Le groupe américain Trivium a acquis au cours des années une solide notoriété qui va bien au delà du metalcore, style avec lequel ils se sont fait connaître. C’est donc pour une deuxième fois cette année qu’on les retrouvait en ville mais cette fois-ci en tête d’affiche avec un line-up pas piqué des vers composé de Between The Buried And Me, Whitechapel et Khemmis. Et si je me fiais à la densité de la foule à mon arrivée, ça promettait d’être un succès.

Khemmis : Un heavy/doom metal de qualité

Avec une foule surtout composée de fans de metalcore, je ne savais pas trop comment le groupe de doom metal Khemmis allait pouvoir tirer son épingle du jeu. C’est une formation que j’ai souvent vu en spectacle par le passé et j’ai toujours apprécié leur matériel. C’est avec la pièce Avernal Gate que tout a commencé et j’ai été grandement surpris par la qualité du son qui était vraiment excellente (surtout pour un groupe de première partie). Ça punchait fort et ça rockait solidement et les gens présents ont vraiment eu l’air d’apprécier. Leur chanteur nous a mentionné à plusieurs reprises qu’il adorait Montréal, peut-être même au point de vouloir emménager, ce qui en a fait sourire plusieurs. Ce que j’aime avec la musique de Khemmis, c’est que malgré la pesanteur typique du doom, ils ont une sonorité très rock ‘n roll/vieux heavy metal qui fait vraiment la différence et, surtout, donne envie de s’acheter un coat de cuir. Après nous avoir lancé quelques chansons dont le single Sigil, ils ont finalement fini leur set avec l’excellente A Conversation With Death. Les gars de Khemmis ont offert une excellente prestation et je crois qu’ils seraient dus pour une petite tournée en tête d’affiche.

SetlistAvernal Gate, Three Gates, Sigil, Isolation, A Conversation with Death

______________________________________________________________________________________________________________________________

Whitechapel : Une prestation en dents de scie

Malgré le fait que je vais voir des spectacles depuis plusieurs années, je n’avais jamais vu Whitechapel en spectacle (le deathcore n’est pas ma tasse de thé à la base). C’est un band que je n’ai jamais vraiment suivi non plus et tout ce que j’avais entendu était que les albums récents étaient beaucoup plus soft. Je m’en suis rapidement rendu compte avec les deux premières pièces qui ont quelque peu plombé l’ambiance par leur manque d’agressivité. On va se le dire, ce n’était pas mauvais du tout, mais je pense que les gens s’attendaient clairement à autre chose. Mon impression a été confirmée quelques instants plus tard lorsqu’ils ont commencé à piger dans des chansons plus vieilles et c’est uniquement à ce moment-là que le pit a réellement commencé à s’activer de façon convaincante. Phil Bozeman est celui qui s’est vraiment le plus démarqué par ses vocals bien maîtrisés et par sa prestance, mais on sentait qu’il était agacé de voir la parterre aussi statique. Un groupe qui change aussi radicalement de style est souvent un pari risqué et ça a peut-être nuit à Whitechapel qui, malgré les faibles réactions de la foule, s’en sont bien sortis quand même.

Setlist : I Will Find You, Anticure, Lost Boy, Orphan, This Is Exile, A Bloodsoaked Symphony, Doom Woods

______________________________________________________________________________________________________________________________

Between The Buried And Me : Éclectique à l’os!

La dernière fois que j’ai vu Between The Buried And Me en spectacle c’était en 2019 au Théâtre Corona et j’avais vraiment été flabbergasté par leur musique. J’étais donc assez hype de les entendre à nouveau, surtout que leur album Colors II est vraiment excellent. C’est avec Sun Of Nothing tirée du premier volet de Colors que tout a commencé et c’était la première fois qu’on pouvait sentir que du monde s’était déplacé spécialement pour eux. Leur style est assez difficile à décrire tellement ça part dans tous les sens mais disons qu’on pourrait résumé ça à proggy! Toutes les pièces se sont enchaînées pour donner un bloc musical étourdissant et fascinant de presque une heure. Entre l’excellent vocal de Tommy Giles Rogers et les musiciens qui savaient nous surprendre avec des tournures musicales des plus inattendues, c’était tout simplement hypnotisant de les regarder aller. La preuve a été que personne ne s’activait vraiment au parterre, trop occupés à scruter les musiciens et à essayer de discerner chaque note. C’est avec The Future Is Behind Us que tout s’est terminé et, bien honnêtement, j’en aurais pris plus. Je pense que Between The Buried And Me en spectacle est une expérience en soi et vaut amplement la peine d’être vue (et entendue). J’ai passé un très bon moment et je vais certainement rester à l’affût quant à leur prochain passage en ville.

Setlist : Sun of NothingRevolution in LimboExtremophile EliteNever Seen/Future ShockThe Future Is Behind Us

______________________________________________________________________________________________________________________________

Trivium : Une solide performance

Après la prestation de Between The Buried And Me, un grand rideau blanc a été descendu devant la scène et deux statues de dragons aux yeux rouges ont été placées de chaque côté. Après avoir fait jouer Run To The Hills d’Iron Maiden où tout le monde chantait à l’unison, le fameux rideau est tombé et le groupe a entamé la chanson What The Dead Men Say dans un décor très oriental clairement inspiré du style ukiyo-e. On a enfin un moshpit convaincant et peut-être même trop alors que leur chanteur Matt Heafy a dû arrêté une de leurs chansons pour s’assurer que certaines personnes étaient en sécurité. D’ailleurs, ce dernier était très en voix et très communicatif avec la foule, la narguant en disant que Toronto avait été mieux (on connait la chanson). Pour cette tournée, ils sont allés piger dans presque toute leur discographie, allant de chansons plus vieilles comme Like Light To The Flies et A Gunshot To The Head Of Trepidation jusqu’à In The Court Of The Dragon, sans oublier Shogun et To The Rats. Dans l’ensemble ça sonnait assez bien et ça a brassé au parterre du début jusqu’à la fin. Ils ont d’ailleurs fini ça en beauté avec leur classique In Waves qui ne manque jamais de faire headbanger tout le monde. Avec un MTELUS aussi bien rempli (presque à guichet fermé), on peut dire que c’était mission accomplie pour Trivium qui ont démontré qu’ils font désormais partie des grands noms du métal.

Setlist : What the Dead Men Say, Into the Mouth of Hell We March, The Sin and the Sentence, Like Light to the Flies, Amongst the Shadows & the Stones, A Skyline’s Severance, The Shadow of the Abattoir, In the Court of the Dragon, To the Rats, The Heart From Your Hate, Shogun, A Gunshot to the Head of Trepidation, In Waves

Auteur : Maxime Pagé

Photographe : Josian Neveu