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4 novembre 2015 – Aussi controversé soit-il, le djent a permis de faire émerger sur la scène internationale des musiciens talentueux. Les nombreux pionniers du genre ont évolués d’album en album, évitant ainsi le piège de la redondance. Mercredi dernier, le groupe anglais Tesseract était à Montréal, accompagné de Skyharbor, Erra et The Contortionist, pour nous présenter sur scène son troisième album, Polaris.

La soirée a débutée très tôt avec Skyharbor. Le groupe a perdu quelques plumes depuis ses débuts, avec les départs de Anup Sastry à la batterie et Daniel Tompkins au chant. Tout de même, ils se sont relevés en force puisque c’est leur première tournée en Amérique du Nord. Malgré que le spectacle commençait à 19 heures tapant, une grande foule était déjà présente au Café Campus pour les accueillir. C’est triste de voir qu’un groupe aussi important pour la scène doit jouer tout au plus cinq chansons en début de soirée. Ils n’avaient pas l’air accablés pour autant, puisqu’ils ont enchaînés avec beaucoup d’énergie plusieurs morceaux de leur dernier album, Guiding Lights. Les fans de Blinding White Noise n’ont toutefois pas été en reste, puisque leur set s’est terminé avec Celestial, probablement leur plus grand succès.

Les vociférations à la sauce metalcore de ERRA, second groupe de la soirée, ont fortement contrasté le chant clair de Skyharbor. Ils ont été les premiers à déclencher un mosh pit dans cette soirée, et avec raison. Les riffs lourds et les breakdowns se sont enchaînés à une vitesse fulgurante. Impossible de ne pas au moins hocher la tête en levant les cornes en l’air pendant les refrains accrocheurs typiques de la scène metalcore. ERRA se démarque de bien des groupes de ce sous-genre souvent intimidé par les fans de metal en y injectant une bonne dose de musique progressive. Ça amène définitivement un vent de fraîcheur, et ça s’est fait sentir en observant la réaction de la foule. Une belle découverte en ce qui me concerne.

Le troisième et avant-dernier groupe de cette soirée chargée a été l’une des étoiles montantes du metal progressif. The Contortionist en étaient à leur troisième présence à Montréal en un peu moins d’un an. Ils ont semblé dans leur élément sur les planches du Café Campus, puisque à mon avis, la foule a eu droit à leur meilleure prestation de l’année. Leur musique n’est pas sans rappeler celle de Cynic, mais avec une surdose d’énergie qui se transmet bien sur scène. La foule a réagie à merveille aux sauts d’humeur qu’entraînent les enchaînements brutaux entre les riffs lourds et les passages mélodieux des guitares. D’ailleurs, plusieurs personnes sont sortis de la salle suite à la performance de The Contortionist, satisfaits de leur soirée. Bref, il est grand temps que ce groupe ait sa tournée en tête d’affiche.

Le clou du spectacle a été Tesseract, champions du djent, qui se sont fait connaître à Montréal grâce à une tournée avec Devin Townsend en 2010. Dès lors, ils ont forgé leur place dans le paysage du metal progressif grâce, entre autres, aux charismatiques Amos Williams et Daniel Tompkins, à la basse et au chant respectivement. Leur façon de dominer la scène est mémorable. Ils sont venus nous présenter Polaris, leur dernier album, duquel ils ont joué trois morceaux, soient Dystopia, Messenger et Survival. Le spectacle a été dominé par leur second album, Altered State, dont Daniel Tompkins s’est bien approprié les chansons de Ashe O’Hara, le précédent chanteur de la formation. La première moitié entière de l’album a été interprétée au grand plaisir de la foule, qui était très réceptive. Les trois premières parties de Concealing Fate sont devenus des classiques en concert pour Tesseract, et nous y avons encore une fois eu droit. Les changements de rythme et de structures de temps de ce morceau monolithique ont fait leur renommée et la formation n’est pas encore prête à le retirer entièrement de leur setlist. Malgré la qualité du spectacle, on en sort en espérant qu’à leur cinquième présence à Montréal, ils seront prêts à laisser une plus grande place à leur nouveau matériel.

Auteur & Photographe: Luc Dubois