Les files massives de Maroon 5, Marshmellow ou encore Alanis Morissette ne sont rien comparées à celle de ce soir. Podomètre en main, les fans patientent à plus de 1,2 km de l’entrée du Cap Blanc et il n’est que 17 heures. Quelques dizaines de minutes plus tard, les rumeurs disent que la file a presque atteint le musée national des Beaux-Arts!  C’est dire que le show de ce soir est un des plus gros de cette édition. Un hélicoptère survole le site pour saisir les images impressionnantes de cette foule immense. 

En ouverture de cette gigantesque journée, l’honneur est à la formation Vulgaires Machins. Dix ans après leur premier album, ils reviennent avec leur nouvel EP « Je lève mon verre » extrait de leur nouvel album prévu en octobre 2022. Connus pour leur Punk-Rock engagé avec « Puits sans fond », « Compter les corps », « Dommage collatéral » Vulgaires Machins fait toujours autant de bruit sur scène. 

Marie-Ève Roy lance « Une chance que la musique existe » alors que Guillaume Beauregard s’amuse et traduit Rage Against de Machine par « anéantir le dogme », une interprétation bien libre. 

Avant de lancer « Je lève mon verre », Guillaume Beauregard s’adresse au public « Quand il n’y aura plus de riz sur les étagères, ce sera le temps de s’aimer les amis! », inutile de dire que leurs textes sont toujours aussi percutants, critiques au capitalisme et amères envers la société de consommation. Ils se réjouissaient plus tôt en entrevue de revenir sur scène et les retrouvailles avec Québec sont un succès!

La réputation d’AlexisOnFire n’est plus à prouver, le groupe a des fans dans la foule, les t-shirts à leur effigie sont nombreux. On garde encore en mémoire leur dernier passage au FEQ en 2018 qui était tout simplement furieux! Georges Pettit n’en revient pas devant une foule aussi immense venue pour écouter du rock: « Des milliers de personnes réunies pour la musique rock, c’est quelque chose. C’est unique au Canada et ça se passe ici au Québec. Vous devez être fiers de ça! » Ils ressortent une nouvelle fois l’artillerie lourde avec : « Accidents », « Old Crows» et «Pulmonary Archery».  Quand on voit les cheveux longs de Georges Pettit, on se dit que ça fait vraiment longtemps qu’on ne les avait pas vus. Dans le parterre les mosh pits sont de rigueur, et les fans d’AOF en profitent pour se dégourdir. Comme à leur habitude, le show est brutal. 

Du côté du parc de la francophonie, on affiche encore complet. Milky Chance peut se réjouir, passer en même temps que Rage Against The Machine, ne leur fera aucun tort. Bien au contraire, comme leur passage en 2015, le site doit fermer ses portes bien avant l’heure. « Je ne peux pas y croire. Incroyable de voir que vous êtes aussi nombreux », lance le chanteur et guitariste Clemens Rehbein. L’ambiance est certainement plus calme, mais le cœur est tout autant à la fête! En ouvrant avec le titre « Fallen », le pigeonnier devient une immense piste de danse à ciel ouvert. Puis avec « Colorado », « Flashed Junk Mind », et « Stolen Dance » qui a atteint la veille le milliard d’écoutes sur Spotify, Milky Chance conquis toujours autant son public. 

Pour un groupe aussi phénoménal comme Rage Against the Machine, des actions sécuritaires sont renforcées. Notamment dans le corridor de sécurité où le groupe à demander à ce que les barricades soient sécurisées avec du scotch pour éviter les coupures et les doigts pincés. Dans le corridor de sécurité des barres de renforts ont été placées pour fortifier la structure. On ne plaisante pas avec la sécurité du public et c’était une très bonne intuition car ce n’est pas moins de 200 personnes qui ont été sorties du parterre. Soit par leur comportement un peu trop rock and punk on dénombrait seulement 3 personnes qui ont été expulsées du site pour leur fougue un peu trop extravagante. Tom Morello par ailleurs félicitera l’équipe de sécurité du Festival pour leur organisation et leur travail efficace. Au-delà de tout ça, que dire de ce show monumental ? C’était tout simplement malade comme on dit ici au Québec. À quelques minutes du show, la fébrilité et l’énergie qui émanait de la foule étaient palpables. Accompagné par des gros bras pour l’aider à venir s’asseoir sur un fly case devant la scène, Zach De La Rocha fait son entrée sur scène. Avec une efficacité implacable de la part de RATM et le survoltage des fans, la soirée s’annonce légendaire. En arrière-plan on peut lire «Fear is your only God» avant l’ouverture du set avec le titre «Bombtrack». L’ambiance devient explosive, on se lâche comme jamais dans le public alors que Rage Against The Machine offre un show digne de leur réputation. «People of the Sun», «Bulls on Parade» et «Bullet in the Head» ne font que monter le survoltage d’un cran. Il a y bien longtemps que les fans ont donné allégeance au groupe mythique et pourtant la ferveur est toujours aussi magistrale. Après nous avoir gâté avec les titres  «Know Your Enemy», «Sleep Now in the Fire» et «Freedom», RATM  clôture cette impressionnante performance avec la légendaire chanson «Killing in the Name».

Une soirée étourdissante et endiablée qui nous fait oublier le rendez-vous manqué du FEQ 2020 qui avait malheureusement été annulé comme tout autre festival en temps de pandémie. 

Auteure : Sandra Léo Esteves

Photos : Alexandre Gay + Sandra Léo Esteves