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05 Mars 2014 – C’est dans une salle complètement réaménagée que l’on découvre ce soir, pour la première date française, l’un des nombreux spectacles du Cirque du Soleil intitulé Quidam. Le public s’installe sur des chaises placées en arc de cercle au pied de la scène et de suite on se croirait sous un chapiteau. On entend des murmures, le bruit des mains d’enfants plongées dans le popcorn, tandis que le rideau se lève sur une scène très joliment aménagée. On devine une pièce, un salon subtilement meublé d’un beau luminaire, de deux fauteuils et d’une porte. On oublierait presque que l’on est au cirque si un clown maître de piste ne faisait pas son entrée sur la scène dans un jet de lumière.

Le spectacle commence sur un numéro classique mais efficace dans l’univers du cirque : le clown qui choisit au hasard un membre du public pour le mettre dans une situation comique. La bonne humeur se répand dans la salle tandis que les lumières s’assombrissent et que Zoé, une petite fille espiègle et curieuse investit la scène. Le décor est planté d’emblée, des parents, trop occupés pour jouer avec elle, la fillette se sent seule et se réfugie dans un univers fantastique et délirant. On est alors emporté avec elle dans une autre dimension, guidé par un personnage sans tête, suivie d’une horde de danseuses endiablées à tête de lapin. On voit s’étaler sous nos yeux le plus exquis et le plus étrange des cortèges !

Chaque numéro semble couper le souffle au public. Le premier à nous en mettre plein la vue est un gymnaste du nom de Cory Sylvester qui s’exerce à la roue allemande, un numéro qui nous ferait presque perdre la tête tellement l’artiste semble ne faire qu’un avec cette immense roue. Les personnages entrent et sortent de la scène à une allure impressionnante. Il se passe sans cesse quelque chose, même dans l’ombre, même dans les vapeurs de fumée qui embrasent le fond de la scène.

L’orchestre symphonique qui accompagne le spectacle donne une puissance dramatique et un rythme effréné à l’histoire. Les voix d’Alessandro Gonzales (Zoé) et Jamieson Lindenburg sont enchanteresses et s’adaptent très bien aux différentes tonalités. Les morceaux sont teintés de musiques venues d’ailleurs. On voyage, on se laisse porter, parfois on glisse le long d’un immense ruban rouge et on retient son souffle de peur de voir  Julie Cameron, l’acrobate voltigeuse, tomber. Envoûtante, la jeune fille se contorsionne à douze mètres de hauteur dans un costume translucide avant de finir dans les bras du père de Zoé. Celui-ci semble soudainement reprendre goût à la vie, il porte à bout de bras ce corps inerte sous les yeux inquiets de sa femme. Zoé, toujours portée par une valse folle et entourée de personnages énigmatiques tels que John le maître de piste, dont les intentions semblent peu claires, ou bien Boum Boum un personnage agressifs et inquiétant, refait surface. Courant tantôt vers sa mère, tantôt vers son père, la petite fille ne semble pas trouver d’oreille attentive. Ce spectacle un peu bouleversant nous enlace à ses personnages et une question s’accroche à notre esprit : Finirons-ils par se retrouver ?

Entre acrobates, grimpeurs de corde, contorsionnistes, équilibristes, jongleurs et voltigeurs, le Cirque du Soleil ne faillit pas à sa réputation. Au milieu de tous ces numéros plus extravagants les uns que les autres, apparaît un clown cinéaste (Toto Catineiras) qui vient alléger un peu l’ambiance sombre de ce spectacle, bien que très beau.  Avec pour seul décor une porte et une caméra à l’ancienne, la scène s’ouvre aux spectateurs. Un roulement de tambour laisse pressentir que quelque chose d’important est sur le point de se produire. C’est alors qu’un faisceau de lumière s’arrête sur trois membres du public. Le clown leur fait signe de monter sur scène. S’ensuit alors un scénario rocambolesque, un théâtre muet, grotesque et hilarant qui saisit la foule d’un rire unanime.

On est conquis par ce spectacle qui mêle à merveille l’humour et le drame, et c’est à regret qu’on quitte l’univers riche et rêveur de Quidam.

Auteur : Ottavia Marangoni

Photographe : Antony Chardon

Équipement utilisé: 5D Mark III (Canon), 1D Mark III, 70-200 L USM, 16-35 L USM II