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Mortiis Entrevue

Entrevue avec Mortiis (Håvard Ellefsen) du 31 mars 2019

Depuis combien de temps n’avez-vous pas joué non seulement à Montréal mais pour une tournée nord-américaine?

Mortiis: C’est la cinquième tournée en Amérique du Nord que je fais, mais c’est la première fois en 20 ans que je fais ce genre de musique (ndlr : Era 1). A Montréal ? J’étais ici pour la Messes des Morts en 2017. Je n’y suis pas allé à Toronto depuis 20 ans, je crois. J’étais peut-être là pour la tournée de Danzig en 2005, mais c’était un autre genre de musique, un autre genre de monstre à l’époque.

Avec la version groupe de Mortiis nous avons eu tellement de problèmes avec les agents et les managers… On est devenus désabusés, énervés et fatigués de l’industrie. Finalement, on s’est séparés… deux jours avant une tournée. Nous avons donc dû faire la tournée tout en sachant que nous étions séparés. C’était dur et pas très motivant. Nous avons fait d’excellents spectacles, mais nous étions en train de monter sur scène en détestant la tournée, en détestant le fait que nous avions été détruits par des gens de l’industrie.

Nous étions assez professionnels pour ne pas trop penser au fait que nous n’allions rien faire après la tournée. Aujourd’hui je ne dirais pas qu’on s’est séparés, plutôt en pause. On a parlé un peu et peut-être qu’un jour, on se remettra ensemble. C’est ce que j’espère.

C’était juste que nous avions atteint un niveau où comme nous ne faisions pas d’argent, tout devenait négatif. On était un super groupe, surtout en live, donc c’était une de ces situations où on se disait : “On se casse le cul et personne ne donne, alors pourquoi continuer à faire ça ?”. Le groupe n’était plus là, et pendant environ deux mois, j’ai dû démissionner, puis une offre très alléchante est arrivée. C’était une petite période de transition pendant laquelle j’ai dit à ma femme et à mes enfants : ” J’imagine que papa en a fini avec la musique, je vais juste être un travailleur de la santé maintenant”, ce que je fais à la maison. Je pense que ma femme était soulagée d’entendre ça. Ce soulagement n’a duré que deux mois, et puis j’ai dit : “Je suis de retour !”

Vous avez dit que lorsque vous ne faites pas de musique, vous travaillez dans le domaine de la santé ?

Mortiis: Oui. Je ne suis pas infirmier ; je travaille avec des gens qui ont beaucoup de handicaps mentaux. Des choses comme le syndrome de Down, des trucs de psychose, et des accidents de voiture où les patients ont eu des dommages cérébraux et ils sont juste, comme… bizarre. Je travaille avec une variété de ces maladies, c’est ce que je fais chez moi.

Dans la vie de musicien par rapport à la vie de famille, quelle est, selon vous, la principale différence mentale qui existe entre les deux ?

Mortiis: Je ne fais pas de longues tournées, donc d’habitude je suis de retour à la maison avant de réaliser que j’étais sorti. Je ne veux plus faire les longues tournées parce qu’après deux semaines, j’ai le mal du pays. Je bois trop en tournée aussi, et ça n’aide pas les nerfs ! Je ne bois pas beaucoup à la maison, mais j’ai remarqué en tournée que ça empire de plus en plus parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. La tournée est la chose la plus ennuyeuse de la planète. C’est la pire excuse de la planète. Pourquoi ne pas aller voir la ville, marcher dans les rues ? Je m’ennuierais, je m’ennuierais très facilement. C’est pour ça que je parle tant, même le silence est ennuyeux pour moi.

Je ne veux plus faire les longues tournées parce qu’elles ne sont pas bonnes pour ma tête.

Je suis peut-être un peu hypocrite, mais j’ai quarante-trois ans, j’ai le droit de dire ceci : Si le bon montant d’argent arrivait sur la table, je ferais les tournées les plus longues. À l’heure actuelle, j’ai une maison, une voiture, des enfants, des factures et tout le reste, alors l’argent est un facteur important de nos jours. Ce serait une motivation, si quelqu’un disait : “On paiera 5000$ par spectacle, vous feriez ça pendant deux mois, 50 spectacles ?” C’est beaucoup d’argent ; oui, je vais le faire. Ma femme serait d’accord avec ça, je pense. Mais je ne fais pas toutes ces tournées mal payées. Je ne le fais plus. Cette tournée est géniale, je suis très bien payé pour celle-là.

Quelle a été l’évolution ou les sources de votre costume ?

Mortiis: Le “regalia” ont commencé immédiatement avec la première démo que j’ai faite au début 1993. A ce moment-là, je n’avais qu’une imagerie black metal, mais peu de temps après, j’ai eu l’idée d’aller plus loin. J’ai grandi dans les années 80, j’étais un enfant de Kiss et de W.A.S.P., je suis assez vieux pour avoir acheté le premier album de W.A.S.P. quand il est sorti! A l’époque, chaque groupe avait une image fantastique, de Twisted Sister à Motley Crue. Quand ma mère a réalisé que j’aimais le Heavy Metal, elle a dit : “Quand j’étais jeune, on avait Alice Cooper.” C’était le maître de ce genre de choses ! Certaines personnes lui doivent beaucoup de gratitude, Kiss par exemple.

Comment décririez-vous ce que vous faites à quelqu’un qui ne l’a jamais entendu auparavant ?

Mortiis: Je ne sais pas. C’est un peu bizarre, parce que quand j’ai commencé, j’ai juste fait de la musique que j’avais dans la tête, et ça m’est passé directement du bout des doigts, je suppose. Je ne savais pas comment jouer, alors c’était juste un truc honnête, ça n’a été analysé d’aucune façon. C’était au début des années 90, et bien des années plus tard, j’avais fait beaucoup d’autres types de musique et j’ai décidé d’y retourner. Aujourd’hui, d’autres personnes qui jouent ce type de musique pourraient avoir une réponse différente. Je ne cherche pas vraiment à créer une certaine ambiance ou à être dans un certain genre. Je crée juste de la musique que j’aime, c’est difficile d’y coller une seule étiquette.

Vous avez mentionné l’ambiance et l’obscurité dans votre musique, sentez-vous un sentiment d’intimité qui influence votre son ?

Mortiis: La protection de la vie privée dans le sens où nous vivons en Norvège, et moins de gens autour de nous, ce genre de choses? Je suis une personne très privée, je peux être très gêné avec les gens, être dans ma bulle, et quand les gens s’approchent trop, je serai comme… (trépidation). C’est probablement mes gènes norvégiens, ou mes gènes scandinaves. Nous sommes certainement moins sociables que les autres. Ayant beaucoup voyagé, cette partie de ma personnalité a été un peu diluée. Je suis une personne sociale, mais je ne suis pas aussi sociable qu’aux États-Unis, où vous pouvez aller dans un restaurant et vous asseoir et un gars à côté de vous va commencer à vous parler. Ça m’est arrivé un million de fois. A cause des cheveux, ils sont comme “Oh, je connais un gars comme ça qui est dans un groupe ! Tu es dans un groupe ?” Et je suis genre, “Ouais.” “Comment tu t’appelles ?” Et puis je me fais aspirer dans son monde maintenant. Je suis trop poli, alors je vais essayer de lui expliquer des choses, d’écrire le site web sur une serviette ou quelque chose comme ça.

Vous avez dit que lorsque vous avez commencé, vous n’aviez aucune formation musicale ou ne saviez pas vraiment comment jouer ?

Mortiis: Je ne savais pas jouer parce que tout est basé sur le clavier. Je ne savais pas jouer des claviers, mais ces dernières années (à partir de l’époque de Emperor), je me suis lancé dans beaucoup de musique expérimentale, étrange, électronique… C’est en grande partie ce qu’on appelle le krautrock, vous savez, le vieux Tangerine Dream, Klaus Schulze, Kraftwerk, des trucs comme ça. Ça m’a fasciné. Avant même que je découvre ces groupes, je ne savais pas que l’on pouvait faire ce genre de musique sombre et atmosphérique qu’est le métal. Je n’avais pas réalisé parce que pour moi, les claviers étaient comme la synthpop.

Ou progressif, si vous voulez remonter plus loin dans les années 70.

Mortiis: J’aimais bien le vieux Pink Floyd et tout ça, quand on parle de progressif….Rick Wakeman, et dans une certaine mesure Yes. J’ai eu du mal avec la voix d’Anderson, mais j’ai adoré leurs trucs plus sombres, c’était fantastique. J’étais en train de m’y mettre quand j’étais dans Emperor, élargissant en fait mes horizons musicalement pour la première fois de ma vie. Cela m’a beaucoup inspiré. Quand j’ai quitté Emperor, c’était ma troisième tentative et toutes les autres avaient échoué. J’en avais marre d’essayer de faire en sorte que ça arrive et de traiter avec d’autres personnes, alors je me suis dit que j’allais y aller seul. Je suis allé au magasin de musique, j’ai acheté un clavier, je suis rentré chez moi et, trois mois plus tard, j’avais une démo. Je ne savais pas comment y jouer, mais cela rendait ma musique très honnête à l’époque.

Auteur : Shay Spivak

Photographe : Thomas Mazerolles

Entrevue avec Tamás Kátai: le génie derrière Thy Catafalque Entrevue

Crédit photo: Aurelija Karaliunaite

Fort d’une série d’albums encensés par la critique et les fans, Thy Catafalque, alias de Tamás Kátai, nous a offert le 4 mai passé son huitième album intitulé Geometria. Nous discutons avec lui de cette récente sortie ainsi que de sa démarche unique en tant que créateur.

**Cette entrevue a été réalisée en anglais et elle est publiée dans son intégralité sans traduction. Ainsi, nous évitons tout effet de lost in translation.**

Q : First, could you present your new album under the Thy Catafalque moniker; Geometria?

 

Tamás Kátai: Hello. Well, this is the new album, the eighth in a row and this is where we are today.

 

Q : Can you tell us more about the musicians that contributed on this record and what was your highlight about their presence?

 

T: Yes. First of all let me introduce Martina Horváth on vocals. She is the vocalist of her own band Nulah. She is just a lovely creature with not only great voice but a very creative mind, bringing a lot of life to the album. My favourite moment of her singing might be the vocals of Tenger, Tenger because it has a very personal touch. Gyula Vasvári from Perihelion is also here, he had been singing on Meta as well and again, he is singing in two songs, greatly. Misha Doumnov on violin in three tracks. Balázs Hermann from my old band, Gire is here with a fretless bass solo, David Jean-Baptiste with a saxophone solo and Colin Hume on trumpet. And also, Viktória Varga is back again delivering some narration in Hajnali Csillag.

 

Q : There are many instruments that are not common to Metal in general, I know you stated that Geometria is Metal but it is one of the many elements.  The insertion of a saxophone, a trumpet, violins and other instruments gives a depth that is very experimental and gets you close to jazz. Do you think there’s a limit to experimentation? Could it be the fans willing to follow or your will to take it even further every time?

 

T: I’m just doing what I feel right and it’s amazing if listeners can follow my way. Thy Catafalque is still based on metal I would say, but I don’t think metal is superior to any other genres and I love to be free to try anything I think about without feeling discouraged by stylistical rules. My main motivation however is creating songs and music not for the sake of experimentalism but for the songs themselves, so I rather not cram all my ideas into each song.

 

Q : What was the artistic vision of Geometria?

T: There had been not much thinking previously. I just wanted to record the next album with noticeably better production because that was something that had always been a pain for me. My albums never really sounded good. This time I invested in a new computer and audio interface and started recording from scratch with new software and slightly different approach. So technically there was a definitive difference. Artistically speaking my only goal was not to repeat myself if it was possible.

 

Q : Since its release, I’ve listened to Geometria more than a dozen times and what stood out the most for me is how the album seems to have a dual personality à la Dr. Jekyll and Mr. Hyde. Meaning that there are some aggressive songs and other really smooth moments. How did you choose the pacing and the order of the songs on this release?

 

T: Pacing is an interesting thing. Take Szamojéd Freskó és Töltés. Those two song follow each other seamlessly, exactly the same tempo and melody with extremely different orchestration, so the first one is a massive metal song, the second however is more like electronica with sci-fi vibes. Same parallel with Gőte and Sárember. Their tempo is the same, whereas the music and atmosphere are totally different. Anyway I don’t think I have many aggressive songs, none on this album and probably one or two on Sgúrr. These tracks are heavy and dark when it comes to metal but not really aggressive. Hate is not involved here, it just doesn’t come out of me naturally and I don’t feel the urge to force it. So to answer  your question I myself don’t see these songs so far from each other. Surely the atmosphere is changing from song to song but not in Hyde-Jekyll way, more like how the seasons change.

 

Q : You seem to always reinvent yourself to make music and never take the same path as an artist, is it a constant challenge for you?

T: It is indeed. I am not a good player and my abilities are limited, hence I have my boundaries in self-expression and it’s not easy to avoid repeating the formulas. That is one reason I like to involve guest musicians – they give me inspiration and lend fresh air in the music.

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Q : I wonder if you are reading or not the reviews about your works but how do you receive negative and positive feedbacks from it? How do you deal with it?

 

T: Surely I read reviews. Feedback is important even if I walk my own path. There is a balance and if you manage to handle feedback properly you can filter out the useful bits and ignore unimportant or exaggerating details. Exciting reviews can even inspire me or show me a point of view I have never thought about and it’s pretty interesting. I appreciate people’s opinion whatever it is, negative reviews don’t piss me off at all. Unfair ones can but unfairness in general is something I can hardly take easily.

 

Q : How has been the response to Geometria so far?

 

T: I think pretty good. I have this regular summary from Season of Mist on reviews and it’s 84% after plenty of reviews so far. That’s not bad. Some fans are clearly disappointed because of the lack of metal in Geometria and I feel for them, yes, it’s not that metal, true. I’m not sorry about that though, that’s all the metal I have in myself at the moment.

 

Q : You are very prolific, with Meta released in 2016,Sgùrr in 2015 and now Geometria, is it because with time and experience writing and composing has become a process that comes more and more efficient and you know how to express your vision and translate it more fluently in your music?

T: Mostly because I had enough time in the last 2-3 years for making music, but I can tell you, it’s over for a while. There are huge changes in my life and right now I have absolutely no idea when any new stuff will be written, let alone recorded.

 

Q : The artwork is neat and, just like the music, it is a complete departure fromMeta. How did you came up with the title and artwork for Geometria?

 

T: Thank you. I chose this title because there are some geometrical motifs in some of the songs (plane, pyramid, cone, circle) but the theme of the tracks is not geometry itself. These are symbolic elements here. As usually most the lyrics deal with cycles of life and nature, memories from my home town, childhood, stars, autumn, vanishing into dark, and summer corn fields. The artwork reflects the title and can be read symbolically. The two tiny red dots in the immense space separated or two atoms in the microscopic level.

Q : Since I know you are always looking towards the future, what is coming up for Támas Kátai?

T: I try to live a useful and happy life, this is my goal.

 

Q: Thank you very much for taking the time to answer our questions! I wish you all the best!

T: Thanks very much for asking me and liking my stuff. It’s very much appreciated. All the best for you!

Auteur: Michaël Parent

Nordet discute du nouvel opus de Brume d’Automne Entrevue

Embrassant les traditions, les mythes et les légendes québécoises depuis 2003, Brume d’Automne mené par Nordet aux chants, à la guitare et à l’écriture, refait surface avec leur nouvel opus; La grande noirceur.  Comme nous sommes insatiables de Métal noir québécois, ici chez Thorium, nous avons eu le privilège d’en faire l’écoute et de s’entretenir avec Nordet. Ce dernier fut très généreux dans ses réponses et en voici l’intégrale.

Bien le bonjour Nordet,

la sortie prochaine de La grande noirceur est un retour de Brume d’Automne dans le paysage du Métal noir québécois. Nous en sommes évidemment ravis et comme ici à Thorium nous en avons eu l’exclusivité nous sommes d’autant plus fébriles.

T : Est-ce que tu pourrais présenter l’album à ceux qui n’ont pas eu la chance comme moi de l’écouter de long et en large?

 Bien le bonjour! La fébrilité est autant présente à l’intérieur de la formation! Je suis grandement ravis d’en discuter avec vous!

Pour vous parler de cet album, c’est une période de transition pour le le groupe. L’alignement a changé et c’est une nouvelle ère qui commence pour le groupe. Mais la base reste la même, qui est de faire du métal noir québécois!

Cet album représente l’esprit de la rébellion caché à l’intérieur de nous, comme l’âme d’un village abandonné….Il a fui depuis un bon moment, mais il ne perd pas l’envie de chiâler!

T : Quel en a été le processus créatif, c’est-à-dire, est-ce que vous attaquiez les compositions de manière à former un bloc complet ou bien ce sont des compositions qui se sont présentées avec le temps?

Les compositions se présentent toujours avec le temps. Par contre je suis en général assez inspiré alors me suffit de m’installer avec mon neveux tapocheux et j’improvise. Après on se fait une idée avec ce qui a été fait et on retravaille le tout. En général les pièces se complètent après deux ou trois sessions.

T : Vous avez travaillé avec Roby alias Sorcier des Glaces, est-ce que tu pourrais me parler de cette collaboration avec l’un de nos joyaux national?

Oui bien sûr! Nous nous sommes parlé pour la première fois pendant l’enregistrement de la pièce “Le puit des morts” de SDG. Il cherchait des collaborateurs d’autres groupes de métal noir québécois pour faire les voix. C’était d’ailleurs un honneur pour moi d’y participer!

Par la suite il m’a offert de travailler avec moi pour la production de “La grande noirceur“. Je n’ai pas hésité une seconde! Ce fût une expérience remarquable! Il m’a grandement aidé et est responsable de nombreux arrangements. Il est aussi bon à la sonorisation qu’en tant que conseiller pour un résultat qui représente entièrement Brume d’Automne.

T : Évidemment, lorsque l’on aborde le Métal noir québécois, on sent que les artistes québécois prennent une certaine distance du Black Metal, l’emploi d’éléments de musique traditionnelle se fait de manière intégrée et on ne sent pas que cela devient superflu à la musique ou distrayant vis-à-vis de votre création. Ces insertions de clins d’œil à l’héritage québécois te viennent-ils dès l’écriture ou c’est en écoutant les démos que vous vous dites que tel instrument du folklore serait intéressant à placer ici et là?

Ce n’est jamais pareil, mais ce qui est certain c’est que ça fait partie du concept du groupe d’en ajouter. Comme je m’amuse souvent à jouer d’instruments folklorique, il me vient toujours quelques idées que je garde en réserve. Parfois je les insert dans les pièces dès le début, mais la plupart du temps c’est à l’enregistrement que je passe à cette étape qui est de donner une âme à l’album.

T : Étant féru d’Histoire moi-même j’ose croire que tu en es tout autant intéressé. Est-ce que les traditions et l’Histoire du Québec sont les éléments les plus inspirants pour ta musique et tes paroles pour Brume d’Automne?

Oui bien entendu! C’est précisément ce que je voulais dire plus haut en parlant de donner une âme à l’album. C’est le concept derrière la musique. L’histoire du Québec, ses traditions et ses légendes vont rester les seuls sujets d’inspiration pour Brume d’Automne.

Je suis également un passionné de musique folklorique étant natif de la région de Lanaudiere. Alors c’est certain que je m’en inspire beaucoup, autant musicalement que par les textes et les expressions employés.

T : J’aimerais souligner la pièce Brume d’Automne qui est, à mon avis, l’un des morceaux les plus audacieux que j’ai pu entendre de votre part. Il clôt La grande noirceur de manière grandiose, quelle est la pièce qui représente totalement Brume d’Automne?

Je suis assez fier du résultat et je suis content que ça vous a plu! Pour ma part, je pense que cette pièce est la plus représentative du groupe. Il y a tous les éléments autant du côté plus agressif que folklorique. Sans oublié ce que cette pièce raconte:

“Avant de disparaître dans les brumes rejoindre les pères de nos pères.
Reprenons le chant des révoltes de ceux dont les morts sont incensées
Reprenons leurs rêves et leurs espérances de vivre libre sur cette terre
Chantons notre dégoût de vivre et mourir pour les seigneurs dépravés
Qui se nourissent de not’ sang et d’nos espoirs pour construire leur monde
Que s’élèvent milles voix : qu’ils tremblent autant qu’elles grondent!”

T : Pour la sortie de cet album est-ce que vous avez des dates de spectacles ou une tournée en vue? Peut-être quelques festivals en Europe?

C’est certain que nous avons l’intention de se présenter sur scène, mais rien n’est prévu jusqu’à maintenant. Aller en Europe est un rêve pour sûr, mais pour le moment je me concentre sur les prochaines pièces.

Bien entendu je reste toujours ouvert et prépare le groupe pour faire de la scène!

T : Par simple curiosité musicale quels sont les derniers albums que tu as aimés? Et les derniers shows que tu es allé?

Ça fait un bon moment que je n’ai rien eu de nouveau, mais j’écoute tellement de musique que la liste serait longue!  Je suis dans une passe un peu atmosphérique au moment d’écrire ces lignes. Comme en ce moment j’écoute l’album “Huldrafolk” du groupe Wyrd que je me suis procuré en vinyle.

Sinon dans les nouveauté y’a Elffor, Sanctuaire, Kroda, Catacombes, Nachteule qui attirent mon attention(entres bien d’autres). Mais comme je me nourri sans arrêt de musique, je peux aussi bien écouter un album de Nekromantheon, Aura Noir ou Deathhammer puis me claquer un album des Charbonniers de L’enfer ou de Malicorne par la suite.

Pour les spectacles bien mon dernier étant la messe des morts, mon spectacle préféré ces temps-ci est d’observer les oies blanches, bernaches et canards qui envahissent mon territoire de chasse!

Auteur : Michaël Parent

Photographe: Thomas Mazerolles

Fascination morbide avec Mary Sisuei Entrevue

Après ses récentes escapades visuelles dans l’univers du burlesque, Thorium Mag a eu le plaisir de rencontrer Mary Sisuei pour en savoir plus sur ce personnage, sur l’univers burlesque et sur ce nouveau Morbid Fascination Show.

Comme dans toutes les histoires fabuleuses, celle-ci est née d’une rencontre hasardeuse. C’est forcée par ses amis à se rendre au Mont Royal, un de ces fameux dimanche d’été où le Mont est si animé, qu’une employée de la restauration fait la rencontre qui allait la marquer le plus : une troupe d’artistes jongleur y fait son numéro et l’intrigue. Il aura fallu qu’ils commencent à jouer avec le feu (littéralement !) pour lui mettre des étoiles dans les yeux. Le personnage de Mary Sisuei était né !

Thorium Mag : Bonjour Mary, pourrais-tu présenter ton parcours en quelques mots ?

Mary Sisuei : Ça fait maintenant un peu plus de deux ans que je performe ! J’ai commencé par tous les numéros liés au feu (cracheur de feu, fouet de feu…), j’ai ensuite exploré différents aspects comme la danse et le ballet pour finalement prendre des cours avec Arabesque burlesque. Dix semaines intensives avec une instructrice incroyable ! Depuis ce temps-là, je continue à me découvrir moi-même, mon personnage évolue au fur et à mesure que je travaille de nouveaux numéros et que je réfléchi à la direction à me donner. Actuellement je suis en plein dans les thématiques morbides, freak show, alternatif et qui peut choquer !

T : Qu’est ce qui se passe dans la tête d’une femme qui se tourne vers le burlesque ?

MS : J’ai toujours été confortable avec mon corps et je voulais vraiment m’essayer à toutes les formes d’art, j’ai d’ailleurs encore une longue liste de disciplines à découvrir comme lancer des couteaux ou avaler des sabres ! Donc j’ai tenté le burlesque, pour voir au départ, puis j’ai adoré ça. J’avais déjà fait quelques numéros avant de prendre des cours mais ma manière de voir les performances a vraiment changé après ça. On vient à se poser plus de questions : quelle est l’histoire de ton personnage ? Si on enlève certains morceaux, pourquoi on le fait ? Ce n’est pas juste pour se dénuder.

T : Justement à ce propos, quelqu’un d’étranger à cet univers pourrait croire que c’est comme aller dans un club de danseuses, qu’est ce que tu dirais à ce genre de personne ?

MS : Je fais beaucoup face à ce stigma. Le burlesque c’est vraiment l’art de la séduction. C’est raconter une histoire en séduisant le public, en utilisant sa féminité, sa sensualité mais aussi sa masculinité, des hommes participent également. Il y a vraiment une histoire derrière le numéro, ce n’est pas juste enlever son linge pour enlever son linge. C’est une forme d’art, au lieu d’exprimer mes émotions via un pinceau et une toile, je les exprime sur scène avec mon corps.

T : Ce projet que tu lances, le Morbid Fascination Show, peux-tu nous en dire plus ?

MS : En avril dernière c’était la deuxième édition ! Après avoir tenté le concept dans un autre bar, on a fait évoluer la formule pour avoir un show complet mensuel qui veut donner un espace pour tous les performeurs alternatifs qui peuvent pas facilement se faire engager dans les cabarets traditionnels parce qu’ils ne rentrent pas vraiment dans le « beau et brillant ». Ici ils trouvent une place pour s’exprimer sans contraintes et être fous ! Notre touche à nous c’est vraiment cet aspect « freak show ».

T : Comment entrevois-tu le futur proche de ce projet ?

MS : Pour le moment c’est un évènement mensuel. Le Morbid Fascination c’est le premier bébé de ma compagnie de cirque, le cirque NiKa, qui a aussi cette mission de laisser une place aux arts alternatifs et de mettre ensemble cirque, freak show et burlesque dans une formule qui peut plaire à tout le monde. Avec NiKa on s’éloigne de l’underground vers le grand public. Morbid Fascination c’est un cadeau que je me fais, le show dans lequel je veux performer et qui lui a une visée plus alternative. Mais pour le futur j’aimerais bâtir des spectacles de plus grande envergure, avec une grosse chorégraphie, des possibilités de tournées…

T : Il y a donc un grand public burlesque/freak show à Montréal et au Québec en général ?

MS : C’est certain qu’il y a des spectacles de freak show qui tournent de temps en temps mais pas vraiment de manière régulière. Une troupe qui tourne et que j’adore c’est le Blue Mushroom Psykus, certains sont à Toronto, d’autres ici et des membres ponctuels plus éparpillés. De temps en temps au Wiggle Room il y a des spectacles qui repoussent un peu les frontières mais c’est plus rare, ils se concentrent plus sur le style cabaret ou burlesque traditionnel.

T : Pour terminer, que dirais tu à quelqu’un de complètement étranger à cet univers pour l’inciter à venir voir ton spectacle ?

MS : Si quelqu’un veut entrer dans un univers qui est complètement différent de ce qu’il est habitué de voir, s’il veut pouvoir se lier à ses petits démons intérieurs, découvrir que la noirceur n’est pas si noire et qu’il y a quand même des belles choses dans ce qui est « laid », alors il trouvera son bonheur au spectacle !

Le Morbid Fascination Show c’est tous les deuxièmes dimanches du mois, au Piranha Bar de Montréal. Pour plus d’infos c’est par ici !

Auteur : Thomas Mazerolles

Augury Entrevue

Augury est l’un des bands vétérans de la scène death metal québécoise et c’est neuf ans après la sortie de Fragmentary Evidence qu’ils nous présentent Illusive Golden Age, leur troisième album. Pour en parler, je me suis entretenu avec le chanteur/guitariste Patrick Loisel ainsi qu’avec le guitariste Mathieu Marcotte, tous les deux membres fondateurs du groupe!

Cela fait presque neuf ans depuis la sortie de Fragmentary Evidence, pourquoi une si longue absence?

Mathieu: Plusieurs changements de line-up, le fait que nous aillons plusieurs projets musicaux, et nous avons volontairement décider de prendre notre temps pour cet album. en 2009 et 2010, après avoir signé sur Nuclear Blast et tourné intensivement durant cette période, le groupe a choisi de prendre une pause des tournées. Nous avions perdus nos emplois à cause de cela à cette époque et nous devions gagner notre vie et se revirer de bord comme on dit.

La pochette d’Illusive Golden Age a été dessinée par Filip Ivanovic, reconnu pour avoir travaillé avec plusieurs groupes dont Cryptopsy et Beyond Creation. Pouvez-vous me parler un peu du concept derrière cette pochette?

Patrick : L’image illustre une facette du concept. Nous trouvons des ruines presque méconnaissables de civilisations avancées ayant existé il y a longtemps mais on ne sait rien sur elles parce que leurs documents n’ont pas survécu. Ce sera notre cas et dans 10 000 ans des gens parleront de nous comme nous on parle de l’Atlantide. C’est un cycle sans fin, déja abordé mais encore plus paufiné ici. Les civilisations s’écroulent souvent alors qu’elles sont en vue de leur âge d’or et le concept cerne certaines des causes de cette chute récurrente des civilisations : On peut citer le fanatisme et l’intolérance, la cruauté, la négligence etc. Pour ce faire, au lieu de décrire une situation de long en large, je vais citer un lieu ou un personnage historique en guise de métaphore. Ça donne un texte plus poétique et émotif. Un autre point capital est le fait que des gens chercheront à préserver le savoir de leur civilisation s’ils ancticipent sa disparition.

Quelles ont été vos plus grandes inspirations concernant la composition d’Illusive Golden Age?

Mathieu : Pas mal les mêmes que sur les deux albums précédents, nous n’avons pas vraiment d’agenda ou de marche à suivre pour composer un album. On prend tellement notre temps pour composer le matériel d’abord tout seul et ensuite, quand vient le temps de le présenter au reste du groupe, c’est très rare que rendu là ça ne plaise pas au autres membres du groupe. Nous sommes également trois compositeurs dans le groupe (Mathieu, Patrick et Forest) donc ça apporte une certaine variété dans les pièces et ça évite la redondance. Les idées sont puisées à travers notre bagage musical qui est très varié et non limité à un seul style de musique. Ça peut aller du classique, prog, musique de films jusqu’au métal extrême. Mais en général, je dirait qu’on tente d’éviter de s’influencer uniquement du métal car on tient à développer notre son et notre signature et ce n’est pas en copiant d’autres groupes du même style qu’on y parviendrait.

C’est aussi le premier album avec Antoine Baril aux drums. Comment cela a affecté la composition du nouvel album?

Mathieu : Antoine a apporté son style de jeu aux pièces qui étaient déjà composées pour la plupart. Environ la moitié de l’album avait été monté avec Etienne Gallo (batteur original) auparavant et le reste de la musique est arrivée par la suite. L’avantage avec Antoine est qu’il a son propre studio et travaille très bien à distance. Il a pré-produit ses drums sur toutes les pièces dans un premier temps et nous avons fait nos suggestions en se parlant au téléphone et en se chantant des sections jusqu’a ce qu’on arrive au résultat souhaité. Donc l’album a été monté en grande partie en studio et Antoine a apporté ses influences qui sont toutes aussi variées: death et prog en très grande partie.

Vous êtes maintenant avec le label The Artisan Era, mais avez été un bout de temps avec un label allemand assez connu. Comment s’est passé l’aventure avec Nuclear Blast?

Mathieu : Positive et négative à la fois. Grâce à eux on s’est fait connaitre à une plus grande échelle et c’est ce qui nous a apporté notre agence de booking a l’époque et plusieurs événements majeurs. Par contre le label n’a pas fait grand chose pour nous promouvoir en Europe et le reste du monde et si ce n’avait été de Nuclear Blast USA, qui eux on cru en nous un peu plus, il ne se serait pas passé grand chose. On a su par la suite que le label se foutait un peu de nous et n’aimait pas vraiment le style de musique qu’on fait, donc ça reste dans le domaine de l’intangible, mais bon au moins ça nous a mis sur la map.

En tant que vétérans de la scène métal québécoise, quelle est votre opinion concernant l’état de la scène en 2018? Diriez-vous qu’elle se porte bien ou non?

Mathieu : Personnellement je trouve qu’elle se porte très bien et je n’ai jamais senti de creux vraiment depuis mon premier groupe en 1994. Il y a de plus en plus de groupes québécois qui font leur marque à l’international et la scène est en très bonne santé. Tous les styles de métal sont bien représentés au Québec et c’est pourquoi c’est difficile d’y associer un seul son.

La plupart des groupes qui ont commencé plus ou moins en même temps que vous comme Quo Vadis, Unexpect ou Martyr sont maintenant séparés. Quel est le secret de la longévité d’Augury?

Mathieu : Je crois que c’est un amalgame de plusieurs raisons. Premièrement nous étions tous amis avant de partir ce groupe, ce qui donne des liens plus fort. Nous avons tous d’autres projets musicaux, donc différents médiums si ont peut dire pour pousser ces différentes idées musicales. Et le fait aussi que le band ne soit pas constamment en train de tourner et de faire des spectacles fait en sorte que ça donne un statut plus tranquille au groupe, donc moins de chances de se tapper sur la tête ( c’est une façon de parler bien sûr). Mais d’abord et avant tout, ce doit être tout simplement la persévérance, avoir une vision à long terme de sa musique qui est important.

Patrick, tu es quelqu’un d’assez engagé en général, est-ce que Augury est ton véhicule pour partager tes opinions?

Patrick : Ce l’est dans la mesure où les valeurs véhiculées sont communes à tous les membres du groupe ; nous avons beaucoup de sujets d’intérêt communs et les gars m’ont souvent fait des suggestions. Pour le reste, ce sont les mêmes informations que celles que je diffuse dans ma vie professionelle ou sur les réseaux sociaux mais selonun angle plus dramatique et fantastique. Simplement il y a des circonstances où je dois offrir une interprétation plus rationnelle des événements, et d’autres où je peux me laisser aller (comme genre un band métal.) L’histoire est au comportement humain ce que la météo est à la température. Le matériel est infini et je n’ai même pas besoin d’aller dans les grossses conspirations pour sortir des trucs tirés par les cheveux!

Étant professeur au secondaire, est-ce que ta présence dans un groupe métal t’as déjà attiré des ennuis dans ta vie professionnelle?

Patrick : Les seuls ennuis que j’ai pu avoir furent lié au fait d’avoir eu à quitter un contrat déja établi pour tourner. Pour le reste, je ne me suis pas arrangé pour en avoir : Nous maintenons une image sobre et un concept académique. Mon discours n’est pas plus cru ou provocateur que ce qu’on retrouve dans un média moyen et les gens sont plus intrigués qu’outrés. Plusieurs apprécient certains éléments de notre musique, ce qui est rigolo. C’est presque rendu une extension de mon travail; simplement avec la musique je sors le coté dramatique et déchirant, j’y vais moins à reculons avec les théories provocatrices. Ça va avec le reste, le métal est une musique d’exagérations.

Illusive Golden Age sort à la fin du mois de mars, à quoi peut-on s’attendre?

À un sérieux brassage de méninges!

L’album Illusive Golden Age sera disponible le 30 mars prochain!

Auteur : Maxime Pagé

SDG, ancré au panthéon du Metal Noir Québécois Entrevue

Obtenir le statut de groupe culte au sein du Metal Noir c’est exceptionnel et tout à l’honneur de Sorcier Des Glaces qui soulignait les 20 ans de son existence en 2016. Généreux de son temps et de sa prose, le sorcier en personne, Sébastien Robitaille, s’est prêté à notre interogatoire.

Thorium – Bonjour Sébastien alias Sorcier des Glaces, que sont les nouvelles pour Sorcier des Glaces en cette année 2017 assez avancée?

SDG – L’année 2016 fut assez chargée pour Sorcier Des Glaces en terme de « nouveau matériel ». Cette année, nous nous sommes concentrés sur des rééditions de nos anciens albums en LP (chez Obscure Abhorrence) et cassette (Dread Records). D’ailleurs, deux autres rééditions en vinyle sortiront dans un avenir rapproché, Moonrise in Total Darkness et The Puressence of Primitive Forests. Il faut dire que je me suis investi beaucoup en 2017 sur mon projet doom metal Passage, avec lequel nous avons sorti notre deuxième album en juin dernier.

 

T – L’an dernier, Sorcier des Glaces avait sorti un superbe album digne de vos meilleurs efforts en North et un peu plus tard la même année un split avec Ende avec quatre chansons entièrement en Français. Est-ce la nouvelle approche de SDG, en Français svp, toi qui avais écrit tout autant dans la langue de Shakespeare que dans la langue de Molière?

SDG – Non, ce n’est pas la nouvelle approche ou philosophie, j’aime beaucoup écrire/chanter autant en anglais qu’en français. Ce n’est aucunement une question politique en ce sens, mais plutôt selon mon feeling du moment! Pour Le Puits des Morts, j’ai décidé d’y aller uniquement en français car ce qui unit le Québec et la France est notre belle langue française. Il est très important pour moi d’intégrer des passages, voir des textes complets dans ma langue natale. Cependant, j’aime également beaucoup la sonorité des mots en anglais donc j’y vais réellement selon mon inspiration.

T – Trop souvent on oublie comment Snowland était un album précurseur, que l’on peut même qualifié de kult, pour le Metal Noir Québécois. Sa distribution était digne d’un tape trading et plusieurs ont commandé cet album par courrier. Combien de copies de Snowland, l’original, ont-elles été imprimées?

SDG – Ça a été toute une aventure à cette époque! Je ne me souviens pas réellement du nombre de copies totales car on en ré-imprimait à mesure (c’était seulement en CD-R) mais ce qui devait n’être qu’un petit projet parallèle à mon groupe principal Moonlyght à cette époque (on parle 1997-1998) aura été le début d’une grande aventure! Je n’avais pas beaucoup d’expérience studio, la seule chose qu’on avait enregistré était la première démo de Moonlyght, Midwinter Melodies, l’année précédente et avec un producteur en plus, donc de tout faire moi-même avec zéro expérience a été quelque chose… et j’y ai beaucoup appris !

 

T – Peut-on affirmer que c’est le premier album de «vrai» Metal Noir Québécois? Si non, qui crois-tu qui pourrait porter ce titre?

SDG – Je n’en ai aucune idée honnêtement. Peut-être ayant sorti un « full-length » album, mais peut-être pas en tant que groupe car Frozen Shadows avait déjà sorti leur démo Empires de Glace quelques temps auparavant, Veneficium en étaient à leurs premiers balbutiements, Esker également. J’ai formé le projet Sorcier Des Glaces officiellement je dirais fin 1996 – début 1997, alors je ne sais pas. J’avais déjà pris des photos préalablement même un peu avant, j’avais des idées en tête, des riffs, mais rien n’était encore concret jusqu’à l’enregistrement de Snowland.

 

T – Continuant avec les origines de SDG, tes influences de Tormentor à Mayhem (De Mysteriis Dom Sathanas), DarkThrone et le vieux Samael est-ce que l’on peut parler de cette époque comme de moments de nostalgiques ou si tu crois que cette «scène» est toujours vivante?

SDG – Pour ma part c’est de la nostalgie, mais bien vivant et encré en moi à jamais. Je me souviens lorsque j’ai acheté De Mysteriis Dom Sathanas en cassette lorsque l’album fut sorti officiellement, ça m’a frappé comme un train! L’atmosphère glauque, morbide… c’est un feeling que je retrouvais aussi dans Blood Ritual de Samael, et bien sûr A Blaze in the Northern Sky (Darkthrone – ndlr). Quelque chose de malsain et noir, mais absent dans des groupes de Death Metal comme Deicide ou Morbid Angel par exemple. Je dirais que ces trois albums-là ont été les premiers à changer ma perception de la musique metal en général. Je ne cherche pas à reproduire ce feeling avec SDG, car je crois qu’au fil des années nous avons réussi à trouver notre propre son, notre âme.

 

T – Je ne reviendrai pas sur le fait que tu ne fais pas de spectacles avec SDG ou Moonlyght, par contre est-ce que l’énergie d’une salle te manque? Par exemple, de voir quelles chansons vont faire headbanger les gens et lesquelles semblent plus étanches pour le public?

SDG – Oui dans un sens, le feeling de faire des spectacles, d’interagir avec le public, de les voir tripper lorsqu’on joue nos chansons, etc. Ça me manque! Par-contre, jouer live demande beaucoup d’investissement de temps, d’organisation, d’argent, de sacrifices, etc. Ça peut paraître égoïste de dire cela, mais ayant des enfants en bas âge (tout comme le batteur de SDG), le fait de devoir trouver et former des musiciens sessions car SDG est un duo, organiser et faire des pratiques à raison de plusieurs fois par semaine, ainsi qu’une multitude d’autres raisons font en sorte que pour le moment nous ne sommes pas intéressés à jouer live. Never say never comme on dit, mais pas pour l’instant!

T – J’ai aussi lu que plusieurs des compositions de SDG sont issues de tes sessions d’écritures et d’enregistrement antérieurs, notamment Moonrise In Total Darkness et The Puressence of Primitive Forests étaient complétement enregistrés plusieurs années avant leurs sorties. Est-ce que SDG est le fruit d’une époque qui t’a profondément marquée ou c’est un état d’esprit propre à l’écriture de SDG?

SDG – Pour Moonrise nous avons enregistré l’album un an après la sortie de Snowland, donc c’était très rapide. J’étais dans un bon mood de composition et j’étais boosté avec la réponse extrêmement positive de Snowland. Nous avons donc décidé de faire les choses différemment cette fois et d’avoir une production meilleure que Snowland qui elle, était absolument exécrable! Par-contre, je crois que je n’avais pas la force et l’énergie de me chercher un label pour SDG en 1999-2000, j’étais en pleine restructuration de Moonlyght, changement de line-up, et nous voulions enregistrer notre premier album. Ce qui fait que l’album est resté sur la glace… très longtemps. Dans cette période j’ai énormément composé de riffs pour SDG, que j’ai gardé sur de vieilles cassettes TDK! Heureusement, car j’en ai retrouvé plusieurs aujourd’hui. Une chanson comme « Under the Moonlight » sur Ritual of the End, c’est en réalité une vieille pièce de Moonlyght datant je crois de 1996, que j’ai adapté à SDG. Même chose pour la pièce « North », j’ai modifié le tout pour fitter avec le concept de SDG.

 

T – Avec ton side project de doom metal Passage, un duo encore une fois avec Luc Gaulin en tant que drummer, vous avez fait un album qui résonnait comme ceux des vieux maitres (Candlemass, Cathedral) et ce, bien que ce genre ne soit plus autant en vogue ces dernières années. Pensez-vous produire du nouveau stock sous cet avatar puisque le timing serait bon et que le public est prêt à recevoir de plus en plus de Doom metal?

SDG – Nous venons tout juste de sortir notre deuxième album As Darkness Comes en juin 2017! J’ai énormément de plaisir à travailler et composer du doom, et ça ne s’arrêtera pas là. Je suis un grand amateur de Paradise Lost, Katatonia, Anathema, My Dying Bride… et Passage me permet d’exprimer des idées et concepts qui ne concordent pas du tout avec SDG. On reconnait tout de même certaines mélodies qui sont propres à moi, qui ont en commun mes groupes musicaux.

 

T – Comme tu sembles vouloir te dissocier du Black Metal en qualifiant Sorcier des Glaces de Cold Primitive Metal, surtout pour son atmosphère glacial et grim, est-ce que dans le futur tu te permettras d’aller dans l’expérimentation un peu comme Wolves In The Throne Room qui me font un peu penser à l’atmosphère que SDG a su créer dans sa musique?

SDG – Je crois que je peux me permettre d’expérimenter tout en gardant le focus sur la « bête » qu’est SDG, ses valeurs, son identité. Jamais je ne ferai un virage à 180 degrés pour intégrer par exemple de l’électronique, ou du punk rock! Il y a certaines règles qui ne peuvent être transgressées. Par-contre, j’ai beaucoup d’influences venant du shoegaze, qui se marient très bien avec le son de SDG, avec ses guitares planantes, ou des mélodies sur les guitares acoustiques. J’aimerais créer quelque chose de spécial pour un futur album, quelque chose qui me mettrait au défi. J’aimerais un jour également faire un album entièrement acoustique, ça pourrait être quelque chose d’assez intéressant! Les possibilités sont infinies, l’inspiration doit être là et je dois être satisfait de moi en premier, avant d’entreprendre quoi que ce soit!

 

T – Par simple curiosité musicale quels sont les derniers albums que tu as aimés? Et les derniers shows que tu es allé?

Mes goûts musicaux sont extrêmement variés. Actuellement j’écoute beaucoup le dernier Ulver The Assassination of Julius Cesar, le nouvel album d’Anathema, le dernier Vallenfyre ainsi que le nouvel album de Slowdive. Comme je produits également quelques groupes à mon Hell Studio, j’ai beaucoup écouté le nouvel album de Brume d’Automne, que j’ai produit. En plus des vieux classiques qui reviennent régulièrement dans le lecteur comme The Key de Nocturnus ou bien Altars of Madness de Morbid Angel. Ce sont mes goûts du moment. Je ne vais malheureusement pas beaucoup dans les spectacles depuis un bon moment déjà!

Auteur : Michaël Parent

Photographe: Thomas Mazerolles

 

Ultra Vomit Entrevue

Certains groupes vous donnent une drive incroyable et d’autres vous font marrer comme des fous. Le groupe français Ultra Vomit est l’heureux mélange des deux! Avec une production très solide et un humour complètement débile, ils ont de quoi plaire à tous, à condition que vous ne vous preniez pas trop au sérieux! Voici donc mon entrevue avec Nicolas “Fetus” Patra, chanteur et guitariste du groupe, où l’on parle de leur nouvel album, de Montréal et du défunt bar de striptease Super Sexe. Ça promet!
 
 
 
Vous venez tout juste de sortir votre troisième album, Panzer Surprise où l’on peut entendre des parodies de plusieurs groupes connus dont Pantera, Rammstein et Babymetal. Qu’est-ce qui détermine vos choix quant aux groupes à parodier?

Fetus : C’est assez variable en fait. Parfois ça part d’un riff improvisé en répète, parfois ça part d’un jeu de mots ou bien d’une imitation à la voix ! Si je prends l’exemple de Calojira, c’est le riff qui est venu en premier, un mix de Gojira et Calogero, et ensuite assez naturellement le titre du morceau et l’imitation de voix se sont rajoutés. Pour Kammthaar, c’est le titre qui est venu en premier, ensuite quelques bouts de phrase, mais on savait dès le départ que ça aboutirait sur une parodie de Rammstein.



Ça fait presque 10 ans depuis la sortie de Objectif : Thunes. Pourquoi une si longue période entre ce dernier et Panzer Surprise? Est-ce que la flemme aurait quelque chose à voir là-dedans?

Fetus : Haha bien sûr, la flemme sera toujours à nos côtés pour tenter de nous distraire de nos obligations artistiques ! C’est ce qu’on appelle entre nous le « côté obscur de la flemme ». Mais en vérité, on a surtout mis beaucoup de temps à relancer la machine car on avait un peu l’impression d’avoir tout dit dans l’album précédent. Comme le dit le proverbe de notre guitariste Fabien Lefloch : « pas d’idée, pas d’album. » Ca été difficile de s’y remettre il faut l’avouer ! En plus de ça, on a commencé d’autres projets chacun de son côté, pour ma part c’était avec Andréas & Nicolas et ça m’a demandé beaucoup d’attention aussi. Du coup Ultra s’est retrouvé en standby, et ce n’est que récemment qu’on s’y est vraiment remis, en 2015, en faisant une petite tournée de 10 dates. On a lancé le processus de création dans la foulée, même si on avait déjà pas mal de trucs en stock ! 



Panzer Surprise est aussi le premier album avec Matthieu Bausson à la basse. Comment s’est passé son intégration dans le groupe et est-ce qu’un surnom de musicien pour lui est prévu?

Fetus : Ouais en fait, je t’ai pas tout dit, la véritable raison de notre longue absence, c’est qu’on voulait que Matthieu Bausson se concentre d’abord sur ses études et qu’il passe son brevet des collèges avant toute chose. Nous sommes des musiciens responsables et nous ne voulions pas mettre en péril son avenir professionnel ! Il est maintenant parfaitement intégré et prêt à en découdre. Quant au surnom, on pense pour l’instant que « Matthieu Bausson » est le meilleur surnom possible ! 



À la fin du mois de mai vous avez lancé une vidéo pour la chanson Kammthaar. Pourquoi avez-vous choisi cette pièce en particulier?

Fetus : En faisant écouter l’album à des gens proches avant la sortie, on s’est vite rendu compte que c’est une de celles qui ressortait du lot, et on n’a pas hésité longtemps, pour nous c’était assez évident que le premier clip serait réalisé sur cette toune (oui je connais ce mot !)
 
Vous avez fait un petit hommage au Québec et à Montréal en particulier avec la chanson Super Sexe. Qu’est-ce qui s’est passé de si marquant pour que vous en fassiez une chanson?

Fetus : Rien de spécial justement, on n’est même pas rentré dedans ! On se baladait juste rue Sainte-Catherine et le logo nous a sauté aux yeux ! On a commencé à fredonner un air country, un peu dans l’esprit d’un groupe comme Les Trois Accords, qu’on aime beaucoup, et le soir même, on a tenté une version moitié  improvisée sur la scène des Foufounes Électriques ! Mais j’ai entendu dire que le Super Sexe était fermé maintenant, ça nous a rendu extrêmement tristes !
 
Est-ce que vous remarquez des différences majeures entre le public français et le public québécois?

Fetus : L’affluence déjà. Je crois que pour l’instant c’est une surprise pour personne si je dis qu’on ramène plus de monde en France qu’au Québec ! Je pourrais pas vraiment te dire de différences, j’imagine que pas mal de gens au Québec attendent les Français au tournant, sont peut être même un peu méfiants de ce qu’ils vont raconter sur scène. Les premières fois, j’avais tendance à beaucoup « sacrer » au micro et à dire des mots en québecois pendant le show, je pensais que ce serait cool, mais en fait je pense que ça ne faisait pas tellement marrer les gens. Ça pouvait même peut être passer pour de la moquerie, alors que pas du tout. Du coup, maintenant je fais plus attention à ça, même si ça ne m’empêche pas de sacrer à fond quand je suis en privé! D’ailleurs même plusieurs mois après, quand je rentre en France, je continue à sacrer, ’sti…!
 
Vous êtes déjà passés par Montréal pour un spectacle avec Mononc Serge, quels sont vos meilleurs souvenirs de Montréal (à part le Super Sexe) et peux-t-on espérer vous y revoir dans un futur proche?

Fetus : C’était vraiment super cool de pouvoir jouer au Québec avec Mononc et Anonymus, c’est un combo idéal je trouve avec Ultra Vomit, j’espère vraiment qu’on pourra refaire ça dans les années qui viennent ! J’ai eu la chance d’y aller plusieurs fois depuis aussi avec Andréas & Nicolas, donc je commence à connaître pas mal Montréal, et c’est une ville que j’adore ! On a de bons amis là bas maintenant, notamment parmi les musiciens de Serge Robert, ce qui fait que j’ai encore plus envie d’y retourner. Mais si tu me demandes des souvenirs de Montreal, je te dirais la visite Planetarium à côté du grand stade, il est incroyable, j’avais été voir deux spectacles et j’avais capoté! J’avais bien aimé la Ronde aussi, le parc d’attraction à sensations fortes !
 
Quels sont les projets pour Ultra Vomit pour les prochains mois?

Fetus : Pour l’instant, quelques festivals, puis une tournée assez intense partout en France et aux alentours, Belgique, Suisse. On va sûrement refaire un clip bientôt aussi. Et ensuite on espère pouvoir s’aventurer plus loin, comme au Québec ou au Japon par exemple !

 Auteur: Maxime Pagé

Hazytones Entrevue

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En préparant le lancement de leur tout premier album, j’ai rencontré les 3 musiciens du groupe les Hazytones, pour une courte entrevue à propos du groupe et de leur tournée canadienne. Le groupe de stoner-rock tout jeune a fait beaucoup de progrès, de spectacles et de projets depuis le début de leur existence en 2015, avant même d’avoir sorti un album complet!

Si vous ne connaissez pas encore ce trio, vous reconnaîtrez peut-être les anciens projets des musiciens comme le groupe de trash-punk God Bless America ou encore Madcooks avec Mick Martel qu’on a connu en 2014, ainsi que Reckless Ride avec Fred Couture au début 2010. Maintenant, le groupe présente leur premier album de 9 pistes qui sortira officiellement le jeudi 22 septembre prochain au bar la Rockette.

Avant même d’avoir sorti ce fameux disque, les Hazytones reviennent d’une tournée canadienne de 23 dates d’un bout à l’autre du continent (2500 km!), ainsi qu’une présence au festival Anachronik en mai passé.

Parlant du festival Anachronik, c’est aussi leur association avec le fondateur du festival Frédéric Roy-Hall (avec sa compagnie Le Hall) qui a donné un bon coup de pouce à la “carrière” du groupe, avec l’organisation du lancement d’album de cette semaine, la promotion et le lancement de leur dernier vidéoclip; Light of the Day. L’album est aussi sous le label d’Anachronik Record, au titre du premier album signé à cette nouvelle maison de disques.

Au lancement, on parle donc d’une soirée organisée dans le cadre de Pop-Montréal, avec un concert où, pour la première fois, mettra en vedette le trio rock. N’ayant jamais eu un concert où ils ne servaient pas d’ouverture, les gars semblent assez excité de devenir les vedettes officielles de la soirée!

Le groupe prévoie de faire beaucoup de bruit avec leur album fait maison. Déjà, on peut sentir la vibe de leur musique avec leur vidéoclip Livin on the Edge qui met le ton avec un son rock, lourd tout en restant étrangement catchy. Le groupe se dit heureux de lancer leur disque à la Rockette, pour sortir des places habituelles comme l’Esco ou le Quai des brumes, qui sont souvent choisies comme les salles de préférence des groupes locaux. D’autant plus que la plus-part des salles de spectacle sont réservées à la sélection de Pop-Montréal.

Et pour la suite? Le groupe a l’intention de tourner au Québec en faisant le tours des festivals à l’été prochain, et peut-être repartir en tournée soit aux États-Unis ou encore retourner à l’ouest du Canada. Un passage en Europe en mars est aussi envisagé, beau projet à suivre! L’idée du prochain album est déjà dans les airs. Sinon, plus près de nous, on pourra rencontrer le trio qui suivra le groupe hommage à Led Zepplin au Québec (dates et salles à confirmer).

Auteur: Francis Desmarais

Crédit photo: Hazytones/Daphné Aida

Gab Rhome Entrevue

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En retrait des Plaines d’Abraham et du brouhaha de la Grande-Allée se trouvent plusieurs endroits plus discrets sur la rue St-Joseph. Ainsi, si on désire sortir, mais ne pas faire la fête à s’en déchirer les tympans, il est possible de prendre part à une soirée de musique électronique décontractée à des bars comme le District St-Joseph, comme en ce 9e jour du Festival d’Été de Québec.

M.I.M. (Andrei Herran) ouvre la soirée avec une introduction très marquée par le disco: le funk est on-ne-peut plus présent! Par le biais de la 3e chaîne du mélangeur, il ajoute une trame de fond de drums de house: cela a pour effet d’ajouter une touche moderne aux chansons disco. Loin de céder sa place pour la soirée, M.I.M. ne sera jamais trop loin de la scène, prêtant souvent main forte à Gab Rhome.

C’est dans un tel effort collaboratif que Gabriel Rhéaume (de son vrai nom), natif de Québec, prend le contrôle des platines. Pendant trois heures, sa performance est marquée par une grande infusion de tech house : parmi les morceaux joués, on écoute « I Got You » de Lucio Aquilina, « Crackhouse » de Peter Horrevorts et « Danza Danza » de Kaiserdisco. Comme style de musique, c’est plus sec, et c’est voulu: on veut laisser le rythme de la batterie et de la basse s’exprimer. Mais, de l’aveu même du principal intéressé, ça manque un peu de dynamisme pour la foule; il adapte donc son set en conséquence. Ainsi, plus tard dans la soirée, on peut entendre quelques morceaux issus de l’univers Anjunadeep comme « Kill For Love » de Clarian et « Falling » de Cubicolor. Ça culmine avec le dynamique morceau “Personal Space” de Yotto, qui, selon Gabriel, effectue une transition parfaite entre le deep et le progressif. Les spectateurs ne peuvent demander mieux pour danser sur le parterre.

Gab Rhome et M.I.M. prouvent une fois de plus que la musique électronique peut être douce et tempérée, sans rien sacrifier de la teneur musicale. Parallèlement, en marge d’ÎleSoniq, on pourra assister aux spectacles d’Andrew Bayer au New City Gas et Pomo au Newspeak. Idéal pour ceux qui veulent expérimenter une portion du festival électro!

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NDLR – Véritable gentleman, Gab Rhome a pris le temps de répondre à quelques questions concernant son parcours musical ainsi qu’un bref aperçu de ses prochains projets. Il fournit même des conseils à ceux qu’ils désireraient percer dans l’univers de la musique électronique!

Thorium : Quel a été l’élément déclencheur pour te mettre à la production de musique?
C’est venu très naturellement : je suis dans le milieu de la musique depuis que j’ai 6 ans et j’ai une nature très curieuse. Lorsque j’ai découvert la musique électronique, j’ai tout de suite voulu comprendre le processus derrière la création.

Thorium : Qu’est ce qui est venu avant: le mixing ou la production?
Production, mixing dans les secondes suivantes.

Thorium : Avec quels outils t’es-tu initié à la composition de chansons?
Un vieil ordinateur portatif, Cubase et beaucoup de courage pour surmonter le manque d’équipement. J’ai développé le système très vite après les premiers gigs et sorti pour un setup entièrement analogique.

Thorium : Comment es-tu entré en contact avec Anjunadeep?
Ce sont eux qui m’ont contacté : après avoir essayé de signer une de mes chansons sur All Day I Dream en licensing, ils ont exprimés le désir de me signer comme artiste officiel. Le responsable du A&R et moi sommes devenus de très bons potes peu après, ayant fait des sets back to back en Égypte, Bahreïn et New York jusqu’à maintenant.

Thorium : Quelle a été ta réaction quand un des membres d’Above & Beyond t’as demandé de faire le Guest Mix sur l’émission ABGT?
Très grande fierté, car ce sont les premiers artistes d’électroniques que j’ai écouté religieusement. Un sentiment de coming full circle!

Thorium : Parle-nous de ton expérience à la résidence d’Anjunadeep en juin!
Très bonne expérience; j’ai toujours aimé la foule anglaise et les événements Anjunadeep sont le genre d’endroit où tu es libre d’explorer musicalement, car ils ont une clientèle tellement diverse. À refaire!

Thorium : Outre ta prochaine édition du podcast Anjunadeep, d’autres surprises à venir
J’ai un nouvel opus qui vient tout juste de sortir sur Kindisch, 3 remixes qui sortent d’ici l’automne et d’autres trucs secrets pour Anjunadeep. Je serai à Black Rock City pour Burning man et j’ai aussi une tournée en Asie pour octobre.

Thorium : Quels conseils donnerais-tu à ceux qui désirent se lancer dans la production de musique électronique?
De développer sa patience: ça prend souvent plusieurs années avant d’avoir un résultat qui soit à la hauteur des labels importants. Il est très important de ne pas se dépêcher de sortir sur la première étiquette qui veut signer: de sortir sur une mauvaise maison peut amener beaucoup plus de négatif que de positif.

Thorium : Enfin, pourquoi un nœud papillon à la place d’une cravate?
Je suis un jour tombé dans une rivière à courant très rapide. Les cascades me poussant sur les rochers jusqu’à faire une commotion cérébrale, je ne me rappelle de rien. Tout ce que je sais c’est qu’en me réveillant, il y avait un nœud papillon qui me faisait du bouche-à-bouche et m’a ainsi sauvé la vie. Depuis ce jour je le porte constamment à mon cou.

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Auteur: Mathieu Bonin

Blanc Feu / Cantique Lépreux Entrevue

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La plupart des entrevues « normales » se déroulent par téléphone, à l’arrière d’une scène, parfois même, plus intime, chez l’artiste lui-même. Mais s’il est un genre musical qui ne fait jamais ce qui est « normal » c’est bien le Métal Noir. En cette belle journée, je quitte donc les vieux remparts de Frontenac où résonnent les premières notes du festival d’été pour aller quelque part entre Québec et Trois-Rivières rencontrer l’âme pensante de Cantique Lépreux. C’est à l’appoint d’une falaise surplombant la rivière Sainte-Anne que commence ma discussion avec Blanc Feu.

Thorium – Pour débuter pourrais-tu présenter rapidement le groupe et la symbolique derrière cet énigmatique Cantique Lépreux ?

Blanc Feu – Le cantique donne un aspect religieux par définition, on pense donc à une musique spirituelle. Pour ce qui est de la lèpre, on parle d’une maladie assez intemporelle, mythique ; on la retrouve autant dans les grands livres anciens qu’aujourd’hui. La rencontre des deux, surréelle, crée l’effet d’une malédiction.

T – Peux-tu nous en dire plus sur la trame de fond de l’album, comment les différentes pièces s’arrangent thématiquement, s’il y a une continuité ?

BF – Une grande partie du projet s’articule autour de notre expérience de la randonnée, été comme hiver. Pour Cendres célestes, c’est l’hiver qui est au centre de l’album. Le thème est peut-être cliché mais l’originalité vient dans la façon de l’aborder. Par exemple, Le froid lépreux reprend des termes liés à la maladie. Les mots essaient de décrire le mouvement du froid, de la neige, de la tempête. Tout est vraiment connecté à cette thématique mais il serait assez vain de chercher une histoire qui relie le tout. Je vois plus l’album comme une anthologie de textes. L’Adieu traite d’un deuil impossible, car il n’y a pas de corps à pleurer, perdu dans la tempête, ne laissant qu’angoisse et inquiétude. Ensuite, c’est l’aspect prédateur de l’hiver qui est abordé dans La meute, ma préférée autant pour le texte que pour l’énergie nécessaire à la jouer. Je retrouve cette sensation en randonnée quand je vais puiser dans mes dernières réserves lors d’une longue expédition. Tourments des limbes glacials a une approche plus spirituelle, amenant l’idée de se perdre dans la tempête, de s’y mélanger, de s’y fusionner. Transis irait plus chercher un aspect politique qui parle de l’état d’émancipation du Québec par rapport à l’Indépendance, comment les gens sont devenus endormis, gelés et immobiles. On pourrait y voir un parallèle avec la phrase de Gilles Vigneault « mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver ». L’album se termine avec Le mangeur d’os, où l’hiver est présenté comme une grande créature, un harfang ignoble, un prédateur sans pitié.

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T – Tu as été impliqué dans de nombreux projets par le passé notamment Chasse-Galerie dont la réputation n’est plus à faire sur la scène. Une raison particulière à ce changement de nom ? Qu’est ce qui fait l’unicité de Cantique Lépreux et qui ne collerait pas à tes anciens projets ?

BF – D’abord, on ne parle pas d’un changement de nom, mais bien d’un nouveau projet. Cantique Lépreux respecte certains codes auxquels je n’ai nullement l’intention de me conformer avec d’autres projets. C’est notamment le cas avec Au-delà des ruines, où l’on cherche vraiment à jouer vite, à être brutal et à glisser de la polyphonie dans le Death/Black. Il y a quelque chose d’encore plus surréel dans les textes, de grandes tensions dans l’harmonie, beaucoup de dissonances. Ça ne collerait pas avec Cantique Lépreux qui est plus planant, proche du Black Metal norvégien des années 90. Cantique Lépreux se distingue aussi de Mêlée des Aurores en ce que ce projet s’inspire plus de la musique contemporaine et expérimentale, voire du noise. Un album particulièrement éclaté est d’ailleurs en route. On pourrait parler de l’influence d’Alfred Schnittke, d’Henryk Mikołaj Górecki et de Krzysztof Penderecki dont la musique a d’ailleurs inspiré beaucoup d’introductions glauques et de films d’horreur. Mais c’est vrai que Cantique Lépreux a beaucoup de liens mélodiques avec Chasse-Galerie, sauf que dans ma tête ça se sépare très facilement puisque Chasse-Galerie est le projet de Matrak. Chaque personne a son importance et les influences se recoupent entre les projets, c’est certain, mais je m’occupe plus de la ligne directrice de Cantique Lépreux.

T – Tu parles de nombreuses inspirations mais avec tout ce bagage, comment en vient-on à écrire du Black Metal ?

BF – Je dois me limiter dans ce contexte-là. C’est né de ma passion à essayer de recréer l’atmosphère et la sensation vécues en entendant mes premiers groupes de Black Metal. Je me souviens quand j’ai entendu The Ancien Queen d’Emperor, c’était juste fantastique, tellement caverneux. Le son est vraiment malsain, ça bourdonne, c’est hypnotique… Under a Funeral Moon de Darkthrone est aussi pour moi un des piliers du Black Metal, la première fois que je l’ai entendu j’avais l’impression de mourir, de me décomposer. Ce n’est tellement pas consistant comme son, la production est de l’ordre du spirituel, une scission avec le son Death de la même époque qui essayait d’être lourd, bien produit, avec des guitares stridentes pour des solos éclatés. Et de l’autre côté, le minimalisme de Darkthrone qui est dépouillé, qui glisse entre les oreilles et vient s’infiltrer en toi comme une drogue et te déstabilise. Pour recréer ça avec Cantique Lépreux, je n’avais pas le choix de faire une écriture à contrainte pour ne pas divaguer et rester fidèle à l’esthétique. La base est très spontanée, personnelle, il faut que ça vibre émotivement, que je sois hypnotisé par les pièces.

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T – Le groupe se revendique du Métal Noir Québécois, qu’est-ce que ça représente pour toi ?

BF – C’est une grande confrérie. On est tous motivés par notre passion. On s’encourage les uns les autres, on va voir les spectacles, on improvise parfois ensemble, on se donne des commentaires, on s’aide… Exemple, G. d’Eos nous a donné un solide coup de main pour le mastering de l’album. Ce sont toutes ces choses qu’on partage qui selon moi sont uniques. Sinon, c’est très important de faire connaitre la culture québécoise à travers le Métal Noir, par exemple pour faire réaliser aux gens le combat que l’on mène ici pour l’Indépendance, l’aspect socio-politique que l’on retrouve dans Forteresse ou Chasse-Galerie, l’aspect historique… dans Cantique Lépreux on retrouve la nature sauvage du Québec, mais aussi l’héritage littéraire et poétique. Justement, je suis allé chercher le texte « Paysages polaires » d’un poète méconnu d’ici, René Chopin, que l’on est en train de mettre en musique pour le prochain album. Je cherche aussi de l’inspiration chez les poètes des années 1960-70 comme Denis Vanier avec ses textes subversifs ou encore chez Paul-Marie Lapointe et Fernand Ouellette, c’est quelque chose que je veux partager dans ma musique. Dans le Métal Noir Québécois, il y a cette émancipation-là, cette appropriation du Black Metal norvégien, mais en français. J’ai l’impression que ceux qui écrivent en anglais ont une espèce de nostalgie de certains groupes qui les ont influencés, c’est bien correct mais dans beaucoup de cas, ça reste des gens qui veulent se vendre à la machine qu’est l’industrie du spectacle. Le Métal Noir québécois se fout des modes, des courants.

T – Avec l’effervescence du genre et la multiplication des groupes, comment vois-tu le futur du genre ? Va-t-il supplanter la suprématie scandinave ?

BF – Définitivement pas ! En Europe, il y a les moyens et la configuration géographique pour le faire. Si tu pars en tournée en Europe, c’est facile de traverser une vingtaine de pays en quelques heures de route. Pour nous tout est éloigné et puis jouer en région n’est pas particulièrement reluisant. Faire un spectacle devant cinquante personnes ça peut être vraiment bien, sauf que ça reste trop limité comme public. Par contre, je vois d’un assez bon œil la nouvelle scène ici, donc on va espérer que la relève se pointe aux spectacles.

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T – Après une première rencontre avec le public lors de votre prestation à Québec en ouverture de Forteresse, la grande étape c’est la Messe des Morts, est-ce que l’aspect live est important pour toi ?

BF – Au départ, Cantique Lépreux devait être un projet assez minimal pour être monté sur scène facilement. Pour Chasse-Galerie par exemple c’est plus compliqué au niveau textuel et musical, c’est de la préparation et du temps. J’adore faire des spectacles mais après les avoir fait. C’est toujours beaucoup de pression qu’on se met, des pratiques la nuit, de l’énergie. C’est pénible, mais on est toujours satisfaits du résultat et la foule est souvent au rendez-vous. La Messe des Morts, c’est une belle soirée de qualité et une atmosphère particulière. Mais je serais content de faire un spectacle en forêt, dans un emplacement bien choisi.

T – Pour terminer, quelques mots sur le futur du groupe ?

BF – Présentement on a un projet de compilation avec d’autres groupes d’ici mais je ne peux pas trop en parler encore, et un petit quatre pièces, beaucoup plus sale et caverneux pour rendre hommage à nos classiques. On va aller chercher du côté de Gorgoroth, Darkthrone, Orcustus, même Bestial Warlust, un côté cru et old school que j’apprécie. Ensuite, le deuxième album est sérieusement avancé, on serait peut-être prêts à enregistrer en automne une fois qu’on aura défini le son à utiliser. Il y a même un troisième album dont la seule chose que je puisse dire, c’est que les lignes mélodiques vont être plus élaborées. On veut amener quelque chose de plus multicouche, multidimensionnel. On peut dire que le premier album est hypnotique et uniforme, alors on va se diversifier et se surpasser en restant fidèles à notre étiquette.

Pour suivre l’actualité du groupe, leurs pages Facebook et Bandcamp.

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Texte : Traum

Photographie : Thomas Mazerolles

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