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09 Mai 2012 – Une belle réunion diabolique était organisée le soir du 9 mai 2012 par BCI au Club Soda au profit des amateurs de black metal. Avec de la musique satanique et de la bière à l’infini, je ne peux pas penser à une meilleure manière de passer un mercredi soir! Voilà donc que nous étions tous présents dans la foule dès 19h00 pour accueillir In Solitude, The Devil’s Blood, Watain ainsi que les pionniers du blackened death metal, le légendaire Behemoth !

Le premier groupe de la soirée à performer : In Solitude, un groupe de bon vieux heavy metal. Cette bande de Suédois est montée sur scène devant une salle qui se remplissait de plus en plus de fans de métal extrême, mais qui ont sans doute pu apprécier leur musique un peu plus légère que celle de leurs confrères en tête d’affiche. La musique était bien entraînante et, du point de vue du balcon, on voyait toutes les têtes dans la foule osciller en synchronisme. Par bouts, leurs tounes rappelaient le style lent et bien heavy de Black Sabbath alors que les mélodies plus rapides laissaient entrevoir une influence de Judas Priest ou encore Iron Maiden. Bref, pour les trippeux de métal des années ’80, soyez sûrs de checker le dernier album d’In Solitude, The World. The Flesh. The Devil, vous ne le regretterez pas!

Après une demi-heure de heavy metal, on a souhaité la bienvenue à The Devil’s Blood sur la scène. Armé d’un bassiste, d’un batteur, d’une chanteuse et trois guitaristes, ces Néerlandais ont passé les trente minutes suivantes à nous jouer un style de musique que le band qualifie comme du rock occulte! Un groupe fort intéressant et bien unique, les thèmes des chansons portaient sur des rituels sorciers et la vénération de la mort et du chaos. La chanteuse, quant à elle, avait une voix absolument exceptionnelle. Entendons-nous pour dire que ce n’est pas tout le monde dans l’industrie qui peut chanter avec un style opératique de manière agréable, mais elle fait tout à fait preuve du contraire. Sa voix portante jumelée au son de trois guitares, le tout soutenu par la batterie et la basse puissantes, on s’est fait offrir un show bien endiablé! Ah, et pour ceux qui se posent la question, je ne sais pas si c’est simplement le style musical de certaines chansons ou si ce n’est que la présence de trois guitares, mais j’ai effectivement ressenti une influence d’Iron Maiden quelques fois lors de leur set. En gros, j’avise aux curieux de prêter l’oreille à The Thousandfold Epicentre, leur dernier album paru en novembre passé (le 11-11-11 pour être exact, ooouuh!).

Avec l’arrivée de Watain sur le stage, la foule avait carrément perdu la tête. Costumés de la tête aux pieds, maquillés en noir et blanc comme tout bon groupe traditionnel de black metal, la scène munie de crânes d’animaux et d’autres décorations macabres, des torches qui remplissaient la salle d’encens, on ne pouvait certainement pas dire qu’il manquait de quoi pour un bon show satanique! En toute forme, cette bande de Suédois a bien profité des 45 minutes qui leur étaient accordées pour rocker la foule du parterre jusqu’au balcon. Avec chaque note jouée lors de la toute première toune, le headbanging se propageait à travers la salle tel un virus d’une contagiosité extrême alors que le moshpit pathologique était maintenu en quarantaine sur le parterre, n’affectant que les plus malades de la population des métalleux. Côté musique, je dois avouer que je suis très pointilleux sur le black metal que j’écoute. J’ai parfois l’impression que certains groupes ont tendance à abuser des accords les plus dissonants possibles dans le seul but de paraître plus evil que les autres, ce qui sacrifie la qualité de la musique résultante. Cependant, ce n’est aucunement le cas pour Watain! En effet, n’ayant que 4 albums complets dans leur discographie, ils ont compris tôt dans leur carrière comment produire un son brutal et sombre tout en étant accrocheur. Le show du 9 mai était la première occasion pour moi de pouvoir les entendre et, sans exagérer, je crois fermement que c’est un des meilleurs groupes de black metal que j’ai écouté jusqu’à date. Facilement dans mon top 5, en tout cas!

Enfin, nous en arrivons aux vedettes de la soirée, les colosses du blackened death metal en provenance de Pologne, Behemoth. Arrivant sur scène un par un, chaque membre du groupe a été accueilli très chaleureusement par une foule assoiffée – et c’est avec l’apparition du chanteur, guitariste et fondateur du groupe, Nergal, que le sang s’est mis à couler de mes oreilles. L’énergie du crowd en le voyant devant nous était… enfin, je perds mes mots en tentant de décrire la situation. Cependant, permettez-moi de vous donner le contexte qui justifie le chaos total dans la salle. Il s’avère qu’en août 2010, Nergal a reçu un diagnostic dévastateur : il était atteint de leucémie, une forme de cancer qui s’attaque à la moelle osseuse. Très difficile à combattre, l’équipe médicale lui avait dit qu’elle n’avait aucune certitude quant à ses chances de s’en sortir. Par conséquent, ils ont dû annuler tous les concerts cédulés pour le reste de l’année, question qu’il puisse commencer ses traitements dès que possible.

Peu de temps après, Nergal a fait appel à tous les fans de l’univers du métal et leur a demandé de bien vouloir prendre le courage de s’inscrire sur le registre international de donneurs de moelle osseuse. La leucémie figure parmi les causes les plus communes de greffe de moelle osseuse et il a indiqué que quelque part, il existe sans doute une personne compatible avec lui. Néanmoins, il a précisé que même s’il n’allait pas survivre au cancer, chaque donneur de plus figurant sur le registre permettrait potentiellement de sauver la vie de quelqu’un dans le monde. Après quelques temps, le band a annoncé qu’un donneur compatible a enfin été trouvé. La greffe s’est déroulée avec succès initialement, mais des complications sont survenues par la suite. Toutefois, après des longs mois de guerre intense contre cette maladie, Nergal en est enfin sorti vainqueur. C’était avec un plaisir indescriptible que le groupe avait annoncé à leurs fans que Behemoth était de retour sur la scène internationale, prêt à affronter tout obstacle qui leur ferait face.

Vous comprenez maintenant pourquoi ce concert valait si cher pour nous! Je tiens aussi à souligner le point fort du show qui a eu lieu entre la troisième et la quatrième chanson de leur set. Avec des lumières blanches éblouissantes derrière lui, on ne voyait que la silhouette noire de Nergal devant nous. S’approchant du micro, il a hurlé « IT FEELS GOOD TO BE ALIVE! » La  sincérité et la joie dans sa voix étaient tellement émouvantes que j’ai failli verser une larme au plein milieu d’un show de métal extrême – et je ne suis sans doute pas le seul! « No matter what comes your way… NEVER GIVE UP! And always… CONQUER ALL» a-t-il continué avant de poursuivre le show avec la toune de ce même nom. C’était un des plus beaux moments que j’ai vécus à un concert de métal. Voir un homme qui s’est affronté contre une forme si destructrice de cancer, qui s’en est sorti vivant, qui est de retour à sa passion, qui inspire toute une génération de métalleux… C’était unique comme expérience. Un show à ne jamais oublier!

Auteur : Sam Osseiran

Photographe : Paul Blondé

Pour en savoir plus : Behemoth, Watain