20 septembre 2012 – Incrustés dans la scène musicale depuis deux décennies, Katatonia et Devin Townsend sont, individuellement, facilement capables de remplir le Café Campus. Combinés, il ne faisait pas de doute que la salle ne serait rien de moins qu’archi-pleine. De fait, les billets se sont vendus à une vitesse folle, et l’offre ne suffisait pas à la demande. Avec le festival Pop Montréal qui accapare la quasi-totalité des salles à Montréal, il était néanmoins apparemment difficile pour l’équipe de BCI de trouver un terrain de jeu plus grand que le Café Campus. Cela a quand même eu le bon de créer une ambiance avec une concentration de métal au mètre-cube difficile à battre.

Pour Katatonia, il s’agissait des conditions idéales pour un métalleux (s’il arrive à rentrer, évidemment) : une salle ultra-condensée, des lumières sombres, saturées et mal définies, bref de quoi vraiment se plonger dans l’atmosphère lourde, groovy et mélancholique du groupe suédois. De quoi aussi pour vraiment faire sacrer un photographe. En accrochant Paul après leur set, celui-ci m’aurait dit « C’est quand même les moins pires des lumières que j’ai vues avec eux ». Ça en dit long sur leurs derniers passages. En plus de jouer plusieurs morceaux de leur plus récent album (Dead End Kings, 2012), les membres de Katatonia ont puisé large dans leur catalogue et ont offert quelques classiques comme The Longest Year, Teargas ou Deadhouse. L’intégration de samples de clavier se faisait tout en douceur, et cette partie intégrale de leur son, sur CD, s’est facilement transposée live.

Un signe qui ne trompe pas, quand on s’apprête à assister à un set de Devin Townsend, c’est l’utilisation d’un écran à projections en arrière du groupe. Pendant que les techniciens préparent l’équipement, des photos trafiquées façon Devin Townsend se succèdent sur l’écran. On peut, par exemple, admirer le visage de Devin superposé à celui de Winston Churchill, Whoopi Goldberg ou encore Jabba the Hutt. Puis, on projette des vidéos commentés par Ziltoid The Omniscient. Bref, de quoi distraire un public de métalleux pendant une bonne demi-heure. Se permettant d’ouvrir avec Seventh Wave, un de ses vieux classiques, Devin a calmé ses fans de longue date qui avaient un peu peur de voir Townsend principalement faire la promotion de son dernier album, Epicloud (dont une review sera disponible sous peu sur Thorium), album qui ne se prête pas forcément aussi bien à une ambiance live que le reste de l’impressionnante discographie de l’artiste canadien. Et l’ambiance live, c’est vraiment là que Heavy Devy se forge son statut légendaire. Complètement survolté, il danse, se met la face à 2 doigts de celle de membres du public qui ne sont même pas en première rangée et commente ses morceaux pendant qu’il les joue (j’ai particulièrement apprécié le « this is soooooo cheesy » pendant Where We Belong) et joue avec les attentes de son public (par exemple, alors qu’il va bientôt entamer Lucky Animals : « So, this is probably my cheesiest song ever. And yes, to my progressive fans in the back, I see you guys giving me the stink eye. »). Pressé par le temps, Devin a dû écourter son set et aurait dû finir avec Grace. Mais, encouragé par ses fans qui lui ont lancé des cornes du diable pour se mettre sur la tête, Townsend déclare : « Alright, f*** conventions, let’s do Bad Devil » et entame ce morceau, en changeant les paroles histoire de rendre le tout plus comique live.

Bref, voir un spectacle de Devin Townsend, au-delà du rituel annuel que ça semble devenir pour moi, c’est vraiment une façon de me rappeler pourquoi c’est un des meilleurs entertainers de tout l’univers musical. Espérons juste qu’à son prochain passage, il pourra se produire dans une plus grande salle histoire d’envoûter encore plus de fans.

Auteur : Alex Luca

Photographe : Paul Blondé

Pour en savoir plus : Devin Townsend, Katatonia