La programmation de la 40e édition du Festival International de Jazz de Montréal en a surpris plusieurs lorsqu’ils ont inclus la formation Voïvod à l’horaire. Les amateurs se demandaient bien pourquoi ils étaient inclus dans la programmation et encore plus quel type de prestations ils allaient offrir.

Il y a peu d’amateurs dans le Club Soda lorsque le guitariste René Lussier arrive sur scène accompagné du batteur Robbie Kuster. Ne sachant pas à quoi s’attendre, les amateurs assistent à une prestation instrumentale expérimentale qui est centrée sur le travail de René. Armé par moment d’une laine d’acier, d’un archet ou d’une brosse à dents électrique, il crée des sons et des rythmes saccadés qui sont accompagnés par l’excellente prestation deRobbie. Le style musical est difficile d’accès, mais les nombreuses interventions de René sont à point et font bien rire le public. Ce dernier mentionne à plusieurs reprises que la participation des amateurs sera requise. Cela se produit en fin de prestation lorsqu’il demande à la foule de crier Voïvod en guise de refrain de la dernière pièce.

Avant d’accueillir le groupe principal sur scène, André Ménard, le directeur de la programmation du Festival présente le groupe Voïvod et affirme premièrement qu’il est un grand admirateur du groupe. De plus, il mentionne qu’il réalise un rêve en voyant le groupe jouer dans son festival lors de sa dernière année comme organisateur et compare cette prestation à celle de Motörhead au Montreux Jazz Festival.

C’est donc devant une très grande foule que les musiciens entament leur prestation avec la pièce Post Society. Le groupe offre une prestation très intense et les musiciens ont un énorme plaisir à jouer devant une foule qui démontre beaucoup de passion pour leur musique. On retrouve bien entendu les titresObsolete BeingsIconspiracy et Always Moving de leur dernier album The Wake, et ces derniers s’agencent parfaitement avec les classiques comme The ProwOverreaction et l’excellente VoïvodSnake mentionne que le groupe a gagné l’album métal de l’année aux derniers Juno, mais que Francis Perron, le réalisateur de l’album n’avait toujours pas eu sa précieuse statuette. Le groupe prend donc le temps de remédier à cette situation sur scène sous les applaudissements de la foule. Bien que le groupe soit reconnu pour sa musique agressive et son style progressif, le guitariste Daniel ‘Chewy’ Mongrain a fait un excellent travail pour donner un petit style jazz à la pièce The End Of DormancySnake explique ce qu’ils s’apprêtent à jouer pendant que le quintette de cuivre s’installe sur scène. Quelle réussite et quelle bonne idée de vouloir profiter pleinement de ce moment pour faire quelque chose d’inusité, même si c’est que pour une seule chanson. Le résultat était tout simplement grandiose et les amateurs ont pleinement savouré ce moment privilégié dont ils étaient témoins. Le tout prend fin avec l’enchainement des titres The Unknown Knows et de Astronomy Domine, qui est bien entendu jouée en l’honneur de Piggy.

À voir la réaction des amateurs qui se sont poussés énergiquement durant la prestation du groupe, il faut admettre que l’idée d’inviter la formation Voïvodau Festival International de Jazz de Montréal était loin d’être farfelue. Il faudra maintenant voir si cela va ouvrir la porte à d’autres groupes du même style lors des prochaines éditions.

Auteur: Albert Lamoureux

Photographe: Alexandre Guay