Le groupe suédois Månegarm, qui oeuvre dans la scène folk/black metal depuis 27 ans, sortira dans quelques jours Ynglingaättens öde, son dixième album en carrière. De mon côté, je dois avouer que la dernière fois que j’ai trippé sur un de leurs albums, c’était Nattväsen sorti en 2009, et leurs dernières offrandes m’ont un peu laissé sur ma faim. Ils avaient délaissé leur côté plus folk et même leur son black metal avait un peu pris le bord avec leur album éponyme (Odin Owns Ye All décrit assez bien ce que je dis). Ils ont fait une belle remontée avec Fornaldarsagor sorti en 2019, mais ce n’était pas encore assez pour que je trouve ça exceptionnel. Est-ce que leur nouvel opus saura raviver la flamme en moi? Est-ce que je pourrai finalement écrire le titre de l’album de mémoire et sans regarder sur Internet? Mais, le plus important, comment ça sonne?

Le tout commence avec la pièce Freyrs blod, un monstre de plus de dix minutes et, on va se le dire, de commencer un album avec leur plus longue pièce en carrière, c’est vraiment audacieux! Cette chanson-là permet aussi de montrer ce dont ils sont capables, autant au niveau de l’agressivité que pour les moments plus doux avec du chant clair et des instruments plus folk. Seulement avec l’écoute de cette pièce, je me suis dit qu’enfin le groupe était de retour avec un son que je reconnais et que j’apprécie grandement. En fait, Ynglingaättens Öde propose beaucoup plus que ça avec une grande variété au niveau des sonorités et des ambiances, comme un melting pot de tout ce que le groupe a fait de mieux au cours des années.

On a bien sûr des chansons qui y vont dans un pagan/black metal mélodique bien assumé comme Adils fall, Auns söner et Vitta vettr où on y trouve même une petite pointe de mélancolie qui ajoute une belle couleur à l’aspect déjà grandiose des thématiques nordiques. Mais où le groupe a tapé dans le mille, c’est d’être retourné à leur côté plus folk avec Ulvhjärtat et, surtout, Stridsgalten qui est probablement leur chanson la plus enracinée dans le genre depuis Vredens Tid sorti en 2005 et où on peut entendre une belle collaboration avec les chanteurs de Korpiklaani, Equilibrium et de Raubtier. J’ai mentionné leur côté audacieux avec Freyrs blod, mais d’avoir sorti une chanson comme En snara av guld comme single, c’est d’un autre niveau! Cette composition plus lente empreinte d’émotion et de drame où la voix de la fille du chanteur Erik Grawsiö, Lea Grawsiö, ajoute une douceur qui est vraiment venue me chercher (en plus de proposer un clip vraiment magnifique). Avec ce retour à un son aussi authentique, j’ai toutefois de la difficulté à comprendre l’utilité d’avoir ajouté une version anglaise de Ulvhjärtat, intitulée The Wolfheart, à la fin de l’album. À mon avis, ce n’était tout simplement pas nécessaire et la version suédoise est nettement supérieure.

Après autant d’années et plusieurs déceptions, je peux vous dire que Ynglingaättens öde a comblé toutes mes attentes, même celles que je croyais être des causes perdues. On a un album qui nous fait passer par toutes les émotions et qui joue avec toutes les sonorités, le tout avec une production magistrale! C’est définitivement avec cet album que je renoue avec mon amour pour la musique de Månegarm!

9/10

Auteur : Maxime Pagé