Augury est l’un des bands vétérans de la scène death metal québécoise et c’est neuf ans après la sortie de Fragmentary Evidence qu’ils nous présentent Illusive Golden Age, leur troisième album. Pour en parler, je me suis entretenu avec le chanteur/guitariste Patrick Loisel ainsi qu’avec le guitariste Mathieu Marcotte, tous les deux membres fondateurs du groupe!

Cela fait presque neuf ans depuis la sortie de Fragmentary Evidence, pourquoi une si longue absence?

Mathieu: Plusieurs changements de line-up, le fait que nous aillons plusieurs projets musicaux, et nous avons volontairement décider de prendre notre temps pour cet album. en 2009 et 2010, après avoir signé sur Nuclear Blast et tourné intensivement durant cette période, le groupe a choisi de prendre une pause des tournées. Nous avions perdus nos emplois à cause de cela à cette époque et nous devions gagner notre vie et se revirer de bord comme on dit.

La pochette d’Illusive Golden Age a été dessinée par Filip Ivanovic, reconnu pour avoir travaillé avec plusieurs groupes dont Cryptopsy et Beyond Creation. Pouvez-vous me parler un peu du concept derrière cette pochette?

Patrick : L’image illustre une facette du concept. Nous trouvons des ruines presque méconnaissables de civilisations avancées ayant existé il y a longtemps mais on ne sait rien sur elles parce que leurs documents n’ont pas survécu. Ce sera notre cas et dans 10 000 ans des gens parleront de nous comme nous on parle de l’Atlantide. C’est un cycle sans fin, déja abordé mais encore plus paufiné ici. Les civilisations s’écroulent souvent alors qu’elles sont en vue de leur âge d’or et le concept cerne certaines des causes de cette chute récurrente des civilisations : On peut citer le fanatisme et l’intolérance, la cruauté, la négligence etc. Pour ce faire, au lieu de décrire une situation de long en large, je vais citer un lieu ou un personnage historique en guise de métaphore. Ça donne un texte plus poétique et émotif. Un autre point capital est le fait que des gens chercheront à préserver le savoir de leur civilisation s’ils ancticipent sa disparition.

Quelles ont été vos plus grandes inspirations concernant la composition d’Illusive Golden Age?

Mathieu : Pas mal les mêmes que sur les deux albums précédents, nous n’avons pas vraiment d’agenda ou de marche à suivre pour composer un album. On prend tellement notre temps pour composer le matériel d’abord tout seul et ensuite, quand vient le temps de le présenter au reste du groupe, c’est très rare que rendu là ça ne plaise pas au autres membres du groupe. Nous sommes également trois compositeurs dans le groupe (Mathieu, Patrick et Forest) donc ça apporte une certaine variété dans les pièces et ça évite la redondance. Les idées sont puisées à travers notre bagage musical qui est très varié et non limité à un seul style de musique. Ça peut aller du classique, prog, musique de films jusqu’au métal extrême. Mais en général, je dirait qu’on tente d’éviter de s’influencer uniquement du métal car on tient à développer notre son et notre signature et ce n’est pas en copiant d’autres groupes du même style qu’on y parviendrait.

C’est aussi le premier album avec Antoine Baril aux drums. Comment cela a affecté la composition du nouvel album?

Mathieu : Antoine a apporté son style de jeu aux pièces qui étaient déjà composées pour la plupart. Environ la moitié de l’album avait été monté avec Etienne Gallo (batteur original) auparavant et le reste de la musique est arrivée par la suite. L’avantage avec Antoine est qu’il a son propre studio et travaille très bien à distance. Il a pré-produit ses drums sur toutes les pièces dans un premier temps et nous avons fait nos suggestions en se parlant au téléphone et en se chantant des sections jusqu’a ce qu’on arrive au résultat souhaité. Donc l’album a été monté en grande partie en studio et Antoine a apporté ses influences qui sont toutes aussi variées: death et prog en très grande partie.

Vous êtes maintenant avec le label The Artisan Era, mais avez été un bout de temps avec un label allemand assez connu. Comment s’est passé l’aventure avec Nuclear Blast?

Mathieu : Positive et négative à la fois. Grâce à eux on s’est fait connaitre à une plus grande échelle et c’est ce qui nous a apporté notre agence de booking a l’époque et plusieurs événements majeurs. Par contre le label n’a pas fait grand chose pour nous promouvoir en Europe et le reste du monde et si ce n’avait été de Nuclear Blast USA, qui eux on cru en nous un peu plus, il ne se serait pas passé grand chose. On a su par la suite que le label se foutait un peu de nous et n’aimait pas vraiment le style de musique qu’on fait, donc ça reste dans le domaine de l’intangible, mais bon au moins ça nous a mis sur la map.

En tant que vétérans de la scène métal québécoise, quelle est votre opinion concernant l’état de la scène en 2018? Diriez-vous qu’elle se porte bien ou non?

Mathieu : Personnellement je trouve qu’elle se porte très bien et je n’ai jamais senti de creux vraiment depuis mon premier groupe en 1994. Il y a de plus en plus de groupes québécois qui font leur marque à l’international et la scène est en très bonne santé. Tous les styles de métal sont bien représentés au Québec et c’est pourquoi c’est difficile d’y associer un seul son.

La plupart des groupes qui ont commencé plus ou moins en même temps que vous comme Quo Vadis, Unexpect ou Martyr sont maintenant séparés. Quel est le secret de la longévité d’Augury?

Mathieu : Je crois que c’est un amalgame de plusieurs raisons. Premièrement nous étions tous amis avant de partir ce groupe, ce qui donne des liens plus fort. Nous avons tous d’autres projets musicaux, donc différents médiums si ont peut dire pour pousser ces différentes idées musicales. Et le fait aussi que le band ne soit pas constamment en train de tourner et de faire des spectacles fait en sorte que ça donne un statut plus tranquille au groupe, donc moins de chances de se tapper sur la tête ( c’est une façon de parler bien sûr). Mais d’abord et avant tout, ce doit être tout simplement la persévérance, avoir une vision à long terme de sa musique qui est important.

Patrick, tu es quelqu’un d’assez engagé en général, est-ce que Augury est ton véhicule pour partager tes opinions?

Patrick : Ce l’est dans la mesure où les valeurs véhiculées sont communes à tous les membres du groupe ; nous avons beaucoup de sujets d’intérêt communs et les gars m’ont souvent fait des suggestions. Pour le reste, ce sont les mêmes informations que celles que je diffuse dans ma vie professionelle ou sur les réseaux sociaux mais selonun angle plus dramatique et fantastique. Simplement il y a des circonstances où je dois offrir une interprétation plus rationnelle des événements, et d’autres où je peux me laisser aller (comme genre un band métal.) L’histoire est au comportement humain ce que la météo est à la température. Le matériel est infini et je n’ai même pas besoin d’aller dans les grossses conspirations pour sortir des trucs tirés par les cheveux!

Étant professeur au secondaire, est-ce que ta présence dans un groupe métal t’as déjà attiré des ennuis dans ta vie professionnelle?

Patrick : Les seuls ennuis que j’ai pu avoir furent lié au fait d’avoir eu à quitter un contrat déja établi pour tourner. Pour le reste, je ne me suis pas arrangé pour en avoir : Nous maintenons une image sobre et un concept académique. Mon discours n’est pas plus cru ou provocateur que ce qu’on retrouve dans un média moyen et les gens sont plus intrigués qu’outrés. Plusieurs apprécient certains éléments de notre musique, ce qui est rigolo. C’est presque rendu une extension de mon travail; simplement avec la musique je sors le coté dramatique et déchirant, j’y vais moins à reculons avec les théories provocatrices. Ça va avec le reste, le métal est une musique d’exagérations.

Illusive Golden Age sort à la fin du mois de mars, à quoi peut-on s’attendre?

À un sérieux brassage de méninges!

L’album Illusive Golden Age sera disponible le 30 mars prochain!

Auteur : Maxime Pagé