Nous avons tous un genre de musique que nous écoutons pour pouvoir se plonger dans une ambiance spéciale, que ce soit du Nouvel-Âge ou du Synthwave, mais pour ma part, j’ai toujours apprécié écouter du Post rock pour le calme que cela pouvait m’apporter. Plusieurs groupes musicaux d’ici et d’ailleurs y sont associés, comme Explosions in the Sky, God is an Astronaut, mais nos chouchous montréalais resteront toujours A Silver Mt. Zion et Godspeed You ! Black Emperor.

Ces derniers, un collectif de huit musiciens et deux projectionnistes à temps plein, sont revenus dans la ville qui les a vus naître pour deux représentations au MTelus dans le cadre de leur tournée amorcée en janvier 2021 G_d’s Pee at State’s End !

Il faut avouer que le genre musical n’est pas un de ces styles où l’on peut y danser ou faire des moshpits, ce qui fait que la foule aurait pu sembler amorphe pour un œil non aguerri. Pourtant, les spectateurs ne pouvaient pas lâcher des yeux l’orchestre alternatif, supporté par Karl Lemieux et Philippe Leonard, d’anciens travailleurs du milieu du cinéma maintenant membre à part entière de GY ! BE. Au départ du spectacle, j’avais remarqué des supports avec des sortes de cordes au niveau de la console de son, vers l’arrière de la salle. Pendant la performance, j’ai pu les voir s’affairer frénétiquement sur 4 projecteurs 16 mm et c’est à ce moment que le déclic s’est fait : les fameuses « cordes » que j’avais de la difficulté à distinguer étaient en fait de vrais négatifs ! Les projectionnistes, pour garder l’authenticité des images que l’on voit, n’a pas fait de transitions vers des projecteurs modernes, et doivent donc garder une collection de négatifs pour les spectacles de GY ! BE.

Au tout début de la soirée mettant en vedette nos musiciens montréalais, nous nous sommes laissés se faire bercer par la violoniste Sophie Trudeau (à ne pas confondre avec Sophie Grégoire Trudeau) et le contrebassiste Thierry Amar, les deux seuls sur scène par les premières notes de Hope Drone, un classique du début de performance du groupe montréalais. Exclusive aux concerts, elle est reconnaissable, puisque les projections, au départ de simples lignes dessinées défilent sur l’écran, mais donnent l’impression que nous sommes en chute libre, jusqu’à tant qu’elles fusionnent pour former le mot HOPE. Pendant tout ce temps, les autres musiciens de sont faufilés vers leurs instruments respectifs pour accompagner les archets et nous éclater la cervelle avec l’univers que crée Godspeed You ! Black Emperor, que ce soit sur album ou en spectacle.

Puisque l’on parle de Post rock, nous savons que les pièces durent assez longtemps. Nous sommes très loin de la durée d’une chanson de KISS, par exemple, c’est pourquoi que nous avons eu droit à sept pièces en tout et pour tout. Mais quelle soirée de fût !

Ensuite la soirée continuait sur First of the Last Glaciers, tirés du dernier album, un thème beaucoup plus rock et joyeux, contrastant avec des images dépressives des avions de la Deuxième Guerre mondiale, mais qui va aller contraster avec les mélodies plus tragiques que nous entendrons plus tard de Cliffs Gaze.

Ce que j’apprécie de GY ! BE est que je peux m’évader dans mon esprit, ce qui est arrivé maintes fois lors de la représentation, mais pour être recueilli et ramené à l’ordre par des changements de rythmes jetés en pleine figure. Les musiciens restent alignés dans la qualité de leur performance, malgré le côté improvisation de leurs prouesses musicales en direct.

La première partie, une poétesse afro-américaine connue sous le nom de Moor Mother, n’était pas quelque chose à quoi je m’attendais. Mais bon, en même temps, il ne faut pas trop se faire des idées avec le collectif montréalais, puisqu’il arrive qu’ils aillent dans des directions complètement opposées à ce que nous connaissons de leur part. La « slammeuse », si je peux m’exprimer ainsi, a tenté de réchauffer le public avec un texte assez sévère sur l’histoire (récente ou non) du nord de l’Amérique, en touchant des sujets sur les colons français arrivant sur les terres que l’on connaît maintenant comme l’Amérique du Nord, pour par la suite que les Anglais prennent la domination. Une explication en vitesse de comment nos ancêtres se sont rendus jusqu’ici pour toucher plusieurs autres sujets, comme l’historie afro-américaine ainsi que nos goûts musicaux. Ceux qui apprécie le style léché, soigné, même dirais-je corporatif, de Taylor Swift, évitez cette performeuse, puisqu’elle n’y est pas allée avec le dos de la cuillère pour insulter ses admirateurs.

J’ai été happé par l’émotion que l’artiste a mise dans sa performance, mais je crois qu’elle a trop utilisé de réverbérations, d’échos ainsi que de bourdonnements, ce qui fait que pour les personnes qui ne sont pas natifs anglophones, malgré un bon anglais, je n’ai pas pu tout comprendre le message qu’elle s’époumonait à nous lancer. Avec un meilleur rodage et plus d’expérience, ses numéros pourraient nous porter à réfléchir sur biens de sujets difficiles.

Journaliste: Marie-Lou Plante

Photographe: Paul Blondé