Trinité de l’Apocalypse : Meshuggah, Cannibal Corpse et Carcass frappent Québec City @ Centre Vidéotron
Death, djent et grindcore : un triptyque infernal à Québec.
Le Centre Vidéotron a été le théâtre d’une éruption sonore mémorable hier soir, lorsque les titans du metal extrême, Meshuggah, Cannibal Corpse et Carcass, ont uni leurs forces.
Chacun de ces titans a forgé sa propre légende dans l’univers du metal. Les Suédois de Meshuggah, architectes virtuoses du djent, continuent de repousser les frontières du metal progressif avec leurs compositions labyrinthiques et leur maîtrise technique vertigineuse. Du côté de Cannibal Corpse, le quatuor américain reste l’incarnation même du death metal le plus brutal, portant depuis plus de 30 ans l’étendard d’une violence musicale sans compromis. Les Britanniques de Carcass complètent ce triumvirat en apportant leur héritage révolutionnaire, ayant façonné tant le death metal mélodique que le goregrind.
Cette tournée nord-américaine s’inscrit déjà dans les annales du metal extrême, marquant la première collaboration scénique entre ces trois mastodontes. Pour la métropole québécoise, reconnue comme un bastion du metal, cette soirée historique confirme son statut de place forte incontournable. Cette programmation hors normes illustre la force de GESTEV dans l’organisation d’événements d’envergure, avec également Three Days Grace et Volbeat le 17 juin, Deftones le 7 septembre, et le duo Korn/Gojira le 29 septembre – une expertise qui renforce la position privilégiée de Québec sur la carte du metal international.
Dès les premières notes de Carcass, une vague d’énergie a déferlé sur la foule, transformant le parterre en une arène bouillonnante. Les classiques «Heartwork» et «Corporal Jigsore Quandary» ont provoqué une frénésie collective, prouvant que même à une heure précoce, le public était prêt à en découdre.
Jeff Walker et Bill Steer ont exécuté avec une précision remarquable les riffs complexes qui ont bâti leur réputation. La section rythmique, impeccable, a fourni le socle parfait pour les solos virtuoses de Steer. Les circle pits, tourbillonnants et incessants, témoignaient de l’intensité de la performance démontrant que les fans étaient venus pour les trois groupes, pas uniquement pour la tête d’affiche.
Set list
- Corporal Jigsore Quandary
- Buried Dreams
- Incarnated Solvent Abuse
- Keep on Rotting in the Free World
- Heartwork
- Thrasher’s Abattoir
George Corpsegrinder Fisher, véritable bête de scène, a régné en maître avec ses windmills emblématiques et une présence qui ne laisse personne indifférent. Sa voix puissante et précise a fendu le mur de son, une performance qui a marqué les esprits. Les vocaux, typiques du death metal, ont certes leur propre caractère, mais ils participent pleinement à l’expérience intense offerte par Cannibal Corpse.
Le duo de guitaristes, Rob Barrett et Erik Rutan, a déchaîné des riffs d’une violence presque trop parfaite, tandis que Alex Webster à la basse et Paul Mazurkiewicz à la batterie ont maintenu un rythme infernal. Les circle pits se sont formés sans relâche, accompagnés de mouvements de tête collectifs. Cannibal Corpse a ainsi préparé le terrain en chauffant à blanc le public pour l’arrivée de Meshuggah.
Set list
- Scourge of Iron
- Code of the Slashers
- Fucked with a Knife
- I Cum Blood
- A Skull Full of Maggots
- Kill or Become
- Evisceration Plague
- Hammer Smashed Face
Meshuggah a démarré son set devant un public impatient. Dès le début, le groupe a créé une ambiance forte avec un jeu de lumières particulier et une présence intense sur scène.
Leur style, typique du métal suédois, est sobre : les musiciens restent assez statiques, bougeant surtout la tête en rythme avec leur musique complexe. Ce contraste entre leur attitude réservée et la technicité de leur musique donne une atmosphère presque hypnotique.
Jens Kidman, le chanteur, a livré une performance vocale puissante, sa voix s’accordant parfaitement avec les riffs compliqués des guitaristes Fredrik Thordendal et Mårten Hagström. Le batteur Tomas Haake, reconnu comme l’un des meilleurs du genre, a impressionné par sa précision.
Le groupe a joué un mélange de morceaux récents et anciens. «Broken Cog», une ouverture massive tirée d’Immutable, a lancé le concert avec sa structure complexe, suivi de «Violent Sleep of Reason», un classique de 2016 qui n’a rien perdu de sa force. Le public a particulièrement réagi à «Bleed», un moment fort de la soirée.
Les changements de rythme et les riffs étaient bien perçus par le public, visiblement conquis. Par ailleurs, les fans sont restés longuement après la fin du set, réclamant un rappel avec ferveur. Ils ont attendu que la dernière note résonne avant de quitter la salle. D’ailleurs, Meshuggah, touché par cet accueil chaleureux, a pris le temps de remercier son public alors qu’il recevait une ovation méritée.
Setlist
- Broken Cog
- Violent Sleep of Reason
- Rational Gaze
- Combustion
- Kaleidoscope
- God He Sees In Mirrors
- Lethargica – Suivi de Born in Dissonance
- Dancers to a Discordant System – Transition parfaite vers The Swarm
- Future Breed Machine
Rappel :
- Bleed
- Demiurge
Article et photos : Sandra Léo Esteves