La seconde journée d’un festival ressemble souvent à un lendemain de veille alors que les amateurs arrivent peu à peu sur le site au fur et à mesure que la journée avance. Mais cette année, on retrouve déjà plusieurs amateurs qui attendent avec impatience la venue de la formation montréalaise Mountain Dust sur la Scène de l’apocalypse. Leur style de musique stoner fait pense à celui des Doors et les amateurs n’hésitent pas à se manifester dès le début de leur prestation. Les musiciens ont même été surpris de voir une foule aussi importante qu’ils ont remercié celle-ci de s’être déplacée en si grand nombre pour les voir en ce début de journée.

Parlant de surprise, la formation finlandaise Beast In Black allait rapidement faire connaissance avec un public montréalais survolté et ces derniers ont chanté à tue-tête les paroles du titre Cry Out For A Hero avec le chanteur Yannis Papadopoulos. Ce dernier à même de la difficulté à s’adresser au public entre les chansons tellement les amateurs sont démonstratifs. Les musiciens sont très dynamiques sur scène et les guitaristes Anton Kabanen et Kasperi Heikkinen s’échangent les solos de guitare tout au long de leur prestation. N’ayant que deux albums à leur actif, le groupe choisit judicieusement d’interpréter quatre titres de chaque album et ce sont les pièces Die By The Blade, End Of The World ainsi que la très commerciale Sweet True Lies qui ont été les plus appréciés par les amateurs. À voir la réaction de la foule et la stupéfaction des musiciens, il faut s’attendre à revoir Beast In Black prochainement.

Despised Icon est un autre groupe local qui connait énormément de succès et il n’est pas surprenant de voir une mare d’amateurs de musique deathcore devant la ScèneHeavy pour se pousser vigoureusement au rythme de leur musique. Ce groupe ne déçoit jamais et cette prestation n’est pas différente des autres. L’intensité et l’agressivité de leur musique ont servi de combustible aux amateurs et leur prestation était solide, même si c’était leur premier concert de l’année

Comme la Scène de la forêt est un peu à l’écart, il faut bien planifier son horaire si l’on veut aller voir des groupes sur celle-ci. L’occasion était idéale d’aller faire le plein de musique stoner et sludge avec l’enchainement des groupes Fu Manchu et Corrosion Of Conformity lors de ce chaud après-midi. Que ce soit pendant Hell On Wheels, Evil Eyes ou leur adaptation du titre Godzilla de Blue Öyster Cult, les amateurs savourent pleinement leur musique de Fu Manchu. Mais, cela n’est qu’un prélude à la célébration du vingt-cinquième anniversaire de l’album Dliverance que nous propose Corrosion Of Conformity. Le groupe joue quatre titres tirés de cet album en plus de leur succès. On remarque immédiatement que Reed Mullin n’est pas à la batterie et est encore remplacé par John Green. Le public se réchauffe tranquillement à la musique de cette formation et c’est seulement lors de l’enchainement des titres Vote With A Bullet, Albatross et Clean My Wounds en fin de prestation que les amateurs démontrent leur appréciation pour leur musique.

Les amateurs qui voulaient continuer leur périple de musique stoner se déplacent rapidement à la Scène de l’apocalypse pour savourer la musique de la formation Clutch. À voir la réaction des musiciens, ces derniers ne s’attendaient pas à jouer devant une si grande foule. Que ce soit pendant les nombreux titres provenant de leur dernier album ou les classiques comme The Mob Goes Wild, Nobel Savage ou X-Ray Visions, la foule ne perd pas de temps pour démontrer son affection pour le groupe qui en est à sa première présence en neuf ans dans la métropole. Il faudra maintenant espérer que cela incitera le groupe à revenir plus souvent dans la belle province.

Pour les amateurs qui avaient une préférence pour la musique plus mélodique, ces derniers pouvaient se tourner vers la Scène de l’apocalypse pour voir la formation Gamma Ray, qui en était à son premier passage depuis huit ans. Décidément, cette édition du festival en est une de célébration pour plusieurs groupes, car les Allemands fêtent eux aussi le vingtième anniversaire de l’album Power Plant en jouant les titres Gardens Of The Sinner, Heavy Metal Universe et Send Me A Sign. Kai est en excellente forme et sa voix est puissante et juste, malgré cela, on retrouve aussi Frank Beck à la voix pendant les refrains et sur quelques chansons. La synergie vocale entre les deux chanteurs est bien huilée et il n’y a aucune hésitation à savoir qui chante quel parti des titres. Le groupe garde cependant l’artillerie lourde pour la fin de leur prestation et les amateurs se poussent violemment durant la brutalité de la pièce Dethrone Tyrany avant de chanter en cœur pendant Send Me A Sign. À voir le sourire des musiciens après cette courte prestation, il y a fort à parier que le groupe n’est pas près d’oublier leur passage au Heavy Montreal.

L’un des rares groupes qui incorporent la musique alternative dans leur répertoire cette fin de semaine est In This Moment. C’est probablement pour cela que l’on retrouve une immense foule devant la Scène Heavy. Comme lors de leur passage dans la métropole l’année dernière, la scène est très chargée et l’on retrouve plusieurs danseuses pour exécuter les différentes chorégraphies avec Maria Brink. Encore une fois, les musiciens sont plutôt statiques et effacés et Maria est bien entendu le point central de leur prestation. Comme par le passé, cette dernière change constamment de costume afin d’avoir le bon véhicule pour chaque chanson. Maria demande aux amateurs quelle pièce devrait être jouée pour clore leur prestation et la réponse est unanime : Whore. C’est donc du haut de sa tribune que Maria s’exécute pour cette dernière pièce.

Pendant que plusieurs se massent devant la Scène de l’apocalypse pour avoir une bonne place pour la prestation d’Anthrax, d’autres apprécient la prestation de SlashFeat. Myles Kennedy And The Conspirators, mais les fanatiques de thrash se dirigent vers la Scène du jardin pourvoir Demolition Hammer détruire tout sur son passage avec les titres provenant des albums Epidemic Of Violence et Tortured Existence.

Anthrax est pratiquement un automatisme lorsque l’on pense au Heavy Montreal et ils offrent toujours une prestation endiablée qui survolte les amateurs. N’ayant qu’une petite heure pour se faire justice, le groupe utilise la formule greatest hits centrée sur les albums Among The Living, Spreading The Disease et State Of Euphoria. Ils enchainent rapidement les pièces Caught In A Mosh, Got The Time et I Am The Law, ce qui génère de très gros moshpits et une quantité infernale de crowd surfers. Les musiciens sont en très grande forme et la voix de Joey est tellement puissante et juste qu’il est difficile de croire qu’il a pratiquement soixante ans. Comme à son habitude, il n’hésite pas à emprunter la caméra vidéo qui est utilisée pour faire les projections sur les écrans géants afin de filmer lui-même la foule en délire pendant quelques instants. Malgré la succession des succès qui ont été entendus à maintes reprises, le groupe insère deux raretés qui ont fait le bonheur des amateurs de longue date, soit A.I.R.etNow It’s Dark avant de terminer le tout avec les incontournables Antisocial et Indians. Cette prestation est non seulement old school, mais elle est aussi l’une des plus intenses du groupe depuis de nombreuses années.

C’est maintenant le temps de se retrouver devant la Scène Heavy pour voir LE groupe qui est en tournée d’adieu soit le dernier spectacle de Slayer dans la province. Comme on pouvait s’y attendre, le groupe touche pratiquement à tous les albums de son répertoire, mais c’est bien entendu les albums Seasons In The Abyss et Reign In Blood qui sont les plus représentés. Le soleil est couché et nous pouvons facilement voir les nombreuses flammes qui sont projetées tout au long de leur prestation, particulièrement celles qui font une croix inversée derrière le batteur Paul Bostaph. Autant Gary que Kerry se démènent constamment, mais c’est bien entendu le bon vieux Tom qui retient l’attention des amateurs. Comme à son habitude, peu d’interaction avec la foule et beaucoup d’intensité, plus que d’habitude même. Le tout débute avec la pièce Repentless, mais ce sont les titres Evil Has No Boundaries et Gimini qui surprennent les amateurs, car ils n’ont pas été entendus dans la province au cours des vingt dernières années. Les moshpits sont intenses et prennent de l’ampleur plus le spectacle avance. C’est avec l’enchainement des titres War Ensemble, Disciples, Mandatory Suicide et Chemical Warfare que les amateurs s’animent et se poussent le plus violemment au rythme de la musique. Un autre moment fort intense fut lors des titres Born Of Fire, Seasons In The Abyss, Hell Awaits et South Of Heavens et ces derniers ont littéralement sonné la charge pour les crowd surfers. Même un surfer en fauteuil roulant à traverser la marée humaine pour se rendre dans la zone de sécurité. C’est à partir de ce moment que les amateurs ont le sentiment que cette épopée tire à sa fin. Les flammes sont toujours omniprésentes et l’éclairage rouge et jaune fait très old school et s’agence parfaitement aux titres Raining Blood, Black Magic et Dead Skin Mask. Celles-ci étaient tout simplement sublimes et particulièrement brutales pour certains. Comme le veut la tradition, la prestation de Slayer se termine avec Angel Of Death et même Tom y est allé d’un dernier effort pour faire le cri strident qui entame le titre. Les amateurs scandent le nom de Slayer en espérant que le groupe joue quelques titres supplémentaires, mais c’est la fin… Gary et Kerry lancent des picks alors que Paul lance ses baguettes. Tom savoure son dernier passage sur scène dans la province et remercie les amateurs d’être venus les voir une dernière fois. Il reste de longues minutes pendant que les amateurs crient son nom et l’on pourra le voir verser quelques larmes avant de mentionner un simple Thank you, Goodbye.

C’est sous ces frissons et ces larmes que les amateurs réalisent qu’ils viennent d’assister à un autre grand moment dans l’histoire de la musique métal et qu’un autre grand chapitre vient de se terminer. Plusieurs amateurs scandent le nom de Slayer en retournant vers la station de métro, sachant que c’est la dernière fois qu’ils ont vu ces légendes sur scène. Encore une fois, l’atmosphère festive était au rendez-vous, tout comme le beau temps. Les dispositions du nouveau site étaient plus qu’adéquates, mais des écrans géants supplémentaires installés au haut des tours auraient été bienvenus pour ceux qui regardent les spectacles sur la colline. De plus, on ne peut dire que la nouvelle restriction sonore ait diminué en quoi que ce soit l’expérience des festivaliers

Merci à toute l’équipe d’Evenko et à l’année prochaine pour une autre excellente édition du Heavy Montreal!

Nos photos des festivaliers

Nos photos des groupes

Auteur: Albert Lamoureux

Photographes: Alexandre Guay et Geoffrey Bernad