Nile

Dimanche 13 Septembre 2015 – Le mois de Septembre annonce la fin des vacances, de la chaleur, des festivals d’été et bien entendu la rentrée des classes. Beaucoup de choses qui pourraient vous miner le moral, mais c’est aussi la rentrée des concerts ! Noiser nous offre pour l’occasion une programmation de choix, mettant le death metal à l’honneur, avec Nile et Suffocation. Ce n’est pas tout ! En effet, nous avons eu la belle surprise de découvrir que la soirée se déroulerait entre les murs du Bikini. Un plus non négligeable : les groupes sont ravis de jouer en ce lieu dont la réputation n’est plus à faire et, ce soir, le son sera bon !

19h30, les metalheads arrivent tranquillement et ce sont les italiens de Bloodtruth qui ouvrent les hostilités. Ce groupe de brutal death technique sortait son tout premier album studio, Obedience, en 2014. Le chant death de Luigi Valenti est bien exécuté mais pas transcendant, en revanche, techniquement, les musiciens savent se défendre. Stefano Rossi Ciucci nous balance des mélodies bien travaillées et Giacomo Torti fait fumer la double pédale avec une aisance certaine. C’est cependant le bassiste Riccardo Rogari qui se démarque par son habileté, le groove il l’a dans le sang ! Les membres de Bloodtruth sont contents d’être là et nous le font savoir. Un première partie brutale, dans le thème, qui permet de chauffer tranquillement le public, encore timide à l’heure qu’il est.

Petit changement de plateau et de style avec Chabtan. Le groupe français formé en 2011 va nous servir ses compositions modernes où le death mélodique flirte avec le metalcore. Après avoir réalisé un EP en 2013, le quintet donnait récemment naissance à un album nommé The Kiss of Coatlicue dont nous découvrirons quelques morceaux. Le set démarre avec un son approximatif, la guitare de JP m’agresse un peu les oreilles et la basse est imperceptible, heureusement cela ne durera pas très longtemps. Le vocaliste Cristofer Rousseau, plein d’énergie et de bonne volonté se donnera à fond durant tout le set face à un public pour le moins asthénique. Un petit groupe s’active néanmoins devant la scène et profite pleinement du show. Cristofer, JP, Dimitri Merly (guitare), Laurent Gasperetti (Basse) et Yanis Bergheul (batterie) nous livrent des titres tels que Born from Vucub Caquix, Ah Puch Reign ou encore Visions of the snake. Les rythmiques sont entraînantes, j’aime assez et remue la tête instinctivement. Finalement, seul le chant clair me dérange vraiment, je trouve que ça casse la dynamique des morceaux (avis à 200% personnel). Chapeau aux jeunes artistes qui ont assuré le show malgré le manque d’enthousiasme désolant dans la salle.

Il est temps de passer aux choses sérieuses, le backdrop de Suffocation est dévoilé et, à 21h les lumières s’éteignent à nouveau. Quelle joie de retrouver ces pionniers du brutal death qui survivent depuis maintenant 27 ans. Les années passent mais le groupe a toujours su conserver un excellent niveau, faisant évoluer sa musique au fil du temps et en fonction des changements de line-up. Leur dernier album Pinnacle of Bedlam sorti en 2013, moderne, à la fois brutal, mélodique et parfois même thrashy a d’ailleurs fait l’unanimité. Si les fans de la première heure ont répondu présents, le phénomène « post Xtreme-Fest » est évident puisque, tout comme pour Angelus Apatrida en mars dernier, beaucoup de gens sont ici pour revoir le groupe qui les avait scotchés durant le festival en 2014. Le public, qui était jusqu’alors dans un état léthargique, va enfin sortir de ses gonds. Le groupe n’y va pas par quatre chemins, coupant net l’intro hip hop Kilos in my bag avec la brutale Thrones of blood. Suffocation apparait et l’on reconnait Ricky Myers (batteur de Disgorge) qui remplace l’excellent vocaliste Franck Mullen. Pas évident de passer derrière un bonhomme comme celui-ci. Ricky s’impose par son charisme  et grâce à son chant death puissant et plus clair, clairement efficace. Derek Boyer, ou l’homme araignée, ne pourra malheureusement pas nous régaler de sa présence scénique, se voyant contraint de rester en retrait pour des raisons techniques. Derrière les fûts, c’est Kevin Talley qui défonce tout à gros coups de double pédale. Devant, les guitaristes Terrance Hobbs et Guy Marchais font brillamment le job, les mélodies fusionnent avec les riffs bien gras : une combinaison dévastatrice. Les metalheads sont chauds bouillants, headbanging, circles pits, pogos et slams sont lancés aux rythmes des morceaux comme Breeding the spawn, Liege of Inveracity, Catatonia ou encore l’irascible Effigy of the Forgotten. C’est violent, robuste et techniquement maîtrisé, une fois de plus Suffocation nous aura mis une branlée monumentale avec un son excellent.

Nile fera son entrée à 22h30. Connus pour leurs compositions ultra techniques baignant dans une ambiance égyptienne, les américains ne sont pas là pour rigoler. Karl Sanders, Dallas Toler-Wade (guitares) prennent place devant leurs micro pendant que George Kollias s’installe à la batterie. A leurs côtés, nous découvrons le nouveau et très jeune bassiste Brad Parris, qui va nous prouver qu’il a bel et bien sa place au sein de ce groupe expérimenté. Le set démarre avec Ushabti reanimator, titre du nouvel opus What Should Not Be Unearthed, les deux voix caverneuses de Karl et Dallas résonnent fort dans le Bikini. Le son est encore une fois impeccable. La batterie fait trembler les murs et les musiciens semblent prendre énormément de plaisir à jouer. Sacrifice unto Sebek, Kafir!, In the Name of Amun… La set list est plutôt bonne, de la brutalité à l’état pur. Dans le pit c’est beaucoup plus calme, à croire que cette toute puissance laisse le public coi. Cependant, certains ne lésineront pas sur les slams, cherchant à tout prix à monter sur scène alors que c’est interdit. L’ambiance entre le public et les membres de l’équipe, qui tentent tant bien que mal de maintenir l’ordre, devient tendue. C’est sans compter sur quelques personnes, apparemment totalement dépourvues d’intelligence, qui prennent un malin plaisir à balancer des verres sur la scène. Dallas qui, jusque là, avait assuré avec un immense sourire, va perdre patiente, interrompant le set. Encouragé par les clameurs des “vrais” amateurs de musique, le groupe relance la machine. Le show s’achèvera sur l’enchaînement Lashed to the slave stick et l’ultra violente black seeds of vengeance. Du bon gros blast de bourrin histoire de bien vous achever. Même si Nile ne parvient pas à m’emporter (c’est vraiment trop complexe pour moi), il m’aura néanmoins impressionné. Un groupe à voir au moins une fois dans sa vie.

Merci à Noiser pour cette excellente soirée, en espérant que, tout comme moi, vous retiendrez d’avantage la qualité optimale du concert que la connerie monumentale de certains. On se retrouve samedi pour Shining, from Sweden au Metronum.

Auteur: Fanny Dudognon

Photos: Clément Costantino