A l’aube de l’automne, je marche dans un Montréal plutôt doux. Ce soir, je m’en vais voir Hozier. Artiste irlandais aux nombreuses influences, il vient jouer son dernier album ce mercredi 20 septembre à la Place Bell. Hozier a entamé cet été une tournée mondiale et promène ses musiciens un peu partout, avant de retourner en Irlande en décembre, pour 3 dates à la veille de Noël.

Je dois avouer ne pas avoir beaucoup d’attentes puisque je connais principalement cet artiste pour son hit mondial de 2013, Take me to church. En entrant dans la salle, je commence rapidement à changer d’avis. Trente minutes avant le show, alors qu’il n’y a personne sur scène, la salle est déjà pleine. Les spectateurs portent des outfits très colorés, originaux aux allures hyper-pop. Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde. Le public est très hétérogène mais ça ne m’empêche pas de me sentir bien, la salle entière était un safe space. J’ai été entourée de bonnes ondes de mon entrée à ma sortie de la Place Bell. Les musiciens font leurs derniers set-ups et le public chantonnent déjà des airs folk et indie rock comme Ho Hey de The Lumineers. Des sons qu’on écoute quand notre vingtaine paraît stressante et tout va mieux. Cette énergie est belle à voir.

Hozier entre sur scène de la manière la plus simple possible ; sobrement avec une guitare sèche sous les acclamations du public. Sous une pluie d’étoiles, 8 musiciens l’accompagnent et en quelques notes la salle est plongée dans un silence mélodieux. Sur De Selby, je me sens apaisée, bercée par la voix du chanteur. Il se montre vulnérable, sans artifice devant une foule prête à l’accueillir.

La première partie est très rythmée avec De Selby pt.2, Eat your young et Jackie and Wilson qui sonnent plus rock en live. La scénographie n’est pas très développée, la régie retransmet sur les écrans le jeu des musiciens et la performance de l’artiste. L’ambiance est immaculate et la batterie vibre tellement fort dans mon cœur, que la scéno n’a plus d’importance.

Hozier est un artiste aux multiples influences jouant avec des notes de blues, de folk et même de gospel, il y a donc naturellement eu plusieurs ambiances pendant son concert. Chaque tableau apportait un grain différent ce qui m’a vraiment donné envie d’aller découvrir un peu plus cet artiste complet. Sur Francesca, qui est une fan’s favorite, chaque instrument a sa place, tout est juste, les réglages sont parfaits. Je peux maintenant écrire que la Place Bell a la meilleure acoustique de toutes les salles que j’ai faites. Grâce aux 2 pianos, à la contrebasse, au violon et au chœur, on assiste à une très bonne performance live. J’ai sous les yeux de la belle musique, tout simplement.

Hozier s’amuse avec le public et le fait participer à la création du rythme. Il ne manque pas de shoutout Madison Cunningham qui a performé la première partie. Avant de commencer la deuxième partie plus soul, il explique qu’il a tiré les inspirations de cet album dans la mythologie grecque et la langue gaélique. Il a une passion dans la voix qui nous fait comprendre qu’il a des messages à faire passer et qu’il sait les interpréter. Sur I, Carrion et Cherry Wine le public devient le chœur de l’interprète. Il y a moins d’instruments mais nos voix s’accordent étrangement bien. On dirait un jam entre amis au coin d’un feu. Je ne connaissais qu’un son d’Hozier avant d’entrer et maintenant j’ai l’impression de chanter des berceuses avec un ami de toujours.

Pour la dernière partie, Hozier et son band jouent des airs pop-rock sur lesquels je remarque quelques slows dans le public. Il offre un solo à chaque musicien qui l’accompagne et les remercie plusieurs fois. Il joue enfin Take me to church qui sonne moins solennelle en live. C’est un grand moment qui me décroche une larme. Plusieurs drapeaux LGBTQI+ sont jetés sur scène et immédiatement brandi fièrement par Hozier. Ça deviendra des core memories pour moi.

Dans l’ensemble, le concert était plus rock que je l’aurais imaginé. La scénographie très sobre de l’ensemble fait honneur aux perfomers et met la musique live sur le devant de la scène. Je suis rentrée chez moi tellement légère ce soir grâce à la douceur de ces quelques heures. Et j’écris cet article en écoutant le dernier album d’Hozier, c’est donc une très grande révélation pour moi.

Journaliste: Léna Dalgier

Photographe: Paul Blondé