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1er Juillet 2012 – On est habitués de voir Victor Wooten, génie de la basse électrique (tiens, ça ferait de belles cartes d’affaires ça), accompagné de ses frères qui l’ont fait tomber dans la musique alors qu’il était petit. Surprise, donc, en apprenant que Wooten ne serait pas entouré  de sa tribu, mais bien d’une équipe formée autour du concept du jam. De fait, le géant de la basse électrique aurait formé son band de tournée en fonction de son idée selon laquelle il serait intéressant d’avoir plusieurs bassistes qui jouent autre chose que leur instrument naturel, en y adjoignant deux batteurs (JD Blair et Derico Watson) et la chanteuse Krystal Peterson. Également, les bassistes Steve Bailey, Anthony Wellington et Dave Welch étaient aussi sur scène pour s’agiter un peu les basses fréquences.

4 bassistes et deux batteurs, ça peut sembler superflu au premier abord. Mais chaque musicien apporte son petit quelque chose à l’ensemble, du slap format mitrailleuse d’Anthony Wellington au phrasé crémeux de Steve Bailey et sa fretless. Même les batteurs se distinguent aisément : Watson, carrément explosif avec sa carrure de bouncer, semble près de faire décoller son kit à chaque frappe, alors que Blair, beaucoup plus dans la subtilité, se fond dans le beat. Sans compter qu’à part Derico Watson, tous les musiciens jouent d’au moins deux intruments chacun pendant le spectacle. Wellington jouant également de la guitare, du clavier et de la contrebasse, Welch, de la trompette et du clavier, Wooten, du violoncelle, Bailey, du clavier, du trombone et de la contrebasse et Peterson, du clavier et de la batterie. Même JD Blair se tappera un solo de scat alors qu’il confie à Krystal le soin de sa batterie.

Wooten a lui-même résumé le concept de la soirée (et là, le lectorat m’excusera la traduction assez libre merci) : « Qu’est-ce qui arriverait si on se remettait à pratiquer ces anciens instruments, avec lesquels nous avons commencé la musique, dont on ne joue maintenant plus? Pourrions-nous pratiquer suffisamment pour mystifier certains membres de l’auditoire? » L’intérêt n’était donc pas, comme Wooten nous y a habitué, de nous exposer à un feu d’artifice musical ou de nous envelopper dans un groove savamment calculé au quart de tour. Il s’agissait plutôt d’un spectacle axé sur le plaisir du jam. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de moments de virtuosité musicale, mais disons qu’ils se sont fait beaucoup plus timides. C’est d’ailleurs compréhensible : j’aurais été surpris de voir Steve Bailey se tapper un solo de trombone à la hauteur de ses acrobaties à la basse.

Sauf qu’au final, le format vient un peu jouer contre Wooten. Oui, son interaction avec le public demeure fantastique, et il s’arrange pour donner ce qu’on pourrait appeler un « bon show ». Mais si Victor Wooten s’est grandement fait connaître par son approche de la basse très philosophique, voir spirituelle, son nom s’est aussi retrouvé partout entre autres par son sens de l’arrangement, de l’éclat musical. Le spectacle du premier juillet 2012 accentuait beaucoup ce premier aspect (Victor pourrait facilement vous entretenir pendant des heures sur la philosophie du jam et du plaisir qui y est intrinsèque), mais l’aspect « haute voltige musical », pour lequel beaucoup de gens apprécient Wooten, n’était simplement pas au rendez-vous.

Le public a eu le droit à un bon spectacle, avec beaucoup de plaisir sur la scène et des musiciens visiblement heureux de sortir de leur zone de confort. Mais le format musical différait des autres passages de Wooten à Montréal, et pour ceux qui apprécient la virtuosité du bassiste, c’est un peu décevant.

Auteur : Alex Luca

Crédit photo : Wooten

Pour en savoir plus : Victor Wooten