Selah Sue @ Théâtre Corona (Montréal)
Selah Sue est une jeune chanteuse guitariste belge de RnB, Nu Soul, Reggae,Trip Hop .Elle est double disque de platine en France ainsi que disque de platine en Pologne . Elle a deux albums à son actif : « Selah Sue « ( sorti en 2011 ) et « Reason « (2015) . Elle a collaboré avec Cee Lo Green et a fait la première partie du très regretté Prince !
Après une première partie sympa ( Polly B ) , le public qui est assez nombreux ( fausse remplie , Balcon presque plein ) a la patience d’attendre longtemps , trop à mon goût , l’arrivée sur scène de la tête d’affiche . Le changement De plateau et la balance sont interminables ( je ne vais pas ouvrir un débat sur les soundchecks versus les linechecks ) . Les techniciens musiciens sont prêts mais l’ingé-son lui , ne l’est pas ( quand ce n’est pas dans ce sens , c’est dans l’autre … ) ! Ça y est , le régisseur plateau demande de faire baisser la musique mais tout le monde voit le faisceau de sa lampe sauf l’intéressé … Ça dure cinq longues minutes … qui s’ajoutent au temps d’attente !
Enfin Selah Sue arrive sur scène , seule avec sa guitare . Sa première chanson est une version trop épurée de « Allways Home « ) du coup , je préfère la version de l’album . Quand elle est seule avec son instrument , il est évident qu’elle est bien plus à l’aise avec sa voix qu’avec sa guitare . Elle continue dans la sobriété avec une autre intro assez intimiste (voix/piano) . Le claviériste est très mélodique et nuancé . Puis suit le reste du groupe avec un bassiste très efficace , surtout dans les lignes reggae , un guitariste discret mais présent sur les parties plus fusions , un batteur très technique qui a le style de ces jeunes drummers prodiges qui sortent des écoles gospel hip-hop , chargés de breaks syncopés ultras puissants mais qui sait aussi jouer « vieille école « avec des grooves solides ! Mention spéciale pour les effets sonores sur la caisse claire ( écho , réverb ,ou délai sur les parties reggae ) . Pour finir la présentation du groupe , il y a une choriste dont je ne comprends l’utilité qu’a partir de la moitié du concert (quand elle sort de la même tessiture que celle de Selah Sue pour assumer un rôle et une voix plus personnels et complémentaires ).
Les chansons de ses deux albums s’enchaînent, la tête d’affiche mélange très bien les ambiances . Quand elle chante seule avec sa guitare acoustique , ça m’évoque Ayo ainsi que Neneh Cherry ou encore Massive Attack quand elle est accompagnée par tout le band . Beaucoup de chansons sont trip hop et électro mais le lien de tout le concert reste le groove ! Tout est parfaitement maîtrisé , le groupe entier est peut être victime de son point fort : la précision « chirurgicale » , du coup je regrette un peu les rares moments plus rock fusion un peu « sales « où les musiciens ( bien que super huilés et rodés) sont poussés au maximum et que le guitariste est alors beaucoup plus présent !
Seconde mention spéciale pour la seule reprise du concert : » I Loves You Porgy « des frères Gershwin . Il faut être sacrément audacieux pour interpréter un standard de jazz de cette envergure , quand les sublimes Billie Holiday et Nina Simone l’ont déjà fait auparavant ! Son audace est assumée et elle ( accompagnée alors de son pianiste ) convainc son public avec cette première chanson de rappel !
Selah sue est très peu bavarde entre les morceaux , elle présente tous les membres du groupes avant leurs solos respectifs lors de « this World « Et parle de son père juste avant « daddy « , en français et en anglais .
Malgré le fait que le groupe reste trop souvent dans sa zone de confort et fasse preuve d’un manque flagrant de présence et d’énergie scénique (surtout sur les parties plus fournies en rock ) , elle arrive à tirer le meilleur de son public lorsqu’elle l’invite à taper des mains et à chanter avec elle .
Le son est d’une qualité remarquable , fort mais confortable . L’ éclairage est totalement raccord avec l’ audio . En ce qui concerne le côté visuel , rien de vertigineux , il y a juste une grande bannière placée sur le fond de la scène avec dessus les titres de ses chansons mêlés au au nom de l’artiste ( en noir et blanc ).
Le concert se termine par une version titanesque de Got You Where I Want You qui rappelle les ambiances les plus fusions de l’album Mezzanine de Massive Attack.
Auteur: Ousman N’Dong
Crédit Photo: Emilie Sablik (Archives Thorium)