Tycho @ Théâtre Beanfield (Montréal)
Le projet musical Tycho est d’une vaste envergure. Tycho se distingue par des sons planants, à la croisée des chemins entre l’électro, le house, le dance avec des touches indie, parfois rock et plus souvent penchant vers l’ambiant. Hansen produit lui-même les visuels de qualité qui supportent le groupe durant leurs prestations. Dans le cadre de son World Tour en 2025 qui mènera Tycho sur trois continents dans les prochains mois, la formation était de passage au Théâtre Beanfield de Montréal le 19 janvier dernier.
Bien que dans l’industrie de la musique depuis près de 25 ans, Tycho s’est produit devant un Théâtre Beanfield rempli aux trois quarts. Ceci peut notamment s’expliquer par le fait que la prestation avait lieu au début du vortex polaire frappant l’Amérique du Nord et qu’elle avait lieu un dimanche soir plutôt qu’un vendredi ou un samedi soir. En observant la foule, on remarque que la moyenne d’âge du public avoisine les quarante ans et que la gent masculine est majoritaire. Toutefois, le public impressionnait par la chaleur dégagée envers le groupe et il était rafraîchissant par l’absence de téléphone cellulaire filmant le concert.
C’est donc vers 19 h 45 que l’artiste Nitemoves se met nonchalamment à faire tourner ses platines devant des spectateurs curieux. La lumière ambiante du théâtre se tamise soudainement et le son augmente de sorte à captiver l’auditoire qui diminue ses bavardages. Nitemoves propose des sons planants et réchauffe la foule avec un style house et ambiant. Tout comme l’artiste principal de la soirée, ses mélodies sont dépourvues de paroles. Celui-ci réussit à installer une ambiance lounge festive et c’est au bout d’une heure qu’il termine sa prestation, laissant le public un peu plus impatient et un peu plus échauffé.
Vers 21 h 15, Hansen et son groupe foulent les planches du Théâtre Beanfield sous un tonnerre d’applaudissements. La formation ouvre avec la piste The Phantom, extrait tiré de son plus récent long jeu Infinite Health, paru à l’automne 2024. Durant cette première prestation, les spectateurs peuvent constater que les quatre membres du groupe sont tous vêtus de différents styles – allant d’un complet chic, à un t-shirt noir. Les regards sont vite attirés vers l’immense projection qui se superpose à la scène, au groupe et à leurs instruments. L’immense projection est une succession de créations visuelles, signées par Hansen, et l’harmonie entre la musique et les éléments visuels est grandiose. Chaque chanson immerge le spectateur dans un monde unique, doté d’une esthétique et d’une identité différente.
Tycho poursuit avec des pièces plus anciennes – Spectre (2014) et Weather (2019) — qui s’accompagnent de visuels d’une esthétique très recherchée. On y retrouve des formes psychédéliques qui rappellent les motifs des lecteurs mp3 au début des années 2000. Après la quatrième piste, la foule est déjà très échauffée et à l’avant du parterre, on constate qu’une majeure partie des gens dansent.
Suivent les pièces Consciousness felt, A walk et Green, pour lesquelles Hansen dévoile un montage d’images dont la teinte varie en fonction de la chanson présentée. Durant certaines pistes, notamment L, PBS, Horizon, Time to Run et Awake, un caméraman se promène sur la scène pour filmer de manière rapprochée et continue les membres du groupe, alors que l’immense projection diffuse sa captation avec un effet visuel rappelant l’effet d’une image infrarouge.
Durant tout le concert, les quatre membres du groupe ondulent de la tête ou des hanches tout en performant. On remarque aussi qu’Hansen a souvent les yeux fermés en maniant son synthétiseur et semble autant en transe que la foule au son de sa musique. Très peu bavard, Hansen ne s’adresse que deux fois à la foule. D’abord, en début de spectacle pour remercier les fans d’être là, puis au début du rappel, afin de présenter les membres de son groupe. Ainsi, on comprend que Tycho est le projet d’un mélomane passionné d’audiovisuel, qui laisse la musique et les images parler d’elles-mêmes. La musique éthérée et la production visuelle recherchée de Tycho résulte en un spectacle admirable, qui valait amplement la peine de braver le froid polaire.
Journaliste: Laurence Daoust-Gref
Crédit photo: Tycho (photos de presse sur Facebook et instagram, sans crédit fourni)