The Head and The Heart @ Metropolis (Montreal)
Matt Holubowski, ce talentueux chanteur folk originaire de Montréal, s’est produit en première partie du groupe The Head and the Heart le 29 novembre dernier. C’est au Métropolis, “the most beautiful theatre in Montreal ” qu’il a offert une magnifique prestation avec sa voix unique.
Les lumières se referment, la foule devient hystérique et un écriteau “Signs of Light”, titre de la tournée du groupe, s’illumine tranquillement alors que The Head and The Heart sont accueillis chaleureusement, sous les applaudissements et les cris ahuris des spectateurs. Le chanteur principal remercie Matt d’avoir performé avant le groupe, en avouant être resté debout toute la nuit pour écouter ses deux albums. Il a déclaré: “It’s an honor and a pleasure to be sharing the stage with you Matt” avant d’interpréter Let’s Be Still. Des sourires se dessinent sur les lèvres des spectateurs, ces derniers lèvent leurs bras dans les airs et se laissent bercer par la douce mélodie indie folk du groupe alors que des bulbes de lumière s’allument tour à tour sur scène.
Le groupe a par la suite remercié le public pour son écoute: “We were warned that this crowd would be very attentive. This a a great audience. We really appreciate it.” Ils ont finalement interprété Lost In My Mind et Down In The Valley avant le rappel, alors que la foule se donnait à cœur joie de chanter avec les artistes.
The Head and the Heart ont livré un hommage touchant et magnifique à Léonard Cohen, en faisant une reprise de “True Love Leaves No Traces”. Ils ont terminé le spectacle en beauté en interprétant Rivers and Roads, la chanson que le public attendait avec impatience.
Auteure & Photographe: Marie-Jade Morneau
A$AP Ferg @ Metropolis (Montréal)
A$AP Ferg, Playboi Carti, Rob $tone, Marty Baller et leurs compagnons se sont arrêtés dans la métropole montréalaise, entre London en Ontario et Providence au Rhode Island, le 30 novembre 2016 dernier, pour un concert au Métropolis.
C’est dans une salle d’abord plongée dans la noirceur que Marty Baller, suivi de Rob $tone et Playboi Carti, ont marqué un départ en force, dès leurs premiers instants. A$AP Ferg, aussi appelé le Trap Lord, n’a passé qu’une heure sur scène, finissant avec la phrase cliché : «Jusqu’à présent, ce soir a été le meilleur concert que nous avons eu, durant cette tournée.»
Grâce aux épisodes de mosh pits et aux séances de bodysurfing, la foule (relativement jeune et blanche, d’ailleurs) s’est animée encore plus que jamais, comme si les artistes sur scène n’y était plus, presque. La musique Trap accompagnait les aléas de ces jeunes qui profitaient de l’énergie qui remplissait la pièce. Des images du visage d’A$AP Ferg, d’une tête de mort en feu, de vagues, de nuages et de lui-même rappant dans une piscine sont tous des éléments faisant partie de la présentation visuelle qui l’accompagnait sur scène. Couleurs éclatées et vivantes, interpellaient le public moins fan des «murs de la mort» (wall of death) auxquels participaient plusieurs spectateurs.
Le balcon du Métropolis était généreusement occupé par ceux qui souhaitaient moins se mêler à la sueur des plus actifs. Il va s’en dire que l’artiste principal, A$AP Ferg a livré la marchandise comme l’ont dit plusieurs à leur sortie du concert. Sa chanson Dump Dump–assez vulgaire diront certains–a enflammé le public. Il a chanté ses chansons les plus connues comme Work remix, Shabba en collaboration avec son ami A$AP Rocky, Let It Bang en collaboration avec ScHoolboy Q, What You Want, Hood Pope et Psycho, chanson tirée de son récent album Always Strive and Prosper, sorti cette année. A$AP Ferg a aussi fait une très brève partie de Line Up The Flex, une chanson en collaboration avec Tory Lanez, un artiste Torontois qui était notamment de passage à Montréal le 3 décembre dernier.
L’artiste New-yorkais, originaire de Harlem, a fait l’étalage de son talent par la démonstration de sa polyvalence, en adoptant différents rythmes. Après s’être retirer de scène pour un bref instant, le rappeur de 28 ans a rejoint ses partenaires de tournée, vêtu d’un chandail sur lequel on pouvait lire «Rob Stone». Si la courte durée des chansons laissaient à désirer, le support visuel à attirer l’attention de plus d’un, dont le mien. «J’aurais voulu qu’A$AP Ferg rappe plus longtemps. D’après moi, [le concert] s’est fini un peu trop tôt», affirme Pascal Kiteme, 21 ans.
«La première partie était vraiment intense quand Rob $tone a rappé sur Chill Bill. Playboi Carti était aussi énergétique en sautant à une ou deux reprises dans la foule [accompagné] d’un membre de [son] entourage [durant la chanson What, Fetti ou Plug, par exemple]», ajoute-t-il.
Marty Baller a brisé la glace en dansant sur sa chanson Flex, synchronisé avec le public qui semblait absorber son énergie contagieuse. Les spectateurs ont, ensuite, répété «Everybody say Rob $tone!» à la demande du rappeur suivant qui était en ville pour la première fois. Originaire de San Diego en Californie, Rob $tone, 21 ans, est descendu de la scène pour s’adonner à une série de «tope-là» avec ses fans.
La foule a scandé «Rest In Peace A$AP Yams» à la demande d’A$AP Ferg, montrant son respect au fondateur du collectif A$AP Mob. Le concert s’est achevé vers 23h30 après qu’A$AP Ferg, Rob $tone, Marty Baller et d’autres membres de leur entourage se sont joint sur scène pour faire New Level, une chanson en collaboration avec le rappeur Future.
La tournée Turnt & Burnt s’est terminée, à Clifton Park, dans l’État de New York, le 2 décembre dernier.
Auteure: Myriam Eddahia
Photographe: Hélène Dickey
The World Alive @ La Tulipe (Montréal)
Vendredi dernier, The World Alive était de passage au cabaret La Tulipe pour sa tournée Overdose Tour. C’est dans une salle pratiquement vide que j’ai mis les pieds en cette soirée d’automne froide et pluvieuse. J’étais étonnée, mais en même temps non, de voir qu’il y avait si peu de personnes présentes et que la plupart des gens présents dans la salle étaient probablement des amis du band qui ouvrait ou bien des staff des bands de la tour. Je dis cela parce que Extensive Enterprise avait à peine fait de promotion pour ce show. Je dirais même que je n’avais pas vu d’event ou bien d’annonce nulle part pour ce tour. C’est pour cela que je pouvais comprendre que peu de gens s’étaient présentés. Bref, c’était quand même décevant et ça devait encore plus l’être pour les bands qui devaient monter sur scène.
Plusieurs groupes étaient attendus en cette pas très belle soirée, dont Invent, Animate, Islander, Volumes et bien sûr The World Alive. Des bons bands se sont fait voir sur scène, de bonnes performances et beaucoup d’énergie, malgré le fait que peu de personnes remplissaient le plancher de la salle. Le chanteur d’Islander a nommé au courant de la soirée que les bands ne sont pas le show lors de spectacles, mais bien la foule et que celle-ci devrait plus bouger et participer. C’est bien vrai et la foule a écouté.
Finalement, quelques minutes avant la performance de Volumes, plusieurs fans sont entrés dans la salle et l’ambiance a commencé à être un peu plus présente. Une excellente performance de la part des membres du band de Los Angeles qui a pris deux secondes de leur temps pour insulter Donald Trump. Un mixte de leurs vieilles et nouvelles chansons s’est fait entendre au plaisir de tout le monde. Le groupe a nommé avoir terminé de recorder leur tout nouvel album dans le sous-sol du La Tulipe, nommant que Montréal était une ville très inspirante, yuuuuss. J’ai été légèrement déçue lorsque j’ai aperçu leur tour manager en arrière-scène leur disant d’arrêter leur set tout de suite pour laisser place au headliner.. Les fans présents n’étaient pas très contents et en ont redemandé, mais cela n’a pas porté fruit malheureusement.
The World Alive est entré en scène après une performance de feu de Volumes qui ont promis du nouveau pour 2017 et un retour à Montréal très bientôt. Encore une fois, j’ai été déçue de la performance du headliner. Ça fait déjà quelques shows où je ressors déçue de la performance pour différentes raisons. Cette fois-ci, c’est difficile à expliquer, car je ne connaissais pas vraiment le band, mais c’était un mixte entre leur présence sur scène, la qualité du son, la voix du chanteur et fort probablement la foule. Je suis restée sceptique et je suis même allée réécouter du The World Alive en arrivant chez moi et cela a juste confirmé ma septicité, cela ne sonnait pas du tout pareille. Bref, ce n’est pas la fin du monde, mais j’avais quand même hâte que le show se termine (oups).
Auteure: Élizabeth Gauthier
Crédit photo: The World Alive
Diamond Head @ Katacombes (Montréal)
Avec la parution de leur nouveau disque en début d’année, la formation anglaise Diamond Head était de passage aux Katakombes en compagnie de la formation ontarienne Old James et la formation locale Canceric.
Comme il y a beaucoup d’activité dans la métropole en ce début de semaine, il est tout à fait normal de voir qu’une poignée d’irréductibles se sont déplacés pour voir le groupe Canceric fouler la petite scène des Katakombes. Roulant leur bosse depuis quelques années déjà, leur musique thrash attire de plus en plus d’amateurs. Malgré la petite foule, les musiciens sont très énergiques sur scène et leur musique entrainante et brutale séduite peu a peu les amateurs qui ne connaissent pas le groupe. Matt Bouchard profite de cet élan pour demander à la foule de se rapprocher de la scène. Incorporant quelques éléments death dans leur musique endiablée, le groupe a tout pour survolter ceux qui aiment ce style musical, dommage qu’ils étaient les premiers sur scène en ce mardi.
Les amateurs sont plus nombreux lorsque la formation Old James monte sur scène, mais nous sommes encore loin d’une salle comble. On remarque immédiatement que la formation est maintenant un trio et que Brian Stephenson cumule maintenant les fonctions de chanteur et de bassiste. Même si cela n’affecte pas sa performance vocale, le fait de jouer de la basse affecte son style énergique. Leur style musical tiré des années 70s incorpore rock et blues est entrainant, mais ne fait pas lever la foule. Cette dernière réagira favorablement aux excellentes reprises de Cold Sweat (Thin Lizzy) et de Space Truckin’ (Deep Purple). Leur entrée aux États-Unis ayant été refusée la veille, les musiciens étaient fort heureux de pouvoir finalement se retrouver sur la même scène que la formation Diamond Head.
C’est maintenant le moment tant attendu, l’un des premiers groupes de la NWOBHM est enfin de retour à Montréal après une absence de plus de quatre ans. Malgré leur longue carrière, c’est un Brian Tatler tout sourire qui installe ses pédales sur scène avant leur prestation. Leur énergie renouvelle avec la venue du jeune chanteur danois Rasmus Bom Andersen, Diamond Head prend d’assaut les Katakombes en jouant les titres Bones, Diamonds, Set My Soul On Fire et Shout At The Devil de leur nouvel album en alternance avec leur vieux succès. C’est cependant lorsque le groupe joue la pièce Helpless que l’énergie de la foule s’élèvera d’un cran. On remarque que malgré leur nouvel album, les Anglais choisissent de jouer leur tout premier album (Lightning To The Nations) en entier. Les musiciens sont très énergiques sur scène et l’interaction entre Rasmus et les autres musiciens est très bonne. Les amateurs attendaient avec impatience les classiques du groupe et ces derniers ont démontré à quel point ils avaient de l’énergie en réserve lorsque le groupe a joué en succession The Prince, It’s Electric, Am I Evil? et Streets Of Gold. Le batteur Karl Wilcox a tenu à remercier les amateurs qui se sont déplacés et plus particulièrement ceux qui lui ont envoyé des messages suivant le décès de sa mère.
Même s’ils n’attirent pas de grosses foules en Amérique du Nord, la formation Diamond Head donne un excellent spectacle et ceux qui se sont déplacés ont grandement apprécié leur musique de ces légendes. À voir le sourire des musiciens après leur prestation, ils ont été très satisfaits de leur soirée dans la métropole.
Auteur: Albert Lamoureux
Photographe: Thomas Mazerolles (collaboration spéciale)
The Paper Kites @ Theatre Corona (Montreal)
The Paper Kites étaient de retour à Montréal le 23 novembre dernier au Théâtre Corona, après avoir été de passage à Osheaga l’été passé. Ils ont débuté leur spectacle avec Revelator Eyes et en précisant qu’ils étaient très heureux d’être de retour à Montréal en commentant : “It’s such a beautiful theatre, we don’t have anything like this back home in Melbourne.”
Puis, le chanteur principale s’exclame: “We’re going to try something different for the next few songs, we’re going to try to play in the dark. I don’t know legally how dark, it must be safe! Please take car of yourself out there.” C’est sous les rires et les applaudissements des spectateurs que les lumières se ferment et que le théâtre se retrouve dans le noir et que le chanter explique: “I really love listening to music in the dark, because you kind of have no choice but to be completely asborbed to whatever you’re listening to.” Les lumières se ferment et le chanteur invite les spectateurs à se fermer les yeux, à tenir la main de quelqu’un s’ils le désirent et d’écouter, tout simplement. Une musique douce, des couples qui s’enlacent et qui chantent avec le groupe, alors qu’ils jouent Bloom, leur chanson la plus connue dans l’obscurité, leurs sifflements résonnant dans le théâtre.
Des lumières multicolores sont projetées vers la scène, alors que le chanteur principal manie son harmonica et que le public se laisse transporter par la musique, laissant leur corps bouger au rythme de leur mélodie. Le groupe a fait une reprise magnifique de I’m on Fire de Bruce Springsteen, qui se marie parfaitement à la voix douce et magnifique de Christina Lacy. Ils ont interprété Electric Indigo et Featherstone avant le rappel. Le public tappe des mains, bouge et chante avec le groupe avec énergie. Les cinq artistes sont revenus en force sous les cris et les applaudissements de la foule, mais avec cette fois-ci avec qu’un seul micro. Ils ont interprété St. Clarity complètement a cappella, en claquant des doigts et en tappant du pied de façon rythmée. Ils ont terminé avec une magnifique version acoustique de Halcyon. The Paper Kites ont su se montrer près du public, en ayant pusieurs interactions amusantes avec lui tout au long du spectacle. Ils ont livré rien de moins qu’un spectacle à leur image, doux et coloré.
Auteure & Photographe: Marie-Jade Morneau
Messe des Morts 2016 – Psaume 2 : Démocratie, Anti-Fascisme, Amalgames et Black Metal @ Theatre Plaza (Montréal)
Alors que la polémique autour de la venue des Polonais de Graveland à La Messe Des Morts faisait rage depuis quelques jours, l’impensable est arrivé samedi soir à Montréal, prenant des proportions ahurissantes. À la suite d’une manifestation hostile d’un petit groupe antifasciste mobilisant la police, le concert a été annulé pour des raisons de sécurité, renvoyant chez eux près de 400 amateurs de musique venus de partout sur le continent.
1993, Pologne. À la suite du traumatisme post-communisme en Europe de l’Est, des mouvances extrême droite émergent chez les jeunes du pays. Parmi eux, le Temple Of Full Moon, dont fait partie Robert « Darken » Fudali, alors âgé de 22 ans, fondateur du groupe de black metal viking Graveland. Le début d’une affiliation indéniable dans ces années, même si aucune des paroles du groupe ne sera jamais politisée. Une distinction nécessaire entre l’œuvre musicale et son créateur.
2016, Montréal. Graveland vient se produire pour la première fois en Amérique du Nord dans le cadre de la Messe des Morts, aux cotés de beaucoup d’autres groupes de black metal. Quelques militants antifascistes se mobilisent pour interdire le festival, et passent à l’action en fin d’après-midi avec des bombes lacrymogènes devant le Théâtre Plaza. Les forces de police sont alors massivement mobilisées pour assurer la sécurité, isolant d’un côté la quarantaine de manifestants, la plupart masqués, de l’autre les 400 festivaliers qui attendent calmement pour rentrer dans la salle, sous le regard ahuri des passants qui se demandent comment un festival de musique peut créer cette situation. En début de soirée, le Festival et le Théâtre Plaza annoncent que pour des raisons de sécurité, le concert est annulé. Les centaines de personnes sont dispersées dans le calme par la police.
« Je suis Chinois ! Je suis Juif ! Je suis Premières Nations ! Je suis Arabe ! » protestent plusieurs membres du public, d’origines variées, en proie à la déception, et la frustration d’une situation qu’ils jugent aberrante et ridicule. « On est venus voir un spectacle de musique, on a rien à voir avec ça. » Car la Messe des Morts cette année, c’est pas moins de dix-neuf autres groupes, dont presque une dizaine devaient jouer samedi soir. Une programmation musicale de qualité qui en fait le plus grand festival de black metal en Amérique du Nord, attirant des passionnés de tout le continent.
« Je suis venue exprès de Los Angeles, Californie », me dit Heather. Mexico. Pennsylvanie. Boston. New Jersey. Vermont. Abitibi. Vancouver. Calgary. Edmonton. Sherbrooke. Halifax. Winnipeg. La liste est longue et impressionnante parmi les nombreux spectateurs.
« C’est le triomphe de l’ignorance et de la désinformation, confie Sébastien, venu de Québec avec ses amis. Les médias vont chercher le buzz, et il y a un danger de radicalisation maintenant. » Et un risque d’amalgame facile, de conclusions hâtives pour associer le public de l’événement à de quelconques idéologies néo-nazies. Une cible… fantôme et inexistante. Aucun skinhead dans la foule. Une fausse image vendeuse qui circule bien vite dans l’opinion publique et le voyeurisme facile de médias chasseurs de clics et de vues. Encore une fois, il est pourtant simple de dissocier les opinions politiques d’un membre d’un des groupes et sa musique où ne figure aucune référence à la haine raciale par exemple.
« Je suis rentré dans le Théâtre Plaza et l’atmosphère était vraiment étrange et pesante », confie un des musiciens du groupe Auroch. « La police bloquait toutes les issues, et les artistes ont dû sortir groupe par groupe dans des voitures qui venaient les chercher, escortés par la police. C’était vraiment par précaution de sécurité, mais ça faisait bizarre. Tout le monde était très déçu. Même les policiers trouvaient la situation absurde, et l’un d’eux m’a confié qu’il pensait que ce petit groupe d’activistes étaient des gamins. »
Pourquoi maintenant ?
Mais une question et un sujet reviennent dans beaucoup de conversations : pourquoi cette polémique explose cette année, alors que la programmation des années précédentes a vu plusieurs groupes également controversés pour leurs affiliations au mouvement NSBM (n.d.l.r.: le National Socialist Black Metal). Et rien n’est jamais arrivé. On pense aux Allemands de Nargaroth, mais surtout aux Finlandais de Satanic Warmaster, dont l’ambigüité de certaines paroles et les prises de position de leur leader font aussi polémique.
Alors que s’est-il passé en 2016 ? Certains évoquent l’élection de Trump, et la montée des mouvements d’extrême gauche et antifascistes. Pourtant, il est certain qu’en sondant rapidement le public, on y trouve beaucoup d’anti-Trump, voire même quelques antifascistes. Mais soudainement, l’idée d’un de ces activistes de se mettre quelque chose sous la dent à Montréal, où il ne se passe pas grand-chose finalement : bloquons la Messe des Morts. Les prises de position d’un musicien, surtout dans les années 90, suffisent-elles à initier un combat et l’annulation d’un festival de 20 groupes de musique, tous apolitisés ? Dans une ville d’art libéré? Le chanteur pop Akon est pourtant taché d’histoires douteuses de relations avec des filles de 14 ans, mais personne ne manifeste contre lui au Centre Bell.
« Une fois, au concert dans ma ville, des activistes distribuaient des tracts antifascistes pour protester contre un des groupes, raconte une spectatrice venue de Vancouver. C’était pacifiste et même constructif puisqu’on pouvait débattre de nos points de vues. » On est loin du pacifisme de la côte Ouest.
« Je suis venu à Montréal pour l’ouverture d’esprit et la tolérance, et pouvoir vivre ma passion pour le metal extrême, parce que dans mon pays, on peut aller en prison seulement pour jouer du heavy metal », me raconte Medhi, un Marocain de Casablanca. « Et pourtant des groupes très anti-religieux comme Kreator ou Behemoth sont venus jouer quand même au Maroc, et il n’y pas eu de manifestations. C’est ridicule ce qui se passe ici aujourd’hui. »
Et c’est d’autant plus incroyable quand on sait que les membres de Graveland ont été interrogés pendant trois heures à l’aéroport par l’immigration canadienne, en vain. « Ils n’ont rien trouvé contre eux pour les empêcher de rentrer », confie Martin, un des membre de l’organisation du festival. Alors si même l’autorité fédérale d’un pays comme le Canada laisse entrer des musiciens polonais, approuvant leur but musical apolitisé et non condamnable par la justice, comment se fait-il qu’un petit groupe antifasciste, qui-plus-est violent, puisse faire annuler un concert entier à guichets fermés accueillant des centaines de personnes ?
« Si Graveland venait au Canada dans un but politique, ils n’auraient jamais été invités à jouer dans un grand festival public comme la Messe des Morts», reprend Martin. « Les vrais groupes de musique politisés d’extrême droite, ou gauche, organisent des concerts secrets et underground dans leurs réseaux fermés et cachés. C’est comme ça que ça fonctionne. Graveland est invité pour sa musique, son énergie, et sa rage qui rassemble des gens de toutes origines. L’année prochaine ils sont en tournée en Amérique du Sud. Au Maryland Deathfest, tu croises des Noirs, des Latinos et des Arabes avec des chandails de groupes comme Graveland. Ces gens qui manifestent ont clairement un manque de culture et de recherche dans leurs actes. »
Sécurité avant tout
Pourtant, on a bien cru que la soirée pourrait être sauvée. Lorsque plus de policiers en armures et boucliers sont arrivés, certains pensaient qu’ils protégeraient le public pour rentrer dans la salle. Mais la situation est restée figée. Un coup de téléphone d’une autorité de la ville aurait sûrement suffit à autoriser le concert. Mais c’était sans doute trop délicat, au risque de faire prendre position à la Ville de Montréal qui aurait approuvé un spectacle qualifié d’extrême droite. Et pourtant, l’extrémisme et la violence se sont finalement révélés dans le camp des manifestants.
Ce soir-là, l’organisateur de la Messe des Morts et le Théâtre Plaza ont alors fait un sacrifice et pris une décision (avec des conséquences financières désastreuses) pour la sécurité du public et des artistes, face à un groupe d’activistes réduits qui s’est avéré finalement plus agressif et malsain que la musique contre laquelle ils manifestaient à tort. Certains avaient même réussi à se procurer des billets pour infiltrer la foule, et perturber la manifestation. L’organisation du festival déclare dans un communiqué hier: “Nous étions également au courant que des membres de cette organisation avaient pu assister au spectacle de vendredi afin de faire du repérage, et s’étant procuré des billets auprès de gens les ayant revendus à la dernière minute, et que si certains avaient pu déjouer la fouille, ils avaient peut-être dissimulé du matériel destiné à être utilisé hier par d’autres membres ayant des billets pour le spectacle d’hier. “
On apprendra plus tard des attaques à la bombe lacrymogène à l’hôtel Chrome où résidaient beaucoup de musiciens et membres du public, mais aussi des familles qui ont dû être évacuées, patientant dehors au froid. Mais qu’est-ce qui justifie autant de violence ? Certainement pas ces fans de black metal qui dansent sur de la musique pop des années 80 au Bar Nestor, essayant d’oublier leur immense déception ce soir.
Une histoire qui aura définitivement pris des proportions ridiculement démesurées, dans un simple festival de passionnés de musique, toute extrême et “haineuse” puisse-t-elle être. Et il est certain qu’une majorité du public ne partage même pas les opinions politiques d’un des membres de Graveland qui aura provoqué malgré lui toute cette polémique disproportionnée, plus de vingt ans après ses années d’activisme personnel. Sans compter les centaines qui ne sont même pas venus voir ce groupe, mais plutôt Forteresse (dont le fort patriotisme pourrait d’ailleurs aussi faire parler), Aosoth ou Uada. Mauvais combat ? Assurément. On n’a aperçu aucun skinhead dans la foule, on est loin de ce genre de concerts.
Le monde a besoin de gens qui se lèvent et se battent pour défendre les droits humains, dont la liberté d’art et d’expression, et toutes les causes pour améliorer notre existence sur cette planète. Mais sans se tromper de combat ou de cible. Recherche, débats et culture sont de mises, pour s’armer avant tout d’intelligence, et mieux combattre l’ignorance…
NDLR : L’équipe de Sepulchral Prod viennent tout juste d’annoncer la possibilité d’une reprise de la soirée de samedi. Des informations complémentaires suite aux événements de samedi sont disponibles sur leur page Facebook. Nous invitons tous les amateurs de Black Metal et/ou de libertés individuelles à continuer à soutenir la diversité de la scène musicale montréalaise aux travers d’initiatives comme la Messe des Morts.
Auteur: Bruno Maniaci (collaboration spéciale avec Sorstu.ca, l’article original est disponible ICI).
Photographe: Traum.
Messe des Morts 2016 – Psaume I : Malédiction brumeuse @ Theatre Plaza (Montréal)
C’est comme si le nom de Mgla avait transcendé le Théâtre Plaza, noyant le son général dans un brouillard sonore assez médiocre, et rendant difficile l’appréciation de la musique. Seuls les polonais au nom maudit et Cult Of Fire arriveront à sortir difficilement de cette brume, dans un black metal tout de même envoutant, et atmosphérique à souhait.
Peut-être est-ce également la présence policière et le poids d’une inutile répression qui pèse sur le festival cette année. Aucun groupe n’est autorisé aux extravagances scéniques, qui font toute la beauté de la Messe des Morts. Même pas une petite chandelle, une bougie allumée. C’est à se demander si Neige Eternelle aurait pu rentrer leurs branches de sapin… Le Théâtre sera notre prison ce soir, car toute sortie est définitive. Longues files pour la fouille à l’entrée, qui me feront manquer la prestation de Blackscorn, que j’entends assez bien sonner depuis l’escalier. La horde de Sherbrooke n’aura d’ailleurs pas le droit d’emmener son décor Mayhem-esque avec têtes de cochons.
C’est un représentant du Métal Noir Québécois qui seconde, dans une salle qui commence déjà à bien se remplir. Cantique Lépreux livre une performance honorable, dans un black metal cru, froid et maitrisé. Même si déjà les guitares sont un peu confuses, alors que la basse est un peu forte et claque presque trop avec un son rond. Avec une bonne voix écorchée, les titres comme l’Adieu ou La Meute prennent toute leur puissance sur scène. L’atmosphère et l’univers glacial de Cantique Lépreux méritent l’attention, et serait certainement encore plus appréciable dans une salle plus intime.
Comme chaque année, la Messe des Morts n’oublie pas de représenter l’Hexagone, et c’est les parisiens maquillés de Moonreich qui prennent la suite. Signés sur l’excellent label Les Acteurs de L’Ombre, les français commencent leur set dans une veine presque Marduk-ienne, très brutal et direct. Mais la deuxième partie de leur set-list est intéressante avec des morceaux plus variés, un peu plus mid-tempo, et un certain talent dans les arpèges malsains joués à l’unisson, comme dans le dernier Long Time Funeral. Avec un chanteur qui harangue la foule à coup de bénédictions et des guitaristes qui se donnent, Moonreich s’en sort aussi avec un scénique efficace.
Place maintenant à un des fers de lance du Métal Noir Québécois, Monarque. Leur prestation est très attendue, et ils sont le premier groupe à faire exploser le mosh-pit, malgré un début de concert encore perturbé par des problèmes de son. La puissance et l’expérience parlent, Monarque mène sa horde avec violence et conviction, de plus en plus possédé lors de la performance. L’efficacité des morceaux plus basiques et old-school de quelques accords ressort encore plus dans le contexte de grande scène, avec un son encore approximatif. Monarque termine avec le classique Quintessence du Mal une performance qui ne sera pas leur plus mémorable, mais s’en sort avec les honneurs.
C’est les Polonais de Blaze Of Perdition qui doivent maintenant essayer de tenir le cap. Leur début de set est difficile avec un problème d’accordage entre les guitares, qui mettra du temps à se régler. Les passages de chant clair à deux voix sont aussi approximatifs au départ, on dirait que le groupe a mis du temps à rentrer dedans. Alors que leur musique est intéressante, plus mid-tempo avec des solos épiques accrocheurs. Et c’est un des premiers batteurs qu’on entend mieux, grâce à sa frappe, mais le son général reste confus et empêche d’apprécier les subtilités, les accords pleins qui résonnent : dommage.
Un sentiment et une ambiance étrange émanent de la soirée. Prisonnier de la salle, où un fumoir s’improvise dans les toilettes, le public boit, la température et l’alcool montent, mais malgré ça on dirait qu’il manque quelque chose. Comme si tout le monde voulait trouver ça bon, mais sans franc succès, sans transcendance. Et malheureusement ce n’est pas le duo finlandais Morrigan qui réussira à faire quelque chose. Même si le son est un peu meilleur, car c’est juste une guitare et une batterie, leur black metal plus lent et épique s’essouffle vite. Alors que le chant clair, imprégné d’anciens folklores celtique, est très bien fait, Morrigan se perd rapidement dans ce brouillard sonore, dans une prestation statique.
C’est finalement les Tchèques de Cult Of Fire qui vont réussir à sortir du lot avec leur cérémonial religieusement sombre. Et encore, on regrette amèrement cette maudite sécurité extrémiste (quelle ironie non ?.. .) de ne pas les laisser allumer les nombreuses bougies et chandeliers qui font partie de leur décor habituel, et qui auraient tellement ajouté à la magie de leur messe noire. Le très bon jeu de lumières rouges vient appuyer leur black metal sombre et écrasant. Avec notamment un impressionnant presque-pentagramme en rayons de lumière rouges qui vient sublimer leur charismatique prêtre noir au milieu de la scène. Le son s’améliore un peu, et Cult Of Fire arrive enfin à nous envoûter dans cette aura qui se dégage du genre, qui résonne.
Après six heures de détention, voici enfin que monte sur la scène du Théâtre Plaza la meute masquée et cagoulée de Mgla. Véritable phénomène qui mène le mouvement black métal atmosphérique des dernières années, les polonais jouissent d’une popularité toujours grandissante, qui les porte aujourd’hui en tête d’affiche d’une soirée à guichets fermés. Tournant sans relâche depuis les dernières années, les Polonais sont en maîtrise totale de leur musique, envoyant avec précision les titres de l’excellent Exercises In Futility. Massif, planant mais puissant, Mgla arrive à dominer la soirée, en grande partie parce que le public connaît les morceaux, et arrive à les reconnaître, malgré l’ironique brouillard sonore. Avec des chefs d’œuvres comme la septième et dernière pièce de l’album With Hearts Toward None ,VII, et cette incroyable montée progressive et subtile, qui rajoute un élément à chaque mesure pour exploser dans un orgasme black metallique. Remarquable, mais pas autant que leur première prestation il y a quelques années sur cette même scène.
Il aura définitivement manqué un élément dans cette soirée. Mgla aura porté une malédiction, possédé par son propre nom, où l’aura du black metal se sera perdue dans la brume, dans un son brouillon, ne valorisant pas ces groupes de qualité, sur un fond de répression et sécurité un peu excessives.
Auteur: Bruno Maniaci
Photographe: Thomas Mazerolles
Thee Oh Sees @ La Tulipe (Montreal)
A un jour du lancement d’un nouvel album, Thee Oh Sees revient avec sa nouvelle formation armée de deux batteurs pour un concert à la Tulipe !
Le spectacle ouvre avec en première partie I.D.A.L.G (Il Danse Avec Les Genoux, si j’ai bien compris) un groupe de garage/psyché de Montréal. Après une ouverture à base de synthés comme dans les films d’horreurs le groupe commence en envoyant des musique aux st
Puis au tour des Marinellis. Comme si ça ne leur avait pas suffit de faire l’une des
Puis vient John Dwyer, leader des Thee Oh Sees. Il installe son matériel lui-même avec ses amis et commence à faire les balances qui se traduisent par “plus fort, enc
Une fois les derniers réglages on a le droit à une musique du nom de “check-one-two” avant de commencer le vrai spectacle.
Le groupe ouvre avec I come from the mountain et là le public se reveille d’un coup, ça bouge ça saute dans tous les sens entrainé par des “ouuuuuuuh” des paroles. Voir ces deux batteurs mis en avant jouant de façon synchronisée donne l’impression de voir une personne jouer devant le miroir avec de temps en temps l’un des deux partant sur une variation pour rappeler qu’il n’est pas l’ombre de l’autre. Cela rajoute un côté hypnotisant à la musique psychédélique du groupe. Nous avons le synthé qui est assuré par John Dwyer lors de certains passages quand il ne joue pas de guitare. Comme si ça ne suffisait pas le groupe enchaîne sur The Dream que je qualifirais de leur musique la plus célèbre, le groupe n’attend pas et le public est là pour bouger. Ca monte sur scène, pour y retourner en sautant, plusieurs personnes se font porter, on est dans le stéréotype du concert underground. Deux musiques après nous avons le droit à Toe Cutter et son énorme fuzz lent, le public suit le rythme en sautant pendant que John Dwyer balance sa guitare de gauche à droite, cette musique même sans être calme est un répit au public de devant déjà transpirant, cela sera d’ailleurs le seul “répit” de la soirée hormis le quelques rares phrases entre les chansons. Après plusieurs musiques Thee Oh Sees annoncera en transpirant deux musiques de plus, partant sur des albums moins récents pour commencer sur un solo/monté de batterie et finir sur un fondu de synthé et un écho de voix en boucle.
Quittant la scène, Thee Oh Sees aura eu le droit à un long rappel de 15 minutes du public qui n’aura pas abouti au retour du groupe surement dû à l’heure déjà très tardive.
Cela sera une petite déception du public qui s’amusait bien et dont une partie rentrera chez elle trempée de sueur. Au final Thee Oh Sees malgres son succès grandissant garde cet esprit garage-punk-underground et savent nous donner envie de bouger.
Auteur: Arnaud Thiebault
Credit photo: Thee Oh Sees
Two Door Cinema Club @ Metropolis (Montreal)
Le trio irlandais Two Door Cinema Club est venu réchauffer les planches du Métropolis le 21 novembre dernier, au rythme d’une rétrospective quasi complète des chansons ayant marqué la carrière de leur formation.
N’étant pas venu à Montréal depuis un petit moment, le groupe était fort attendu par une foule déjà très dense à l’ouverture de la première partie. Broods, duo néo-zélandais composé de Georgia Nott et de son frère aîné Caleb, a assuré la première partie de Two Door Cinema Club et fera de même pour la tournée en cours. La formation électropop a su comment réchauffer la foule au son de leurs morceaux tantôt denses, tantôt plus légers et dansants.
Georgia Nott possède une voix d’une puissance phénoménale qui mène le public à pousser des cris d’exclamation et des applaudissements lorsqu’elle pousse des notes qui ne peuvent qu’étonner. Observer l’action à l’arrière est un must des plus intéressants. Caleb Nott est un multi-instrumentiste et a empoigné synthés, micro, guitare et percussions, les uns après les autres afin de savamment compléter l’ambiance musicale.
Après un court entracte, un veston en velours et une crinière rousse font leur apparition. Alex Trimble, le chanteur, et ses acolytes Sam Halliday à la guitare et Kevin Baird à la basse, font une entrée remarquée sur scène, remarquée par la foule, mais très calme et presque avec gêne pour eux. Trimble fait part de sa satisfaction d’être de retour dans cette ville où il fait toujours si bon jouer, puis c’est l’allégresse.
Ce concert a détonné des autres puisque, malgré le lancement récent de leur troisième album Gameshow, la majorité des pièces jouées provenaient de leurs deux premiers albums, Beacon et Tourist History. Des critiques médiocres ont été faites à l’égard de leur dernier projet. Un changement d’atmosphère pour se diriger vers quelque chose de plus pop, avec des influences allant jusqu’au disco par moments, a peut-être fait grincer des dents les habitués.
Eat That Up It’s Good For You, I Can Talk, Sun, Handshake, Next Year, toutes les pièces classiques auxquelles n’importe quel fan de Two Door Cinema Club peut penser ont été faites. La beauté de la chose, c’était de pouvoir entendre en live pour la première les nouveaux morceaux du groupe. Gameshow, Bad Decisions et Ordinary entre autres ont pu être entendus.
Le groupe conserve toujours sa verve habituelle, arborant une confiance désarmante sur scène avec une justesse d’exécution très habile. Chaque fois qu’une autre piste était entamée, l’atmosphère se renouvelait pour devenir de plus en plus survoltée et dansante.
Un rappel, nécessaire selon les admirateurs qui piétinaient le sol à qui mieux mieux, a clos la soirée en beauté avec What You Know, single le plus populaire du premier album de la formation. Pour tous ceux qui ont vu Two Door Cinema Club à plusieurs reprises, ce n’était qu’une satisfaction renouvelée, pour les autres, une simple garantie d’être présents pour leur retour déjà attendu.
Auteur: Luca Max
Photographe: Marie-Jade Morneau