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6 juin 2013 – Ce samedi, la majestueuse Maison Symphonique de Montréal se transformait en cathédrale au son éclairé du Soweto Gospel Choir. Un concert coloré et énergisant, offrant à une salle pleine à craquer une messe musicale entraînante. Un voyage chargé d’âme aux couleurs Sud-Africaines.

Prêchant la bonne parole aux quatre coins du monde depuis 2002, la formation musicale du Soweto Gospel Choir poursuit son ascension fulgurante. Originaire du célèbre township en banlieue de Johannesburg, où naquit la révolte anti-apartheid, la troupe aux deux Grammy Awards s’est hissée par son chant fédérateur comme ambassadrice de la liberté Sud-africaine. À l’heure où s’éteint son héros, le spectacle du Soweto Gospel Choir avait par conséquent une saveur toute particulière.

Vêtus de longues robes colorées, les neuf femmes et onze hommes composant la troupe ont distillé leur joie de vivre. Les chants classiques de gospel (This Little Light of Mine , Amen) se mêlaient harmonieusement aux chansons africaines traditionnelles ou contemporaines, et mêmes aux  hits internationaux (Bridge Over Troubled Water de Garfunkel, Many Rivers to Cross de Jimmy Cliff et Angel de Sarah McLachlan). Sublimés par des voix aux multiples teintes, ces chants étaient soutenus par un ou deux djembés, quelque fois un clavier, et rythmés par des danses tantôt zouloues, tantôt hip hop ou gumboot, cette danse née sous les pieds des mineurs noirs durant l’Apartheid.

En ce samedi après-midi, les pieds claquaient, les jambes s’élançaient, les corps vibraient. Acrobatiques, théâtraux, chargés d’humour, spirituels et généreux, les artistes Sud-africains ont conquis le public montréalais qui, bien que frileux pendant la majorité du spectacle, s’est enfin levé, traversé d’applaudissements. À la demande de la troupe pleine d’entrain, la foule a dandiné sur le célébrissime Pata Pata de Miriam Makeba. Nous étions loin des églises africaines et de leur énergie transportante. Les chants étaient propres, maîtrisés. Mais leur beauté n’en était pas moins resplendissante.

Je retiens de ce concert haut en couleurs trois instants mémorables, empreints de magie et d’engagement poignant. Asimbonanga chanté par une femme à la voix claire et puissante, soutenue par un djembé et les chœurs. Célèbre chanson du groupe sud-africain mixte Savuka, Asimbonanga (« Nous ne l’avons pas eu ») a été écrite en zoulou et en anglais comme un cri musical et politique dédié à Mandela, quand celui-ci croupissait dans la prison de Robben Island. Un chant qui fût à l’époque l’effet d’une bombe tant il était audacieux. Je retiens également l’hymne à la liberté, chanté avec une joie de vivre débordante, en hommage à Madiba. Un hommage retentissant à défaut d’être larmoyant. Car c’est la joie vie qu’on retiendra en sortant avec la foule compacte et revigorée de la Maison Symphonique de Montréal. Une vie célébrée en couleurs, avec cœur, humour et engagement. Les notes de Oh Happy Day, dernière chanson (on ne peut plus prévisible mais non moins mémorable) retentissent encore.

Finalement, le Soweto Gospel Choir est une belle introduction au Gospel. La formation a su occidentaliser le genre, lui conférant des allures de grand spectacle et le professionnalisant. Le show était brillant et vivifiant. Mais rien ne vaudra jamais la sincérité, la simplicité et la dévotion musicale des petites chorales en terres reculées. Certes, les chansons seront bien souvent méconnues, point de grands titres internationaux, mais l’authenticité et l’énergie frisant la transe en seront décuplées.

Auteur: Sarah Meublat

Photographe: Paul Blondé

Pour en savoir plus: Festival de Jazz, Soweto Gospel Choir