Hipo

C’est parti pour le deuxième soir au Demi Festival et on va pas se mentir : c’est probablement celui que nous attendons le plus pour cette édition 2023. Avec Imhotep en ligne de mire, la prog est vraiment lourde et risque de s’enchaîner comme jamais ! D’autant qu’on commence par une découverte de qualité et un premier cocorico puisque sa carrière a commencé à Toulouse : Hipo nous balance d’entrée un vrai projet avec un rap bien mélancolique posé sur des prods variées allant de la petite mélodie comme “eh ma reus” à la prod moderne bien marquée et basée rythmique comme sur son dernier titre “J’apprends”. Sur scène, le type nous sort une bonne grosse énergie malgré la chaleur ambiante et le public encore peu dense ; ca marche vraiment bien et donne clairement envie d’aller écouter ses deux EPs Atlas et Focus, sorti cette année. D’autant que, fait rare au Demi Fest, il accompagné d’un guitariste ce qui valorise vraiment les prods et permet de rajouter de l’énergie au show. Bref, ca part fort, et on attend la suite tout en guettant les prochains concerts de Hipo qu’on sera ravi de revoir en salle !

Pierre-Hugues-José

R-Can ne s’y est pas trompé : voici l’heure de l’OVNI de cette édition 2023. Pierre-Hugues-José ne vous parle peut-être pas encore, mais ca ne devrait pas tarder. Le personnage : un trentenaire qui a 2 Matsers et un 1 Doctorat en médecine ; mais qui a tout plaqué pour faire du rap. Le projet ? C’est simple : il a repoussé encore plus loin le genre de rap vacillant entre pure parodie et textes intensément profonds. Là où Vald a Footballeur et Gris, là où Lorenzo a Nique la Bac et Coco, et bien Pierre-Huges-José a Ma Délicieuse et Yes we can do it (loin de nous l’idée de comparer musicalement les 3 rappeurs évidemment, ne nous faites pas dire ce qu’on a pas dit !). Forcément, PHJ est plein de surprises ; notamment sur les prods qui balayent à elles-seules tout le champ des possilbes (même à l’heure des Winnterzuko ou des Snorunt qui repoussent les limites du genre). Niveau lyrics, on est à la frontière entre beauferie, campagne profonde et rap conscient ; même si on sent tout de même que le type est loin d’être le dernier des abrutis avec par-ci par-là quelques punchlines ultra bien senties. Côté public, ca joue le jeu, c’est attentif et prouve que le public du Demi-Fest est tout de même ouvert d’esprit malgré la linéarité de la prog de manière générale. Finalement, on en sort assez convaincus et surtout impatient de voir où ce projet, naissant, va aller.

Opus Crew

Ca fait toujours du bien d’avoir un crew entier sur scène ; et cela va se confirmer avec Opus Crew. Les grenoblois sont arrivaient bien en force dans ce deuxième jour avec une énergie complètement folle. Sur scène, c’est le zbeul ; et en même temps c’est exactement ce qu’on était en droit d’attendre d’un crew. Les types sont bien bien chauds, et c’est pile ce qu’il fallait pour chauffer le public même si la doublette Hypo / Pierre-Hugues-José avait déjà bien travailler le truc. Franchement, ca kick bien comme il faut et ca fait un bien fou ; on a même envie de les rejoindre sur scène pour sauter avec eux et lâcher un 16. C’est ultra communicatif, ca sent la bonne humeur, c’est la faya : bref, c’est Opus Crew.

Fanny Polly

On vous avait prévenu hier : chaque soir avait son créneau féminin, et ce soir c’est Fanny Polly qui l’occupe. Bon, la scène du Théâtre de la Mer, elle la connait déjà puisqu’elle était déjà présente en 2018 ; sauf que depuis il s’en est passé des choses de son côté ! 1 album en 2019, 5 single depuis pour finalement sortir un nouvel album l’an dernier “ReBELLE” . Et forcément, défendre tout ça, ca donne la hargne : c’est d’ailleurs le mot qui décrirait le mieux son live aujourd’hui. Accompagnée de 4 backeuses/danseuses, elle va balancer un show ultra rodé, ultra chiadé aussi avec des chorés et une énergie folle. Si on devait choisir un deuxième mot, ca serait peut-être “audace” car celle-ci essayera même (visiblement de manière un peu imprévue) de ramener Demi Portion sur scène pour poser ensemble leur feat J’ai pas les mots. En vain malheureusement, bien qu’elle arrivera à faire danser R-Can sur l’un de ses derniers sons. Bref, le show est complet comme jamais, avec un flow super propre en prime et rappelle que (malgré le manque de visibilité) y’a du lourd côté rap féminin.

Vin’s

On l’avait déjà croisé ici-même, et on en a gardé un bon souvenir : voilà l’heure de retrouver Vin’s sur scène. En réalité, il nous avait notamment marqué par des textes ultra justes et incisifs comme sur #METOO ; et vu que son flow est lui aussi ultra découpé, ca donne un show ultra marquant. Deuxième rencontre donc, et cela va renforcer notre première intuition. Certes, on va pas s’enjailler sur ses sons, ça c’est acté. Mais le type est quand même fort, avec des textes bien travaillés, des rimes qui font sens comme jamais et une cohérence générale dans le projet qui rend la chose prenante et intéressante. Lui qui est arrivé fort en 2023 avec 2 EPs La chambre d’écoute et Le Masque vide a confirmé clairement sa place dans le game, sur un créneau qui mériterait d’être représenté. 

Flynt

Ça fait plaisir de retrouver le nom de Flynt sur l’affiche, lui dont le dernier album Ça va bien se passer remonte en 2018. On a eu la chance de le croiser en backstage avant le show : au delà d’être ultra deter, le type est vrai-ment sympa et abordable ; vraiment dans le mood même du Demi Fest. Et sur scène… bah ça kick hein. Ça fait plus de 20 ans que Flynt tourne et sort des projets, et ça se voit sur scène : il va poser son set avec une aisance énorme. C’est carré, c’est propre et ça marche au vu du public qui est à balle tout du long. On a plus qu’à espérer le recroiser ailleurs ; et ça devrait être assez simple s’il écume les scènes comme il a l’habitude de le faire.

Furax Barbarossa

Clairement, c’est celui qu’on attendait le plus aujourd’hui. Déjà parce qu’on le voit pas tous les jours (même si on le revoit dans quelques temps au Bikini), mais surtout car sur scène, c’est une machine de guerre. Et comble de tout ça : le type arrive avec un album tout frais, Libérable, sorti en mai, et qu’on a rongé depuis ! (si ce n’est pas fait de votre côté, sautez y dessus ; et notamment sur “Révérence” ou “Gloire à la Reine“). Sur scène, aucune surprise, Furax arrive avec 10vers (élu backeur le plus fidèle de  l’Histoire) et, en 5 minutes, embarque absolument tout le public. Faut dire qu’il a une prestance incroyable, avec un physique ultra imposant. On aura quand même droit à ses classiques comme l’indémodable Mona Lisa, tandis qu’on repense forcément à son feat avec Demi P Un Jour viendra. C’est la tatane, comme prévu ; d’autant que ca fait du bien car il est sur un créneau vraiment particulier qui coupe un peu avec l’esthétique globale du festival. 

Imhotep

Bon, on a vraiment à écrire sur ça ? En vrai.. Pas besoin, si ? Évidemment que c’était quelque chose de croiser une légende comme Imhotep sur la scène du Demi Festival. Ce dernier a tellement laissé de place au hip hop en général (et donc aux DJs) qu’on a rien vu de plus cohérent que de voir “Tonton” ce soir. On a l’habitude de finir ici les soirées avec des sets DJs, avec notamment celui de DJ Rolxx l’an dernier qui nous avait ré-ga-lés, mais là on est sur un autre type de prestation avec l’une des figures les plus emblématiques du Rap FR. Comment ne pas respecter celui qui a le plus contribué à l’essor d’album comme L’école du micro d’argent, où qui est à l’origine de prods sur des morceaux d’anthologie qui ont marqué l’Histoire du rap en francophonie. Un vrai moment a part, où on a senti le public (comme nous-mêmes) partagé entre respect et envie, simplement, de kiffer le moment.

Deuxième soir bien crescendo, qui aura encore réussi à convaincre tout le monde tout en mélangeant des artistes ultra différents entre l’audace de Fanny Polly, la folie de Pierre-Hugues-José, la prestance de Furax ou la présence légendaire d’Imhotep : ça sent bon pour demain !

Photos : David Vacher