À l’aube de la sortie du quatrième album du groupe suédois Witchcraft, intitulé Legends (Nuclear Blast), nous prenons l’occasion de revisiter leurs trois premières offrandes, Witchcraft (2004), Firewood (2005) et The Alchemist (2007).  Le groupe est connu principalement pour leur son calqué sur celui des premiers groupes heavy metal et rock progressif des années ’70, allant jusqu’à enregistrer leurs compositions avec de l’équipement 100% analogue. Ils ont été les premiers de plusieurs groupes suédois à recréer une ambiance musicale à la Black Sabbath – avec moins de drogues dures. Des rythmiques minimalistes et groovy aux passes de guitare criantes, la musique de Witchcraft nous ramène à une époque où les nativités en noir et les sorcières étaient encore choquantes. Malgré la continuité dans leur thème, les trois albums ont chacun leur personnalité et leurs mérites.

Witchcraft (2004)

L’album Witchcraft est caractéristique par la présence à l’avant-plan de la voix de Magnus Pelander, qui rappelle le son de l’époque par son ton nasillard presque étouffé.  L’œuvre, d’un peu plus de quarante minutes, n’offre pas de chanson qui se démarque du lot, mais nous fait plutôt passer à travers l’éventail sonore du rock du début des années ’70. On voyage des tonalités plus joyeuses de Please Don’t Forget Me jusqu’à la lourdeur des riffs derrière Her Sisters They Were Weak. Un premier opus honnête qui ne passera pas à l’histoire, mais qui laisse présager de bonnes choses. Cote : 6/10

 

 

 

Firewood (2005)

Avec Firewood, les membres de Witchcraft nous révèlent réellement leur talent. On remarque que la production a fait un grand bond en avant, gardant le cachet ‘70’s sans la sonorité poubelle de l’album précédent. La voix ressort de façon beaucoup plus claire et compréhensible, le timbre beaucoup plus agréable, nous permettant d’apprécier la qualité des textes païens de Pelander.  La batterie a un son beaucoup plus défini, et les guitares ne se battent plus avec la basse pour occuper le même espace sonore. Le produit, sur le plan des compositions, se tient excessivement bien également : au lieu d’avoir des chansons tirant chacune dans une direction différente, les chansons de Firewood présentent de façon plus uniforme le bagage sonore de Witchcraft. Elles ont toutes un agréable côté progressif jumelé à une certaine lourdeur Sabbath-esque. Les solos retiennent également beaucoup plus de l’esthétique des premières vagues du heavy metal. L’album recèle également quelques surprises, notamment un départ explosif sur Chylde of Fire, l’instrumentale intensément planante de 1 :32 Merlin’s Daughter ainsi que des leads galopants rappelant Iron Maiden sur Sorrow Evoker et You Suffer. Cote : 7.5/10

The Alchemist (2007)

Leur plus récent, The  Alchemist, démarre quant à lui de façon plutôt décevante, Walk Between The Lines étant plus oubliable qu’autre chose avec une production ne la mettant pas en valeur.  Witchcraft corrige rapidement le tir avec If Crimson Was Your Color, le single de l’album. Ce dernier impressionne dès les premières mesures autant par ses rythmiques agressives que par l’atmosphère écrasante amenée par les harmonies vocales et la petite touche d’orgue presque menaçante. Il s’agit d’ailleurs des quatre minutes les plus mémorables de l’album. La chanson qui suit, Leva, est la seule du groupe chantée en suédois (du moins, on le suppose). Au final, tout ce qui suit If Crimson Was Your Color est relativement homogène et, même si toutes les pièces ont leurs qualités, aucune ne ressort du lot comme étant un chef d’œuvre… Jusqu’à ce qu’on arrive à la dernière pièce de l’album, The Alchemist, un gros chunk de prog rock étalé sur plus de dix minutes et qui rend hommage aux grands noms du passé comme King Crimson, Pink Floyd ou Yes. Cote 7/10

Auteurs : Alexandre Luca et Phil Mandeville