moriartyPhoto @ Festival Pause Guitare 2015

2 octobre 2015 – Après un passage en juillet à Albi pour le Festival Pause Guitare, la tournée de Moriarty n’a pas prévu de passer par Toulouse cet automne. C’est donc 200km plus au sud que je suis allée les voir, à Perpignan, dans une salle que je connais bien, celle du Elmediator. Et la venue du groupe franco-américain n’a pas laissé insensibles les catalans puisque pour la rentrée du Elmediator le concert affichait sold out.

C’est sur les coups de 22h, dans une salle saturée de presque 900 spectateurs, que les 4 musiciens de Moriarty entrent en scène. Pas de Rosemary Standley à l’horizon, derrière le micro se place Arthur B. Gillette muni d’un guitare folk et d’un harmonica, c’est lui qui interprète le premier morceau. A la fin de celui-ci, il nous signale avoir  une bonne et une mauvaise nouvelle à nous annoncer. Naturellement nous pensons Rosemary Standley absente, et l’espiègle Arthur le savait, mais c’est Thomas Puéchavy le joueur d’harmonica qui sera absent de scène ce soir, Rosemary est bel et bien et là et fait son entrée. Après l’interprétation d’un premier morceau la chanteuse nous demande si nous aimons le diable avant d’entamer la chanson de celui qui l’aimait un peu trop : Ginger Joe. A l’image de leur figure d’emprunt, Dean Moriarty (héros voyageur de Jack Kerouac), nous vagabondons à travers un paysage musical riche, ondulant entre folk, bluegrass et country. Les mélodies s’orchestrent au son d’une contrebasse, d’une vieille guitare américaine à résonateur métallique, de percussions, du grain de voix envoûtant de Rosemary et à cet instrument manipulé avec brio par Arthur : l’harmonium, une sorte de clavier à vent venu d’Inde. En leur compagnie nous remontons le temps jusqu’à l’anthologie du folk avec des reprises telles que Belle, seules paroles francophones de leur discographie (il s’agit plus précisément de créole cajun, le français régional louisianais), écrites par M. Bornu dans les années 30. Autre interprétation extraite de Fugitives, album des Moriarty né dans le sillage d’un projet autour des influences de Bob Dylan, la cover de Moonshiner. Ce soir ils sont venus nous présenter leur dernier album Epitaph, mais ils devinent aussi un public venu se faire bercer par les anciens morceaux. Quand les lumières se tamisent et que le groupe communie en se partageant un micro placé au centre de scène, les yeux se ferment, pour rejoindre l’espace d’un instant un de ces bars de la Nouvelle-Orléans et cette Amérique fantasmée. Après un peu plus d’une heure de concert, les Moriarty reviennent pour un rappel livrant le très attendu Jimmy, tandis que les balais (technique utilisée dans le jazz) caressent une valise en cuir.

Auteure : Vanessa Eudeline

Crédit photo : Antony Chardon (Archive Thorium Magazine)