José González @ Theatre Maisonneuve (Montréal)
Il y a ce sentiment contradictoire dans la découverte et l’appréciation d’une vraie bonne première partie. D’un côté, on ne peut que se réjouir d’être tombé par hasard sur un artiste qui nous parle autant. De l’autre, on s’en veut presque de ne pas l’avoir découvert plus tôt, sachant pertinemment qu’on aurait d’autant plus apprécié sa performance en étant déjà familier avec son répertoire. On se console en ajoutant ses chansons sur Spotify et en espérant le revoir en headliner lors de son prochain show.
C’est ce genre de sentiment que m’a inspiré Anjimile, présenté en première partie de José González dans le cadre de son passage à la Place des Arts vendredi soir. Celui qui se produisait pour la toute première fois devant le public montréalais a su offrir une performance aussi envoûtante que maîtrisée, présentée avec un minimalisme désarmant. Ses sonorités, son timbre de voix et la dimension évocatrice de ses compositions épousaient à merveille l’univers musical de González, lequel a également fait le pari de la performance solo en se présentant sur scène uniquement accompagné de ses deux guitares et de quelques pédales de reverb. Un parti pris qui fait sens lorsqu’on sait que le multi-instrumentiste suédois a lui-même produit et enregistré la quasi-totalité des chansons présentes sur Local Valley, son plus récent album.
Ce sont d’ailleurs presque exclusivement les pièces issues de ce dernier qui ont rythmé la soirée, appuyées par de nombreuses projections visuelles d’une grande beauté et d’une mise en scène épurée qui a su donner à l’ampleur du Théâtre Maisonneuve des allures de cocon intimiste. Malgré le minimalisme général de la proposition, González n’a toutefois pas boudé son plaisir en allongeant à souhait certaines de ses compositions ou en laissant aux spectateurs le choix de certaines covers à interpréter lors du rappel, leur demandant à l’improviste de choisir entre Paul Simon, Nick Drake ou Al Green.
No matter what you guys say, I always end up choosing Al Green somehow. But tonight I feel like I heard a lot of « Nick Drake » so… let’s go with that.
Journaliste : Jérémie Picard
Photographe : Gabriella Cristiano