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Après une soirée conférence sur la création en danse urbaine, la déconstruction d’une œuvre en direct par le biais de l’improvisation, un soir consacré aux court-métrages réalisés dans l’année entre des réalisateurs montréalais et des danseurs de danses urbaines et une première soirée de représentation, le festival 100Lux poursuit sa semaine consacrée à la danse urbaine, avec des représentations diverses et variées durant encore deux soirs, à la cinquième salle de la place des arts.

Pour cette deuxième soirée, six créations originales, de 10 à 15 minutes s’enchaînent devant les yeux des spectateurs, très nombreux. Avant cela (comme le soir précédent), le public a pu observer des vinyles décorés par des artistes du milieu hip-hop montréalais afin de promouvoir la culture hip-hop dans ses différentes facettes et la démontrer aux spectacteurs. Le public a aussi assisté à une démarche in situ où de jeunes danseurs déambulaient autour du bar avant l’entrée dans la salle. Chacun improvisait des mouvements sur la musique ambiante pour finalement offrir une chorégraphie de quelques minutes avant l’ouverture des portes.

Le collectif Redmask (composé de Joe Dingo, Charle Brecard et Gabriel Bergeron Dubé) ouvre la soirée avec sa pièce Et si ils sifflaient, chorégraphiée par Gabriel Bergeron Dubé. Inspirée d’un essai philosophique d’Albert Camus Le Myth de Sysiphe, la pièce nous transporte, entre technique contemporaine et breakdance dans une réelle quête du bonheur, objectif de toute une vie. Le créateur s’interroge sur la réalité d’un bonheur sain, autrement dit gratuit et sans compromis. Ce dernier existe-t-il ? Si oui, où l’être humain peut-il le trouver ? Ce sont rarement les résultats qui importent mais davantage les personnes qui nous accompagnent, dans les mauvais comme dans les bons moments. Pour traduire cette pensée, les artistes évoluent au rythme de jeux de lumière et d’écran qui invitent l’audience à la réflexion.

Chorégraphiée par Marc « Scramblelock » Sakalauskas et LockUunity, le pièce Requiem  s’inspire d’un thème sérieux et sombre : la mort. A travers une théâtralité juste et une qualité d’interprétation remarquable des danseurs, la pièce amène poésie et légèreté au sein d’un sujet difficile. A travers les différentes phases du deuil, les artistes dansent au gré de leur émotions et emportent avec eux l’audience. Plus tard, le collectif cherche à combattre ce deuil en évoquant la renaissance, le renouveau, enfin le futur et conclue sa pièce sur une note positive, malgré un sujet emprunt de lourdeur.

Le festival 100Lux a donné l’opportunité à Namo et Fanny de présenter leur toute première création en duo : 07/07/16. Ce duo est né d’un désir commun de traduire le cheminement en tant qu’artistes des deux individus. Négocier un univers commun et vivre son individualité sont les défis quotidiens de ces deux danseurs. Ils font immerger les spectateurs dans leur intimité, en les hypnotisant par leur gestuelle et leur singularité. Entre complicité et influence réciproque, la douceur de cette pièce harmonise les deux danseurs et met en scène un quotidien qui passe toujours de l’ombre à la lumière.

Chorégraphe et interprète, Lakesshia Pierre-Colon présente un nouveau solo Lust & Found, qui traite des nombreuses facettes d’une femme, à la fois mère, désir ou objet d’une société. L’artiste se questionne sur la place de la femme dans une société qui l’emprisonne. « N’est-elle qu’une femme de plaisir ? ». Malgré la vision de vice associé à la séduction, l’interprète nous livre le caractère puissant et violent de cette dernière ! La séduction, une fois consommée, s’avère être une véritable arme, à la fois indispensable, sensible, constructrice mais aussi destructrice. Dans une recherche d’identité constante, Lakesshia montre toute la sensualité et la violence qui peuvent l’habiter. Maîtresse totale de son art, elle envoûte le public et le fait réagir a ses moindres gestes, montrant sa popularité mais aussi son talent dans le milieu hip-hop à Montréal.

Bardo est la pièce suivante, créée et interprétée par Frédérique « Pax » Dumas et Jean-Edouard « Darqk » Pierre-Toussain.  Les deux danseurs sont attachés, entre la vie et la mort. Ils décrivent ici un espace transitoire où il s’agit de faire un choix : rester ou partir. L’individu est entre deux états d’âmes : tiraillé entre la résistance, l’attachement et le détachement, la liberté. Poésie et violence dépeignent cette pièce, lourde et sensible à la fois, avec deux interprètes de talent qui évoluent dans un univers diffus où leur complicité fait place à la douleur et où l’issue finale est incertaine.

La dernière pièce est portée par sept interprètes, sélectionnés lors d’un appel à projet. Il s’agit d’un atelier création où le chorégraphe, Eric « Zig » Martel à pour défi d’explorer et de créer dans un court temps donné de deux semaines. Sur une musique effectuée en direct par un DJ, les danseurs se définissent chacun comme personnage à part entière. Il s’agit en fait de jouets, qui sortent de leur boîte pour la première fois. Ils font alors la découverte de tout ce qui les entoure, le monde mais aussi leurs semblables. La pièce nous plonge dans un univers enfantin où interprétation et hip-hop s’allient pour apporter le public avec eux.

Après la découverte de ses pièces, le public s’est levé et à montré beaucoup de réactions positives, dans une salle pleine. La soirée a su prouver que le hip-hop est une culture à part entière, qui a, sans aucun doute, sa place sur scène, car elle sait traiter de tous les thèmes et satisfaire les goûts de chacun. C’est donc un défi réussi par le festival 100lux qui veut montrer le hip-hop comme véritable œuvre d’art.

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Auteure: Lea Villalba