Bonobo

 

Let’s go !! Travail toulousain oblige, on a dû abandonner l’idée de faire la première soirée d’hier qui lançait gratuitement au CRAC (Centre Régional d’Art Contemporain) cette nouvelle édition du Demi Festival. L’occasion pour le festival d’investir la ville de Sète avec cette année des conférences, des ateliers autour du Hip-Hop mais aussi une exposition photo à laquelle nous sommes ravis de participer.

Mais revenons en à ce jeudi soir où, navrés de n’avoir pas pu arriver à temps pour DJ Dépose, nous prenons donc place devant Bonobo. Habitués du Demi Fest, nous trouvons toujours ultra-intéressant et stimulant que la prog de chaque soir laisse une grande place aux rappeurs et rappeuses du coin ; et Bonobo s’inscrit parfaitement dans ce créneau. Lui que nous avions déjà vu au sein de Sixième Densité vient cette année proposer son projet solo, un peu plus introspectif et personnel forcément. Le public arrive tranquillement tandis que la setlist va (vite) nous pousser vers la suite.


Nasme

On ne s’y trompera pas : Nasme n’a beau avoir aucun album à son actif ; il a pourtant rodé toutes les salles et tous les feats possible. Ancré dans le Rap FR de manière historique, le parisien a partagé des projets avec un paquet de rappeurs passés au Demi Fest, de Flynt à Haroun de la Scred. Forcément qu’on était impatient de le découvrir, connaissant assez peu son projet malgré tout. Et on va bien bien kiffer celuiq ui venait fièrement représenter la BiffMakerProd : les textes sont propres, le gars est à l’aise sur scène et on sent très rapidement qu’il a assez d’expérience pour ne plus rien avoir à prouver ce soir. Ca passe bien, le projet est parfaitement calibré pour passer crème dans le line-up du Demi Fest et ca nous permet d’entrer véritrablement dans cette nouvelle édition.


PetitCopek

Lui est aussi un local de l’étape, mais que nous connaissons bien mieux que les deux précédents puisqu’il était déjà présent en 2021 (où il partageait d’ailleurs déjà l’affiche avec l’Uzine qu’on retrouvera plus tard). Pas de surprise donc de notre côté : on avait déjà bien aimé à l’époque et on a de nouveau kiffé cette année. Il a d’ailleurs pris ses marques, puisqu’il animera dans les prochains jours des open mics au Crac dans le cadre du festival. Pour l’heure il est sur scène avec évidemment des nouveautés sorties depuis la dernière fois, à commencer par son EP “Récréation” sorti cette année. Si vous n’avez pas suivi, allez checker : il s’amuse bien sur les réseaux avec tout un projet créatif et notamment visuel et canin : on vous laissez aller écouter !


Relo

Lui aussi a fait un sacré chemin dans le rap, et sera probablement l’un des meilleurs représentants de ce qu’est le rap indé aujourd’hui. Pur produit de la cité phocéenne, celui qui a grandi dans l’environnement de R.E.D.K et de toute cette génération marseillaise vient en force aujourd’hui pour défendre non seulement une bien belle carrière mais surtout son dernier album, “Dieu Merci”, sorti cette année. Allez écouter ca si ce n’est déjà fait, d’autant qu’il a sorti le gros jeu avec des feats ultra forts comme AKH, Keny Arkana, Melan, Souffrance (qu’on retrouvera plus tard), son ami d’enfance Allen Akino ou alors une brochette incroyable sur “Le Fils de Quelqu’un” : AKH, Furax Barbarossa (un des beaux noms de la soirée de demain), Lino et DJ Djel. Rien que ça ! Dans le projet et sur scène on retrouve bien les inspirations avec un texte cisaillé comme il faut, et des instrus bien variables qui balance bien la setlist. Bref, ca fleur bon la planète Mars et là encore le concert passe ultra rapidement.


Skia

On quitte bien rapidement le rap indé pour rencontrer Skia, signée chez Because et Moonchild. Seule et unique représentante ce soir du rap féminin (on a toujours ce regret-là, même si on ne saurait en vouloir au Demi Fest tant le manque de représentation féminine est symptomatique du rap dans sa globalité ; et que celle-ci est néanmoins toujours assurée chaque soir ici). Artiste Révélation pour Amazon en 2022 (oui, on a VRAIMENT quitté le rap indé) ; Skia fait largement parler d’elle depuis et notamment cette année avec la sortie de son 9 titres “Comme si j’avais” qui a eu un bel écho à sa sortie. Premier album (si on ne compte pas son précédent EP Sensible sortie en 2022), c’est donc avec une fervente envie de défendre son projet qu’elle viendra mettre le feu au Théâtre de la Mer. On passera ici rapidement sur les présentations, au vu de la quantité de couverture médiatique qu’elle a ; mais on peut par contre vous recommander d’aller la voir en live parce que ca a un véritable intérêt : déjà la meuf est ultra carré, mais en plus l’aura du concert renforce clairement les lyrics ultra sensible du projet ; et ca marche vraiment bien. On regrettera par contre clairement son attitude scénique, qui pour le coup passerait surement mieux sur les gros festivals que dans l’ambiance du Demi ; lorsque par exemple elle commencera à se filmer elle-même avec son tél sur la moitié d’un morceau.. Le lien public-artiste étant une des forces majeures des festivals, ca fait de suite assez tâche dans le paysege : dommage. Cela fonctionnera surement mieux sur d’autres scènes. 


Di-Meh

Bon, on va pas pas se mentir : on commence à arriver dans la partie de la soirée où, normalement, nous n’avons plus besoin de vous présenter les artistes. Typiquement, si vous ne connaissez pas Di-Meh, c’est que vous avez raté une bonne partie de l’histoire du rap Suisse (alors que y’a quand même de beaux noms dedans, genre toute la SuperWak Clique avec Makala, Slimka ou Varnish la piscine). On ne va donc pas vous refaire l’Histoire du rap helvétique, mais plutôt vous parler du feu qu’a mis Di-Meh ce soir. Il faut avouer que, l’alcool montant aussi vite que la nuit ce soir, le public commence à être bien chaud dans le Théâtre. Du coup, forcément, c’est le feu quand Di-Meh balance des sons comme Veuve Cliquot, ca ne peux que marcher. D’autant que pour l’avoir plusieurs fois, on le trouve particulièrement en forme sur scène ; possiblement l’effet du Demi-Festival qui a quand même un effet décontractant sur les artistes. Et le reste des show va en témoigner.


L’Uzine

La secte avec un Z, avec un truc excellent – Ca fait plaisir de les revoir ! Cenza, Souffrance et la bande sont des habitués du lieu pour être déjà venus pas mal de fois ; et faut avouer qu’on avait vraiment bien kiffé l’an dernier. En même temps , dur de s’ennuyer quand y’a autant de mecs sur scène et qu’ils sont tous ultra-motivés ! Puis ca fait des années qu’ils tournent ensemble, donc pour les passes-passes, les déplacements scéniques etc. le show est clairement rodé. La setlist aussi d’ailleurs, avec des morceaux qu’on connait bien à l’instar de “Excellent” mais aussi de nouveaux bangers comme “Or”, sorti de leur dernier album “La 26ème Lettre” (on vous laisse calculer) lâché en 2023. Les types sont à balles, au delà d’être ultra sympathiques comme Cenza qu’on a pu croiser avant le show. Bref, des bons rappeurs comme on aime qui vont retourner le théâtre et amener tranquillement cette première soirée vers sa fin. Mais il reste un groupe… 


La Caution

 

Là, on va parler aux puristes. Car autant La Caution a marqué toute une génération, autant leur dernier véritable album est sorti en 2005 (si on oublie les réeditions et best-of sortis entre temps) et leur carrière est depuis un peu haché et pas très exubérante. Pourtant, les noms de NikkFurie (aussi membre de Kourtrajmé notamment), de Hi-Tekk ou de DJ Fab doivent forcément vous parler si le début des années 2000 ne vous font pas peur. À l’époque, on est à l’ère de Assassin, Fuzati et Scred Co et ca rap encore dans des caves et des petites salles. Et le concert de ce soir va clairement nous replonger dans cette ambiance ; nouvelle manière de rendre hommage au monde du Hip-Hop ici. Ca fait du bien de se souvenir que le rap n’a pas toujours rempli des stades, n’a pas toujours intéressé les majors ; et au risque de passer pour des vieux on ai content de ressentir cette authenticité qui était la marque de fabrique du rap à cette époque. D’autant que les 2 rappent encore ultra proprement ; même si leur show paraitra inévitablement plus calme après la tempête l’Uzine. 

 

Photos : David Vache