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10 Juillet 2012 – 19h16. La navette nous débarque à l’entrée du Centre de la Nature de Laval. Je suis le trajet de la vague humaine pendant quelques minutes jusqu’à ce que je remarque l’entrée pour les invités spéciaux et médias. On me remet une passe de journaliste et on m’invite à entrer dans la section VIP : une série continue de tentes érigées en haut de la vallée où se trouvait la scène. Au grand confort sur des sofas à l’abri du soleil plombant, on nous servait des mets exclusifs, des olives farcies à volonté ainsi que de la Stella Artois en fût – le tout avec le concert projeté sur des écrans LCD accrochés çà et là sous les tentes.

Bière en main, j’entends des cris assourdissants en provenance de la vallée, suivi du rythme familier de I Feel You, une pièce récente de Sam Roberts Band tirée de son dernier opus, Collider. Ma montre m’indique 19h32. Je me précipite en bas des escaliers rejoignant la section VIP à la plaine devant la scène pour mieux apprécier la prestation du groupe Montréalais – et je me désole immédiatement pour ceux qui ont décidé de demeurer en haut, dans la zone exclusive. Le mur de son se propageant de la scène jumelé avec l’enthousiasme des artistes constituent une expérience de concert incroyable en soi – et cette performance n’est que le tout début de la soirée. L’harmonie de la percussion, des guitares, de la basse, du saxophone, des maracas et autres instruments me rappelle leur performance phénoménale du mois de février à Montréal. Semble-t-il que les amateurs de rock qui m’entourent apprécient cette musicalité autant, bien qu’elle soit plus légère que celle des têtes d’affiche. Près d’une heure s’écoule pendant laquelle le crowd se défoule au son de Where Have All the Good People Gone?, Bridge to Nowhere et Brother Down entre autres, mais voilà que les premières parties nous quittent pour céder leur place aux géants qui prendront la relève.

Près de 45 minutes et une deuxième boisson plus tard, la musique de fond cesse et les lumières s’éteignent. Automatiquement, les voix des dizaines de milliers de fous autour de moi se font entendre simultanément alors que les trois écrans géants sur scène présentent un court vidéo pour accueillir les pionniers du hard rock, Aerosmith. Apparaissent sur scène les membres du groupe : Joey Kramer qui devient rapidement invisible derrière sa batterie imposante; Tom Hamilton avec sa basse à notre gauche; Brad Whitford et sa guitare à notre droite; Joe Perry aux côtés de son confrère avec son éternelle cigarette en bouche; et finalement, la star de la soirée, le tant attendu Steven Tyler. Équipé de son micro sur une plateforme reliée au centre de la scène, il est placé de façon à ce qu’il puisse être en surplomb au milieu de la foule, au point focal des spots. Pendant près de 2 heures, ces 5 monstres du rock se défoulent sur scène avec autant d’énergie qu’au cours des années ’70. Offrant aux Québécois une panoplie de classiques dont Draw the Line, Love in an Elevator, Livin’ on the Edge, Jaded, Rag Doll, Sweet Emotion ainsi que Walk This Way en plus d’un solo de drums éblouissant, je ne suis aucunement surpris de me retrouver au centre d’une tempête sonore émanant de la foule à la fin du set lorsque le groupe nous quitte. Quelques minutes s’écoulent, mais les lumières ne se rallument toujours pas malgré le tonnerre provenant du crowd. L’impatience se fait sentir dans l’air, mais nous savons pertinemment que quelque chose d’énorme nous attend. Tout à coup, les spots se rallument et attirent notre attention vers la plateforme centrale : Steven Tyler assis auprès d’un grand piano d’ivoire. Les premières notes de Dream On résonnent à travers le Centre de la Nature, suivies immédiatement d’un vacarme incontrôlable. Pendant le refrain de la toune, on a du mal à entendre la voix du chanteur au-dessus de celles des plusieurs dizaines de milliers de passionnés regroupés ensemble ce soir. Sachant qu’on ne se contenterait pas d’une seule pièce en rappel, voilà que le légendaire Aerosmith clôt un concert soulignant plus de 40 ans de carrière avec une chanson traditionnellement performée à la fin de leurs shows, Train Kept A-Rollin’.

23h28. J’attends le métro sur un quai inondé d’amateurs de rock. Autour de moi, on parle du setlist imbattable, on vénère la performance sans défaut des musiciens et on déplore le retour à la vie normale demain matin. Pour ma part, je me concentre sur mes oreilles qui bourdonnent – et j’en ris, me disant que je viens d’assister à un concert indéniablement unique, donné par de véritables fondateurs du hard rock.

Auteur : Sam Osseiran

Crédit photo : Paul Blondé, Archives.

Pour en savoir plus : Aerosmith