01 Cannibal

27 Octobre 2014 – La soirée promet d’être mouvementée en ce lundi soir. En effet, après la déferlante heavy Accept, SPM Prod nous sert un plateau 100% death metal dans la lignée des concerts organisés par Noiser. On se croirait dans un mini festival avec 5 groupes à l’affiche : Heresic Synopsis, Blood Ages, Aeon, Revocation, Cannibal Corpse et non moins de 1100 personnes présentes au Bikini ce soir. Nous pouvons remercier la Mairie qui, dans le cadre de Toulouse in Bikini, a permis à l’association de proposer l’entrée pour la modique somme de 12 euros seulement en pleine période de vacances. Aucune excuse pour manquer ça !

Les portes du Bikini s’ouvrent vers 18h30 et la soirée débute vers 19h avec les toulousains d’Heresic Synopsis. Jouer en première partie d’un concert de Cannibal Corpse c’est une certaine responsabilité, et c’est un peu stressés qu’ils entrent en scène. Malgré la pression, le groupe est heureux et se donnera à fond pendant les 20 petites minutes qui leur sont octroyées. Ils nous présentent des morceaux tels que DeliveranceAr-men ou Martyr tirés de leur album Je suis d’Ailleurs qui sort dans les jours à venir. Leur death metal est brutal avec des riffs puissants, une voix plutôt bien maîtrisée et du tapage intensif à la batterie. Pour moi c’est un peu le branle-bas de combat, un peu trop “tout à la fois” et manquant de mélodie, ce qui m’a empêché de rentrer dans l’ambiance. Le public est majoritairement réceptif mais encore un peu timide, alors bravo pour cet investissement et le partage de votre passion.

Leurs confrères de Blood Ages qui font, avec Heresic Synopsis, partie du collectif de groupes de metal extrême toulousain Brutal Frog prennent la suite. Le groupe propose un death plus mélodique inspiré, entre autre, par le death old-school ainsi que le deathcore qui apporte une touche de modernité. D’entrée de jeu, le groupe donne le ton avec une musique plus solide et plus énergique. Le public va d’ailleurs commencer à bouger un peu, se préservant toutefois pour la suite. Les musiciens sont bel et bien présents et contents d’être sur cette scène, jouant avec enthousiasme des titres comme The Beast Within, Dusk, Seth… Les riffs sont techniques et accrocheurs, une belle rythmique amorcée par le batteur et un mélange d’influences venues d’ici et d’ailleurs. Un univers violent, sombre et extravagant qui permet de s’évader un instant dans le monde de Blood Ages. J’ai vraiment passé un bon moment et chapeau bas au chanteur Aniki qui, bien que malade et fiévreux a assuré du début à la fin !

Après une petite heure dédiée au death metal toulousain, place maintenant à la Suède avec Aeon. Formé en 1999 par le chanteur Tommy Dahlstrom et Sebastian Zed Nilsson à la guitare, le groupe a sorti 4 albums entre 2005 et 2012 mais reste tout de même peu connu. Ils connaissent bien Cannibal Corpse puisqu’ils partagent le même label Metal Blade Records (Revocation aussi) et qu’ils ont déjà partagé une tournée en 2006. Le line-up maintes fois modifié est aujourd’hui composé de Tommy, Zeb, Tony Östman à la basse et du batteur Emil Wiksten. Le quatuor investi la scène à 20h05 devant une salle bien remplie de métalleux désirant s’agiter. C’est parti pour un set musclé et technique qui démarre sur Satanic Victory. Le batteur est un vrai bûcheron, ça tabasse sec ! Côté guitare, ça envoie également avec des parties agressives et d’autres très mélodiques. Le chanteur au growl impeccable nous fera un nombre incalculable de headbangs en duo avec le bassiste Tony.  Kill Them All, Aeons Black, Biblewhore, des titres bien bourrins qui font effet sur le public, quelques slammeurs s’élancent et l’agitation dans le pit commence à se faire sentir.  J’ai à côté de moi un gros fan qui connaît tout par cœur et qui aura droit à quelques secondes de gloire quand Tommy lui passera le micro. Le chanteur de Revocation monte sur scène un court instant durant Still The Pray et la prestation se termine sur Forever Nail après 35 minutes de show. Un set court mais suffisant quand on sait ce qui nous attend.

Il faudra environ une quinzaine de minutes pour effectuer le changement de plateau avant l’arrivée de Revocation.  Né au début du 21ème siècle, le groupe adopte le nom Revocation en 2006, natifs de Boston ils n’ont pas chômé puisque leur dernier album Deathless sorti cette année est déjà leur sixième réalisation. Leur musique est un death metal technique très majoritairement tinté de thrash, le dernier opus est d’ailleurs carrément thrash. Nous avons Dave Davidson qui performe au chant et à la guitare, Phil Dubois derrière les fûts, Dan Garguilo à la gratte et Brett Bamberger à la basse. Fan de thrash, j’adhère totalement sur CD, je suis donc pressée de voir ce que ça donne en live. La salle est de nouveau plongée dans le noir quand résonnent les premières notes de The Hive. Un flot d’énergie en plein dans la face ! Dave est incroyable, faisant osciller sa voix entre chant death, thrash et chant clair sans jamais défaillir et capable d’assurer à la guitare en même temps. Le deuxième morceau est Teratogenesis, tap tap tap tap tap tap, Phil frappe le rythme pendant que déferlent les riffs mélodiques. Brett se donne à fond avec sa jolie basse à cinq cordes, avec son physique et son jeu il pourrait aussi être dans un groupe comme Havok. Dans le public ça se réveille clairement, le premier circle pit est effectué à la demande du chanteur, on slamme, on pogote, on sautille, on gueule ça y est ça pulse ! Revocation va jouer Deathless, un morceau qui fait penser à l’époque Schizo Deluxe d’Annihilator. S’en suivront Dismantle the Dictator, Fracked  et Madness Opus. Cette dernière est plus death mélo, hyper calée niveau technique, c’est propre, c’est beau ! Alala vraiment le groupe assure ! No Funeral, un dernier titre très thrashy, ça donne envie de sauter dans tous les sens et de headbanguer sans retenue, putain que c’est bon ! – Ripping right into you, Racing through to infinity, Disassemble the absolute, Integrate with vacuity- un refrain qui restera. Une quarantaine de minutes qui sont passées bien trop vite selon moi. Cependant, c’était un show d’une qualité admirable, avec des mecs qui donnent tout. Une ambiance de folie dans le public, un son de dingue super technique agrémenté par des refrains entraînants, des branlettes de manches au top et du groove, merci Revocation !

L’attente va être plus longue, il faudra patienter une bonne trentaine de minutes avant la reprise, le temps d’un petit break et d’échanger les premières impressions avec les copains. C’est donc aux alentours de 22h30 que Cannibal Corpse, la tête d’affiche de la soirée monte sur les planches du Bikini. Groupe américain fondé en 1988 par Chris Barnes, Bob Rusay, Jack Owen ainsi qu’Alex Webster et Paul Mazurkiewicz les deux membres restants, ils font partie des pionniers du brutal death. Aujourd’hui, le groupe vient présenter son dernier et treizième opus A Skeletal Domain, 10 ans après le dernier passage dans la ville rose. Je ne suis vraiment pas fan du groupe mais je tiens quand même à ne pas mourir idiote et voir ce que ça donne en live. Les “cannibales” investissent donc la scène avec le monstrueux George Fisher alias Corpsegrinder au chant. Le set débute avec Staring Through the Eyes of the Dead , Fucked With a Knife  et Stripped, Raped and Strangled, trois tubes de The Bleeding. Fisher nous offre du chant guttural bien gras, assaisonné de headbangs à tire-larigot, s’il n’avait pas un cou si gros on craindrait que sa tête se détache et vole dans le public. Dans le pit c’est l’effervescence et c’est la lutte pour rester à sa place contrairement au groupe qui lui est quasi statique. Les morceaux suivants seront Kill or Become, Sadistic Embodiment, Icepick Lobotomy… Ça devient l’hystérie derrière moi et ma tête commence à chauffer, pour moi tous les morceaux se ressemblent tous  et je trouve cela soporifique, je m’en vais donc de ce pas au fond de la salle voir ce que ça donne au loin. C’est assez impressionnant ! Plus de 1000 personnes présentes et une bonne partie en mode destruction du Bikini ! Au moins les spectateurs s’éclatent (dans tous les sens du terme).

En définitive la soirée aura été tout en progression avec une fin chaotique dans le public. Une belle affiche dans l’ensemble avec un énorme coup de cœur pour Revocation qui a tout déchiré et un gros bravo à Blood Ages pour leur performance ce soir. Je n’aime toujours pas Cannibal Corpse mais j’aurais essayé. Merci à Heresic Synopsis et Aeon également et un grand merci à SPM Prod de toujours se bouger pour organiser de si belles dates.

Photos : David Torres

Auteur Fanny Dudognon