Pour la première fois, la carte blanche est offerte à la musique classique avec la grande et exceptionnelle Alexandra Strélinski avec sa musique néo-classique. Un pari risqué pour le Festival d’été de Québec.

En cette fin d’après midi ou le soleil brûle sur nos épaules, Amélie Beyries s’installe au piano et la douceur et la voix exceptionnelle de la chanteuse réussissent à nous procurer des frissons. Comme un moment suspendu dans le temps, Beyries prend le temps de partager ses sentiments et explique pourquoi il est important de prendre son temps.

En deuxième partie de soirée, Elisapie nous transporte immédiatement en terre Nunavut, où elle enchante le public avec ses interprétations qu’elle aime qualifier de récits de souvenirs d’enfance.

Sa version de Heart of Glass de Blondie, chantée en inuktitut, est tout simplement envoûtante. Elle ensorcelle également avec sa réinterprétation magique de Time After Time de Cindy Lauper. Elisapie nous plonge dans son univers unique, ayant soigneusement traduit les paroles de ces chansons emblématiques dans sa langue maternelle, l’inuktitut.

Chaque morceau est présenté avec une attention particulière, tissant des liens émouvants entre les chansons et sa famille, qu’elle célèbre à travers des titres comme Dreams de Fleetwood Mac (Sunnatuumait en inuktitut) et l’épique Arnaq, extrait de son album The Ballad of the Runaway Girl paru en 2018. Quand elle interprète Wolves Don’t Live by the Rulestiré du même album, le public lui réserve une ovation retentissante. Il est difficile de ne pas succomber au charme de l’orchestre qui l’accompagne, avec ses nuances folk rock.

Alexandra Stréliski n’était pas préparée à l’affluence massive des festivaliers. Près de 100 000 personnes s’étaient rassemblées pour l’écouter. Dès les premières notes de Prélude, extrait de son album Pianoscope sorti en 2010, un silence impressionnant a enveloppé les plaines. Instantanément, elle a capté l’attention totale du public, qui écoutait avec une certaine émotion sa première pièce. Après ce morceau, elle s’est ensuite avancée sur scène pour contempler la marée humaine devant elle, saluant cette foule immense : « Bienvenue à la plus grande messe d’hypersensibles du Québec ! » Elle ajoute ensuite avec humour : « C’est de la musique classique, mais n’hésitez pas à faire du bruit ! » Puis, en riant, elle confie : « C’est incroyable ! J’ai failli faire une crise cardiaque avant de monter sur scène. C’est le plus gros show de toute ma vie ! »

Elle a ensuite pris place devant un piano à queue Fazioli, prête à interpréter les pièces maîtresses de ses trois albums, sublimées par les cuivres et les cordes de l’orchestre symphonique de Québec.

Tirées de son album Néo-Romance, les pièces Lumières et The First Kiss ont été jouées en succession, suscitant les premières acclamations de la foule. La soirée a également été marquée par la performance du rappeur Loud qui a apporté une énergie nouvelle avec un slam percutant sur Dans les bois.

Plus tard dans la soirée, Sarahmée a ému le public en récitant un poignant hommage à son frère Karim Ouellet. Sa performance a été magnifiée par le fond sonore des morceaux In The Air et The Hills, créant un moment de souvenir collectif.

Alexandra Stréliski a poursuivi avec des morceaux tirés de son album Inscape paru en 2018. Elle a commencé par la sublime Par la fenêtre de Théo, jouée sans accompagnement, créant une atmosphère intime. Ensuite, avec Burnout Fugue, chaque note réussissait à émouvoir profondément le public, qui écoutait avec une attention et avec un grand respect.

« Incroyable ! Incroyable ! Vous êtes si nombreux ! Je m’attendais à voir 2000 personnes, mais vous êtes 100 000 ! Vous êtes le plus beau public du monde ! » a-t-elle déclaré, submergée par l’émotion.

À la fin du concert, l’artiste s’est aventurée dans la foule pour rejoindre une petite scène au centre du parterre, où un troisième piano l’attendait. Là, elle a confié au public ses rêves pour cette soirée exceptionnelle. Le premier : faire chanter les spectateurs avec sa musique instrumentale. Pour ce faire, elle a choisi d’interpréter une version au piano de Les étoiles filantes des Cowboys Fringants, accompagnée de trois cuivres. Le public, d’abord timide, a rapidement suivi, fredonnant en chœur.

Son second rêve, plus audacieux, était de revenir sur la grande scène en faisant du bodysurfing. Sans hésiter, elle s’est lancée dans la foule, portée par des milliers de mains enthousiastes, pour revenir à la scène principale. Elle a conclu cette soirée mémorable avec une interprétation émouvante de Umbra, laissant une empreinte indélébile dans les esprits des festivaliers.

Cette fin de concert restera gravée comme un moment d’exception dans l’histoire du Festival d’été de Québec.

Auteur et photographe : Sandra Léo Esteves