Luidji, c’est le genre de rappeur qui te capte dès les premières notes. Pas seulement parce qu’il a du flow, mais parce qu’il parle de vraies histoires. Il a une manière unique de naviguer entre mélancolie et espoir, de te plonger dans ses pensées les plus profondes tout en te faisant bouger la tête sur des grosses instrus. Pas très familière avec sa discographie, j’ai quand même aimé son dernier album Saison 00 parce que c’est justement le genre d’album qui te donne espoir.

À travers ses sons, le rappeur français nous raconte son quotidien, ses amours tumultueuses, ses quêtes avec une authenticité touchante. Je considère son genre de rap comme un échange et c’est ce qui m’a particulièrement touchée pendant son concert au MTelus. À plusieurs reprises, il s’est assuré que l’ensemble du public allait bien, en posant des questions et en communiquant entre chaque track. Il distribue des roses dans la fosse en chantant Reste en Vie et regarde son public dans les yeux. L’atmosphère est paisible, il a réussi en quelques sons à créer une safe space de 1200 personnes ; on a le droit de se sentir vulnérable, on est compris.

En parlant de Saison 00, il nous explique son processus créatif. Ayant été étudiant, il comprend les enjeux de cette période, l’anxiété et les troubles de cet âge. Il l’a créé pour les étudiants et invite tout le monde à manifester ses bonheurs futurs, tout va passer. Ça ira. J’esquisse un petit rire quand j’entends le public montréalais chanter qu’ils se sentent mieux sur les bancs de Jussieu. Luidji se rend alors compte que ce qu’il a écrit dépasse les frontières de Paris et sa banlieue et peut être ses espérances.

Sentant l’énergie chaude de la salle, il nous invite à remonter le temps avec un projet plus ancien, Tristess Business. Il propose de laisser la salle chanter seule Gisèle – Part 4 et à ma grande surprise, le monde la connaît par cœur. Luidji semble surpris aussi mais le sourire sur son visage trahit une grande fierté. Éclairé seulement par des lumières rouges et bleues, il joue avec quand il danse. Cela crée différentes intensités et je trouve le violet sur sa peau vraiment beau.

Depuis le début, Luidji nous tient par la main pour nous montrer son monde, avec ses nuances, ses couleurs, ses ombres et ses lumières. De lui émane une énergie pure et même avec des sonorités très rock en live, tout sonne comme du miel. Cependant je suis dans une salle avec de « vrais fans » et je n’arrive pas tout le temps à me sentir autant connectée qu’eux. Bien que Luidji soit fort sur scène et encore plus dans son storytelling, je me sens quelque fois à l’écart.

Ma chanson préférée sur Saison 00 c’est Miskine et je ne l’ai pas entendue, ce qui n’a pas aidé à me sentir complète. En revanche dans cet album, il parle beaucoup de sa mère, alors je pense à la mienne et je suis un peu nostalgique. C’est pas une mauvaise nostalgie, juste celle qu’il te faut quand tu te perds trop. Et peut-être que ce concert m’a un peu aidée à me retrouver.

Journaliste: Léna Dalgier

Crédit photo: Luidji (photos de presse)