Mono

2 novembre 2015 – Après le concert fou de Kvelertak quelques jours plus tôt, nous retournons au Metronum pour un show aux accents post-rock, beaucoup plus calme mais toujours organisé par Noiser. L’affiche est composée de trois groupes aux origines et aux univers très distincts. Les membres de The Ocean ouvriront le bal, ce sera ensuite au tour de Sólstafir et enfin de Mono. Un trio qui semble faire l’unanimité, puisqu’une fois de plus, les toulousains se sont déplacés en masse.

L’ouverture des portes se fait à 19h, il ne faut pas trainer car c’est à peine 20 minutes plus tard que les lumières du  Metronum s’éteignent. Ce sont les berlinois de The Ocean (The Ocean Collective), qui ont récemment sorti un split nommé Transcendental, qui montent les premiers sur scène. Le groupe qui a subi de nombreux changements de line-up se compose d’ordinaire de cinq musiciens, ce soir, sept silhouettes apparaissent à travers à cette brume rougeoyante. La violoncelliste Dalai et le claviériste Irakli ont rejoint, Robin Staps (guitare), Loïc Rossetti (chant), Damo (guitare), Paul Seidel (batterie) et Mattias Hägerstand (basse) pour cette tournée. The Ocean nous fera voyager durant presque une heure dans ce sombre univers abyssal avec des morceaux comme Siderian, Rhyacian : Untimely Meditations ou Demersal. Leur musique expérimentale qui fluctue entre métal progressif et post-rock atmosphérique est bien exécutée. Le chant torturé de Loïc est saisissant,  les rythmiques sont variées et denses notamment grâce au violoncelle qui vient renforcer le duo basse/batterie. Des sonorités planantes, prégnantes doublées par un show visuel travaillé – light, fumée et projections vidéos – qui renforce ce côté atmosphérique. J’ai réellement apprécié cette plongée dans les abîmes de The Ocean.

Place maintenant à Sólstafir et leur rock’n’roll atmosphérique. Le 29 janvier dernier, les islandais nous avaient offert un show magique à la Dynamo et c’est très certainement l’une des raisons de cette belle affluence en ce lundi soir. Il y a eu un peu de remue-ménage au sein du groupe puisque le batteur Guðmundur Óli Pálmason le quittait définitivement en juin. Lors de leur précédent passage, c’était Karl Petur Smith qui le remplaçait, aujourd’hui c’est le batteur Hallgrímur Jón Hallgrímsson qui prend le relai. Nous sommes plongés dans le noir, c’est l’efficace intro Náttfari qui s’infiltre dans nos oreilles,  puis le quatuor démarre avec l’entrainante Dagmál. La bonne surprise est de constater que la setlist est différente cette fois-ci. Fidèles à eux-mêmes, soignant leur look, nous retrouvons le chanteur Aðalbjörn Tryggvason vêtu de son blouson à franges, Sæþór Maríus Sæþórsson chapeauté et alternant entre guitare et banjo ainsi que le bassiste aux tresses Svavar Austmann qui se dandine déjà. Sólstafir va me transporter. Dès le second titre, Ljós í Stormi, nous somme happés par cette musique où transparaissent toutes sortes d’images et d’émotions : mélancolie, force, douceur, beauté, obscurité… On se délecte du titre fabuleux et envoutant Ótta suivi de la bouleversante Náttmál. Une fois de plus, je suis troublée par le timbre si particulier d’Addi, une voix aussi fragile que puissante. Le charismatique frontman est, comme à son habitude, très proche de son public avec lequel il viendra flirter tout au long du show. On remarque que le batteur est bien plus à l’aise que son prédécesseur, la rythmique est fluide. Un set convaincant qui s’achève merveilleusement avec l’enchainement  Fjara/Goddess of the Ages. Sólstafir nous a encore fait vivre une belle expérience musicale, une immersion onirique en  terre islandaise. Le groupe nous quitte chaleureusement applaudi par le public. Petit (gros) bonus : un son excellent et de belles lumières, on aurait aimé faire durer le voyage…

Il reste à accueillir les japonais de Mono pour l’ultime show du jour. Voici un groupe que je connais très peu, il faut dire que leur musique est assez difficile à aborder. Le quatuor propose des compositions 100% instrumentales et 100% post-rock, un univers totalement psychédélique où le calme et la fureur rivalisent autant qu’ils s’harmonisent. Yasunori (batterie), Tamaki (basse), Takaakira et Hideki (guitares), prennent place sur une scène aux lumières tamisées. Je pense que les avis concernant ce show sont très variés et surtout totalement opposés : on aime ou on n’aime pas. De mon côté, je ne saurais dire si c’est la complexité des morceaux où l’absence totale de communication de la part de Mono durant le set mais je penche pour le « je n’aime pas ».  J’ai vu énormément de gens en transe pendant une heure, tout comme les deux guitaristes sur leurs tabourets, absolument déchaînés. Il est clair que musicalement, l’intensité et la technique sont au rendez-vous. Cependant, les morceaux sont très longs, les démarrages lents et lancinants m’ont rapidement plongé dans l’ennui. Si pour certains ce fût magique, de mon côté, Mono m’a fait l’effet d’un train. Un train qui aurait pu me faire voyager mais qui m’a, malheureusement, laissée sur le quai.

Merci à Noiser pour cette soirée globalement riche en émotions. De beaux artistes proposant de belles prestations que l’on peut pleinement apprécier grâce à la qualité du lieu également. Je reprendrais peut-être un ticket pour le Japon un de ces jours, en espérant ne pas rater mon train une seconde fois.

Auteure: Fanny Dudognon

Photographe: Clément Costantino