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30 octobre 2013 – On n’est pas à un revirement près. Annoncé en tant que comédie, The Saint-Leonard Chronicles surprend par sa tournure dramatique où les révélations choquantes et les prises de becs colorées abondent. On n’assiste pas à un autre Mambo Italiano (également scénarisé par Steve Galluccio), mais on ne distribue pas non plus les mouchoirs. Portrait d’un souper italien…

La pièce se déroule entièrement dans la cuisine et salle à manger d’un duplex à Saint-Léonard. Venant confirmer le stéréotype italien, le repas est tout sauf tranquille : lorsque le jeune couple annonce à leur famille leur intention de déménager dans la banlieue du West Island, c’est le « facepalm » collectif. Hormis les proverbiaux plants de tomates de jardin, le spectateur peut également saisir de nombreuses références à la sous-culture de l’arrondissement italien : on parle notamment du supermarché multiculturel Bonanza et de cette «compétition» de la maison ayant le plus beau pavé uni. Les expressions typiques ne manquent pas non plus, comme en témoignent le syntaxiquement incorrect « Me, I […] » et les populaires vulgarités « Minchia » et « Vafangula ».

Très expressifs, les acteurs ne se gènent pas pour augmenter le volume de leur voix. J’aime particulièrement la grand-mère Dora (interprétée par Jocelyne Zucco) : très crue, elle dit tout ce que son esprit légèrement teintée de sénilité cogite, le tout sans aucun filtre : souvenirs de guerre et d’immigration, commentaires osés (surtout du type too much information), jugements désapprobateurs… Puis, il y a Carmine (interprété par Michel Perron), toujours présent pour sortir une réplique amusante, même lorsque l’atmosphère est au drame.

Recommandable la pièce ? Oui. Évidemment, ça aide beaucoup si on est bilingue et qu’on baigne dans la culture montréalaise. Connaître quelques mots d’italien vient complémenter certains segments, mais n’est pas essentiel à la compréhension générale de l’histoire. Dans sa version originale, la pièce est présentée en supplémentaires jusqu’au 1er décembre, mais M. Galluccio nous promet une version française pour bientôt. Avis aux amateurs de chicanes de famille!

Auteur : Mathieu Bonin

Crédit photo : Luce Tremblay-Gaudette

Pour en savoir plus : The St-Leonard Chronicles