Lundi 9 octobre, sur mon Bixi, j’écoute Little Simz. Elle passe au MTelus en portant son nouvel album, No Thank You. Little Simz, c’est une auteure-compositrice-interprète londonienne. Elle commence à rapper à 9 ans et perce dans l’industrie en 2016. Aujourd’hui elle est reconnue par beaucoup pour son flow hyper clean et ses textes engagées. Je l’ai connu récemment mais j’ai beaucoup d’attentes.

En récupérant mon billet, je vois que le show est sold out et ça me semble bon signe.

Je rentre dans la salle et je ne vois pas Little Simz sur scène. Je checke les écrans et elle est en barrière, elle chante avec son public. Elle remonte en costard cravate et en quelques secondes je remarque son aura. Elle chante, elle danse et se livre. On comprend dans ses mouvements qu’elle est faite pour ça et qu’en plus, elle le sait.

Elle transcende le public grâce à son énergie débordante. Les 2 musiciens qui l’accompagnent s’amusent aussi, ils perfoment ensemble, la symbiose est si belle qu’on dirait un trio. La rappeuse leur laisse de la place, ils jam et nous offre des impros de fou. Sur Venom, les basses me prennent le cœur et je remarque le bon travail de l’équipe technique, les balances sont excellentes. Il n’y a pas de playback et Little Simz de-li-ver, elle tabasse la prod. La scénographie reste sobre, quelques jeux de lumières et à chaque son, une nouvelle couleur. Les tableaux sont dansants et personnels, faisant références aux origines nigérianes de la londonienne. Dans l’ensemble, elle a une énergie prenante qui force le respect, elle arrive à faire sauter le public même lorsqu’elle n’a pas le micro à la main. Sur scène, on dirait une grande du milieu, elle me donne des vibes de Missy Elliott ou de Lauryn Hill. Je suis stupéfaite, elle déborde de talent.

Elle part sur l’intro de Sometimes I might be introvert avec une voix reconnaissable parmi tant d’autres ; elle a ce grain qui nous fait comprendre qu’elle a beaucoup de sagesse. Little Simz a des choses à dire sur “what it takes to be a woman” et elle s’empêchera pas de spit des facts. C’est une femme engagée qui rappe des textes percutants, elle chante « I am a black woman and I am a proud one ».

 Saluée pour la profondeur et la réflexion sociale et politique de ses verses, elle est souvent comparée à Kendrick Lamar. Cependant, Little Simz reste une artiste entière avec une vraie identité qui sait jouer de ses influences, en incorporant des touches musicales de jazz et de neo-soul à ses lyrics évocateurs. Sur Point and Kill, toute la salle se déhanche sur des rythmes d’afrobeat et on se sent bien. L’artiste nous invite à la suivre dans son univers et même si sa poésie lyrique aborde des thèmes sociaux complexes, sa musicalité dansante embarque tout le monde. Son RnB nous ramène à l’essence du genre, c’est pour moi le meilleur remède pour se réchauffer du froid automnal.

Little Simz est une artiste complète, elle chante, joue de la basse et passe même au clavier sur un rythme bien 80s. Elle finit par chanter « I’m so selfish » ce qui m’a paru ironique car j’ai passé tout le show à me dire qu’elle était tellement généreuse avec les gens qui la soutiennent. Après ses remerciements, au public, à l’équipe technique et aux musiciens, elle descend de scène pour prendre des polaroids avec la fosse.

A son jeune âge, elle force le respect de tous grâce à son intelligence émotionnelle. Elle sait écrire, elle sait poser et nous offre pendant presque 2 heures une démonstration d’éloquence. C’est un honneur pour moi d’avoir eu la chance de la voir sur scène. Elle devient à mes yeux, grâce à ce show une femme particulièrement inspirante.

Journaliste: Léna Dalgier

Crédit photo: Little Simz (instagram)