Category: Entrevue

En Entrevue: Fred Roy Hall (Le Hall)

Nous avons discuté avec Frédéric Roy-Hall, promoteur à Montréal depuis sept ans, qui a lancé cette semaine sa nouvelle boîte de promotion de spectacles, Le Hall. On vous a dressé un portrait de ce qu’il réserve à la scène québécoise dans le futur proche, en plus de lui demander de nous expliquer un peu comment ça se passe sous le capot d’une machine pareille.

 

Thorium : Quelle est la mission de ta nouvelle entreprise ?

Le Hall : La mission est très large en réalité. J’ai une mission personnelle et on a une mission qu’on pourrait écrire dans un plan d’action. La manière que je le vois, c’est qu’il y a beaucoup de gens autour de moi qui travaillent dans le milieu de la culture et dans des milieux précaires. La promotion de spectacles, c’est pas non plus quelque chose de très stable et je crois avoir trouvé une manière de bien faire fonctionner ça et d’avoir une expansion suffisante, même quelques employés, très bientôt. Je te dirais que mon nouvel objectif c’est de faire travailler les gens et de rafraîchir la mise dans le milieu de la promotion. Des promoteurs sérieux, il y en a quelques uns à Montréal mais pas des milliers, surtout pas dans la scène locale. Pas que je veux y rester, mais mon objectif principal est de la professionnaliser, y rentrer des nouveaux acteurs. C’est mon objectif à moi, mon rêve derrière tout ça. Pour la mission, comme j’ai dit c’est très large. On offre plusieurs types de services dans ce qu’on fait, oui il y a de la promotion mais aussi tout ce qui se rallie autour. Je te dirais qu’à ce niveau là, l’objectif c’est d’être capable de servir de manière de qualité, mais aussi il faudrait que je te mentionne le mot ambition. Je te dirais qu’au Québec on a ce manque d’ambition là qui est très « notre province » : Des tournées de vingt dates, des spectacles à grandeur d’homme… De mon côté, j’ai eu la chance de voir beaucoup d’autres choses dans le monde, et je pense que c’est cette touche d’excentricité, d’ambition et de goût du risque que j’ai envie de mettre de l’avant.

 

Ton ambition personnelle à travers ça?

Dans le plan d’affaires, que je prépare en ce moment c’est, d’ici cinq ans, être capable de produire 150 spectacles par année, et cinq festivals. Le but c’est d’être capable de faire des événements dans des niches, spécialisés, plutôt que de faire des événements grand public. Présentement, j’ai le festival Anachronik qui est dans cette veine là, évidemment, qui est très niche, garage, rock n’ roll. Je me rends compte que c’est agréable de travailler avec des gens passionnés et c’est ça que je veux faire au niveau des niches. J’aimerais ça développer d’autres festivals de niche qui ne sont pas dans cette niche là. Présentement, je peux pas en parler mais je travaille sur un deuxième festival qui devrait voir le jour dans un an très précisément. C’est une autre niche, on travaille là dedans, ça va être un spectacle à grandeur d’homme tout en étant d’ambition beaucoup plus grande que ce que le marché offre actuellement.

 

Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer Le Hall ?

J’ai un petit goût du risque dans la vie qui est toujours très marqué, et je suis toujours un peu insatisfait quand je travaille pour d’autres gens. Je travaille beaucoup pour d’autres boîtes par-ci, par-là et j’ai décidé d’arrêter ça un peu, de travailler à contrat de temps en temps. La vraie raison c’est que faire de la promotion c’est quelque chose de très difficile. J’en ai fait pendant sept ans, et pendant sept ans je m’en suis mordu les doigts. Après toute ces années là, je pense avoir compris comment bien le faire, dans quel contexte le faire, avec qui le faire. Je pense pas avoir la vérité, mais je pense en savoir assez pour rendre ça sustainable si tu peux me permettre le mot, et prendre de l’expansion assez vite pour rendre ça pertinent, quelque chose qui a pas toujours été le cas dans mon passé. Là, j’arrive avec pour moi un plan où je suis prêt pour vrai. J’avais une autre entreprise avant, qu’on avait parti quand on avait aucune connaissance. Je jouais dans un band à ce moment là, et je me suis dit que j’allais partir une entreprise pour comprendre comment l’industrie de la musique fonctionne, et que je repartirais un groupe quand je serais prêt, et que je le ferais comme du monde. Je te dirais maintenant que ma passion s’Est tournée bien plus vers l’industrie de la musique que jouer de la guitare, et que là c’est ma manière de dire : « Là, je suis prêt à partir une entreprise qui a du sens, qui va en quelque part. » Il y a des ambitions pertinentes derrière.

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Le plus gros défi de monter ton entreprise ?

Le cashflow ! La raison est très simple : Rouler des festivals, ça demande des budgets importants. En ce moment où on en est on parle de montants de 150 à 400,000$ et ton avenir se joue en un seul week-end. Souvent, ce week-end là va générer une bonne partie de ton revenu dans l’année, si ce n’est pas 60% de ton année. Le plus gros défi c’est de passer du premier au deuxième, jusqu’au troisième festival. L’investissement qu’on a besoin de faire en avance est important : Les artistes ont besoin d’être payés 50% en avance, les salles veulent être payées le soir même mais on reçoit l’argent des billetteries huit jour après, patati et patata. Je te dirais que le cashflow d’être capable de survivre à des mois sans activité va être le plus grand défi. Un bon défi va être de s’associer aux bonnes personnes, à ceux qui ne nous font pas perdre notre temps, je pense que c’est un grand défi mais c’est quelque chose qu’on découvre avec le temps. Je connais plus de gens maintenant, et ça va être plus facile. C’est comme n’importe quoi, on apprend à se connaître, quel genre de personne nous aide et qu’on peut aider – parce que je pense que c’est important de renvoyer l’ascenseur le plus souvent possible.

 

Penses tu toujours avoir une audience fidèle ?

Je ne pense pas que ça existe, avoir une audience fidèle. J’ai pas l’intention de m’associer à un style en particulier donc j’ai vraiment l’impression que chaque spectacle va être traité différemment, et que les audiences fidèles, on va en avoir pour certaines séries de spectacles – le Club Hommages, par exemple, a une audience très fidèle parce qu’on l’a développée en malade et qu’on doit continuer à la développer. C’est toujours un travail de fidélisation. On a souvent l’impression que ça va de soit, quand on a un bon concept les gens nous aiment, mais dans ce milieu là, il y a beaucoup de tickets de bière donnés, de tape dans le dos, de repas aux resto, de dons et de services. Je pense qu’il faut fidéliser les gens et que chaque projet doit être traité différemment. Il ne faut pas oublier que les gens viennent voir les spectacles, les artistes avant tout, ils viennent vivre une expérience. Je préfère travailler avec l’artiste pour que lui développe son audience fidèle et que je puisse la travailler ensuite. C’est pas nous les stars, sinon mon logo serait pas noir, il serait rouge pétant ! Si les gens de l’industrie nous connaissent sans nécessairement que le public le fasse, c’est correct si on est une source de promotion #1. Je ne pense pas que les gens vont s’y associer d’amour, mais si ça arrive tant mieux.

 

L’importance pour toi de promouvoir la scène locale ?

Moi je te dirais que c’est juste de rester en vie. Il y a plusieurs manières de le voir. Souvent, quand on grossit dans la promotion on a tendance à laisser de côté la scène locale et on le remarque chez tous les promoteurs. Ce n’est pas une vision que j’ai parce que quand on sait piger dans la scène locale on sait avec qui travailler aussi. Tout le monde commence local, et toutes les entreprises qui débutent doivent s’associer à un créneau, à des gens, à un entourage qui va évoluer avec lui. On ne commence pas en travaillant avec les Rolling Stones ! Les gens qui travaillent avec les Stones aujourd’hui ont travaillé avec eux la journée où ils n’étaient pas encore les Stones. Je pense que c’est la même philosophie de dire que les gens en qui je crois et dont je crois au talent, je les vois dans la scène locale et d’ailleurs c’est avec ces gens là qu’il faut s’associer et je pense qu’on en a à n’en plus finir à Montréal. Je crois que c’est comme le volet recherche et développement d’une entreprise de technologie. C’est important, et si on avance pas de nouveaux produits l’entreprise n’avance pas. La même chose est vraie dans notre cas : Une entreprise qui ne travaille pas avec la scène locale est vouée à mourir dans les prochaines années parce qu’il y a rien qui se développe sinon. Il faut pas rester pris dedans non plus, il y en a beaucoup qui ont ce problème là et qui restent pris là très longtemps., mais la scène locale est indispensable, belle, agréable et moi je préfère découvrir que d’aller voir quelque chose que je connais. C’est un goût personnel, mais c’est ce qui me donne le goût de me lever le matin. Même si ce n’est pas elle la vache à lait, c’est avec elle qu’on travaille pour l’avenir. C’est comme élever des enfants, travailler avec des artistes. On finit par s’en faire des amis, aussi, et c’est eux qu’on voit le plus souvent.

 

Tu es plus du genre gros déploiement ou show de garage ?

Je suis les deux ! Je vais être précis : Mon cœur est dans les shows de garage, mais mon ambition est dans le grand déploiement. J’aime beaucoup travailler dans le petit, mais je crois que l’avenir est dans le très grand. Je pense que quand on réussit à bien mélanger les deux, c’est là où la sauce devient gagnante. Personne n’aime ça être un numéro anonyme dans une foule, mais tout le monde veut voir le même spectacle alors il faut atteindre la bonne dose des deux. Je pense que, surtout dans le cadre des festivals, c’est important de garder ça à échelle d’homme, faire des grands événements avec beaucoup de petits « garages », c’est ce que je veux.

 

Si tu avais un seul groupe à recommander, ça serait quoi ?

Un band très pertinent, ça serait APigeon que je mettrais de l’avant. C’est quelque chose de très bon, mais aussi très excentrique. J’aime beaucoup le risque et ça paraît dans les artistes que j’aime ! C’en est une qui travaille très fort, qui s’implique dans d’autres domaines de l’art aussi. C’est définitivement quelque chose à découvrir !

 

Ton spectacle de rêve ?

Ce que je rêverais de produire avec Le Hall, ça serait un spectacle où personne ne connaît l’artiste. Je donnerai pas de nom parce que c’est pas important à ce point ci. Je ne suis pas celui qui est sur la scène. J’adore le show mais j’adore aussi produire le show donc ce dont je rêve, ça serait être capable de mettre un artiste sur scène dans un contexte où personne ne le connaît et que le spectacle, en tant que découverte, lève incroyablement. C’est ça que j’Aime : Avoir dit Z Ce que je vous présente aujourd’hui va vous impressionner », et que les gens se soient déplacés pour ça, ça serait mon rêve. Comme on le vit parfois dans un festival, ou comme certains festivals le font à certains endroits en dans le monde où les gens achètent leur billet sans même savoir les groupes qui y seront. C’est mon fantasme ! On veut tous aller voir le gros nom en haut de l’affiche, mais les petits noms sont parfois plus intéressants. Une programmation bien dosée et bien créée, c’est une programmation qui va durer longtemps et qui va se refléter dans les années à venir. Ça se remarque et c’est quelque chose qui est apprécié. On voit trop souvent des festivals de région qui vont booker le band qui suit des cours de musique au local à côté. Pour moi c’est pas ça une p
remière partie, on veut aller un peu plus loin que ça.

 

Le premier spectacle que tu vas produire ?

On en a un déjà annoncé, un très petit spectacle. The Kickback, de Chicago, dimanche prochain ! C’est un band incroyable qui passait par Montréal et à qui j’ai dit de passer nous voir au TRH-BAR. On a aussi White Cowbell Oklahoma, Seb Black et The Matadors qui s’en viennent. J’espère qu’on va vous y voir !

 

Vous êtes curieux et voulez en savoir plus sur Le Hall? Rendez-vous sur leur site web: www.lehall.net!

En Entrevue : Frank Bello (Anthrax)

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18 septembre 2015 – Nous avons eu la chance de discuter avec Frank Bello, bassiste du légendaire groupe Anthrax, à l’occasion du passage du groupe à Montréal avec Motörhead. Nous avons discuté du prochain album du groupe, du Metal Alliance Tour, son projet avec Dave Ellefson (Megadeth) Altitudes & Attitude, de l’avenir des festivals après le déclin des noms qui attirent les foules aujourd’hui, et de l’état des choses dans l’industrie de la musique, entre autres choses!

httpv://youtu.be/WIqpVZx0IyM

Entrevue: Phil Mandeville

Photos & vidéo: Paul Blondé

En Entrevue: Venom Inc @ Montréal 2015

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Jeff “Mantas” Dunn, Anthony “Abaddon” Bray et Tony “Demolition Man” Dolan étaient de passage au Heavy Montréal 2015 sous la bannière de Venom Inc. Thorium en a profité pour passer un peu de temps en leur compagnie.

httpv://youtu.be/HqHmzil-vQk

Entrevue: Albert Lamoureux

Photo: Paul Blondé

En Entrevue: Daniel Erlandsson (Arch Enemy)

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Thorium avait la chance de rencontrer Daniel Erlandsson (Arch Enemy) un peu après leur performance au Heavy Montréal 2015. Au programme de cette entrevue : le dernier album (War Eternal), les changements récents dans le groupes et le succès de leur tournée estivale !

httpv://youtu.be/38f5pNEqnH0

Entrevue: Albert Lamoureux

Photo: Paul Blondé, Thomas Mazerolles

En Entrevue: Sandveiss @ Heavy Montréal 2015

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Thorium a profité du passage du groupe Sandveiss, de Québec, au Heavy Montréal pour discuter de leur été très occupé, de l’avenir de leur musique, de Pentagram et bien plus! Un bel aperçu dans l’univers dans un des plus puissants jeunes groupes de la province.

httpv://youtu.be/49cbXUL3OYs

Entrevue: Phil Mandeville

Photos: Thomas Mazerolles (Heavy Montréal), Paul Blondé (FEQ)

En Entrevue: Steve DiGiorgio (Death To All)

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Notre rencontre avec Steve DiGiorgio, bassiste du légendaire groupe Death et d’une infinité d’autres projets.

httpv://youtu.be/Pk0pzufBrWI

Entrevue: Phil Mandeville

Vidéo & Photo: Paul Blondé

En Entrevue: Vivek Venkatesh (Grimposium)

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5 aout 2015 – En parallèle du Heavy Montréal, loin de ses milliers de visiteurs et fans de tous horizons, c’est perdu au milieu des locaux de l’université Concordia que se passe discrètement un évènement aux nuances plus extrêmes, plus sombres. On annonce des conférences, des expositions d’artistes et des shows le tout ayant un lien avec le metal et surtout le metal extrême. Mais qu’est ce qui se cache derrière cette affiche occulte ?

Pour décrire au mieux les tenants et aboutissants de cet évènement, rien de mieux que de demander à la source. Vivek Venkatesh, créateur du Grimposium, s’est très gentiment prêté au jeu de l’entrevue, juste avant le lancement officiel des conférences, pour mieux éclairer notre chandelle sur cet événement atypique et occulte.

Thorium – Premièrement une très courte présentation de ce qu’est le Grimposium pour ceux qui n’en auraient pas entendu parler?

Vivek Venkatesh – Grimposium est maintenant dans sa deuxième année, j’ai créé Grimposium l’année passée en 2014 pour regrouper des chercheurs et des académiques qui travaillent dans le domaine de la musique metal. Je cherchais un endroit, un lieu physique où l’on pourrait se rencontrer pour parler de le nécessité de l’interdisciplinarité dans le domaine des études sur la musique metal pour poursuivre de nouveaux domaines de connaissance, pour créer de la connaissance. Typiquement, il y a dans le domaine de la culture populaire ou dans la musicologie ou ethnomusicologie, des chercheurs qui font du super boulot et qui traitent des sujets différents dans le domaine de la musique metal. Moi je cherchais un endroit où l’on pouvait mélanger un peu la philosophie, la culture de la consommation, le marketing, la psychologie sociale et communautaire pour mieux décrire les différentes facettes qui touchent ce milieu. C’était comme ça que j’avais commencé mais très vite je me suis aperçu que j’avais pas mal de capital politique et social dans la scène et je voulais m’assurer que ces gens-là comme les musiciens, les journalistes et les artistes visuels, soient bien représentés dans ces discussions et que l’on commence à tenir compte des perspectives des gens qui contribuent à la scène en terme de production (musique, art, écriture). Tout ça en regardant le futur de cette scène et la recherche sur cette scène, c’est comme ça que j’ai développé l’idée de Grimposium.

T – C’est donc vraiment dans le but de rassembler toute la communauté metal pour en étudier les différentes facettes ?

VV – Oui effectivement !

T – Est-ce qu’il y a une dimension pour ouvrir ça aux gens qui ne sont pas familiers avec le metal ?

VV – Pas nécessairement. Ce n’est pas une question d’ouvrir ça au public général. J’ai rien contre le fait que les gens apprécient des genres de musique différents, si les gens aiment le metal ils vont avoir un attrait vers ce genre d’évènement mais sinon pas forcément. Ce que je voulais faire c’était développer un forum public pour discuter des choses sociales liées par exemple au racisme, à la mysogynie… moi je suis spécialiste en pédagogie sociale et en éducation, orienté vers la citoyenneté. C’est important de développer un sens critique et des discussions vers ces sujets parce que ce sont des choses qui existent depuis toujours, mais avec les médias sociaux, avec le développement des médias numériques et mobiles, on a beaucoup plus d’information mais pas nécessairement des connaissances. Comment les gens interagissent dans les scènes niches comme le metal extrême par exemple, pour discuter de choses assez sombres. Voilà le nom Grimposium, grim qui veut dire sombre et symposium.

T – Ok super! Maintenant quelque chose peut être d’un peu plus spécifique à la scène, est ce que c’est un hasard si un événement comme le Grimposium se passe à Montréal ?

VV – Non, ce n’est pas un hasard. Je suis membre de la scène metal montréalaise, je me considère comme un metalleux avant tout. D’avoir une occasion de montrer comment notre scène à Montréal est diversifiée et comment on est capable d’avoir un intérêt de la part de la scène et du public général vers des évènements comme le Grimposium, je pense que c’est très important. Je suis très inspiré, en développant Grimposium et particulièrement cette année, par les conférences d’industries qui se tiennent autour des festivals en Norvège et aux Pays Bas. J’ai été invité, surtout à Oslo et puis aussi au Roadburn (Tilburg, Pays Bas – ndlr), ils font un effort pour avoir des évènements, des conférences, avec des joueurs clés dans l’industrie du metal. Avec des propriétaires de maison de disques, des promoteurs, des journalistes, des musiciens bien sûr et le fait de côtoyer ces personnes pendant la journée et de voir un spectacle de ces mêmes personnes dans un petit club, c’est ça qu’il m’intéressait de développer. Ce genre d’interaction dans la musique entre le public, entre la scène et les producteurs de la musique et de l’art visuel dans cette scène. Ce n’est pas un hasard parce que Montréal est très ouvert à ça, on a une grande communauté de metalleux avec des gens qui apprécient un metal plus commercial comme on voit souvent dans les grands concerts au Centre Bell ou au Heavy Montréal. Mais il y a aussi une place pour le metal extrême plus niche et c’est ce que j’aime beaucoup avec les promoteurs comme Evenko qui organisent le Heavy Montréal. Ils réussissent à regrouper des groupes cultes comme Pig Destroyer qui vont monter sur la même scène que Slipknot. Ça c’est quelque chose de très difficile à réussir. C’est important aussi de montrer les différentes facettes du metal extrême et eux ils réussissent bien ça. C’est pourquoi moi je veux bien continuer ce partenariat avec ce genre de promoteurs car ils me laissent la liberté de créer des évènements assez cultes et de niche comme Grimposium. Je ne suis pas là pour promouvoir le metal, même dans la scène, même avec le public. Si des gens viennent c’est qu’ils sont intéressés et moi j’ai le pouvoir de regrouper par des contacts personnels des gens de Norvège, des Etats Unis, du Canada qui peuvent alimenter le programme de recherche que je mène dans ce domaine. C’est vraiment important pour moi. Dans un sens si les gens apprécient ça, tant mieux pour eux mais au bout du compte le programme de recherche doit tenir compte des membres de la scène, ce que l’on ne fait pas assez souvent je trouve dans ce domaine d’étude.

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T – En marge du Festival et en partenariat avec le Heavy Montreal on a cette année des shows dans plusieurs endroits à Montréal (lien en fin d’articles – ndlr). Dans l’hypothèse d’un budget infini et que toute collaboration est possible (sans pour autant ressusciter les morts) quel groupe voudriez-vous faire jouer? Qui représenterait donc le mieux l’esprit du Grimposium et pourquoi?

VV – Pour moi, peu importe le budget et même si on me demandait de rêver, j’ai déjà réussi ce que je voulais faire avec Grimposium. Tout d’abord je voulais amener le groupe Cardinal Wyrm qui a joué hier soir aux Katacombes parce que j’ai une connexion personnelle avec eux et que je trouve que leur genre de musique, la façon dont ils jouent, le doom metal avec un coté très philosophique disons, leurs paroles montrent que c’est très important d’avoir une réflexion sur la mort, la désolation… ça m’attire beaucoup ! Le fait qu’ils puissent trouver le temps de venir jouer ici à Montréal, leur tout premier concert au Canada, ça c’est quelque chose que jamais je n’aurais même rêvé faire ! Ça c’est très important pour moi. Et la deuxième chose qui était aussi un rêve mais qui est devenu réalité c’était de voir Gorguts qui est un de mes groupes préféré, je les suis depuis toujours ! De pouvoir co-présenter Gorguts aux Katacombes, dans un lieu culte et petit où ils vont pouvoir tous les quatre jouer pour une salle remplie de fanatiques de leur death metal, je trouve ça super. Je donnerai le crédit complet du partenariat avec Heavy Montréal pour ça. Dès qu’on a commencé à parler de ce partenariat, moi je leur ai dit « écoutez je voudrais avoir une soirée de première, gratuite, pour le public montréalais » et cette soirée je la voulais avec une approche multimédia, avec des films, des sessions d’écoute et aussi des groupes qui n’avaient jamais joué à Montréal. Et on a réussi à faire ça hier soir ! Gorguts c’était vraiment grâce à Evenko. C’est un partenariat mais ce sont eux qui ont réussi ce coup là. It’s one of the best thing that could have happened! From a personal stand point. Now how other people enjoyed or not, i really don’t care. Pour être vraiment franc, je fais ce que je peux avec le Grimposium parce que j’ai un intérêt personnel, parce que c’est quelque chose qui alimente le programme de recherche mais ça montre ma personnalité. Ça montre la façon dont je pense et c’est une réflexion de ma personnalité, de mon individualisme. Je fais ça purement pour définir mon individualité. Ce que je fais maintenant je ne compte pas le refaire l’année prochaine, on peut oublier ça.

T – Justement c’était ma prochaine question ! Donc pas de prochaine édition ?

VV – On peut oublier une semaine d’activité avec des petits shows comme ça ou une semaine avec des conférences… je vais faire ça une fois, c’est très important mais ça m’a pris cinq sinon six ans de développer ces contacts personnels avec les gens qui viennent. Eux ils prennent un gros risque en venant ici pour parler de choses comme leur carrière au début mais aussi des choses assez tendues. C’est pas de la gnognotte ! Il va falloir dix autres années d’immersion dans la scène pour trouver des joueurs clés comme ça. Et je comprends aussi que les gens que j’invite ici me traitent comme une personne clé dans l’industrie du metal. Alors pour moi c’est une question de refléter ça dans notre scène mais le prochain évènement que j’ai c’est en Norvège. J’ai organisé une soirée à Bergen, j’ai parlé avec Ivar Bjørnson (guitariste d’Enslaved, ndlr) et il a un projet de musique électronique, BardSpec, et j’ai assisté à son tout premier concert aux Pays Bas. On a discuté sur la possibilité d’une soirée avec ce groupe à Bergen, sa ville natale, et il a accepté de préparer une édition spéciale de Grimposium avec moi, avec des visuels pour sa performance que je vais préparer ici à Montréal. Donc ce sera une collaboration avec Ivar, à Bergen, le prochain Grimposium, mais toujours très petit, très culte, dans une petite salle garage connue comme une des meilleures salles de Bergen. Pour moi c’est une question d’élargir les limites de la musique metal extrême et aussi de montrer qu’il y a une attitude très progressive, comme celle d’Ivar par exemple. Pour moi c’est déjà un rêve réussi d’avoir fait ça à Montréal mais je ne sais pas encore ce que je vais faire après tout ça. Ça va dépendre des fonds de recherche, des connexions que j’ai, si je continue d’avoir ce capital dans la scène aussi. Les gens ne vont pas venir s’ils trouvent que ce que je fais n’aide pas à augmenter la visibilité de la scène ou bien sa réputation. Si quelque chose que je fais nuis à la réputation de la scène, bien sûr j’aurais besoin de repenser à ça. Ma loyauté va au programme de recherche et à la scène. C’est une question d’équilibre entre ces deux perspectives.

T – Super ! C’est vraiment très intéressant ! Merci beaucoup pour la discussion !

VV – Merci à toi pour les superbes questions !

T – Peut être un petit mot pour la fin ? Quelque chose à rajouter que j’aurais oublié ?

VV – Non je ne pense pas, j’espère que les gens vont venir assister aux conférences et voir les expositions d’art. C’est du jamais vu et on ne reverra jamais ça !

Pour retrouver un petit compte rendu d’une partie des évènements du Grimposium et les concerts en partenariat avec Heavy Montréal c’est par ici !

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Auteur & Photographe : Thomas Mazerolles

En Entrevue : Chris Jericho (Fozzy) @ Heavy Montréal

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Thorium a eu la chance de discuter avec Chris Jericho, chanteur du groupe Fozzy hier. Ils ouvriront la scène principale ce dimanche à Heavy Montréal, armés de leur plus récent album Do You Wanna Start A War et d’une volonté de fer pour vous prouver que le premier spectacle d’une journée est aussi important que le dernier. L’entrevue est présentée ici dans son format original (anglais) pour nous permettre de vous la transmettre plus vite avant le festival !

Thorium Mag : You will be in town opening the last day of Heavy Montreal on the main stage. How psyched are you?

Jericho: We played in every other major festival in the world. It’s an honor to finally play one of the biggest festivals in North America. We’re playing at a great time and I’m very excited to give people a taste of Fozzy!

TM : Any particular bands you’re psyched to share the stage with?

J: We’ve played with most of the bands in the past, I’m mostly very excited to be able to catch up with people like Randy Blythe, speak with him early in the day and maybe catch a bit of his show later on. Slipknot is playing also, so I’ll try to catch that. It’s kind of going on a summer vacation, when you’re walking around backstage, it’s like: “Oh, here’s that guy, here’s this guy!” it’s a good time to catch up with old friends , even if I don’t necessarily have the time to watch them play live.

TM : It will be the first time Fozzy will play the festival. How much did you know about Heavy Montreal before getting on the bill?

J: We heard quite a bit in the last 4-5 years. We’ve played all the big ones, like Download, Soundwave, Wacken, We know what festivals mean to each country, we played ’em all. Heavy Montreal was the last one, and when we got the invitation it was a big victory for us, because now we’re getting a shot. We’re gonna tear the doors open and start off the show. It’s one of the best spots of the day, you know the old saying: If you don’t go on last, you’re better off going on first! We’re perfect for the festival vibe because we’re a good festival band. We want everyone to have a good time, we have a good time on stage. A metal festival is special because everyone is out to have fun, have a beer, hang out, be engaged. We know how big Montreal is, we know how important it is. For us, it’s great to be a part of it and we’ll try to be one of the highlights of the festival.

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TM : You released a new album last year, called Do You Wanna Start a War. What can you tell us about it?

J: It’s a very diverse record! It’s got twelve great songs, and we didn’t worry about making it too heavy, too rocky, too poppy or whatever and it paid off! It’s our highest selling record ever. We’ve been selling out shows on all tours since, we got to play Download, Wacken, Heavy Montreal, touring with Slash, Theory of a Dead Man, Down, we’re going out with Kiss in October. It’s been a pretty cool last year since War came out.

TM : You have a lot coming up: Tour dates in autumn, and the Kiss Kruise in October.

J: Yeah, the Kiss Kruise is huge! Any time you have a chance to get invited to tour with Kiss, on a cruise, you just go “Holy shit, YES! And this is a job in what way?” and then we’re going out to Europe to continue touring on the new record.

TM : Speaking about cruises: What do you think of the cruise shows like Motörhead’s Motörboat and 70,000 Tons of Metal?

J: Hey, why not! I think in this day and age, anything you can do to get people’s interest and draw people to the show is good. People buy less and less records, it’s hard to get them to go to rock shows because they’re so many choices and bands trying to make a living out of it, it’s hard to get people to pay money for a show. If going on a cruise is one way to do it, great! You’re still going to see your favorite bands, maybe two or three times in a short period of time, plus you get some of their favorite bands on there too. You can even catch them on deck, I don’t really know  how it works, I’ve never been on one of theses cruises before. It’s a very exciting opportunity for us.

TM : The big mix of bands is sometimes a blessing or a curse. Is the vast offer of bands beneficial?

J: I think there’s always been a lot of bands. People always get into bands, and if you take a hundred bands, maybe ten of them are good. Out of those ten, maybe five make money out of it. Out of those five, two make a living and only one gets rich. Now, the margins to survive are getting smaller and smaller. I’m not gonna cry about it, but something new’s gotta be invented to give a revenue stream to the bands themselves. Holograms, teleportation? Sure, whatever! But the old way of doing things, records, DVD’s, TV, it’s done! I mean, I buy albums maybe once a week, but I can’t remember the last time I bought an actual CD. Not even that, most of the time you don’t even have to buy it. You just go out and stream it! That is on big revenue stream that’s gone. Now we have live shows and merchandise. That’s good, but we’re still in need of something else to compensate for the loss of the sales of the recording industry. At some point we’re gonna have to do something, but right now we’re stuck between the past and the future.

TM : With four albums of original material and a bunch of covers, how hard is it to build the perfect Fozzy setlist?

J: There’s two answers to this. A, it’s hard, B, we got it down. We toured with so much different bands and we did so many shows… Let’s say you start with fifteen songs for a good set as a headliner. That’s about an hour. We’re gonna play in Hamilton before coming to Montreal, about 45 minutes so that’s ten songs. In Montreal, we got 30 minutes so I’m not gonna talk as much on stage, we’re gonna have time for six and maybe squeeze a seventh song in there. You have to start strong, play your sing-alongs and play your biggest songs at the end. Hopefully by then you’ve killed the crowd! Thing is, we started with 15 songs to play but we only had time to play six of ’em. It really does hurt sometimes. It’s like editing a book or editing a movie, you don’t want to cut a song out, but what else are you gonna do? Tell yourself, “For this crowd, if only I had 45 minutes!  I can’t cut that song!” and you keep adding them up and you end up at 60 minutes anyways. You really have to pick your four or five best ones and switch one or two in there. That’s really the only way to do it, and there’s always people who’re gonna ask, why didn’t you play Enemy, or Spider in my Mouth, or Eat The Rich? I’m always like, sorry! We just don’t have time to play all of our songs!

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TM : Of all Fozzy songs, what would you say is your favorite one to sing?

J – To sing, I’d have to say Sin and Bones, the title track from our last record. It’s fast, thrashy, and the lines in it are really catchy. It’s one of our songs that the crowd likes best, along with SOS when we go into Lights Go Out. These songs are one of the craziest parts of the set. Those two songs really go hand in hand to tear the house down and are really fun to sing as well.

TM : Fozzy kind of has the rep of “that band with a wrestler as a frontman”. How do you think it plays out in terms of the attention the band gets?

J: It’s not the rep we try to keep, it’s like saying The Pretty Reckless are the band which is fronted by the girl from How The Grinch Stole Christmas or Thirty Seconds To Mars is the band of the guy who won an oscar for the movie Dallas Buyers’ Club. The way I see it is like this: Of course I wrestle. But it’s not like Fozzy is in the middle of a ring, and I’m singing about body slams and hitting people with chairs. It’s what I do! Kiss wear makeup, Slipknot wear masksm but in the end either you’re a good rock n’ roll band or you’re not, and that’s what I focus on. I know when a band kicks ass, when they can write a good song and give a great show. Yeah, I wrestle, if that’s not your hting and you don’t like that, there’s nothing I can do. I think in the last several years we’ve proved that people don’t give a shit that Jericho‘s a wrestler, because when you see Fozzy get on stage, we kick ass. If you don’t like it, move over and let the people who do get a better seat. That’s never gonna change! We never bring it out because it’s not relevant.

TM : You let the music do the talking, right?

J: Exactly! That’s the same with Kiss, Paul Stanley, Corey Taylor or whoever you want to talk about. If you’re too hung up on the fact that Slipknot wear masks, then you’re not gonna like them no matter what! They wear masks, they’ll always gonna do. They’ll even make more! Let’s just get that stuff out of the way and, as you said, let the music, let the show do the talking.

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TM : Was music a big part of your life before Fozzy?

J: I’ve been singing in bands since I was 12 years old. When I was a kid, I had two goals in my life. I wanted to play in a rock n’ roll band and I wanted to be a wrestler. I was just oblivious to the fact that people thought I couldn’t actually do it. It was my choice, I wanted to do both and I went for it. That’s why I do both these things, it’s just who I am. They’re not that far apart, it’s just show business, it’s putting on a performance and I love it.

TM : You have had tremendous success in both wrestling and music.  Is there anything that is too much of a challenge for Chris Jericho?

J: I’m m not sure if anything is too much of a challenge but I’m definitely not scared by a challenge. You just have to follow your guts, follow your dreams. Every time somebody told me that I couldn’t be in a band, or that I couldn’t be a wrestler… When I started wrestling, people told me: “Are you crazy? You’ll never make it!” and you know what? I learned very quickly that the people who told you that you can’t do something are the ones that have failed. You need to get rid of all the negativity that’s around you and just try. Just go for it! I read Arnold Schwarzenegger’s autobiography and he says in there that when he was a kid in Austria, he wanted to be the world’s most famous bodybuilder and the world’s most famous actor. For a punk kid from Austria, do you know how crazy that sounds? He threw himself at it and it worked out. That’s how I did it, thinking “What can I do to make it work?” and you can see how it turned out for me.

TM : Last of all, what can you say to the metalheads that aren’t sure to come out early sunday afternoon for Heavy Montreal? 

J: You don’t wan’t to miss the best band of the day. You don’t want to miss the best entertaining band of the day. You don’t want to be that guy that, when people ask you “Did you see Fozzy?” you go “No…” because all you’re gonna hear is people telling you that you missed out, and that it was the best show of the day! Fozzy is entertaining, fun, energetic and we’re gonna go on stage and own it! A show like Heavy Montreal, you can be sure we’re gonna go up there and kill it. That’s how we do it!

httpv://www.youtube.com/watch?v=OcstEKo1e7c

Auteur: Phil Mandeville

Archives Photo : Mihaela Petrescu (Thorium Mag)

Entrevue: Triggerfinger @ Hellfest (France)

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Thorium a eu l’occasion de rencontrer Paul Van Bruystegem alias Mr Paul, le bassiste de Triggerfinger, à l’occasion de leur passage au Hellfest. Ce personnage sympathique nous a offert son temps et sa bonne humeur pour une petite entrevue.

Thorium: Vous venez au Hellfest pour la première fois, connaissiez-vous le festival avant ça ?

Mr Paul : Je connaissais le nom, mais je ne savais pas du tout qu’il y avait autant de groupes à l’affiche et de très bon groupes ! On est arrivés ici à 18h et en fait on voulait tout voir : ZZ Top, Slash et Killing Joke qu’on a vu un petit peu, Faith No More… il y’en a trop !

Thorium: Qu’est-ce qui vous a amené à jouer ici ?

Mr Paul : “Et bien, c’est notre booker qui nous a annoncé ça : « Vous allez au Hellfest ». Quand on entend le nom  Hellfest , on se doute bien que ce n’est pas un festival folk. En fait, nous souhaitons de plus en plus jouer dans des festivals vraiment rock parce que c’est ce que nous aimons.
Nous avons fait un petit tube, bon allez, un grand tube… nous avons fait la reprise de Lykke Li, I Follow Rivers  et à la suite de ça, nous avons joué sur des festivals plutôt pas mal mais beaucoup plus mainstream… Au final, on ne se sentait pas très à l’aise, nous ne n’étions pas dans notre univers.”

Thorium: Le Hellfest est essentiellement un festival metal et il y a beaucoup de groupe métal extreme, hardcore, death metal, balck métal… Comment vous situez-vous par rapport à ces groupes ?

Mr Paul : “Oui il y a plein de styles différents ici, tu as des classiques comme Venom, tu as Slash qui est plutôt du rock mainstream américain et puis Killing Joke c’est vraiment les années 70/80… Nous on vient plutôt du blues et du rock, du coup je trouve qu’on se mélange bien aux autres styles. On ne fait pas du métal mais du rock dur avec plein de blues et d’énergie et notre petit plus c’est peut-être l’humour et la folie. On ne rit pas avec la musique, non, ça on le prend très au sérieux mais entre nous, on délire. Moi j’ai 57 ans, et on croirait que je suis drogué tout le temps, mais non, je m’éclate juste. Notre musique n’est peut être pas du métal ou de la musique extrême mais dans la tête on est clairement plus proche de cet univers.”

Thorium: Vous avez créé le groupe en 98 mais votre carrière a vraiment décollé autour de 2010 avec l’album All This Dancin’ Around. Parlez-moi un peu de votre parcours ?

Mr Paul : “Oui, moi je suis arrivé un peu plus tard, à la base je suis guitariste. J’ai beaucoup joué en France avec Beverly Jo Scott, la chanteuse américaine. Ça fait donc 10 ans que je joue avec Triggerfinger, avant c’était Wladimir Geels. Nous avons toujours beaucoup joué en live, environ 3 à 5 fois par semaine. Il n’y a pas grand chose qui a changé depuis, sauf les lieux qui sont devenus plus grands et les fans qui sont plus nombreux, et c’est fantastique ! Tu sais, être en concert ce n’est pas la chose la plus intelligente que l’on puisse faire dans la vie mais c’est tellement bon… même juste une heure de live, c’est le moment où tu apprécies le fait d’avoir passé des heures sur la route, on oublie tout quand on est sur scène. Ça fait 40 ans que je fais de la musique mais avec Triggerfinger c’est spécial, il y a quelque chose de presque chimique qui se passe entre nous trois. Quand ils m’ont demandé de jouer de la basse, alors que je suis guitariste j’ai tout de suite senti que ça marcherait car je ressentais une connexion particulière entre nous et tu vois, je suis très heureux d’avoir dit oui. Ils m’auraient demandé de jouer du triangle, j’aurais aussi accepté (rires…)”

Thorium: Vous avez repris différentes chansons comme Sweet Dreams, Mercy Down et bien évidemment I  Follow Rivers qui a cartonné. Comment avez-vous choisi ces titres, pourquoi?

Mr Paul : “Tu sais, souvent les groupes qui tournent beaucoup comme nous – à l’époque il y avait The Rolling Stones ou The Who – et bien quand tu joues beaucoup tu veux aussi t’amuser, et c’est pas tous les jours que tu peux écrire un nouveau morceau. Quand tu es avec tes potes, tu peux dire : « ah tiens, tu connais ça ? » et tu joues un morceau que tu aimes bien, d’un coup, ça part en bœuf avec les copains et c’est fun. C’est toujours un peu comme ça que ça se passe, rien n’est planifié, on improvise. La chanson de Lykke Li par exemple, c’était pour la radio et il était 6h du matin, on ne savait pas quoi jouer et nous étions obligés de jouer un de nos morceaux ainsi qu’une reprise du top 50 en direct. Il y a que de la dance, de la techno…il n’y avait pas grand-chose que l’on pouvait faire et Ruben nous a dit « ça c’est pas mal » en parlant de I Follow Rivers, et voilà qu’à 6h du matin nous cherchions les accords. Mario a pris une tasse de café et des cuillères et hop, il nous a fait le rythme et Ruben s’est mis à siffler. Jusqu’à la dernière minute il se demandait s’il allait jouer sur la guitare ou bien siffler. Très honnêtement je me demande si ça aurait aussi bien marché s’il n’avait pas sifflé justement…c’est vraiment un pur hasard. Le soir même nous avions un concert et les gens nous ont dit que c’était super, la vidéo était déjà sur Youtube et voilà… le single, uniquement disponible en version live a été récompensé (Or en Allemagne et double platine au Pays-Bas et en Belgique). Pour les autres reprises, c’était vraiment pour s’amuser avec des titres qu’on adore comme Sweet Dreams.”

Thorium: Votre 4ème album studio By Absence of The Sun est sorti il y’a plus d’un an maintenant. Aujourd’hui quel est votre ressenti sur cet album ?

Mr Paul : ” Pas de regret ! C’est comme quand on prend une photo : c’était nous à ce moment là. Maintenant, une année plus tard, je me dis parfois que l’on aurait pu faire certaines choses différemment mais c’est trop tard. Ça me fait ça avec tous les albums, tous les musiciens pensent un peu comme ça, parce qu’on évolue, on n’arrête jamais… Dans tous les cas nous sommes très contents, c’était une très bonne expérience, c’est le deuxième album qu’on enregistre en Amérique dans un grand studio. Ça sera peut-être différent pour le prochain, je ne sais pas…”

Thorium: Quelle est la chanson que vous préférez jouer en live?

Mr Paul : “Ahhhhhh… (long moment de réflexion) C’est difficile parce que très honnêtement il n’y en a aucune que je n’aime pas jouer. Si je devais choisir, moi personnellement, ce serait deux titres que l’on va jouer ce soir : On my knees et My baby’s got a gun. Ah oui, et puis aussi Camaro. Je ne sais pas trop comment l’expliquer sauf pour On my knees que j’ai découvert avant de faire partie du groupe, en tant que spectateur je m’étais dit « woooooooaw ». C’est d’ailleurs le seul titre que l’on joue à chaque concert depuis 10 ans, c’est moi qui dis « ah non hein, on ne l’enlève pas je veux la jouer » (rires…). C’est un morceau qui est lourd et qui monte vraiment en intensité, c’est impossible de ne pas bouger quand on l’entend.”

Thorium: Que pensez vous du public français ?

Mr Paul : “Ce que j’aime vraiment en France quand on joue My baby’s got a gun, c’est que tout le monde est hyper silencieux, on n’entend pas un seul bruit. En Hollande on nous aime bien, mais les gens parlent tout le temps quand cette chanson commence alors qu’en France c’est le calme complet, et puis, quand ça démarre les gens deviennent fous d’un coup. Ça j’adore ! Les français sont très attentifs, c’est très chouette pour jouer et ça donne envie de donner encore plus. Hier, nous étions à Moscou en Russie et nous avons eu une réaction de la part des gens que nous n’avions encore jamais vu. Quand Ruben a dit « Jump », les 50 000 personnes du stade se sont mises à sauter, c’était hyper impressionnant ! Mais bon les russes sont toujours un peu bourrés pour faire la fiesta, en France les gens sont plus calmes mais on sent qu’ils nous aiment vraiment. En Belgique par contre, ce n’est pas très agréable… les gens nous écoutent sans grande conviction, juste parce qu’on est du coin. C’est bien d’être ici.”

Thorium: Vous avez dû annuler votre venue à Toulouse aux côtés de Placebo le mois dernier, projetez-vous de venir cette année pour rattraper le coup ?

Mr Paul : ” Franchement je ne sais pas. Tu sais, après le succès de I Follow Rivers, on pleurait presque tous les trois dans le bureau du manager pour lui dire « arrête on ne peut plus » tellement nous étions épuisés, on devait encore faire un album et on arrêtait pas entre les voyages, les interviews, les concerts… on était proches du burn out. Du coup on a ralenti le rythme, on veut bien jouer beaucoup mais pas au point d’en crever non, non… on veut donner de la qualité aux gens. Tout ça pour dire qu’on ne choisi pas nos dates, donc finalement je ne peux pas te répondre…”

Merci à Triggerfinger, Mr Paul et leurs équipes de nous avoir accordé de leur temps.

Auteur: Fanny Dudognon

Photos: Antony Chardon

Conférence de Presse : Ben Barbaud @ Hellfest (France)

Hellfest-logo

La 10ème édition du Hellfest Open Air Festival vient de se clore. Comme chaque année c’est l’occasion pour Ben Barbaud (président de l’Association Hellfest Productions) de revenir sur cette édition et de répondre aux questions de la presse. Durant un peu plus de 30 minutes il reviendra sur la possibilité de voir débarquer Metallica au Hellfest, la vente des billets de l’édition 2016, la “re-vente” du festival à Gérard Drouot Productions, le changement des équipes de sécurité, les actes de vandalisme à l’encontre du festival, …


Vidéo et montage par : Antony Chardon

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