Mercredi 6 novembre – Aller à un concert/spectacle de Didier Super, c’est toujours partir du principe qu’on va bien se marrer, et qu’on va même pas avoir honte (ou juste un peu). C’est aussi se demander “jusqu’où ira-t-il cette fois ?” (encore plus loin qu’on peut l’imaginer), “qui va prendre cher ?” (tout le monde), et surtout, c’est éviter de se mettre au premier rang (dédicace aux vieilles). En gros, c’est comme aller à un dîner de famille version fun et trash : plus ou moins toujours la même rengaine et pourtant on ressort de là à chaque fois surpris de ce qui s’est passé.

La première fois que j’ai vu Didier Super, c’était il y a 14 ans, en 2005, au Garorock. À l’époque, il était déjà accompagné de son cher acolyte Fabrice (président !) et le show consistait, en gros, à les regarder ouvrir des cannettes de bières avec leurs BMX tout en disant de la merde (ils ont d’ailleurs pas mal tourné avec ce principe sous le nom des Têtes de vainqueurs). Son album Vaut mieux en rire que s’en foutre avec les tubes qui l’ont fait connaître venait de sortir et il vendait des t-shirts avec l’inscription “Didier Super me fait rire même quand j’ai mal règles” (meilleur t-shirt que j’ai jamais acheté (et porté !), soit dit en passant). Depuis, Didier Super a beaucoup (beaucoup !) fait parler de lui et a tenté de nouvelles choses, de la comédie musicale au one-man show en passant par la bande-dessinée (La vraie vie de Didier Super) qu’il a co-scénarisé avec le dessinateur Emmanuel Reuzé. Bref, Didier Super, sous ses airs je m’en foutiste, est un artiste prolifique qui n’a de cesse de se ré-inventer. Et il nous l’a encore prouvé ce soir au Bijou où il se produit trois soirs d’affilée dans une salle remplie jusqu’à la gueule (oui du coup si vous n’avez pas votre billet, désolée mais ce sera pour une prochaine fois !).

Je ne veux pas trop en dire sur le spectacle lui-même car une bonne partie de ce dernier, Didier Super est bien plus marrant que tous ces comiques de merde, consiste à se laisser surprendre par les personnages incarnés par le duo, mais on touche une fois de plus aux limites du bon goût, un véritable jeu s’installe entre Didier Super et son public, et on ne voit pas le temps passer. En effet, malgré un début difficile où Didier Super incarne un gros beauf aux blagues ultra lourdes, pas drôles, et relevées par un sample de faux-rire façon sitcom à l’américaine, l’humoriste parvient à changer de direction assez facilement et à se mettre le public dans la poche tout aussi rapidement. Alors certes, on retombe dans les blagues ultra classiques du comique (racisme, pédophilie, religion, politique,…) mais faut bien admettre que ça fonctionne toujours autant. Et puis c’est tellement rafraîchissant de passer quasiment 2h à se marrer éhontément sans se soucier de qui cela pourrait offenser, ce qui n’est pas évident à l’heure d’aujourd’hui où la liberté d’expression n’a jamais été aussi proclamé et où pourtant le moindre propos peut attirer les foudres de n’importe qui. Du coup ce show, malgré son côté complètement débile et à l’arrache, est un exutoire salutaire dans une société où tout le monde à son mot à redire sur tout. Et ça fait du bien bordel !

Alors non, Didier Super ne va malheureusement pas changer le monde, il ne parviendra pas à devenir le nouveau messie qui changera les mentalités pour un avenir meilleur, mais en attendant, c’est rassurant de voir qu’à l’heure d’aujourd’hui, il y a un espace assez grand et mis en avant pour des artistes comme lui. Et pour apprécier cela, c’est assez simple : faut juste pas être trop con.

À bientôt Didier !

Hélène

Didier Super

Photos : David Vacher