Hellfest 2024 – J2 : Machine Head + Shaka Ponk + The Prodigy + Body Count (ft Ice-T) + Tom Morello et autres @Clisson
Lovebites (12:15 -12:45 // MainStage 1)
Wagasm (12:50 -13:30 // MainStage 2)
Orden Ogan (13:35 -14:15 // MainStage 1)
Orden Ogan n’est pas un groupe que je vénère autant que Blind Guardian, Running Wild ou Helloween mais c’est assurément un prétendant sérieux à la relève de la scène power metal. J’ai connu le combo allemand il y a une dizaine d’années grâce à l’album « Ravenhead » et il semblerait que ce soit un tournant dans leur discographie puisque, sur les cinq maigres titres interprétés ce jour-là, deux sont issus de cet album.
Le public n’est pas très nombreux à cette heure de la journée… ou est-ce la popularité somme toute relative du combo dans nos contrées qui ne suscite pas d’enthousiasme particulier ? Toujours est-il qu’on peut s’approcher sans difficulté de la scène.
On a droit à un extrait de l’album « The Order Of Fear » qui est sur le point de sortir (d’ailleurs leur backdrop reprend le paysage visible sur la pochette de ce prochain disque), à un extrait de « Gunmen » et bien entendu à leur hit « The Things We Believe In » tiré de l’album « To The End ». Pour cette chanson, le leader Seeb, habillé en costume sci-fi muni d’énormes épaulettes, nous fait répéter les quelques mots du refrain « and so we are – cold, dead and gone », ceci afin que le public participe du mieux qu’il peut. Et ça fonctionne ! Le public se lance dans un circle-pit très bon enfant, presque au ralenti, sous le soleil du début d’après-midi. Ce dernier titre est réellement très fort. En revanche, j’aurai vraiment aimé entendre « We Are Pirates » (dont le clip accueillait en guest star Majk Moti, guitariste de Running Wild sur la période d’or de 1985 à 1990).
Le Hellfest n’est pas extrêmement friand de power metal et c’est déjà une belle opportunité de pouvoir assister à une prestation d’Orden Ogan, même si j’aurai préféré un meilleur créneau sur l’affiche. Je recommande à tous les amateurs de ce style de donner une chance à ce groupe dont on n’a pas fini d’entendre parler.
Textures (14:20-15:05 // Altar)
Je reviens sous la tente pour assister au concert de Textures. Les bataves ont splitté en 2018 après 5 albums publiés chez Listenable et Nuclear Blast. Leur retour sur le devant de la scène est une occasion inespérée de se replonger dans leur musique torturée et syncopée. Puisant dans différents styles (mathcore / metalcore / death / thrash / progressif), la mixture peut parfois semble indigeste. Mais le niveau technique des musiciens n’est plus à démontrer, comme en atteste leur impeccable prestation, le vocaliste Daniël de Jongh se montrant lui aussi au top.
Le groupe revient sur son parcours en se concentrant surtout sur la deuxième partie de sa discographie, le titre « Regenesis » tiré de l’album « Drawing Circles » étant le seul rescapé de la période 2001 – 2008.
En ce qui me concerne, un concert qui vaut plus pour sa rareté que pour son véritable intérêt musical, la formule étant trop alambiquée et manquant de lyrisme à mon goût… ce qui ne sera pas le cas du concert suivant…
Lofofora (15:50-16:35 // MainStage 2)
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Klone (16:00-16:45 // Altar)
Klone est programmé sur la Altar… étonnant quand on connaît l’optique artistique des deux derniers opus, très émotionnelle et dépouillée. Il aurait été plus logique de les programmer sur la Main Stage. On se consolera en se disant que l’ambiance tamisée de la tente est propice à la rêverie…
Justement, au même moment joue Lofofora sur la Main Stage, combo ultra efficace et qui véhicule un message social fort dans lequel je me reconnais (même si la manière qu’a Reuno d’asséner les propos peut parfois faire « donneur de leçons »)… mais Klone se fait si rare sur scène que je préfère me diriger vers la Altar.
L’interprétation est top, le chant est hyper juste et les extraits du dernier opus, « Meanwhile », sont majestueux… mais, pour je ne sais quelle raison, je n’arrive pas à rentrer totalement dans le concert (et j’ai presque honte d’avouer ça !). Autant Textures avait la hargne, autant Klone est trop mélancolique à cette heure de la journée. Un light show adapté, ou un concert donné en pleine nuit aurait eu à mon avis plus d’impact. Je m’aperçois que j’apprécie plus leur musique en fermant les yeux qu’en les gardant ouverts… Mais cela n’enlève rien à l’intérêt de leur démarche artistique et à la grande humilité de ces musiciens. Respect !
Au fait, Klone va se lancer dans quelques shows acoustiques cet automne… et Lofofora va publier un nouvel album intitulé « Cœur De Cible ». Vive nos groupes français !
Mork (16:50-17:40 // Altar)
J’ai récemment vu Fear Factory en concert à Toulouse (et c’était décent… même si le chanteur doit gagner en charisme et se départir de l’ombre de son imposant prédécesseur, Burton C. Bell) alors je reste un peu sous la tente et je passe de l’Altar à la Temple pour voir ce que donne Mork. Heureusement que leur musique est mieux que leur logo, le plus dégueulasse qui soit depuis Gronibard…
N’étant pas un gros fan de true black, leur musique me gonfle assez vite mais j’avoue qu’elle a un côté hypnotique affirmé et qu’on peut presque, pour peu qu’on ferme les yeux, se croire téléporté en pleine forêt norvégienne avec toute la panoplie qui l’accompagne (la forêt, la neige et la meute de loups). Pas une grosse révélation pour moi mais j’admets volontiers que cela puisse être la tasse de thé de certains…
Suite à quoi je fais un retour au camping pour une paire d’heures.
Einar Solberg (17:45-18:35 // Altar)
Polyphia (18:35-19:35 // MainStage 1)
Steel Panther (19:40-20:40 // MainStage 2 )
Clawfinger (20:40-21:40 // Warzone )
S’il y a bien un groupe que je ne m’attendais pas à voir en live, c’est Clawfinger. Ce combo suédois, initialement connu car ses membres s’étaient rencontrés lorsqu’ils étaient infirmiers en hôpital psychiatrique, avait aligné quelques très bons albums de rap metal incorporant des samplers dans les années 90 et avait même accouché de quelques « tubes » (à une époque où Internet n’existait pas) comme « Nigger » ou « Do What I Say ». Dans les années 2000, ils avaient continué leur carrière mais de manière plus confidentielle, jusqu’à splitter en 2013. A la manière de Sacred Reich ou de Coroner, ils se réunissaient ces dernières années pour des concerts événementiels lors de festivals.
Bien que le temps passe vite, certaines choses ne tombent pas dans l’oubli… il y a un peu de monde devant la Warzone, preuve de la popularité toute relative de Clawfinger… … ou preuve de la méga popularité de Tom Morello, guitariste de Rage Against The Machine, qui joue en ce moment même sur la Main Stage. Zak Tell ne s’y trompe pas et remercie tous les gens présents à la Warzone. Et le bougre va instaurer une ambiance ultra conviviale entre son groupe et le public, allant même jusqu’à descendre au beau milieu de celui-ci pour motiver tout le monde à chanter « si tu es content alors applaudis ». Son attitude humble est la cerise sur le gâteau d’une prestation bon enfant, énergétique tout en véhiculant un message positif. Côté set list, ça pioche surtout dans les trois premiers albums du groupe sortis dans les années 90. « Rosegrove » et « The Truth » n’ont pas pris une ride en 30 ans… mais c’est surtout le seul extrait de leur deuxième LP, « Use Your Brain », qui marque les esprits : la chanson « Do What I Say » et son refrain scandé par un enfant, fait un carton… et le public aime tellement ça qu’il continue de chanter à cappella pendant un long moment, remplissant de bonheur un Zak qui n’en croit pas ses yeux et va jusqu’à se prosterner en signe de remerciement !
Super concert avec une putain de super ambiance comme on aimerait en vivre plus souvent – « Good Friendly Violent Fun » !
Tom Morello (20:45-21:45 // MainStage 1 )
Amorphis (21:45-22:45 // Altar )
Amorphis est un groupe qui m’a convaincu sur le tard. J’avais beaucoup aimé « Elegy » en 1996 mais un peu moins la suite de leur disco. Ce n’est que ces dix dernières années que je me suis intéressé de près à leur parcours. C’est un combo très pertinent, capable de poser du lourd (à ce titre, le chanteur Tomi Joutsen est un des meilleurs vocalistes du circuit) comme des plans folk ou progressifs. Je ne vois malheureusement qu’une petite partie de leur concert car, une fois de plus, la tente est bondée (une constante sur cette édition). Comme d’habitude, musicalement c’est du 100% solide : la formule est savamment dosée, il y a ce qu’il faut de brutalité et ce qu’il faut de mélodie, aucun musicien ne prend le dessus sur les autres et la force du collectif permet de transcender les titres. Et tout ce savoir-faire est serti dans une identité métal affirmée. La classe absolue !
Shaka Ponk (22:00-23:10 // MainStage 2 )
Encore un nom qui confirme que le Hellfest s’ouvre à un nouveau type de public… Je ne connais pas leur musique, j’ai récemment vu leur passage dans l’émission « C A Vous » au cours de laquelle ils expliquaient qu’ils se lançaient dans une tournée d’adieu : ils souhaitaient raccrocher les gants car leurs considérations écologiques sont incompatibles avec la vie d’un groupe en tournée dont la facture carbone est énorme… …je comprends ce point de vue… mais pour être tout à fait cohérent avec ces idéaux, peut-être devraient-ils faire cette tournée d’adieu avec des moyens plus confidentiels ? Et même si je leur accorde le bénéfice du doute, qui nous dit qu’ils ne risquent pas de se reformer d’ici quelques années ? …on nous a déjà fait le coup plusieurs fois, n’est-ce pas ?
Musicalement, ce que j’ai entendu n’est pas trop mon truc. Je n’ai vu que la fin du concert mais j’ai apprécié les interventions de la chanteuse car j’ai trouvé qu’elle avait beaucoup de coffre et de charisme. Je me souviens avoir vu via les écrans géants un circle pit de fou furieux (beaucoup plus animé que certains groupes de metal extrêmes…). J’ai également vu le chanteur, beau gosse en puissance, se tenir debout sur une plateforme au beau milieu du public… ça faisait un peu « culte de la personnalité »… Il a accueilli une jeune fan sur sa plateforme et l’a prise dans ses bras, l’air de dire « on vit un moment fantastique, profitons-en à fond !!! » puis il s’est élancé de sa plateforme et est parti en crowdsurfing. Et puisque c’est le chanteur et qu’il est super connu, tout le monde l’a soutenu et il a tapé un slam de fou sur plusieurs dizaines de mètres… je me suis dit que j’aurai bien aimé être chanteur de Shaka Ponk à ce moment précis
Emperor (22:50-23:50 // Temple)
C’est déjà la cinquième venue des Norvégiens au Hellfest : la première fois c’était en 2007 lors de « l’année de la boue » puis ils ont joué en 2014 l’intégralité de leur premier LP pour célébrer ses vingt ans d’existence et sont revenus en 2017, en 2019… puis enfin cette année !
En 2024, le combo se focalise sur ses deux premiers disques (« In The Nightside Eclipse » sorti en 1994 et « Anthems To The Welkin At Dusk » en 1996), le seul autre titre étant « In The Wordless Chamber » extrait de « Prometheus… » et arborant une facette un brin plus atmosphérique.
Personnellement, je suis plus sensible à des titres tels que « The Loss And Curse Of Reverence » ou « Thus Sparke The Nightspirit », envoûtante et hypnotique malgré l’heure tardive… d’ailleurs, je ne suis pas le seul à être fatigué car Ihsahn exhorte le public à « retrouver ses forces » avant d’annoncer le titre « With Strength I Burn ».
L’interprétation est parfaite, les gars maîtrisant leur répertoire sur le bout des doigts et on comprend aisément pourquoi ce groupe est devenu le chef de file de tout un mouvement. Ils sont tout bonnement légendaires.
On retrouve Ihsahn au chant et à la guitare lead, avec sa dégaine actuelle de nerd, barbe et lunette à l’appui, Samoth à la deuxième guitare, Trym, batteur à partir du second LP et Secthdamon à la basse. Le claviériste m’est inconnu.
Les lights sont à dominante bleu et sont réellement magnifiques, le son est super bien réglé et le back-drop évoque la damnation éternelle avec la fameuse initiale « E » tirée de leur logo (logo dessiné par le belge Kris Verwimp).
La triplette finale va nous achever tous avec « I Am The Black Wizards » et « Inno A Satana » tiré du premier LP et « Ye Entrancemperium », qui tient autant de la tornade sonore défonçant tout sur son passage que du voyage onirique. Tout est dit.
Emperor a prouvé que même s’ils n’ont pas sorti de nouvel enregistrement depuis presqu’un quart de siècle, ils restent les patrons absolus du black metal symphonique. On se revoit dans deux ans, même endroit, même créneau ?
Machine Head (23:15-00:45 // MainStage 1 )
Machine Head – ou « MH » pour les intimes – tient son statut novateur du fait qu’ils ont été les premiers à mixer le thrash metal classique avec des plans plus lourds, plus orientés groove metal – voire néo metal – et avec des vocaux clairs. En outre, ils ont injecté une grosse dose de dynamique par rapport au thrash dit « old school ». Durant leur carrière, ils ont subi plein de changements de line-up, parfois avec pertes et fracas, Rob Flynn restant l’unique membre d’origine.
Ces dernières années, le groupe s’est concentré sur les concerts en salle donc il s’était fait très rare en festival… la dernière fois qu’ils sont passés à Clisson, c’était en 2012 ! En 2024, ils sont une des quatre têtes d’affiche du festival donc ils bénéficient d’un temps de jeu plus que correct. Musicalement, ils n’ont pas fait que des bons albums mais le dernier, « Of Kingdom And Crown » est plutôt une bonne cuvée… …alors, ça donne quoi en live ?
Les américains attaquent avec « Imperium » tiré de « Through The Ashes Of Empire » sorti en 2003 et le public réagit directement. Il faut dire que MH a mis les petits plats dans les grands : pyrotechnie de fou furieux, light show de malade, ultra varié, avec des dominantes rouges ou bleues et un rétroéclairage jaune, son ultra massif… que demander de mieux ? Forcément, ça enflamme le pit. Pour autant, MH ne s’endort pas sur ses lauriers : Rob continue d’invectiver le public (« Hellfest… Jump ! Jump ! »), il ne le lâche pas d’une semelle et le fout littéralement en feu : contrairement à Slaughter To Prevail la veille, Rob ne laisse aucun temps mort… tout est mis au service de l’efficacité. C’est d’ailleurs impressionnant de constater à quel point les ricains arrivent à maintenir un niveau d’intensité élevé pour des morceaux de ce genre, assez longs car tournant plutôt aux alentours des 6-7 minutes !
Le guitariste live débauché de Havok, Reece Scruggs, assure correctement mais c’est surtout le bassiste, Jared MacEachern, remplaçant du co-fondateur Adam Duce qui tire son épingle du jeu : malgré sa dégaine improbable avec sa grosse moustache de Gaulois, il participe activement au jeu de scène et assure les backing vocals très correctement. Rob Flynn crève l’écran et emmène son groupe vers des sommets de brutalité et d’efficacité, pendant la chanson « Ten Ton Hammer » (où des fans tiennent à bout de bras des marteaux gonflables géants estampillés MH… C’est fou de voir à quel point le merchandising peut partir dans tous les sens 😊) ou pendant « Choke On The Ashes Of Your Hate », extrait du dernier LP, titre conçu pour faire péter les plombs à l’audience avec sa partie de basse en plein milieu et ses vocaux à la limite du death metal.
S’ensuit une légère baisse de régime en milieu de concert, avec certaines chansons mélodiques comme « Is There Anybody Out There ? » qui me parle beaucoup moins et empêche mon adhésion d’être inconditionnelle… je ne suis pas non plus trop client de « Darkness Within » car trop lente à mon goût… même si le fait que ce titre, dédié par Rob à feu sa mère qui aurait fêté ses 84 ans ce soir-là, est une jolie attention… Le groupe enchaîne ensuite avec deux extraits corrects de leur période néo metal de la fin des années 90 : « Bulldozer » et « From This Day » (avec son refrain chanté par tous les musiciens) durant laquelle il y a un lâcher de gros ballons gonflables estampillées « MH » – comme Metallica le fera le lendemain soir – et ça chauffe bien les fans pour le titre suivant : l’ultime « Davidian » : effet garanti ! Le final se fera sur « Halo » tiré de « The Blackening », leur meilleur album de mon point de vue. La set-list aura donc été équitablement répartie entre tous les disques du combo, exception faite du raté « Catharsis ».
Rob Flynn a encore progressé au chant, on sent toute sa hargne et il s’est montré impérial, prouvant que Machine Fuckin’ Head méritait sa place en tête d’affiche. Ce concert puissant, probablement le meilleur que j’ai vu de leur part, me donne envie de me replonger dans leur discographie. Horns Up !
Pain of Salvation (23:55-00:55 // Altar )
Apparemment, Pain Of Salvation se fait plutôt rare en concert. Je ne suis pas un gros connaisseur de ce groupe progressif et je passe en vitesse pour voir la fin de leur set. Je suis impressionné par la variation de leur propos : le début des morceaux est calme et doux puis de grosses montées en puissance aboutissent à des finals explosifs, ce qui est probablement la meilleure définition du terme « progressif ».
Finalement, même si je n’ai pas pu m’identifier à ces morceaux que je ne connaissais pas, j’ai vraiment éprouvé un grand respect vis-à-vis de la qualité de leur interprétation. Bravo !
The Prodigy (00:50-02:00 // MainStage 2 )
Anaal Nathrakh (01:00-02:00 // Temple )
Anaal Nathrakh n’est pas non plus un groupe qui tourne beaucoup : ils ont donné à peine un peu plus de 200 concerts en un quart de siècle ! C’est donc plutôt un projet studio qui permet à ses géniteurs d’expulser leur haine du monde en musique. Ce projet est composé de deux membres : Irrumator et V.I.T.R.I.O.L.
Mick Kenney alias Irrumator a collaboré avec Napalm Death, d’abord en tant qu’illustrateur (il a réalisé les pochettes de « The Code Is Red… », « Smear Campaign » et « Time Waits For No Slave ») puis en tant qu’associé de Shane Embury lors du lancement du label FETO Records et enfin en tant que partenaire de jeu de Shane au sein du projet death / grind Born To Murder The World. Quant à Dave Hunt, alias V.I.T.R.I.O.L., il a été chanteur des death métalleux de Benediction pendant une vingtaine d’années (bien qu’il n’ait enregistré que deux albums studios avec eux).
Il y a un peu de monde sous la Temple malgré l’heure tardive… l’optique ultra extrémiste ne semble pas rebuter les fans les plus avides de sensations fortes. Car musicalement parlant, Anaal Nathrakh joue un mix de true black metal, de black symphonique (durant certains refrains) et de death metal, le tout sur fond de sonorités industrielles… c’est un peu la bande-son de l’apocalypse ! Ça blaste beaucoup mais ça n’empêche pas l’apparition de certains plans mid-tempi absolument mortels (notamment l’intro du concert « Acheronta Movebimus » ou pendant le titre « Forward »).
AN est une hydre à deux têtes, avec Irrumator qui a une dégaine d’intello assez propre sur lui, très concentré sur son instrument, ce qui tranche littéralement avec l’attitude furieuse de V.I.T.R.I.O.L., lui qui crache sa haine du monde avec une diction parfois plus proche du punk que du metal. On sent toute la violence de son propos putride lors des couplets et, paradoxalement, il monte dans de grandes envolées lyriques lors de certains refrains (« Unleash », « The Age of Starlight Ends »).
Le duo est accompagné de musiciens live, à priori des gars du combo anglais avant-gardiste Akercocke et ils assurent comme il faut (pendant des années, AN a utilisé une boîte à rythme et c’était plutôt un projet studio, sans réelle existence live. Le duo n’envisageait pas qu’un batteur puisse reproduire les morceaux sur scène… jusqu’à ce qu’ils tentent l’expérience live avec le batteur de Napalm Death, Danny Herrera).
Tous les titres déboitent méchamment. A un moment donné, AN dédicace par solidarité un morceau à deux formations ukrainiennes de metal extrême : 1914 et White Ward. V.I.T.R.I.O.L. fait preuve d’un humour typically british et s’instaure en gourou du nihilisme (« souvenez-vous que tous les gens auxquels vous tenez finiront par mourir »). « Submission Is For The Weak » clôture le bal avec un gentil petit wall of death en début de morceau… puis après quelques mesures, le groupe s’arrête pour en lancer un bien meilleur, avant d’envoyer le bois pour de bon avec force blast beats et cris nécros. Les survivants peuvent aller se coucher, ils ont survécu à l’apocalypse
Body Count ft Ice-T (01:00-02:00 // Warzone)
Photographe : David Vacher
Auteur : Benoît Gazin