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1 mars 2016 – Une semaine tout pile après le concert de Sabaton/Alestorm/Bloodbound au Rocher de Palmer, me voici de retour en terre bordelaise. Cette fois-ci, c’est à la Rock School Barbey que ça se passe (salle que je n’avais pas visitée depuis 2009!) et en compagnie d’un des grands noms du metal progressif, Symphony X. Ils seront accompagnés de deux autres groupes, Melted Space et Myrath.

L’ouverture des portes se fait un peu en retard à 20h et des poussières, les spectateurs sont plutôt nombreux ce soir et patientent sagement devant la salle. L’organisation tardive et les fouilles me feront louper le premier titre de Melted Space. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Melted Space, il s’agit d’un projet un peu fou créé en 2007 par le compositeur Pierre Le Pape. Créatif et talentueux, il choisit de s’orienter vers le metal opera. A force de travail, il est parvenu à collaborer avec de grands artistes comme David Vincent, Mikael Stanne, Arjen Lucassen, Ailyn Giménez, Mariangela Demurtas... et a donné naissance à un très beau second album : The Great Lie. Lorsque j’entre dans la salle, le groupe est déjà sur les planches, Pierre aux claviers entouré par trois vocalistes, Guillaume Bideau, Clémentine Delauney et Black Messiah ainsi que Mike Saccoman à la batterie, Brice Guillon à la basse et Adrian Martinot à la guitare. Nous allons assister à une demi-heure de show intense, plein d’énergie et avec de chouettes compositions musicales. Ce genre de metal n’est pas celui que je préfère mais j’accroche déjà bien mieux que lors de leur passage au Saint des Seins en 2013. La petite troupe est bien en place et le son est plutôt bon, il faut dire qu’on a là un belle brochette d’artistes de talent. De plus, la configuration de la salle permet de doubler le show musical d’un beau jeu de lumière et l’espace scénique permet aux musiciens et chanteurs de s’éclater. Melted Space nous aura fait passer un agréable moment.

L’enchaînement se fait avec Myrath. D’origine franco-tunisienne, le groupe existe depuis 2001 (sous le nom de X-Tazy), créé par le guitariste Malek Ben Arbia qui n’avait alors que 14 ans. Les années leur ont permis d’affûter leur metal progressif aux saveurs d’orient et de sortir un quatrième album, Legacy, cette année. Les lumières s’éteignent, l’introduction orientale retentit et des silhouettes silhouettes se profilent au travers de cette brume bleutée. Le premier titre est Storm of Lies, qui met bien en valeur le grain de voix chaleureux de Zaher Zorgati suivi de Get Your Freedom Back, un peu plus entraînant. C’est un peu calme à mon goût mais je dois reconnaître, en l’occurrence, que techniquement c’est vraiment bon et ultra carré. Morgan Berthet (KLONE) à la batterie nous balance la cadence avec un super feeling, et les riffs mélodiques exécutés par Malek sont rudement efficaces. Elyes Bouchoucha assure aux claviers, instrument qui, dans ce style –  prog mélodique – donne toute sa dimension à la musique. Enfin, je suis impressionnée par le jeu de basse de Anis Jouini d’autant plus que ce soir, le son de la basse est très présent, ce qui n’est pas pour me déplaire! Myrath aura également trente minutes pour jouer, un set court mais bien maîtrisé qui semble avoir conquis les spectateurs. Si vous aimez Orphaned Land, je vous conseille vivement d’y jeter une oreille. Bravo en tout cas, après avoir débuté en faisant des reprises de Symphony X, le groupe peut être fier car aujourd’hui, Myrath les accompagne sur cette belle tournée européenne.

Il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses et les techniciens s’activent pour un ultime changement de plateau. Symphony X … C’est l’un des premiers groupes de metal que j’ai écouté et cela fait une éternité que j’attends de les voir dans une salle et non pas en festival ! Les américains sont passés plusieurs fois dans le sud de la France, mais leur dernière venue à Toulouse remonte tout de même déjà à 2011. Pas de Ville Rose cette année, il était néanmoins impossible que je loupe cette date, alors hop, direction Bordeaux. Je me rappelle encore la découverte des albums, en particulier The Damnation Game et The Divine Wings of Tragedy, ce moment où ton corps et ton esprit passent par tous les états, toutes les émotions. Entre le génie de Michael Romeo et la voix incroyable de Russel Allen c’était juste fou. Iron Maiden et Symphony X étaient mes héros. Les années passent, on se rend compte que le metal est riche, l’oreille se forge et on devient plus difficiles. Loin d’être mauvais, The Odyssey et Paradise Lost m’avaient tout de même un peu déçue, puis, j’ai plutôt bien aimé Iconoclast. En 2015, Symphony X annonce la sortie d’un nouvel album, Underworld. Et là, je me suis pris une énorme claque comme à l’époque, avec des frissons de la première à la dernière note. Je mets cette galette dans le top 3 des meilleures sorties 2015, un vrai bijou. Je suis donc impatiente d’entendre ces morceaux en live. La foule se resserre et la salle de la Rock School Barbey s’assombrit peu à peu. Les clameurs s’élèvent au moment où l’introduction du dernier opus résonne, les musiciens arrivent sur scène. Cette intro fait monter la pression et l’entrée en matière se veut crescendo avec Nevermore, Underwold et Kiss of Fire. Le son n’est alors pas terrible mais heureusement les techniciens font leur boulot, l’amélioration se fait sentir et le reste du set sera bien géré. Symphony X calme le jeu, le charismatique Russell Allen prend la parole avant d’interpréter la douce Without You. Le dernier opus sera joué dans son intégralité: CharonTo Hell and Back, Run With the Devil, Swansong … Aaaaahhhh la basse qui vrombit, les changements de rythmes audacieux, les mélodies qui jaillissent de tous les côtés, et cette voix ! Ce timbre si incroyable, à la fois hyper puissant et plein de sensibilité. Qu’est-ce que ça fait du bien d’entendre des compositions complexes, solides et mélodiques, exécutées à la perfection. Mike LePond est un peu fatigué mais son jeu est tout simplement hallucinant, c’est aussi fluide que râblé, la basse vrombit savoureusement. Le virtuose Michael Romeo, toujours assez discret sur scène nous régale néanmoins de ses prouesses techniques et envolées mélodieuses, c’est divin! Michael Pinnella fait virevolter les notes sur son clavier et à côté de lui, caché derrière sa batterie, Jason Rullo frappe ses fûts avec précision et avec le sourire. Les spectateurs sont réceptifs mais l’ambiance est assez calme, quelques fans inconditionnels (dont moi) gigotent et chantent quand-même tous les morceaux. L’imposant Russell Allen assure toujours son rôle de frontman d’une main de maître, prenant du plaisir à communiquer avec ses fans, avec humour et simplicité et agrémentant les chansons avec de petites anecdotes. Ajoutez à ça sa voix extraordinaire, son charisme naturel et son petit déhanché, il n’y a pas de doute, ce mec est fait pour la scène! Le show lumineux est également extra. Nous aurons le droit aux sublimes The Death of Balance/Lacrymosa, Out of the Ashes et Sea of Lies. Les musiciens sont en parfaite symbiose, ce qui rend le tout encore plus savoureux, entendre ces trois pépites est tout bonnement merveilleux. Wow! Tuerie!
Puis, Symphony X s’éclipse. Les chaleureux applaudissements et les “SymphonyX, SymphonyX, SymphonyX” scandés par la foule seront récompensés par un rappel avec 
Set the World on Fire (The Lie of Lies) et Legend en hommage à Ronnie James Dio. Après plus d’une heure et demie de show, c’est maintenant bel et bien fini.

Merci à Base Productions et la Rock School Barbey pour l’organisation ainsi qu’à Melted Space et Myrath pour leurs jolies prestations.
Dès les premiers accords lancés par Symphony X, les émotions et la chair de poule m’ont envahie et ne m’ont pas quittée, merci pour ce beau moment de musicalité, de partage et de sensations. Les frissons me parcourent encore l’échine à ces mots… Je peux affirmer que Symphony X est pour moi le meilleur groupe de heavy metal progressif à l’heure actuelle (loin devant Dream Theater). The Legend never dies… and music either…

Auteure et photos: Fanny Dudognon