Samedi 10 Juin – C’est sous un soleil qui cogne encore plus fort que la veille que nous arrivons sur le site, bien décidés à voir Smash It Combo, le phénomène rap/métal qui a mis le feu au camping à 12H, sur la Firefly Stage. Seulement, c’était sans compter sur l’attente de l’ouverture à la même heure, du stand presse, où il fallait retirer chaque jour le fameux bracelet… Encore un petit bug d’organisation qui, on l’espère, sera résolu l’an prochain.Mais la programmation annoncée de ce deuxième jour et sa pléiade d’artistes incroyables tels que System Of A Down en grosse tête d’affiche, mais également Far From Alaska, Blues Pills, Five Finger Death Punch, Slayer et beaucoup d’autres encore, nous ont vite fait oublier ce petit contretemps.

C’est donc sur la Main Stage 2 que nous retrouvons une petite foule qui se remet doucement de ses excès de la veille avec Black Foxxes. Un trio anglais que je découvre avec plaisir. Un rock alternatif, aux influences grunge bien marquées, allant de Nirvana à Pearl Jam pour un set de très bonne qualité. Après une courte pause désaltérante, nous sommes allés découvrir 5 brésiliens étonnants. Sur la Main Stage 1, ils nous avaient réservé une bonne dose de rock psychédélique, assortie aux tenues très colorées des deux chanteuses. Far From Alaska aura fait partie des belles surprises du week-end qui méritait bien la scène principale du festival. Le public a été largement conquis par ce combo made in Sao Paulo, qui a su faire preuve d’une énergie débordante tout au long de leur set. Je vous invite d’ailleurs vivement à les découvrir avec leur dernier album Unlikely sorti récemment.

Et pendant que les festivaliers se badigeonnaient copieusement de crème solaire pour éviter de finir en homards grillés, des félins brésiliens aussi s’apprêtaient à envahir la Spitefire Stage. Il était presque 15h30 lorsque les Project Black Pantera avec leur style métal punk interprété en portugais ajoutaient une belle touche d’exotisme à cette journée caniculaire. Malgré un son un peu saturé, les deux frères aux longues tresses noires et le batteur toujours masqué sur scène ont libéré un punk hardcore à l’énergie contagieuse, qui n’a pas laissé en reste les headbangers les plus enragés. Un des chanteurs finira de ravir le public avec un solo guitare au milieu des premiers rangs. Découverts au festival Afropunk en 2016, ils sont devenus la nouvelle référence de black power brésilien. Toujours à l’affût de nouveautés, nous avons préféré aller voir Code Orange sur la Warebird stage plutôt que Alter Bridge. Choix qui n’aura pas été le plus judicieux du week-end, à en entendre les retours immédiats sur le très bon groupe qui œuvrait sur la Main Stage 1 à la même heure. Les américains ont apparemment fait vivre un grand moment de hard rock à leur public. Nous, nous voilà donc face à 5 enragés. Dans leur style ils ne doivent être mauvais à voir les réactions positives du public et puis ils ont eu l’honneur de couvrir la première partie du concert des System Of A Down à Nîmes le 20 juin dernier, celle de Gojira au printemps ou encore les Deftones… Presque 9 ans que ce gang, rassemblé par Reba Meyers, chanteuse et guitariste du groupe, s’adonne au délire de la scène dans un registre hardcore/punk et métalcore. Alors on aime ou on n’aime pas, mais en tout cas le public a été très réceptif à leur implication sur scène, ainsi que Chris Kael, bassiste des 5 Finger Death Punch, présent en bord de scène pour venir jeter un œil incisif. Affublé d’un t-shirt du groupe pour l’occasion. Et c’est vrai que la voix lourde et agressive, principalement assurée par le batteur accompagnée de la voix féminine de la chanteuse, ajoutait une particularité supplémentaire à leur prestation.

Le soleil tapait toujours aussi fort. Sur les écrans géants, on pouvait lire un message de prévention canicule (au cas où on ne s’en serait pas encore aperçu…) en nous conseillant de s’hydrater avec de l’eau… précision qu’ils ont sûrement trouvée judicieuse, parce que la plupart des festivaliers ont préféré s’hydrater avec de bonnes bières bien fraîches, comme nous d’ailleurs… C’est donc désaltérés et prêts à en prendre plein les yeux et les oreilles que nous attendions l’arrivée sur scène de Blues Pills sur la Main Stage 2. Même si on aurait pu avoir une petite inquiétude quant à leur place au Donwload, l’accueil du public face à leur blues /rock psychédélique des seventies a rapidement levé le doute. Même si le son n’était pas top, l’énergie débordante et la voix de la belle suédoise aux pieds nus, accompagnée de ses musiciens avec look pattes d’ef et cheveux longs, ont largement séduit l’auditoire. Alors que les musiciens restent très concentrés sur leur instruments, sans un geste ni un regard vers le public, Elin, la chanteuse, s’occupe de faire le show a elle toute seule, en investissant toute la scène avec une énergie folle. Pour les avoir déjà vus, les « pilules bleues » sont sans conteste aussi efficaces en plein air que dans des salles plus intimistes. Il était un peu plus de 17h30 quand une mélodie puissante soutenue par une voix lyrique s’est faite entendre sur la Main Stage 1. Epica, le seul groupe de métal symphonique présent sur le festival a mis le feu dans tous les sens du terme sur la BA217. Le mix de la voix soprano de la chanteuse Simone Simons avec celle très gutturale du guitariste Mark Jansen, les effets pyrotechniques impressionnants qui ont fini de parfaire le bronzage des photographes dans le pit, le claviériste qui se baladait sur scène avec son synthé mobile, qu’il a échangé, plus tard, contre une espèce de clavier arrondi portatif (je ne savais pas trop comment nommé cet étrange instrument), ont transporté le public dans un autre univers. Les amoureux de walls of death, circle pit et pogos en tout genre ont été généreusement servis par une setlist qui faisait la part belle à leur dernier album The Holographic Principle sorti en 2016. Vers 16h45, on n’arrivait pas à choisir, alors on a fait les deux. Pas facile de se partager… Se produisaient en même temps AQME, avec son chanteur qui a tout de suite donné le ton en commençant son show par se jeter dans le  public. Le groupe qui fêtait les 15 ans de la sortie de leur premier album Sombres Efforts et annonçait la sortie de leur dernier opus qui sortira à la rentrée prochaine a littéralement retourné la Spitfire Stage pendant près d’une heure. Et Paradise Lost sur la Main Stage 2. Ce groupe à la tendance métal gothique, sobre et efficace, sortira son 15ème album en septembre. Du bon son que je n’ai pas trouvé aussi sombre et déprimant que le traditionnel doom, avec des rythmes plus soutenus voir même violents sur certains passages. Voilà comment avoir une autre idée de ce genre de métal.

À 19h15, c’est sans surprise pour le genre musical que commençait sur Main Stage 1 le set de Five Finger Death Punch. La foule est de plus en plus dense sur le site : 40 000 personnes d’après les dires pour cette deuxième journée. Une bonne partie de  la marée humaine se trouvait sans nul doute devant cette scène, pour retrouver la main rouge peinte sur le visage d’Ivan Moody, le chanteur, la barbe aux longues dreadlocks de Chris Kael, le bassiste fou, pour s’agiter sur leurs hits tel que Wash It All Away ou la reprise de House Of The Rising sun, cover de The Animals. Des véritables bêtes de scène avec un show qui tabassait bien durant les morceaux mais avec de grosses tensions entre les titres. Sur le coup personne n’a réellement compris pourquoi par moment entre deux morceaux, le groupe au complet quittait la scène. Serait-ce lié à l’attitude un peu négative d’Ivan Moody ? La question restera sans réponse sur le moment. Mais dès le lundi, le groupe écourtera son concert à Tilburg au Pays-Bas après un dernier excès d’Ivan qui annoncera que ce sera son dernier concert avec le groupe. Rattrapé par ses vieux démons, il sera remplacé pour la suite de la tournée par son ami Tommy Vext (ex Snot), le temps de se faire soigner et revenir en pleine possession de ses moyens. Dès le lendemain le groupe publiera le communiqué suivant pour s’expliquer : « Ceux qui ont suivi 5FDP depuis le début peuvent vous dire qu’il y a toujours eu une part de danger et d’imprévisibilité dans notre musique et nos concerts. C’est le rock’n’roll. Lorsque tu fais 150 concerts par an, il y aura inévitablement des déraillements, mais le train continue toujours d’avancer. La nuit dernière à Tilburg était l’un de ces cas de figure, mais comme on dit, tu n’es pas pilote automobile si tu n’as pas accidenté une voiture ou deux. Nous avons hâte de mettre en place des shows incroyables demain soir à Nova Rock jusqu’à notre tournée annoncée cet hiver partout en Europe. On se voit tous sur la piste de course… apportez votre casque… »

C’est en attendant la plus grosse affiche du week-end que Slayer est monté sur la Main Stage 2, pour nous servir leur set apparemment joué pour la énième fois, mais toujours aussi efficace. Le chanteur est aux anges et remercie son public d’être venu. Les papas du trash métal ont su donner une belle prestation où régnait une très bonne ambiance, même si trop rapidement les gens ont quitté les lieux pour se placer pour System Of A Down. Et juste avant d’aller rejoindre la foule qui s’amasse déjà devant la Main Stage 1, nous sommes allés vite fait jeter un œil sur Spitefire Stage pour voir ce que donnait Solstafir. C’est santiags aux pieds et veste en cuir sur le dos (les pauvres… j’ai chaud pour eux…) qu’ils commencent leur set visages figés, concentrés sur leurs instruments. Le son est un peu saturé par moments et je les ai trouvés beaucoup plus calmes que sur les vidéos que j’avais pu découvrir avant de venir, voire même carrément planant sur certains morceaux. Mais nous ne nous sommes pas attardés, car il fallait se ravitailler en bière avant de retrouver la foule qui attendait déjà devant la Main Stage 1.

C’est avec un quart d’heure de retard que les tant attendus System Of A Down arrivent sur scène. Une foule incroyable, la plus importante de tout le festival, est venue reprendre les chansons par cœur du groupe. Même sans aucune actualité depuis plus de 10 ans, ils déplacent encore largement leurs fans. C’est parti… les titres s’enchainent à une vitesse dingue, pas moins de 30 titres, ils n’ont rien oublié et surtout pas de rendre hommage à leur fabuleux album Toxicity. Mais aussi, entre autre et celle-là c’est moi qui l’espérais… Highway Song de Steal This Album… la véritable douceur pour mes oreilles de la journée. Mais même si je me suis régalée de chaque titre, j’ai vraiment regretté le manque total d’interactivité avec le public. Je ne sais même pas comment je peux dire une chose pareille mais j’étais presque déçue. Heureusement l’ambiance dans le public était bien là, une belle anarchie, ça dansait, ça chantait, ça sautait partout, du délire ; je n’étais pas la dernière à me laisser emporter par ce groupe que j’adore. C’est donc au bout de leur setlist de folie que SOAD ont quitté la scène sans un mot pour leurs fans. Pour les avoir revus à Nîmes le 20 juin dernier sur la même configuration, je me suis fait une raison sur leur prestation scénique.

C’est sur la Firefly Stage (la petite scène du camping) que nous avons terminé cette deuxième journée du Download Festival 2017, pour voir les copains survoltés de Toulouse, les Psykup ! Alors comme leur première partie, bah ouais la grande classe les SOAD en première partie quand même… c’est avec 15 minutes de retard que ces rockeurs métaleux jazzy en chemises hawaïennes entrent en scène. En pleine promotion de leur dernier album Ctlr+Alt+fuck, le public bourré d’une énergie débordante, stigmates du concert précédent, a réservé un accueil de dingue aux 5 toulousains. Ils se sont donnés à fond au son de leur folie et de leurs rythmes délirants en mettant les grands plats dans les petits ce soir, le petit plus qui a achevé notre journée en beauté.

Auteure : Lydie Bernard

Photographe : David Torres