guerriers, pas des cris de gars écrasés sur leur divan!

Le plus grand problème de cet album à mon avis est le manque de mélodies vocales intéressantes. Des chansons prometteuses comme Children Of The Void ou Where Mushrooms Grow m’ont lassé parce que leurs refrains m’ont ennuyé. J’aurais aimé plus d’envolées vocales et qu’on ressentent vraiment l’émotion dans la voix. Plusieurs invités participent à cet album : Lindsay Schoolcraft de Cradle Of Filth, Morgan Lander de Kittie et Jonathan Lefrançois-Leduc ancien claviériste de Blackguard. Sauf le solo de clavier sur Lightbearer qui me fait penser à du vieux Sonata Arctica, je trouve que le talent des featuring est sous-exploité est passe dans le beurre. La preuve : je n’avais aucunement remarqué que Morgan Lander chantait dans Kolossos et de reléguer Lindsay Schoolcraft aux back vocals dans la dernière pièce Bound By Stars, je trouverais ça un peu insultant. En parlant de Bound By Stars, il y a un dernier détail qui me trouble un peu. T’es un band québécois et tu fais un speech en français ou en anglais, c’est bien correct, mais réciter de l’allemand je trouve ça limite prétentieux, même si tu récites des œuvres de grands poètes allemands comme Goethe ou Schiller. Pour moi ça fait perdre un peu de sérieux à une chanson qui manque plus de travail au niveau des mélodies que d’un speech en allemand.

Si l’on regarde le parcours de Karkaos, beaucoup de chemin a été fait depuis leur premier EP In Burning Skies. Children Of The Void bénéficie d’une production beaucoup plus grandiose certes, mais beaucoup de petits défauts ici et là empêchent certaines chansons d’être mémorables.

6.5/10

Auteur: Maxime Pagé

Snares Of Sixes – Yeast Mother : An Electroacoustic Mass Album

Pour tous ceux qui n’en reviennent toujours pas de la fin d’Agalloch au cours de l’année 2016 et qui n’en ont pas encore eu de reste depuis la sortie du premier album de Pillorian (voir la critique de mon collègue Luc Dubois) vous avez désormais du nouveau matériel à vous mettre sous la dent. Jason Walton, précédemment bassiste d’Agalloch, est derrière le pseudonyme Snares Of Sixes et nous offre un EP de quatre chansons. Avec une approche qui lie le Métal, l’électro et l’Avant-garde Yeast Mother : An Electroacoustic Mass est plus que digne de mention.

En fait, Snares Of Sixes pourrait être qualifié de collectif plutôt que d’un groupe de musique un peu comme le collectif de Chicago Wrekmeister Harmonies. Walton en est le chef d’orchestre et l’alignement contient des noms renommés tels que; Marius Sjoli (guitares, voix, synthétiseurs) et Robert Hunter (guitares, voix) de Holy Branches, Andy Winter (guitares) de Winds, Peter Lee (voix) de Lawnmower Deth, Nathanaël Larochette (guitares) de Musk Ox et Don Anderson (guitares sur la pièce Retroperistalsis) aussi d’Agalloch et de Sculptured.

Avec Snares Of Sixes, Walton pousse les concepts musicaux sans aucune limite de genre en franchissant les barrières du Métal Avant-garde, du chant crooner en passant par le rock progressif à l’électro dément. Ainsi, le montage musical opéré se veut complexe et très arbitraire pour un artiste qui ose à ce point. Il prend aussi un grand risque en refusant de s’éditer automatiquement et en exploitant l’absolu de ces concepts.

Heureusement ou malheureusement, le format qu’est un EP laisse plus de place à l’erreur car il peut plus facilement être oublié ou pardonné car rares sont les EP essentiels (exception faite pour Voivod avec Post Society et pour Gorguts avec leur Pleiades’ Dust). C’est également un format qui se prête plus à l’expérimentation d’un groupe surtout lorsque ce dernier est à la recherche de son identité.

Le choix évident de s’éloigner du genre qu’Agalloch s’est forgé est judicieux de la part de Snares Of Sixes. Pour ce qui est de la structure des chansons un rapprochement avec Primus ou Mr. Bungle n’est pas si étrange et l’influence de King Crimson est tout aussi palpable. Très peu d’éléments grim ou kvlt sont présents ici alors si ce sont des facettes qui vous manquent il serait plus avisé de vous retourner vers Pillorian. Pourtant, si tout comme l’auteur de ces lignes vous êtes disposé à explorer des zones musicales plus divergentes des tendances je vous invite à plonger tête, surtout les oreilles, premières dans Yeast Mother : An Electroacoustic Mass. Tant pour son audace que son utilisation d’un personnel de haute voltige d’une originalité débridée.

Note: 8 / 10
Format critiqué: 320 kbps mp3
Étiquette: Crucial Blast
Sites Web: facebook.com/Yeastmother | Bandcamp
Date de parution: 5 mai 2017

Auteur: Michael Parent

SXAP – Cathedral Album

Bien qu’issu de la Californie, SXAP est un one man band, tel qu’il en pleut des centaines dans le Black Metal, avec un son unique et peu similaire à l’image stéréotypée que l’on peut se faire de la Mecque du surf. Ce projet solo de Matthew alias Lord Sxuperion est aussi connu comme batteur de Valdur, de Weverin et membre solo de Sxuperion et du nom d’artiste concernant cette présente critique, on nous démontre ici le côté hyper prolifique de ce multi instrumentaliste. Pour les besoins de la cause, nous appellerons Matthew l’homme derrière ces nombreux pseudonymes.

Avec une vision obtuse se limitant au Black Metal et au Death Metal, SXAP se veut littéralement un exercice de style mur de son. En fait, Sxuperion exploitait déjà cet angle musical qui pourrait s’apparenter au Black Metal de Krallice par exemple. Avec une saturation de l’oreille et un assaut continu de l’auditeur. On parle ici d’un album Expérimental dans un Métal extrême un peu comme certains EP de Mick Barr.

À la première écoute d’un album de SXAP ce qui ressort à prime abord, c’est surtout la surabondance sonore ainsi que la simplicité de l’exécution des pièces. Avant de totalement mettre de côté cet album rappelez-vous les premiers albums de Burzum, plus précisément Hvis lysett tar oss avec ses longues compositions répétitives. Il y avait une sorte de génie musical se cachant derrière ces longues minutes de prétention. Avec SXAP, on se rapproche d’un Black Metal américain, certes mais avec un angle très refermé sur lui-même et qui se fait un propre écho. Toutefois, c’est ici que s’arrête toute comparaison avec l’artiste Norvégien.

Les trois compositions de Cathedral cumulent plus de 40 minutes et chacune des pièces est une charge virulente qui s’apaise pour se terminer avec des éléments parfois électroniques ou d’atmosphère. Question de bien déstabiliser l’auditeur les pièces sont assez homogènes et les vocaux lointains comme sur la pièce Lacuum on croirait entendre le bruiteur du Parc Jurassique qui tente de trouver le bon mix pour un bruit de Tyrannosaure.

Bien qu’une approche avec précaution soit de mise, SXAP est un acte musical digne d’un certain intérêt. Cependant, la similitude avec Sxuperion est tellement évidente qu’il est mieux de réécouter The Cosmic Void pour se satisfaire de l’offre musicale que ce style et cette esthétique peuvent produire. De plus, le manque de diversité fait de Cathedral une galette unidimensionnelle suppliant au minimum une production un tant soit peu plus relevée. 

Note: 5 / 10
Format critiqué: 192 kbps mp3
Étiquette: Bloody Mountain Records
Sites Web: Bandcamp
Date de parution: 14 avril 2017

Auteur: Michaël Parent

Artificial Brain – Infrared Horizon Album

Depuis la sortie de leur premier album Labyrinth Constellation en 2014, Artificial Brain est devenu l’une des coqueluches du Death Metal. Inutile de dire que la sortie d’Infrared Horizon était l’une des galettes les plus attendues de 2017 dans le milieu des vocaux de type growls. Librement inspiré de la bande de Gorguts, l’un des joyaux peu connus du Québec, Artificial Brain avait créé tout un remous avec son Technical Death Metal tirant parfois vers le Métal Dissonant et le Death Metal Brutal. Voyons maintenant si avec leur album cadet ils ont su conserver le même niveau d’excellence.

Aux tous premiers abords, on sent que l’écriture des pièces contient pas mal plus de sonorités se rapprochant du Black Metal qui sans délaisser le Tech Death, Infrared Horizon se veut plus hargneux, tout spécialement dans le registre du vocaliste Will Smith (détrompez-vous ce n’est pas l’acteur Hollywoodien même si j’espère que personne ne se serait mépris) on sent plus de montées dans les hautes notes notamment sur le morceau Infrared Horizon. Néanmoins, ce qui rend bien digeste ce mélange de genres et de sous-genres est, entre autres, les prouesses techniques des guitares qui, tout en donnant dans l’atonal, viennent ponctuer les pièces avec précision. En ajoutant à cela, la performance rythmique de Keith Abrami derrière les tambours et de Samuel Smith à la basse ils viennent tapisser les pièces avec grandeur sans jamais faire ombrage à leurs collègues grattant les cordes de guitares et étirant leurs cordes vocales. Les changements de tempos fréquents agrémentés de montées rapides avec plusieurs fractures de tons tel le titre Vacant Explorer démontrent tout le talent tant dans la rapidité que dans le mid-tempo de l’écriture. Chacune des pièces de cet album nous garde sur le bout de notre chaise avec les multiples dédales des compositions et l’urgence de l’intensité déployée par la charge des moments à la fois rapides et techniques.

Du côté de la production, le renommé Colin Marston (Gorguts, Dysrhythmia, Krallice) était aux commandes de l’enregistrement/mixage/mastering et l’album est d’une qualité irréprochable. La plage dynamique, c’est-à-dire l’écart entre les basses et les hautes, est bien sentie et chaque instrument est présent sans en assourdir les autres lors des passages plus rapides ou dissonants. En fait, la mouvance du Métal Dissonant est plus que partiellement redevable à Marston. Il suffit de tenter de répertorié tous les albums où il a participé soit en tant que musicien, producteur, mixeur ou autre dans les dernières années, et ce depuis qu’il s’est joint à Gorguts, pour en observer son héritage déjà impressionnant. Que l’on aime ou pas le Métal Dissonant, il faut admettre que cette tendance donne un nouveau souffle au Death Metal et ses sous-genres.

Alors bien beau tout cela mais qu’en est-il de l’appréciation de l’album vous direz. Bref, si l’on compare Infrared Horizon à son prédécesseur, Labyrinth Constellation on remarque tout de suite qu’Artificial Brain tente d’éviter les comparaisons hâtives en explorant les dogmes, musicalement parlant, du Black Metal sans pour autant dénaturer leur propre signature. Ainsi, leur nouvel opus devient une progéniture avec une approche unique. N’en déplaise à certains amateurs de Death Metal les intrusions du Black Metal sont subtiles et irréprochables. Bien que l’album ne puisse probablement pas plaire à tous les plus orthodoxes du Death Metal, il a beaucoup impressionné cet hérétique des genres tant par la dextérité de tous les membres d’Artificial Brain que par la qualité globale de la production d’Infrared Horizon.

8.5/10

Auteur: Michaël Parent

Dodecahedron – Kwintessens Album

Ce nouvel album des Néerlandais de Dodecahedron se veut un deuxième chapitre dans une discographie déjà fort honorable. Débutée par un opus éponyme sorti en 2012 et qui fut encensé dans les cercles d’initiés du nouveau Black Metal, ou du Métal Dissonant (voir ici; Deathspell Omega,  Gorguts, Plebeian Grandstand, Ulcerate et dernièrement Sunless avec leur excellent LP Urraca). On parle ici d’une maîtrise exceptionnelle des concepts et des sonorités du Métal, dans ce cas-ci sous ses formes les plus extrêmes.

Tel Emperor avec leur chef d’œuvre Anthems to the Welkins at Dusk, Dodecahedron accompli une dualité avec un paradigme semblable qui vise à obtenir un album magnifique en exploitant une musique répugnante. Leur Métal Dissonant mélange différentes orchestrations qui, dans un temps, forment des sonorités qui se veulent discordantes et qui deviennent des drones, ou bourdonnements, contrôlés et exploités de manière tangible pour l’oreille humaine. On est loin des trips de bruits de certains groupes musicaux qui insèrent quelques drones ici et là pour suivre la tendance. Ces sons, utilisés de manière judicieuse, apportent une profondeur à la musique créée par l’artiste et Kwintessens ne serait pas le même album si les drones étaient absents. Au même titre que les éléments de musique électroniques qui utilisés avec parcimonie mais presqu’omniprésents apportent une présence et fusionnent avec la dualité évoquée précédemment.

En évitant les répétitions et les raccourcis, les compositions de Dodecahedron sont presque mécaniques telle la dernière minute de Tetrahedron : The Culling of the Unwanted from the Earth. Plus l’album progresse plus la musique se complexifie surtout lorsque l’on écoute le troisième titre, Hexahedron : Tilling the Human Soil, l’album prend véritablement son envol et les prouesses techniques de Jasper Barendregt derrière la batterie n’est qu’une des nombreuses facettes qui rendent cette pièce la meilleure de 2017 jusqu’à présent.

Lorsqu’Interlude débute on croirait entendre un riff de guitare post-rock et on nous révèle encore une autre facette de Dodecahedron. C’est-à-dire, qu’ils osent en tant qu’ambassadeurs de la musique Extrême à s’aventurer près du Post Black Metal que certains puristes de la première et seconde vague du Black Metal considèrent comme une trahison vis-à-vis de sa forme la plus pure. Sans vouloir rendre un genre ou une étiquette plus réductrice tant de l’une que de l’autre, Dodecahedron ne devrait être qualifié par aucun genre ou sous-genre musical. Ce qu’ils produisent comme musique est beaucoup plus imposant qu’une étiquette telle que le Métal. Ceci étant avancé en toute connaissance de cause qu’il est très cliché que d’écrire une critique musicale d’un album et de refuser de qualifier ou de classer un groupe dans une catégorie propre à elle.

Malgré la pléthore d’albums maintenant disponibles on pourrait croire que la qualité en est diluée par le marché. Rien n’est d’autant plus faux, certes un nombre incalculable de productions se perdront dans les abîmes de la mauvaise musique. Malgré tout, on arrive à élaborer des listes de plus en plus longues d’albums à ne pas manquer. Pour ce qui est de Dodecahedron, qui est loin de se faire trop présent avec un album sorti tous les cinq ans, c’est une offrande qui va bien au-delà des espérances. Cependant, cet intervalle nous permet de bien digérer toute la grandeur et la complexité de leur musique. Ainsi, Kwintessens réussi à livrer la promesse de son titre audacieux dans une forme répugnante et attirante à la fois.

9.5/10

Auteur: Michaël Parent

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