Lost Frequencies + Dean Lewis + … @ Festival CIGALE 2023 (Québec)
Le Festival Cigale : musique, nourriture et plage à l’honneur pour sa deuxième édition
Le week-end dernier s’est tenu la deuxième édition du Festival Cigale, rassemblant des festivaliers de tous horizons pour une expérience unique. Avec un site trois fois plus grand que l’année précédente, l’événement a été un véritable succès. Fin mai, les 20 000 billets disponibles s’étaient vendus en un temps record.
Le concept de la combinaison « Musique + Bouffe + Plage » a une fois de plus charmé les festivaliers qui se sont installés sur le sable, équipés de leurs serviettes de plage, pour profiter du soleil tout en écoutant une programmation estivale avec des artistes tels que Lost Frequencies, Ziggy Alberts, James Bay et Dean Lewis.
La première journée a débuté avec Preston Pablo, originaire de Timmins en Ontario. L’artiste a su mettre l’ambiance avec ses titres « Flowers Need Rain» et «Thours Hours ». C’est ensuite au tour du collectif Busty and the Bass d’enflammer le public avec leur son parfait pour bouger sur la plage. Avec des solos de saxophone et de trompette, ainsi qu’un trio de chanteurs, l’ambiance était propice à la détente sur la plage.
Les festivaliers ont également pu participer à des activités comme un match de volley, se faire coiffer ou tailler la barbe, voire même se faire tatouer une jolie cigale par le studio. Tout est pensé pour passer une superbe journée.
Le Festival Cigale est aussi un événement qui rassemble les amis, mais également les familles. De nombreux parents sont venus avec leurs enfants pour profiter de la plage et faire découvrir aux plus jeunes les joies d’un festival.
Les spectacles s’enchaînent sans pause, avec les deux scènes côte à côte. Lydia Képinski a traversé la foule avant de rejoindre ses acolytes sur scène. Avec une prestation scénique bien menée et ses chansons un brin déjantées, la chanteuse a embarqué les festivaliers dans son univers.
Ziggy Alberts a également fait sensation en faisant chanter la foule avec lui, avant de recevoir une ovation gigantesque pour laquelle il a été surpris d’un tel élan d’amour.
Le groupe australien Hollow Coves a ensuite conquis le public avec leur petit accent et leurs chansons entraînantes, jouant plusieurs titres issus de leurs albums Wanderlust (2017) et Blessing (2021).
Changement de ton et d’énergie, X-Ambassadors prend la relève pour une performance pleine d’énergie contagieuse et sait, comme à leur habitude, faire danser les festivaliers sur leurs titres les plus connus.
Radio Radio a poursuivi la soirée avec leur rap mouvementé, entraînant la foule à chanter avec eux.
La soirée s’est terminée en apothéose avec l’arrivée de Lost Frequencies. La plage était bondée et le DJ français a su mettre l’ambiance en un claquement de doigt. La plage est devenue un gros party à aire ouverte avec les embruns du Saint Laurent pour rafraîchir la foule.
Le lendemain, malgré un ciel nuageux et prometteur d’averse, la Baie de Beauport a attiré une foule toujours aussi enthousiaste.
Les festivaliers ont été accueillis par une prestation de qualité de Maryline Léonard, qui a présenté son album complet, principalement composé de titres de reprises. La jeune artiste a également révélé être en train d’écrire son prochain album, suscitant l’excitation du public.
Jay Scott a ensuite pris la relève, attirant une foule encore plus dense sur la plage. L’artiste a su charmer son public avec son humour et ses discussions animées, interprétant notamment son titre « Copilote » pour clore sa performance au Festival Cigale. Avant cela, il a invité son ami Koriass pour interpréter en duo leur titre « Matusalem ».
L’Australie est toujours à l’honneur avec sa musique indie pop folk. La scène est maintenant occupée par Hein Cooper. Le public a été conquis par ses rythmes contagieux, et l’artiste a offert une ambiance détendue sur la plage. Hein Cooper a souligné l’importance de Montréal dans sa vie, ayant passé trois années dans la ville où il a composé son dernier album et rencontré l’amour de sa vie, avec qui il s’est récemment marié.
Matt Nathanson, avec 30 ans de carrière derrière lui, est l’un des auteurs-compositeurs les plus applaudis et attachants de la scène musicale actuelle. Il interprète des titres de son album le plus récent, avec entre autres « Sings His Sad Heart », et le single à succès « Used To » en passant par sa sombre interprétation de « River »de Joni Mitchell.
Bahamas, connu pour ses titres « Lost in the Light » extrait de son album Barchords avec plus de 3 milliards d’écoutes sur les plateformes de streaming, a confirmé son succès sur scène. Son dernier album, “Sad Hunk”, a été écouté plus de deux millions de fois dans les 48 heures qui ont suivi sa sortie.
La plage était bondée lorsque James Bay est entré en scène, pour le plus grand plaisir des festivaliers. Le Festival Cigale n’a pas lésiné sur la programmation pour sa deuxième édition, offrant une expérience musicale inoubliable.
Même sous une averse intense, la troupe Clay and Friends a su réchauffer la foule avec leur musique entraînante. Connu pour être de joyeux lurons sur scène, ils ont su faire oublier un instant la météo pluvieuse.
Pour clôturer le festival en beauté, Dean Lewis a fermé la marche avec un énorme succès. Originaire de Sydney en Australie, le chanteur et compositeur était attendu. Il a connu un succès retentissant dès la parution de son premier single «Waves », en 2016, qui a été certifié platine dans l’année suivant sa sortie. Il a joué ses gros succès comme « Waves » et « Be Alright ».
Le Festival Cigale est un événement à ne pas manquer pour tous les amateurs de musique, de nourriture et de plage. Rendez-vous l’année prochaine pour une troisième édition qui s’annonce déjà grandiose.
Auteure et Photographe : Sandra Léo Esteves
Martin Garrix + Above and Beyond + … Dimanche 13 Aout @ IleSoniq (Montréal)
Une nouvelle journée d’électro s’annonce, et heureusement le temps est de la partie! On apprenait malheureusement que Deadmau5 annulait sa présence au festival, suite au décès de son chat mythique Meowingtons, mais nous aurons quand même droit à un beau lineup : voici un recap des prestations de Lost Frequencies, Sullivan King B2B Wooli, above&beyond, Martin Garrix et le très attendu Voyd!
Lost Frequencies
Quelle découverte! Lost Frequencies, originaire de Belgique, nous accueillait d’un ‘Salut Montréal!’ amical. Bon, on a entendu un énième remix de Rumble ce week-end, mais son set en entier était génial. Du vrai deep house, dance electro comme on l’aime. Where Are You Now, Are You With Me, tout était du bonbon pour les oreilles. Dommage car c’était sa dernière apparition au Canada pour la période estivale mais on reste à l’affût pour de futures dates de spectacle dans notre métropole! On se console en regardant son set à Tomorrowland 2023 au main stage, c’est pas rien.
Above and Beyond
On ne présente plus ce trio britannique, qui commence a devenir un habitué de Montréal : place Bell en 2018, igloofest en 2019, et maintenant Ilesoniq!
Le rythme est bon, l’ambiance est là et les fans apprécient, mais j’avoue que j’attendais quelque chose d’un peu plus wow de leur part. Peut-être une trop grande attente de ma part! Par contre pour remercier leur public montréalais de toujours les supporter, ils ont fait monter une dizaine de fans sur le stage pour les dernières chansons de leur set, ce qui a fait monter d’un cran le niveau. Avec un dernier “Ilesoniq est magnifique”, leur set s’achève, mais pour ceux qui veulent continuer la soirée ou qui n’ont pas pu les voir, rendez-vous au New city gas pour latter party officiel!
Voyd
Peu d’artistes peuvent se vanter d’être programmés deux fois dans le même festival, et Voyd est l’un d’entre eux! Enfin pas tout à fait : Danny Howland plus connu sous le nom de SVDDEN DEATH a fait un B2B avec Eptic le samedi (voir notre article correspondant 😉), et il revient pour clore la journée du dimanche soir sous le label Voyd.
C’est donc une identité séparée qui nous est présentée ce soir, avec une musique beaucoup plus sombre et lourde, presque à ambiance de films d’horreur. Le style visuel n’est pas en reste, ajoutant à cette ambiance oppressante. Cela donne un environnement encore plus niche que le style original de SVDDEN DEATH, mais qui est malgré tout bien accueilli par le public. Pour une première au Canada, c’est réussi!
Martin Garrix
Artiste toujours en ascension depuis son hit Animals en 2013, Martin Garrix performait pour la toute première fois au festival Ile Soniq. Nous avions vu passer un set légendaire en B2B avec Alesso à Tomorrowland, donc on avait des attentes élevées! Sa dernière prestation à Montréal n’était pas plus tard qu’à la F1 au circuit Gilles-Villeneuve. Dès les premières notes d’introduction, un visuel soigné englobait toute la scène principale. On a eu droit à de la pyrotechnie dès sa montée en scène et tout au long de la soirée. C’était du gros calibre! Garrix sait enchaîner les hits Scared to Be Lonely, Summer Days, High On Life. Par contre toujours un peu avec la même recette; introduction, drop, moment plus calme, drop et on enchaîne. Malgré tout, les festivaliers étaient impatients d’en avoir plus et dansaient suivant les beats progressive house du DJ néerlandais. La prestation, et par conséquent le festival, s’est terminé sur une pluie de feux d’artifices, au plus grand bonheur des festivaliers (et des résidents de St-Lambert).
Journalistes: Laurie Goudreau + Damien Reveillon
Crédit photo: Evenko
The Chainsmokers + Afrojack + … Samedi 12 Aout @ IleSoniq (Montréal)
Le Parc Jean-Drapeau s’enflammait de nouveau pour la 8e édition d’Ile Soniq. Après quelques jours de turnover, le festival nous accueillait dans une ambiance plus technique, les scènes principales d’Osheaga ayant été converties en une seule scène centrale, où y était maintenant apposé de nombreux écrans LED. L’effet visuel allait être prometteur en soirée c’est certain!
Autant j’apprécie Ile Soniq pour sa variété d’artistes, je dois avouer que c’est souvent le ‘festival de la même toune’. Un artiste à Ile Soniq se démarque notamment pour son contenu audio original, mais aussi pour son contenu visuel. Les VJ présents font un excellent travail mais on sent qu’une touche supplémentaire est apportée lorsque les artistes développent leur propre contenu visuel. Le lineup du week-end était composé de grands noms, sans toutefois nous ‘mettre sur le cul’. Un grand nombre de B2B étaient prévus au courant du week-end, il manquait toutefois une représentation un peu plus électro dans le booking de cette année.
On l’attendait, avec de la pluie bien au rendez-vous, voici un topo sur les prestations de Claptone, Borgore, Afrojack, Adventure Club, Chris Lake, Svdden death, Alesso, Slander et la la tête d’affiche de la soirée The Chainsmokers!
Claptone
Un des pires ennemis d’un festival extérieur c’est la météo, mais le spectateurs qui restent sont souvent les plus passionnés, les plus crinqués. Cela se voit lors de la prestation de Claptone, qui réussit à faire danser son public malgré la pluie battante. Sa prestation reste somme toute assez classique avec un mélange de remix et de chansons propres à lui comme Heartbeat et cold heart, et utilisant a bon escient les écrans géants mis à sa disposition. Pour ceux qui voulait encore profiter de sa musique ont pu le voir au New City gGas le lendemain, et sans pluie cette fois!
Borgore B2B Level Up
Seulement 2 jours après la naissance de son enfant, Borgore était bel et bien présent à la scène Mirage. En b2b avec Level Up, que je connaissais moins, ils ont su monter l’énergie d’un cran. Borgore était plus passif derrière une Level Up énergique, et ses vieux hits étaient moins présents. Faute de cette collaboration entre les deux artistes? Mention spéciale aux illustrations et contenu visuel, assez weird mais qui a su ajouter une touche personnalisée à leur set.
Adventure Club
Toujours à la scène Mirage, ou on aurait pu la surnommer scène Drum n Bass pour la journée, Adventure Club succédait à Borgore. Nos montréalais préférés y sont allés de main forte pour leur set. On a même eu droit à de la pyrotechnie! Sur une note plus déconcertante, ou humoristique c’est selon, Adventure Club décide de mixer un bon classique québécois à leur style dubstep/electro house. Une bonne centaine de festivaliers de s’exclamer : ‘Esti d’caliss de tabarnak, esti d’caliss de viarge’.
Afrojack
Nous voici maintenant avec une pointure néerlandaise sur la scène principale. Afrojack est de retour après un passage en 2017 où je l’avais déjà vu, et je peux vous dire que c’est toujours aussi bon. Le rythme est bon, les musiques sont bonnes (avec un coup de cœur pour let me go), et les effets visuels sont bons! Bref, tout était bon, mise à par la pluie qui a fait fuir une partie du public. Avec peut-être moitié moins de spectateurs que ce que à quoi je m’attendais, j’espère que Afrojack n’a pas été trop déçu et qu’il reviendra à Montréal.
Chris Lake
Après avoir entendu beaucoup de recommandations pour Chris Lake, on s’est donc dirigé vers la scène Neon, plutôt house electro. Calme, en contrôle, le DJ et producteur anglais ouvrait son set avec Rumble. Nous avions pas mal entendu parler de son set B2B avec Fisher à Coachella cette année, maintenant au tour de Montréal d’en profiter! Il enchaînait ses hits un après l’autre, devant une foule comblée et qui en redemandait. Beggin’, Turn off the Lights, Deceiver, et TAKE IT OFF de Fisher qui semblait vraiment plaire aux festivaliers. Le soir même, il livrait une autre performance au After Party de l’Olympia. Ce fut personnellement le highlight de ma journée!
Svdden death B2B Eptic
Pour changer un peu de style, direction la scène mirage pour des sons un peu plus brutaux mais on combien appréciés de la scène Dubstep montréalaise. Cette collaboration belgo-californienne nous a livré une très bonne prestation, avec les rythmes lourds de svdden death associé au côté plus léger (façon de parler, on reste dans le Dubstep quand même!) de Eptic. La nuit tombée leur a permis d’utiliser au maximum les possibilités de la scène, avec des beaux visuels sur écrans géants, de la fumée et des jeux de lasers bien travaillés. Seul petit bémol, la pluie qui a rendu le sol glissant, ce qui a donné qu’un très timide wall of death lorsque demandé par svdden death.
The Chainsmokers
Ah The Chainsmokers! Le duo new-yorkais est en ascension constante depuis les dernières années. Ayant déjà performé à Ile Soniq en 2016, on les retrouvait finalement comme headliner cette année. Je trouve personnellement que leurs set sont décousus, intégrant des vieux hits pop/rock pour plaire aux festivaliers, sans toutefois avoir une ligne directrice claire. Il y avait également plusieurs zones mortes au niveau du son, ce qui créait une expérience un peu moins enveloppante. Un de leur atout est toutefois cette portion vocale live, mais on sent plutôt que l’un mix tandis que l’autre fait l’animation de foule. Ordinaire. D’autres étaient comblés et avec raison; Paris, Closer, Don’t Let Me Down, tous leurs hits y étaient. Somme toute, les festivaliers en ont eu pour leurs yeux et leurs oreilles.
Journalistes: Laurie Goudreau + Damien Reveillon
Crédit photo: Evenko
MajestiX (Photos) @ Esplanade du Parc Olympique (Montréal)
Drag Superstar (photos) @ Esplanade du Parc Olympique (Montréal)
Metallicacophonique @ Stade Olympique (Montréal)
Mais quel dommage. Un groupe si grand. Un spectacle si gros. Des morceaux anthologiques joués. Un James Hetfield en si bonne forme, avec certainement sa meilleure voix « live » depuis les quinze dernières années. Le tout noyé dans une bouillie sonore approximative, perdue dans la réverbération bétonnée et ferraillée de ce stade, et franchement inadmissible pour un groupe de ce calibre. Et un nouvel épisode de désastre sonore, après ceux d’AC/DC en 2009 et 2015, qui vient confirmer qu’il faut arrêter de faire des concerts de rock au Stade Olympique.
Ou la démesure d’un certain Metalli-capitalisme dans la culture, quand la forme efface peu à peu le fond, pour vendre plus même s’il faut couper un peu sur la qualité essentielle du produit, le son de la musique elle-même ?
Parce que c’est quand même fantastique, comme le soulignera James lui-même, d’être ici après plus de quarante ans de carrière. D’avoir des frissons quand les lumières s’éteignent et qu’Ecstasy of Gold d’Ennio Morricone retentit, avant de voir les Four Horsemen en chair et en os monter sur scène et envoyer le classique Whiplash, quatre décennies après sa sortie qui allait marquer l’histoire du heavy metal.
D’enchaîner avec For Whom The Bell Tolls puis Ride The Lightning sous les acclamations de 60 000 personnes, dont une bonne partie étaient déjà là il y a deux jours. Tout à l’honneur de Metallica de proposer deux grilles de chansons totalement différentes entre les deux soirs, allant piocher dans leur longue discographie, incluant leur nouvel album et de remarquables morceaux comme Lux Æterna.
Le show est énorme. Repoussant les limites de la scène à 360 degrés, Metallica présentait sur cette tournée un nouveau concept de scène ronde, sorte de bagel avec un pit au milieu, entourée de huit grands pylônes portant des écrans géants circulaires, et des colonnes de son monstrueuses. Un seul problème : le Stade Olympique, et son acoustique naturellement ingérable. Le son tourne et rebondit sur le toit et la structure ronde en métal et béton armé, renvoyant un écho constant. Il faut tendre l’oreille pour comprendre les interventions du chanteur entre les chansons, et quand tous les instruments embarquent, c’est simplement cacophonique. Une preuve ? Les « hey ! hey ! » du public se décalent régulièrement, depuis les tribunes, on entend clairement un délai de quelques secondes, et tout le monde ne scande pas « hey » en même temps.
Et pourtant. Metallica est connu pour avoir une équipe de son hors normes, se démarquant souvent par une puissance sonore forçant l’admiration, comme leur dernier passage au Heavy MTL, ou même sur les plaines d’Abraham au FEQ. Et on voit bien qu’ils font ce qu’ils peuvent malgré les circonstances ici, travaillant à mieux définir le son de chaque instrument, les solos de Kirk Hammet sortant parfois plus. Mais le tout reste médiocre, pour ne pas dire franchement brouillon et mauvais par moment. Le son s’améliore un peu pendant You Must Burn, mais les guitares restent difficiles à discerner, se perdant dans la réverbération et le brouhaha constant du son qui tourne. Quel gâchis d’entendre alors le majestueux instrumental Call of Ktulu dans de pareilles conditions.
Heureusement qu’on connaît les chansons, parce que quand ça va vite comme sur le monumental Battery, ça devient difficile de tout comprendre. Ce sont finalement les chansons un peu plus mid-tempo qui ressortent mieux, mais même là, la dynamique est totalement écrasée par le bruit ambiant, enlevant la puissance des punchs dans des morceaux mastodontes de rythmiques fracassantes comme Wherever I May Roam, For Whom the Bell Tolls ou Enter Sandman qui conclue le show.
Quel dommage. À soixante ans, le père Hetfield est impressionnant, et semble au meilleur de sa forme vocale depuis quinze ans ou plus. Depuis les années 2000, sa voix en concert avait perdu de sa hargne et de sa puissance, devenant plus claire. Mais sur cette tournée, et on l’a entendu ce soir – ou plutôt discerné – sa voix a retrouvé du grain et du mordant, rugissant même dans les plus calmes come Welcome Home Sanitarium ou One. Et un charisme envoutant du chanteur-guitariste, doté d’un sens de l’humour et de l’autodérision, comme lorsqu’il annonce : « Voici un morceau de votre album favori : St Anger ! ».
C’est quand même incroyable qu’une machine aussi énorme que Metallica, qui semble penser à tous les détails, re-décorer le stade entier aux couleurs du groupe, soigner chaque animation sur les écrans avec des images de leurs concerts au Québec, la fleur de Lys avant Battery, mettre des panneaux Metallica dans le métro, ne se soit pas posé un instant la question d’avoir un bon son, et de mieux choisir le lieu. De ne pas avoir parlé de la mauvaise réputation de l’horrible acoustique du stade olympique, remontant apparemment jusqu’à 1994 avec Pink Floyd, ou AC/DC en 2009 et 2015, oubliant l’essence même de leur existence: leur son massif portant leur musique exceptionnelle qui en a fait un des plus gros groupes de la planète.
Serait-on en train d’atteindre la quintessence de ce Metalli-capitalisme culturel, où la musique devient un produit de consommation de masse, bien emballé et bien présenté, où le standard de qualité sonore est délaissé au profit de l’expérience humaine ludique ? De créer un momentum, où ce qui compte c’est de participer, d’être là et de prendre des selfies pour dire qu’on y était ? Parce que côté marketing, branding et hype autour de l’évènement, rien à dire, c’est réussi.
Du moment qu’on reconnaît les morceaux, que ça fait « boum boum » avec un son massif et des basses qui font trembler le sol, des belles lumières, des ballons gonflables, des flammes et quelques pétards, on boit quelques Molson à quinze pièces – sans le pourboire -, un chandail souvenir à soixante dollars minimum, et tout le monde est content ? Personne ne se plaint vraiment, dans une acceptation générale d’une médiocrité normalisée, une soumission à ce qui est juste « correct » en apparence ?
Comme quand l‘amour rend aveugle, et qu’il est difficile de voir ou d’admettre certaines choses évidentes : on a beau être fan de Metallica, être content de voir jouer ces légendes vivantes, des musiciens généreux et souriants qui sont heureux d’être là, avec une belle énergie, la puissance de milliers de personnes réunies pour célébrer une œuvre musicale, et c’était un effectivement un spectacle gigantesque, un show superbe à voir, une jolie setlist. Mais non, ça ne sonnait pas bien du tout. Alors que James et ses acolytes semblent sonner mieux que jamais dans leur période moderne. Quelle frustration.
Journaliste: Bruno Maniaci
Photographe: Alex Guay