Majid Jordan, c’est un duo canadien de R&B. Ils doivent leur succès à leur collaboration avec Drake sur Hold On, We’re Going Home. Leurs influences sont diverses, ils les tirent notamment des sonorités des 80s et de l’électro. Ils sont connus pour fusionner des éléments de différents genres, créant un doux mélange de nostalgie et de rythmes entraînants. Ce soir, je les vois au MTelus. Je les connais pas vraiment, j’y vais donc sans trop d’attente.

Je rentre dans la salle 15 minutes avant l’entrée des artistes et eux arrivent sur scène sans aucune lumière ni applaudissements.

Majid, au chant, entame un air pendant que Jordan, le producteur et instrumentiste se prépare humblement derrière. À la première note, la voix résonne. Elle me prend au cœur et je ressens déjà la profondeur des artistes. D’un coup, des sons de maracas font leur entrée dans la chanson en lui donnant une autre dimension. Majid part dans les aigus, qu’il maîtrise très bien, et le reverb est parfaitement calibré ; je pense sincèrement que je vais être bluffée de la performance de ce soir. Deuxième son et je suis prise par les basses : toutes les balances sont 10/10, l’acoustique est la meilleure que je n’ai jamais entendue au MTelus. Le chanteur se déhanche et ce n’est pas pour me déplaire. Son flow est sensuel, ses paroles un peu amoureuses et le rythme est langoureux, on a la recette parfaite d’un morceau de RnB réussi.

Les jeux de lumières s’accordent aux synthés sur Eyes Closed qui est spatiale et immersive en live. Chaque tableau est différent et apporte des éléments musicaux nouveaux, je ne connaissais pas ce duo mais je suis tellement heureuse de partager ce moment avec eux. Entendre ces compositions pour la première fois en live est un moment que je souhaite à tout le monde.

Les deux musiciens s’amusent sur scène : Majid danse tout le temps et Jordan alterne entre basse et clavier et manie brillamment chaque instrument. En faisant de la musique relativement douce, ils ont une aura de rockstar. La scénographie y est pour beaucoup je pense mais still. Les metteurs en scène et les ingénieurs lumières sont les vraies stars de ce show, leur boulot est incroyable. On a l’impression d’être en studio avec Majid Jordan, entre tous les câbles et les instruments et d’assister aux préludes de leur dernier album, Good People. À ma surprise, le public ne filme pas grand-chose, chacun a l’air de profiter de l’instant à sa façon.

En fait je viens de réaliser que je ne suis plus là, je sais pas trop où je suis, mais j’y suis bien. Leur musique m’a prise et m’a amenée dans les nuages et là-haut il fait chaud et ça sent le jasmin et les draps mouillés. J’ai envie de rester ici car ça ressemble presque au Paradis.

Leurs compositions sont douces et mélancoliques grâce à la production est minimaliste et raffinée. Le duo se concentre sur la création d’ambiances très spéciales plutôt que sur la complexité instrumentale. Mais on est subjuguée à chaque fois et ça c’est très fort. Je me demande comment ils font pour faire des choses aussi belles et variées et simples et douces et mélodieuses et justes et WOUAH.

Entre chaque morceau, la salle est silencieuse, je n’ai jamais vu ça, y’a aucun téléphone, aucun bruit. Majid Jordan arrive à imposer une vibe tellement unique que chacun d’entre nous a le souffle coupé. J’écris ces mots sur une loop que Jordan crée au clavier, qui ressemble à mes oreilles à du Sébastien Tellier. C’est extrêmement puissant. Ça prend les tripes et ça ne laisse absolument pas indemne.

Le duo a quelque chose de cosmique, plus grand que nous tous. Leurs compos sont ultra modernes, grâce au minimalisme rendant chaque sonorité efficace et élégante. L’onirisme de leurs chansons, accentué par la mise en scène m’a plongée dans un état que je n’avais jamais ressenti en concert. Je n’exagère pas en écrivant que tout était absolument divin. Majid Jordan, c’est ma révélation de l’année à quelques jours de la nouvelle. Ils viennent de l’espace et je compte repartir avec eux.

Journaliste: Léna Dalgier

Crédit photo: Majid Jordan (https://www.ovosound.com/artists#majid-jordan)