Category: Québec

Voïvod @ Café Culturel de la Chasse-Galerie (Lavaltrie, Québec)

Pour clore l’année en beauté, Voïvod donnait rendez-vous au Café Culturel de la Chasse-Galerie à Lavaltrie pour la Virée Morgoth. La formation américaine War On Women agissait comme première partie.
 
Il y a peu d’amateurs dans l’église lorsque Shawna Potter et les autres membres de War On Women arrivent sur scène avec leur musique aux racines hardcore et punk. Vous avez bien lu, le Café Culturel de la Chasse-Galerie est en fait la nouvelle vocation de cette ancienne église. Étant un groupe activiste et féministe, leurs paroles sont bien entendu d’actualité et Shawna ne se gênera pas pour dire à quel point ils sont heureux d’être au Canada pour quelques jours. Shawna commande la scène et interagit constamment avec les amateurs et son attitude me fait penser à Heidi Shepherd ou Carla Harvey des Butcher Babies par moment. Leur musique est entrainante et énergique, mais elle ne rejoint pas beaucoup d’amateurs. 
 
Après une conversation entre amis, Voïvod arrive sur scène avec la pièce Experiment. Le groupe ramène ce titre dans leur setlist après de nombreuses années et les amateurs ne vont pas se plaindre de leur choix. Le son est très bon, car les panneaux acoustiques minimisent l’écho. Je succombe à l’effet visuel de voir un spectacle dans une église alors que la projection des nombreuses œuvres de Michel ‘Away’ Langevin s’agence parfaitement avec leur musique. Ces dernières sont tellement belles qu’elles vont attirer mon attention au détriment de la musique jusqu’à ce que Snake chante Who’s God? dans la pièce Tribal Conviction. Ce refrain frappe dans le mille compte tenu de l’endroit dans lequel nous nous trouvons pour la soirée. Ripping Headaches et Cosmic Drama sont deux autres titres que les amateurs n’avaient pas entendus depuis plusieurs années. Ces derniers avaient beaucoup de plaisir à hocher leur tête et à lever leur poing pendant celles-ci.
Les pièces s’enchainent et plus le concert avance, plus je comprends que le groupe a judicieusement sélectionné des titres qu’ils n’avaient pas joués depuis plusieurs années. Snake rappelle aux amateurs qu’ils vont jouer deux concerts à la Place Des Arts à la fin du mois de janvier avec l’Orchestre Symphonique de Montréal et qu’ils pourront entendre une nouvelle version du titre Forgotten In Space. Comme à mon habitude, je passe un certain temps à admirer l’impressionnant travail d’Away à la batterie. Dominique ‘Rocky’ Laroche est à l’honneur sur une autre surprise alors que le groupe enchaine avec Into My Hypercube. Les amateurs vont se défouler un peu plus lors d’Overreaction alors que Dominique et Daniel ‘Chewy’ Mongrain vont arpenter la scène de long en large tout au long de ce dernier.
Parlant de rareté, le groupe va jouer en fin de soirée Condemned To The Gallows, leur toute première composition, incluant l’introduction préenregistrée d’origine. Quel délice pour les amateurs qui se sont déplacés pour l’occasion, mais le groupe avait un dernier cadeau alors qu’ils enchainent avec Nuclear War. La soirée prend fin avec les incontournables Astronomy Domine et Voïvod.
À voir la réaction des amateurs, la soirée était une grande réussite et le choix des titres valait le déplacement. C’était l’évènement idéal pour terminer l’année et les amateurs se donnaient déjà rendez-vous pour ne pas manquer la prochaine prestation de Voïvod qui sera encore une fois inoubliable!
 
Journaliste: Albert Lamoureux
 
Photographe: Sébastien Jetté (collaboration spéciale)

Messe des Morts 2024 – La trinité de Marduk et plus à l’église du black metal @ Théâtre Paradoxe (Montréal)

Affichant complet le dernier soir, le festival de la Messe des Morts 2024 a offert une bonne dose de black métal aux nombreux amateurs du genre réunis, voyant notamment Marduk se produire non pas deux mais trois fois, et des prestations remarquables de Necrophobic, Misþyrming, Merrimack, Warmoon Lord ou encore Ancient. Une édition marquée par de nombreuses controverses, et des perturbations dans la programmation.

Génèse – Jour 1

Le groupe de Québec Asgard brisait la glace du premier soir à coup de hache viking, dans la grande tradition corpse-paint et bracelets cloutés, suivi dans un genre différent des américains de Desolate, un groupe formé dans les années 90, aux accents death metal appuyés avec lourdeur.

Les français de Ritualization ont alors enfoncé les clous dans un rituel de black death très sombre, sorti des profondeurs de l’abysse infernale, où se perdait parfois le son. Ils étaient suivis d’un nom très attendu, légende du métal noir, Akitsa. Envoyant une des prestations les plus punks de la fin de semaine, avec un son crade mais plus efficace et rentre-dedans que tous les autres groupes, faisant réagir beaucoup de fans dans le public, chantant leurs hymnes dans un moshpit où s’affrontent une poignée de guerriers.

Et puis, la surprise du jour. Suite à l’annulation de Sargeist, c’est nul autre que Marduk, à peine arrivés de l’aéroport, qui accepte de faire un concert surprise (ou comme dirait Ultra Vomit, une Panzer Surprise ?). Sachant que le groupe devait déjà headliner les deux autres soirs, les voici qui prennent alors le premier d’assaut, avec un généreux troisième concert. Et avec un certain recul, celui-ci aura eu une aura unique : l’aspect spontané, dernière minute, l’étrange contexte des annulations et controverses, le chaos ambiant, l’heure tardive un jeudi soir avec une audience plus réduite. Il y avait une saveur spéciale dans cette performance, des titres de Viktoria à World Funeral ou The Blonde Beast.

Psaume I – Jour 2

La formation de Québec, Dépérir, ouvrait la deuxième journée dans une noirceur maîtrisée, suivit d’une première en Amérique du Nord présentée par le festival, les Islandais de Naðra. Et encore une fois, force est de constater que cette petite île volcanique crache décidément des musiciens intenses et talentueux, délivrant une musique singulière, notamment ce chanteur possédé utilisant un registre vocal remarquablement varié.

Un moment attendu était la prestation de Warmoon Lord, et les Finlandais ont bien livré la marchandise, avec la touche symphonique mélangée à la griffe d’un classicisme de corpse paint et d’armures, un concert captivant. Sans réinventer le pentagramme, Warmoon Lord y fait très bien honneur, portant le flambeau d’un style culte.

Suite à l’annulation de Horna, c’est les français de Merrimack qui ont accepté de jouer un deuxième concert, plus centré sur leurs débuts. Le côté peut-être plus spontané, et plus old-school des chansons ont en fait un excellent set, presque meilleur que leur set prévu le lendemain.

Les légendes norvégiennes de Ancient étaient de retour à la Messe des Morts, cette fois pour présenter The Cainian Chronicles. Une bonne prestation encore, avec la projection (vidéo!) de flammes sur l’autel de l’église en arrière. Même si cet album est plus mélodique et symphonique que leurs classique Svartalvheim, l’exécution en concert s’avère plus brute, et ressort de manière plus traditionnelle dans les riffs malsains, très efficace.

Marduk investit alors la scène pour son deuxième scène centré sur l’album Plague Angel, rajoutant également des pièces de Rom 5 :12. Et que ce soit sur scène ou dans le public, plus de subtiles mélodies ou d’atmosphérique, place à la guerre et au moshpit le plus brutal, créé par des bombes comme Throne of Rats ou Azrael. Dommage pour le son un peu brouillon, mais la puissance de feu de Marduk ne manque pas, et conclue en violence cette deuxième soirée.

Psaume II – Jour 3

La jeune formation québéco-autrichienne Détresse ouvrait le bal du troisième soir, un trio bien énergique imprégné de la tradition scandinave. S’en suivait un nom maintenant reconnu du métal noir québécois, le groupe Ossuaire, haineux à souhait dans son rituel, ses hymnes et « Premiers Chants », ravissant des hordes de nombreux fidèles dans cette dernière soirée à guichets fermés.

Les Français de Merrimack montaient alors sur scène pour leur deuxième prestation de la fin de semaine, livrant encore une bonne performance, mais peut-être moins marquante que celle de la veille, avec quelques longueurs, malgré l’expérience du groupe et la bonne présence de leur hurleur.

De retour à Montréal, les Islandais de Misþyrming ont profité de l’occasion pour offrir un set un peu plus long, montant le niveau d’intensité à la hauteur de leurs compositions envoutantes et leurs riffs mélodiques remarquables. Dommage pour un son encore confus qui empêche d’apprécier les subtilités de leur art. Un groupe qui se démarque par sa noirceur maîtrisée dans les moindres recoins, et des musiciens qui se donnent à fond sur scène, loin d’être statiques, et même pas perturbés par les problèmes de lumière.

La salle est toujours pleine à craquer alors que les Suédois de Necrophobic montent sur scène pour envoyer ce qui allait être une des meilleures performances du festival, commençant avec Stormcrow du dernier album. Corpse-paint et bracelets à clous jusqu’au coup, le groupe donne une leçon de black métal mélodique à la suédoise, leur machine est bien rôdée, et leurs bombes métalliques accrocheuses sont ovationnées par un public emporté. Necrophobic se démarque avec un certain professionnalisme, du son à l’apparence scénique, et une excellente énergie portant à merveille leurs hymnes mélodiques.

Et c’est maintenant le grand moment, le dernier set de Marduk qui s’apprête à jouer son classique Panzer Division. La sirène retentit, et le public est gonflé à bloc. Mais des problèmes de son, notamment du micro, créent quelques faux départs. Ce qui ne met pas de bonne humeur les musiciens, Mortuus finissant par jeter son micro à terre et quitter la scène, suivi du reste du groupe. Après quelques interminables minutes, Marduk revient sur scène et balance un set très énervé. Pour le bonheur des fans, car le groupe ne se contente pas de jouer l’album annoncé, mais va aussi puiser dans Those Of The Unlight et plus. Un concert encore unique, très chaotique, et finalement violent à souhait.

Marduk conclue en force cette Messe des Morts, avec son black metal sans concessions, brutal et haineux, rassemblant sous le signe du diable et des musiques extrêmes des fidèles du genre, de toutes générations, origines et classes sociales confondues, communiant dans cette belle église qu’est le Théâtre Paradoxe, transcendant encore son nom dans cet évènement unique. Au nom du métal extrême, du diable et des décibels, Amen.

 

Journaliste: Bruno Maniaci

Photographe: Thomas Mazerolles

Karkwa, le grand retour @ MTelus (Montréal)

Karkwa avait donné rendez-vous à ses fans le samedi 23 novembre pour sa quatrième et dernière supplémentaire montréalaise. C’est dans un Mtelus bien rempli que les fans se sont attroupés, certains détenant leurs billets depuis plus de huit mois. Dès l’entrée en salle, on pouvait observer des mentions que le spectacle serait filmé, ce qui, d’emblée, était annonciateur d’une prestation dynamique.

Dès 20 h, la première partie embarque sur scène sans une minute de retard. La foule découvre sur les planches Marie-Pierre Arthur, affublée d’une robe noire et de sa basse, ainsi que et ses quatre musiciens. Leur chimie devient rapidement évidente. L’auteur-compositrice-interprète entame d’abord son plus récent single L’autre hémisphère et quelques autres morceaux, avant d’inviter Mantisse à partager la scène pour leur duo Miroir, extrait tiré de l’Album bleu de Marie-Pier paru le 30 août 2024. Les harmonies impeccables de Marie-Pierre et son band, et les notes de basses groovy de l’interprète ont bien réchauffé la foule.

C’est à 20 h 48 que vient le tour à Karkwa d’enflammer le Mtelus. Alors que les musiciens foulent les planches, on aperçoit au-dessus du groupe cinq grands panneaux verticaux qui hébergeront les projections visuelles accompagnant le groupe tout au long de sa prestation. Soulignons qu’il y a quelques semaines à peine, Karkwa remportait le « Félix Conception d’éclairage et projections de l’année »[1]. Parmi les vidéos diffusées en boucle sur les panneaux, les spectateurs peuvent observer de courtes d’animation 3D sous formes de vidéos très sobres, de formes, points ou de design, dont celui de la pochette d’album Dans la seconde.

L’entrée en scène du groupe se fait sous une mer d’applaudissements chaleureux. Le chanteur du groupe, Louis-Jean Cormier, salue la foule et s’adresse à celle-ci : « Montréal, je veux que tu tripes ta vie. Ce soir, le temps n’existe plus, je veux que tu t’abandonnes dans les chansons, que tu lâches prise, que tu chantes les boutes de chansons dont tu ne connais pas les paroles et nous, on s’arrange avec le reste. »

Le groupe ouvre avec Parfaite à l’écran, extrait populaire de leur dernier album Dans la seconde. La formation enchaîne ensuite avec une des favorites, Le Pyromane, qui amène la foule à bouger et à chanter bien fort. Avant de poursuivre avec L’acouphène, Cormier s’adresse en souriant à la foule : « Je pense que là, c’est parti ! ». S’enchaînent ensuite des pièces tirées du plus récent opus, telles que Gravité, Dans la seconde, Nouvelle vague, ainsi que des favorites, parues au début des années 2000. Se succèdent Moi-Léger — qui fait chanter très fort la foule —, Oublie pas, Le coup d’état et Les Chemins de Verres. Louis-Jean Cormier livre un impressionnant solo de guitare électrique à la fin de Dormir Le Jour.

Malgré deux interventions de techniciens sur scène dû à une difficulté technique mineure, l’énergie du groupe, la symbiose de celui-ci avec la foule et la nostalgie omniprésente toute la soirée ont permis à la foule de « lâcher prise » avec le groupe. Celui-ci est d’ailleurs revenu performer en rappel Le Compteur, Échapper Au Sort et a clos avec la ballade 28 Jours.

Il reste trois dernières représentations avant que Karkwa ne se sépare à nouveau. Le groupe fera un arrêt à l’Impérial de Québec le 19 décembre 2024, puis finira sa tournée au Minotaure à Gatineau, pour deux soirs consécutifs, les 20 et 21 décembre prochain[2].

[1] Le Canal Auditif. (2024, 31 octobre). Les résultats du Gala de l’industrie de l’ADISQ 2024 – Le Canal Auditif. https://lecanalauditif.ca/actualites/resultats-gala-industrie-adisq-2024/

[2] Karkwa. (s. d.). Karkwa. https://karkwa.com/

Journaliste : Laurence Daoust-Gref

Photographe: Alex Guay

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