Le prog était à l’honneur jeudi soir alors que les groupes Opeth et Mastodon amorçaient leur tournée nord-américaine à la Place Bell de Laval. Juste à voir la très longue file de fans devant la salle qui attendaient pour entrer, ça promettait d’être une soirée des plus réussies! Le groupe américain de doom/heavy metal Khemmis assurait la première partie.

Khemmis : Une bonne performance

Il va sans dire que les Américains de Khemmis ont le vent dans les voiles depuis quelques années et ce n’est pas pour rien. Leur plus récent album Deceiver a eu une très bonne réception à sa sortie et leurs passages dans la métropole m’ont toujours laissé un bon souvenir. C’est donc une occasion rêvée pour eux de se retrouver en première partie de deux géants du prog metal et de se faire connaître d’un plus grand public. Ils y sont allés avec une belle assurance et un doom/heavy metal qui fittait très bien avec les têtes d’affiche, en plus d’une salle qui était déjà très bien remplie. Ils avaient visiblement l’air de tripper à être sur une si grosse scène devant une si grosse foule et c’était beau à voir! Seul bémol par contre : le son n’était clairement pas assez fort! Quand t’es obligé d’enlever tes bouchons pour mieux entendre le groupe, ça en dit long. Si ça avait punché plus de ce côté-là, ça aurait été vraiment meilleur. On peut dire que c’était mission accomplie pour Khemmis qui ont su bien réchauffer la salle et je suis convaincu qu’ils se sont fait beaucoup de nouveaux fans avec leur bonne prestation!

Setlist : Avernal Gate, Three Gates, Living Pyre, Isolation, Conversation With Death

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Mastodon : La claque psychédélique

On va se le dire, Mastodon sont maintenant de grands habitués des salles de la métropole. Après plusieurs passages remarqués en ville et leur présence à plusieurs éditions du Heavy Montréal, ils ont acquis une fanbase très solide ici! C’est donc devant une Place Bell bien pleine qu’ils ont entamé Pain With An Anchor tirée de leur plus récent album Hushed And Grim. Je ne passerai pas par quatre chemins : tout était réussi! De l’écran géant projetant des clips complètement psychédéliques pendant les chansons à la qualité du son vraiment impeccables, tous les éléments étaient rassemblés pour une performance mémorable. Il est vrai que leur plus récent opus a eu une réception plutôt mitigée de la part des fans et des critiques, mais en spectacle c’était nettement plus percutant et agréable. Ils sont allés piger dans une bonne partie de leur discographie pour nous monter une setlist pas piquée des vers, allant même dans les plus vieux albums comme Remission et Leviathan avec des pièces comme Mother Puncher, Megalodon et, évidemment, Blood And Thunder. J’ai même été surpris d’entendre The Czar, un monstre de presque 11 minutes tirée de l’album Crack The Skye. C’est justement avec le classique Blood And Thunder que le groupe nous a laissé et ça n’aurait pas pu mieux finir! Avec une exécution sans faute, les gars de Mastodon ont encore une fois conquis leur public québécois avec un spectacle fort en riffs et haut en couleurs!

Setlist : Pain With An Anchor, Crystal Skull, Megalodon, The Crux, Teardrinker, Bladecatcher, Black Tongue, The Czar, Pushing The Tides, More Than I Could Chew, Mother Puncher, Gigantium, Blood And Thunder

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Opeth : Bonne prestation, quelques déceptions

On était maintenant rendus à la deuxième et dernière partie de ce spectacle et, étrangement, j’ai vu des gens quitter un peu avant l’arrivée d’Opeth sur scène. Il est vrai que le virage du groupe vers une musique plus proche du prog rock que du death prog qui les a fait connaître en a fait déchanter plus d’un, mais de là à s’en aller? Le groupe avait le même type de visuel que pour Mastodon, soit un écran géant où des clips étaient projetés. Le tout a débuté avec Hjärtat vet vad handen gör, version suédoise de Heart In Hand, et disons que ce choix a été…ambitieux (en réalité la foule s’est quelque peu figée, arrêtée dans son enthousiasme, s’attendant aux paroles en anglais). Pour être honnête, je pense qu’avec la mollesse de cette chanson (drôle de choix comme chanson d’entrée), ça en faisait la moins bonne pièce de leur set et que le reste ne pouvait que s’améliorer par la suite. Le clash a été des plus énormes car le tout a été suivi de Ghost Of Perdition, composition beaucoup plus agressive tirée de Ghost Reveries et c’est justement là où la foule a commencé à être beaucoup plus vocale. Mais on ne va pas se le cacher, les growls de Mikael Åkerfeldt sont rendus très moyens, voire pénibles à entendre par bouts, malgré la qualité de l’interprétation qui était sans faille. Le charismatique chanteur y allait avec plusieurs blagues entre les chansons, comme il sait si bien le faire et, par ce fait même, il avait le public sans sa poche.

On s’est fait lancer des classiques comme The Drapery Falls et In My Time Of Need en plus de chansons plus récentes comme Cusp Of Eternity et The Devil’s Orchard. Même si je ne suis pas le plus grand fan de cet album, je dois avouer que l’interprétation de la pièce Sorceress a été un des meilleurs moments de leur set. Comme à leur habitude, ils ont terminé le tout avec la chanson Deliverance tirée de l’album du même nom. Est-ce qu’Opeth a livré la marchandise? Je dirais que oui, mais plus je vois le groupe en spectacle, moins je suis surpris par le choix de chansons qui se ressemble un peu trop au fil des tournées. N’empêche que si vous êtes un fan fini du groupe ou tout simplement un trippeux de prog, le spectacle de jeudi soir vous a sûrement beaucoup plu.

Setlist : Hjärtat vet vad handen gör, Ghost Of Perdition, Cusp Of Eternity, The Devil’s Orchard, The Drapery Falls, In My Time Of Need, Sorceress, Deliverance

Auteur : Maxime Pagé

Photographe : Alexandre Guay