Les amateurs de musique éclectique et disjonctée s’étaient amassés au Club Soda samedi soir pour la prestation de la formation française Igorrr, dont la tournée prévue en 2022 avait été reportée. Avec une salle affichant complet depuis déjà un bon moment et avec Otto Von Schirach et Melt-Banana en première partie, ça promettant d’être…intéressant!

Otto Von Schirach : Délires et incompréhension

Avant l’annonce de ce spectacle, je n’avais jamais entendu parler d’Otto Von Schirach et, après avoir écouté quelques-unes de ses chansons, j’avais franchement peur de trouver le temps long. On va se le dire : sa musique est weird, mais VRAIMENT weird. C’est un genre d’electro, breakcore, avec parfois des bruits d’animaux et le gars est très profondément perdu dans sa tête. Il est arrivé seul sur scène avec son Mac et ses samples, vêtu d’un suit digne des Satellipopettes et d’un casque de poil style bûcheron et personne ne savait à quoi s’attendre. Je vais le dire d’emblée : Est-ce que c’était un minimum divertissant? Oui. Est-ce que musicalement c’était intéressant? Pas vraiment. Il y avait bien quelques personnes au parterre qui dansaient et qui avaient vraiment l’air d’apprécier, mais la grande majorité était plutôt passive. Otto Von Schirach était plus souvent qu’autrement loin de son ordi à se dandiner sur la scène et à crier des paroles sans queue ni tête. Il faut lui donner ce qui lui revient, il y va à fond avec son concept, mais tout au long de sa prestation, je me suis sérieusement demandé si je n’assistais pas à un rassemblement d’une secte interstellaire et si je n’étais peut-être pas assez frosté pour apprécier. Il a quitté la scène après un peu plus de trente minutes et j’en avais clairement assez. Otto Von Schirach a probablement gagné des fans samedi soir, mais je n’en fais pas partie.

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Melt-Banana : Une musique intéressante, un vocal limite insupportable

Avant l’arrivée de la formation japonaise Melt-Banana sur scène, je suis allé faire mes devoirs et j’ai été vraiment surpris de voir qu’elle existe depuis 1992 et ont quand même huit albums à leur actif. La chanteuse Yasuko Onuki et le guitariste Ichiro Agata se sont présentés à la foule et j’ai été un peu perplexe par l’absence de drummer et de bassiste, mais il parait que c’est toujours comme ça en spectacle. Les influences de Melt-Banana sont vraiment diverses, passant du noise rock, au hardcore punk jusqu’à des sonorités qui s’approchent du grindcore, ce qui donne un melting pot déconcertant mais aussi assez intéressant et énergique. Par contre, et je vais être très franc, j’ai trouvé que le vocal était non seulement insupportable, mais complètement inutile. Yasuko Onuki a une voix très criarde qui ressemble plus à des piaillements d’oiseaux qu’autre chose. Les textes sont supposément en anglais, mais on y comprenait pas grand chose et c’est la même chose en album. Leur prestation était tout de même beaucoup plus agréable pour moi que celle d’Otto Von Schirach et, au final, j’ai pris le vocal comme si c’était un instrument comme un autre et ça a un peu mieux passé. Je ne peux pas dire que j’ai détesté mon expérience, mais la musique de Melt-Banana n’est clairement pas quelque chose que j’écouterais souvent. Ils ont offert une bonne prestation et la foule a eu l’air d’apprécier.

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Igorrr : Complètement éclaté!

C’est devant une salle pleine à craquer que le maître de cérémonie, Igorrr lui-même, est monté sur les planches devant les cris et les acclamations du public. C’était la deuxième fois que je les voyais en spectacle et c’est aussi la première fois depuis les départs de Laurent Lunoir (aka Öxxö Xööx)et de Laure Le Prunenec (aka Rïcïnn) qui ont été remplacés par JB Le Bail et Marthe Alexandre. Dès les premières notes de Paranoid Bulldozer Italiano, le parterre s’est enflammé et, côté qualité sonore, le tout sonnait comme une tonne de briques. On a eu la chance d’entendre plusieurs bombes comme Downgrade Desert, Camel Dancefloor et Opus Brain et c’était complètement fou. Leur setlist était composée uniquement de pièces provenant de leur deux plus récents albums et, personnellement, j’aurais aimé entendre des chansons plus vieilles. Quand les deux chanteurs sont partis l’an passé, j’étais quelque peu inquiet quant aux capacités de ceux qui allaient les remplacer. Qu’on le veuille ou pas, Laurent Lunoir et Laure Le Prunenec ont des voix très atypiques et difficilement remplaçables mais je vois que JB Le Bail et Marthe Alexandre ont fait du très bon travail et se sont bien approprié les chansons en y apportant leurs couleurs. En guise de rappel, on a eu droit à l’excellente Cheval, un mashup de Apopathodiaphulatophobie et de Robert et une finale très solide avec Very Noise. Igorrr a offert une prestation magistrale et mémorable qui m’a vraiment plu et je compte bien les revoir à leur prochain passage dans la métropole.

Setlist : Paranoid Bulldozer Italiano, Spaghetti Forever, Hollow Tree, Nervous Waltz, Downgrade Desert, Camel Dancefloor, ieuD, Parpaing, Polyphonic Rust, Overweight Poesy, Viande, Opus Brain, Himalaya Massive Ritual, Cheval, Apopathodiaphulatophobie, Robert, Very Noise

Auteur : Maxime Pagé

Photographe : Josian Neveu