Toute la semaine, je voyais passer des ‘anyone got tickets for tuesday night??’ dans mes stories. Faut dire que même avec des prix exorbitants pour les standards du M Telus, les billets pour le show de Joji se sont juste volatilisés dans les jours suivants son annonce. La hype était intense. Et c’est plutôt simple de voir pourquoi.

Entre l’immense succès de Glimpse of Us,  la sortie de son nouvel album prévue pour le 4 novembre et uniquement une quinzaine de dates annoncées pour son Smithereens Tour, son passage à Montréal allait évidemment être un événement.

Honnêtement, c’est typiquement le genre de show que je voulais aimer. Mais ouais, immense déception.

Déjà, les deux premières parties étaient à chier.  Aucun talent, aucune présence sur scène, rien à proposer. Juste un moment awkward où deux gars qui se la croient un peu trop ont l’air d’avoir ben du fun on stage pendant que tout le monde dans la salle s’en fout complètement. Et surtout que ça finissait juste pas. 1h30 les deux ensemble. Pour référence, le show principal était clenché en une heure à peine… mais bien honnêtement, c’était presque mieux de même.

Si comme moi vous aviez jamais eu la chance de voir Joji en live jusqu’à maintenant, je vous résume ça rapidement:

Il débarque sur scène, crie le nom de la ville deux ou trois fois de la manière la plus impersonnelle qui soit et se met directement à ‘chanter’ par-dessus un bon gros playback de ses propres chansons avec une voix un peu cassée.

Je dis ‘chanter’ parce que la plupart du temps, il va juste agiter mollement le micro devant la foule en lançant des ‘let’s go’ à toutes les deux secondes pendant que la track continue en fond. C’est drôle au début, mais ça devient rapidement juste agaçant. D’autant plus que Savage Realm (le gars de la première partie que personne avait particulièrement apprécié en partant) retourne sur scène pour venir crier des ‘aayee, ayee, ayee’ sur presque toutes les chansons, histoire de bien ruiner ce qu’il en restait.

Mais le pire c’est juste que Joji a aucun charisme. Il peut pas s’empêcher de constamment piétiner sur place ou de faire les cents pas de droite à gauche. Le genre de marche un peu malaisante, comme quand t’es au téléphone avec ta banque et que tu sais pas trop quoi faire de ton corps. Overall, on dirait un mix entre un élève gêné de faire une présentation orale et le genre de wannabe rappeurs qui font n’importe quoi en showcase sans savoir ce que ça implique de réellement donner un show.

Mais malheureusement sa fanbase avait pas trop l’air de le savoir non plus. La plupart du monde semblait se contenter d’avoir vu leur artiste préféré ‘en vrai’. De pouvoir dire qu’ils étaient là.

Donc c’est peut-être moi qui exagère, mais un certain point, c’est à se demander s’il méprise ouvertement son public. Parce que rendu là, c’est même plus le service minimum. C’est juste un manque de respect envers celles et ceux qui sont prêts à dépenser 200$ pour voir ça.

Alors je ne sais pas si c’est son label qui le force à faire des shows. Si c’est rien de plus qu’une des clauses d’un gros contrat 360 particulièrement vicieux.

Je ne sais pas si c’est son anxiété qui le rend aussi nerveux sur scène. Si c’est ce qui le pousse à vouloir projeter une attitude si désinvolte, quitte à ce que ça ait l’air forcé. À éviter d’assumer sa propre vulnérabilité et à constamment désamorcer la sensibilité qui se dégage de ses compositions.

Je ne sais pas si il pense profondément que ce qu’il ‘offre’ au public ait une quelconque valeur. S’il est persuadé que c’est comme ça qu’on fait des shows. Ou s’il s’en fout complètement.

Mais je sais qu’il vaut vraiment pas grand chose comme live performer. Et c’est plate.

Ça empêchera pas ses fans de dire que c’était incroyable no matter what.

Ça m’empêchera pas non plus d’apprécier ses albums studio.

Mais c’est juste plate.

Journaliste: Jérémie Picard

Photographe: Lauren Gouilloud