Soccer Mommy

Dans un festival comme Osheaga, c’est toujours assez ingrat d’être le band casé en milieu d’après-midi sur l’immense scène clairement pensée pour accueillir les installations d’headliners comme Kendrick ou Billie Eilish. Donc toutes proportions gardées, Soccer Mommy s’en est pas mal tirée.

L’air un peu gêné, les yeux baisés sur sa mustang, l’artiste indie a malgré tout su séduire par ses compositions intimistes une foule encore assez modeste, parmi laquelle on décernait heureusement quelques fans dévoués (shoutout à la fille qui a traîné son papa dans le pit avec la mention my dad loves you).

« Your Dog » et « Circle the Drain » n’ont d’ailleurs pas manqué de faire chanter le parterre (et même de faire réagir quelques curieux) juste avant que la chanteuse ne se sauve en vitesse pour faire place à Backseat Lovers.

Wallows

Premier gros highlight de la journée.

Si les six jeunes tout droit débarqués de Los Angeles pouvaient quant à eux compter sur une crowd résolument plus engagée (les hurlements de leurs légions de fans de 17-18 ans n’ont pas faiblit en 50 minutes de show), il faut reconnaître que la formation californienne – frontée par un Dylan Minnette aussi charmeur que charismatique sur scène – a tout pour plaire.

Marchant le long des barricades, passant le micro aux festivaliers, alternant leurs rôles et leurs instruments entre les chansons, les gars de Wallows ont livré typiquement le genre de set qu’on aime voir en festival: fun, énergique, coloré et rassembleur.

Difficile donc de ne pas tomber sous le charme des loverboys derrière leurs strats pastel, surtout quand on ajoute à tout cela l’amusante désinvolture de leurs diverses interactions avec leurs fans:

« We’re not even on tour, this is kinda random. We just felt like coming back to this amazing city… hey by the way, does anyone actually know how to pronounce Osheaga? »

Flaming Lips

Le soleil commençait à peine à descendre sous l’horizon au moment où des robots gonflables de douze pieds ont envahi la scène de la Rivière. Pluie de confettis à n’en plus finir, bumper ball gonflée autour du frontman, ballons multicolores lâchés sur le parterre. Pas de doute, on allait assister à tout un spectacle des Flaming Lips.

Même si ceux qui venait pour l’occasion interpréter l’ensemble de Yoshimi Battles the Pink Robots ont habitué leur public à ce genre de carnal visuel au fil des ans, il faut reconnaître que Wayne Coyne et sa bande n’ont pas hésité à redoubler d’efforts pour offrir ce soir-là un show digne de ce qu’on aurait pu s’attendre à voir au Centre Bell.

Dommage que la plupart du monde dans le pit à partir de ce moment-là cherchaient plus à barricade Rüfüs qu’à écouter leur set… mais ça fait partie de la game. Peu importe, il y a pas grand chose de plus cathartique que de chanter Do You Realize avec des milliers d’inconnus dans la lueur du soleil couchant.

Charlotte Cardin + Rüfüs Du Sol

Celle qui venait à la base pour remplacer in extremis Aya Nakamura avait peut-être pas eu le mémo qu’elle précéderait en réalité le band australien. En tout cas, l’énergie déployée lors de sa performance de fin de soirée aurait pu laisser croire sans problème que c’était elle, la vraie tête d’affiche de la première journée.

À ce stade, les parterres adjacents de la scène de la Montagne et celle de la Rivière ne formaient plus qu’un et les gym bros en tank tops et bandanas qui étaient venus attendre Rüfus Du Sol bounçait déjà sur Meaningless comme ils s’apprêtaient à le faire plus tard sur Treat You Better ou You Were Right.

Enfin, l’arrivée sur scène du célèbre trio n’a bien évidemment pas manqué de faire son effet. Stroboscopes, rétroprojections, smoke shows de la mort. Le dispositif habituel de leurs superproductions scénographiques venait épouser de façon très soignée leur house aussi riche que coloré; le tout magnifié de manière presqu’irréelle par les lumières distantes du centre-ville.

Auteur: Jérémie Picard

Photographes: Alexandre Guay et Thomas Courtois