20130802 IM 466

2 aout 2013 – Il ne faut pas être homophobe lorsqu’on met les pieds sur le terrain du festival Divers/Cité. Après tout, c’est le festival de la fierté LGBT, et il y a beaucoup de personnes de même sexe qui se tiennent la main, dont quelques couples plus âgés. Pourtant, cela n’empêche pas des familles d’amener leur progéniture : on ne pourra pas les accuser d’être fermés d’esprit. De surcroît, un groupe de trance psychédélique attire un lot de jeunes gens de la scène gothique : avec leur bottes imposantes, leur chapeau haut-de-forme et leur habillement en noir, il est difficile de les manquer. Mais qui suis-je pour juger, j’avais une flûte (en plastique) de mousseux dans la main à un rave en plein air… Parlant d’alcool, les concessions jonchent les rebords de la scène et on y retrouve tacos, bière Belle Gueule, vin et mousseux, le tout à prix raisonnable. Un grand merci à Caffitaly qui offrait des cafés et expressos gratuits aux festivaliers, la caféine, c’est toujours apprécié! Autre concession digne de mention : un atelier de peinture corporelle avec deux filles sans chandail. Décidément, certains parents auront à répondre à de nombreuses questions!

Situé sur le quai Jacques-Cartier, l’événement avait pour arrière-plan le quartier du Vieux-Port de Montréal, ce qui donnait une vue très jolie! Deux scènes se partageaient le terrain : la scène Loto-Québec, avec des DJs qui enchaînaient des morceaux techno avec beaucoup de groove, et la scène principale Métro, où le DJ montréalais Raneem faisait danser les fêtards avec de la trance et house progressives. Étonnamment, l’arrangement technique des hauts-parleurs a fait en sorte que les deux scènes étaient relativement isolées au niveau du son, le volume élevé de la musique aidant.

À 22h tapant, le groupe israélien monte enfin sur scène. Cependant, ce n’est pas un set de DJs, mais bel et bien une performance live menée par les cofondateurs Amit Duvdevani (voix) et Erez Eisen (synthétiseur et console numérique), assistés par Tom Cunningham à la guitare électrique et Cary White à la batterie électronique. Dès le début: BANG! C’est rapide, c’est agressif, le métal rencontre la musique électronique, le mélange est fantastique! Les doigts de Cunningham et de Eisen glissent sur les instruments respectifs, White varge sans pitié sur ses cymbales, et Duvdevani entraîne la foule : HANDS UP IN THE AIR, EVERYONE !

Ce qui contribue au charisme des musiciens, c’est qu’ils s’amusent autant que la foule. Mis à part le claviériste qui a le sérieux d’un douanier aéroportuaire, le drummer affiche un sourire aussi gros que sa batterie et le guitariste prend des poses en sautant, pendant le chanteur nargue les autres musiciens, notamment en tapant une cymbale avec une baguette de batterie. Ceci dit, Duvdevani utilisait également son bâtonnet pour jouer au chef d’orchestre avec la foule : on crie à gauche, on fait la vague à droite!

On saisit immédiatement l’unicité de leur musique avec le morceau « Saeed » : guitare électrique, extraits de piano, trame électronique entraînante… Bien que certains puristes accusent Infected Mushroom de s’être éloignés de leur origine psytrance, le résultat est unique, car le groupe n’a aucun complexe à mélanger les genres. Cela inclut notamment certains morceaux de dubstep, copieusement complémentés de trames de synthétiseur et de passes de guitare électrique. On a même eu droit à un remix convaincant de « Pretender » par Foo Fighters. N’ayez crainte, ils n’ont pas renié pour autant leur origines, car la chanson « Astrix on Mushrooms » est un exemple de ce que le psychedelic trance doit être : rapide, bass assez puissante pour simuler un massage cardiaque, mais surtout, mélodie électronique carrément trippy.

Évidemment, on ne peut passer sous silence le classique « Cities of the Future », jouée à grande vitesse, ni le solo de guitare lors de « Going Insane » : lors de ces deux pièces, les festivaliers criaient et dansaient comme des déchaînés, l’auteur de ses lignes également. Puis, comme chanson finale du spectacle, le groupe opte pour un cover de « Personnal jesus ». Il n’y a plus grand chose en commun avec le morceau original de Depeche Mode, mais leur version rock-psychédélique a de quoi plaire. La foule scandant «Infected! Infected! Infected!», Cary White revient pour un court encore : excellent solo de drums! Nick Mason approuverait sûrement.

Bref, ça faisait LONGTEMPS que je ne m’étais éclaté autant à un spectacle, et je n’étais vraiment pas le seul : j’ai rarement vu une foule aussi surmenée, et au pourtour, des fêtards prenaient bien de l’espace pour danser en rond. Pendant ce temps, sur la scène Loto-Québec, le party continuait, aucunement désertée. Musicalement parlant, j’ai été très impressionné de voir comment ils passent d’un bassline de dubstep à celui de psytrance en une fraction de tempo. Les effets spéciaux dans tout ça? Rien de plus qu’un background lumineux avec éclairage bleu et violet ainsi que des lumières stroboscopiques. Ceci est la preuve qu’il n’est pas nécessaire de recourir à des effets pyrotechniques afin de livrer un spectacle vraiment mémorable. Mille mercis à Infected Mushroom, vous avez maintenant  mon appui inconditionnel en tant que fan converti!

Auteur: Mathieu Bonin

Photographe: Paul Blondé

Pour en savoir plus: Infected Mushroom, Raneem, Divers/Cité