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18 Juin 2012 – Hier soir, les planches de l’Olympia accueillaient le groupe Keane, de retour après près de quatre années d’absence avec un tout nouvel album, Strangeland. Souvent comparé à Coldplay ou Travis, quelques guitares en moins mais une explosion de claviers en plus, les britanniques offrent un rock pop efficace et agréable.

La prestation de lundi soir ne faisait pas exception, près de deux heures de concert, qui sont passées à une vitesse étonnante tellement le show est bien huilé. Tom Chaplin au micro, tout de noir vêtu, menait la danse de sa voix douce et puissante, frimousse de poupon en prime. Devant lui, un public montréalais on ne peut plus chaleureux, non avare en cris d’encouragement, sifflements et applaudissements. « I Love you Tom!! » entendait-on régulièrement.

Un élan de sympathie bien rendu par le groupe, qui traverse une période un peu difficile ces jours-ci nous confiait Tom, en raison du décès tragique de leur ami et ancien collaborateur, le technicien du son Scott Johnson, il y a quelques jours, lors de l’effondrement de la scène de Radiohead à Toronto. Profondément attristés par la nouvelle, Keane décidait d’ailleurs de lui dédier l’intégralité du concert. D’où probablement une certaine retenue. The show must go on.

Mais si le quatuor a assuré, proposant un entrelacement d’anciens titres à succès tels que Somewhere Only, A Bad Dream, The Lovers Are LosingWe know Everybody’s Changing, et de nouvelles compositions, à l’instar du très bon Silenced by the Night ou de Strangeland, chantée avec grâce, sous un faisceau de lumière violette, le concert n’a pour autant jamais véritablement décollé. Tous les ingrédients étaient pourtant là, des échanges sincères avec le public, des ballades larmoyantes et nostalgiques, quelques anecdotes personnelles, un enchaînement intelligent de rythmes, avec même quelques rocks parfaits pour se dandiner comme une midinette. Mais justement, c’est peut-être là le souci. Ce côté finalement trop lisse, presque trop maîtrisé. Je m’attendais à y sortir mes mouchoirs d’adolescente emmourachée et rejetée, à crier à tue-tête (comme d’ailleurs certaines – et certains – ne se sont pas privés de faire). Mais non. Le moment a été agréable, le temps a filé avec plaisir, mais aucune émotion. Sea Fog, première chanson de rappel et spécialement chantée pour Scott Johnson, était magnifique, entonnée en douceur et reprise par la foule. Mais toujours rien, à peine un sursaut du cœur.

Pourtant, le quatuor est touchant de gentillesse et de générosité, n’hésitant pas à remercier sans cesse le public, en français et en anglais, pour son soutien et son énergie réconfortante, à engager la conversation avec le premier rang et prolonger le spectacle.

Aux dernières notes de Crystal Ball, quand les lumières se rallument, point d’excitation extrême, mais une certaine légèreté, voire un flottement. Et la sensation tenace de ne plus avoir 20 ans.

Auteur : Sarah Meublat

Photographe : Paul Blondé

Pour en savoir plus : Keane